1- Le Prophète ﷺ affirme qu’Allah a entouré le Paradis de choses qui sont pénibles à l’être humain
et qu’il n’aime pas. En effet, l’être humain n’emprunte la voie qui mène au Paradis ﷺ sans endurer des choses qu’il n’aime pas, comme de s’acquitter des obligations qui peuvent être pénibles à l’âme, car elles y sont contraintes. Par ailleurs, s’abstenir de ce qui est défendu peut également être pénible
pour l’âme, car cela s’oppose à ses désirs.
2- L’Enfer pour sa part est entouré des tentations que l’être humain aime. En effet, l’être humain n’emprunte la voie qui mène à l’Enfer qu’en cédant à certaines tentations qu’il aime, qu’il s’agisse de la tentation d’une opinion, d’une colère, de la force ou bien du désir charnel, de la richesse, etc. Ainsi, sans les désirs, la tentation de Satan et la faiblesse de l’âme, personne ne voudrait emprunter la voie qui mène à l’Enfer.
Les tentations dont il est question, sont celles qu’Allah a déclaré illicites à Ses créatures et non les plaisirs qu’Il leur a permis comme la bonne nourriture et la bonne boisson licites, le plaisir charnel avec son épouse ou l’esclave qu’il possède ou encore le bon temps passé avec ses enfants et les membres de sa famille.

 

1. Rappelle-toi de cette image donnée par le Messager d’Allah ﷺ afin qu’il te soit plus facile d’emprunter la voie du Paradis et éviter celle du Feu. Ainsi, à chaque fois que tu considères qu’il est difficile d’accomplir un acte d’obéissance ou de renoncer à une tentation, rappelle-toi qu’il y a le
Paradis au bout du chemin et à chaque fois que tu trouves agréable un désir illicite, rappelle-toi qu’il
y a l’Enfer au bout du chemin.
2. Habitue-toi à croire que le Paradis a un prix. Il est requis, en effet, de s’acquitter des obligations même si elles sont pénibles et de délaisser les choses illicites même si elles sont désirables. L’être humain raisonnable s’habitue à interrompre ses occupations à n’importe quel moment afin d’accomplir une prière, même s’il fait très froid ou très chaud ou qu’il doit s’extraire d’un sommeil agréable pour accomplir la prière de l’aube ou une autre prière.

Allah dit :

﴾Et cherchez secours dans l’endurance et la prière : certes, la prière est une lourde obligation, sauf pour les humbles﴿ .

[Sourate Al-Baqara : 45]

De même, il dépense des biens qu’il aime, de bon cœur au profit des pauvres et des nécessiteux et cela vaut aussi pour le jeûne, le pèlerinage, la piété filiale et le reste des obligations. Il doit à l’inverse s’abstenir de s’en prendre aux vies et aux biens des gens, de commettre la fornication et ses préliminaires, de consommer des substances enivrantes et de commettre tout ce qui est défendu. Font partie des choses qui sont pénibles à l’être humain, les efforts dans l’accomplissement des adorations, les accomplir avec assiduité, endurer patiemment ce qui en est pénible, refouler sa colère, pardonner, être indulgent, faire l’aumône, être bienfaisant envers l’offenseur, refouler ses désirs et accomplir toutes les œuvres de bien[1].
3. Celui qui endure patiemment quelque chose dans ce bas monde pour Allah, Allah le dédommagera par quelque chose de meilleur et de même nature, le Jour de la Résurrection. Allah le sauvera alors du Feu qu’il déteste et lui accordera au Paradis ce que les âmes désirent.
4. Le gagnant est celui qui vend son bas monde en échange de son au-delà et le perdant est celui qui vend son au-delà en échange de son bas monde.
5. Les honneurs du bas monde et de l’au-delà ne sont obtenus que grâce aux choses que l’on déteste, car les délices ne sont pas obtenus par d’autres délices. Dans ce hadith est exposé le fait que le serviteur se doit de lutter pour Allah – exalté soit-Il – dans ce bas monde contre son âme. Celui dont l’âme est noble et dont l’ambition est haute n’accepte pas de désobéir, car la désobéissance est une trahison. Or seul celui qui est dépourvu d’âme accepte de trahir[2].
6. Ibn al-Qayyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Rappelle à ton âme, d’une part, les délices qu’Allah a préparés pour Ses alliés qui Lui obéissent, le bonheur éternel et la réussite suprême , et d’autre part, ce qu’Il a préparé pour les gens du faux et de la perte comme malédiction, châtiment et regrets éternels, puis choisis lequel des deux camps te convient, sachant que chacun œuvre selon ce

qui lui correspond et chacun aspire à ce qui est compatible avec lui et à ce qu’il mérite. Ne considère pas que l’exposé de ce remède soit trop long, car le besoin impérieux de l’administrer au médecin comme au patient a requis qu’il soit exposé de façon détaillée »[3].
7- Lorsque la guerre éclata à Badr, le Prophète ﷺ incita ses Compagnons à combattre

et dit :

« Levez- vous pour [rejoindre] un Paradis aussi large que les cieux et la Terre ». ‘Omayr ibn al-Houmam Al- Ansari dit : « Bakh, bakh » (expression qui exprime l’étonnement). Le Messager d’Allah ﷺ lui demanda : « Quelle raison t’a poussé à dire : bakh, bakh ? ». Il répondit : « Ô Messager d’Allah, ce n’est que l’espoir de faire partie de ses habitants ».  Le Messager d’Allah ﷺ lui dit : « Tu feras partie de ses habitants ». Il sortit ensuite des dattes de son carquois et en mangea quelques-unes, puis dit : « Si je vis suffisamment pour manger ces dattes que voici, j’aurais assurément vécu longtemps ». Il jeta alors les dattes qu’il tenait, et combattit jusqu’à ce qu’il fût tué.

Vois donc et prends exemple sur lui comment il acheta le Paradis grâce au combat pour la cause d’Allah qui est

conformément à ce que dit Allah :

(alors qu’il vous est désagréable)

[Sourate Al-Baqara : 45]

et comment il préféra les délices du Paradis au détriment des plaisirs de ce bas monde éphémère et illusoire.
8. Un poète a dit :
Les jardins de l’éternité et ceux qui les habitent resteront pour l’éternité et ne disparaîtront pas.
Ils ont été préparés pour ceux qui craignent Dieu, sont pieux et meurent fidèles au monothéisme. Ceux-là seront les bienheureux.
9. Un autre a dit :
Lorsque l’âme te rappelle quelque chose de méprisable dans le bas monde, n’oublie pas les vergers
des jardins éternels.
Ne vois-tu pas ce bas monde et sa vie morne ainsi que ses peines et ses tourments pour ceux qui la désirent ?
Les adeptes de ce bas monde sont plus près d’être égarés et aveuglés lorsqu’ils poursuivent sa
brillance et sa gloire.
La passion de l’âme ne cesse de la traîner dans ce bas monde jusqu’à ce que celui-ci la détruise, tout comme il a détruit son père et son grand-père.

Références

  1. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (17/165).
  2. Voir Majmou’ ar-Rassa’il d’Ibn Rajab (1/203).
  3. Voir Zad al-Ma’ad Fi Hady Khayr al-‘Ibad d’Ibn al-Qayyim (4/179, 180).

1- Le Compagnon, qu’Allah a agréé, demande au Prophèteﷺ de lui rapporter des paroles qui réunissent toutes les notions de l’Islam, des paroles claires qui ne nécessitent pas d’explicatisoent qu’il peut mettre en pratique teqluel et s’y conformer.
2- Le Prophèteﷺ répondit et accéda à sa demande et lui indiqua de dire « Je crois en Allah » avec la langue en y croyant avec le cœur et en œuvrant avec les membres de la manière qu’impliquent ces paroles. Il ne doit donc pas parler, agir ou avoir des croyances opposées à ces paroles. Le Prophète
lui ordonna ensuite de rester droit dans cette voie en ne commettant aucun acte de désobéissance
et en ne délaissant aucun acte d’obéissance.

Cette recommandation est similaire aux paroles d’Allah:

﴾Ceux qui disent : « Notre Seigneur est Allah», et qui se tiennent dans le droit chemin, les Anges descendent sur eux. N’ ayez pas peur et ne soyez pas affligés ; mais ayez la bonne nouvelle du Paradis qui vous était promis. Nous sommes vos protecteurs dans la vie présente et dans l’ au-delà ; et vous y aurez ce que vos âmes désireront et ce que vous réclamerez ﴿.

[Sourate Foussilate : 30-31]

Pour ce qui est de la droiture, c’est l’ordre d’obéir à tous les commandements et de s’abstenir de tous les interdits, car lorsque le serviteur délaisse quelque chose qui a été ordonné ou commet quelque chose qui a été défendu, il n’est plus sur la droiture[1].
Par ailleurs, les Compagnons ont donné de nombreuses définitions à la droiture et toutes se rapportent à un même concept. Ainsi, Abou Bakr As-Siddiq, qu’Allah a agréé, a dit : « La droiture c’est que tu n’associes rien à Allah ». Il signifiait par cela la droiture dans le monothéisme. ‘Omar Ibn Al-Khattab, qu’Allah a agréé, a dit : « La droiture c’est que tu te conformes droitement aux commandements et aux interdits et que tu ne te faufiles pas à la manière des renards ». ‘Othmane a dit : « Ils sont droits signifie ils ont dédié leurs œuvres exclusivement à Allah ». ‘Ali Ibn Abi Talib, qu’Allah a agréé, et Ibn ‘Abbass, qu’Allah a agréé, dirent : « Ils sont droits signifie ils se sont acquittés des obligations ». Pour sa part, Al-Hassan – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Ils sont droits conformément à l’ordre d’Allah, œuvrent de manière à Lui obéir et s’abstiennent de Lui désobéir »[2].

1. (1) Il convient que l’être humain doué de raison pose des questions sur ce qui est englobé et contenu par la religion et que ces questions ne concernent pas des sujets futiles[3].
2. (1) Prends garde d’avoir honte de poser des questions ou que l’orgueil t’en empêche, car la science se perd à cause de l’orgueil et de la pudeur. D’ailleurs, rien ne dissuadait les Compagnons du Prophète ﷺ de poser des questions.
3. (1) Poser des questions est la clé de la science et tout individu doué de raison doit prendre l’initiative de poser des questions concernant des choses de sa religion ou de la vie de ce bas monde qu’il ignore. Ceci lui permettra de parvenir dans l’immédiat et dans le futur au bonheur et au salut.
4. (2) Parmi les aptitudes dont doivent disposer le prédicateur et l’éducateur, il y a la capacité à exprimer de nombreux concepts en quelques mots simples à la manière du Prophète ﷺ. Ceci, afin que les interlocuteurs ne soient pas déconcertés par de grands discours et qu’ils se mettent à les oublier ou à mal les comprendre.
5. (2) La droiture est à l’état spirituel de l’individu, ce que l’esprit est au corps. En effet, tout comme un corps sans esprit est mort, un état spirituel dépourvu de droiture est corrompu. Et comme la vie des états spirituels dépend de la droiture, l’accroissement des œuvres des ascètes, leur développement et leur fructification en dépendent également, car l’œuvre ne peut être purifiée et l’état spirituel ne peut être sain sans droiture[4].
6. (2) Il convient mieux de qualifier Untel de droit, plutôt que de le qualifier d’engagé, car la droiture est le terme utilisé par le Coran tandis que l’engagement signifie se conformer à une chose déterminée, qu’elle soit vertueuse ou corrompue[5].
7. (2) La droiture n’exclut pas de commettre des fautes et des écarts ou de suivre parfois les pas de Satan puis de se repentir, en effet, rester constamment droit est difficile.

C’est pourquoi Allah dit :

﴾ Cherchez le droit chemin vers Lui et implorez son pardon ﴿

[Sourate Foussilate : 6]

Cela signifie : Soyez droits et sollicitez le pardon d’Allah pour ce qui est contraire à la droiture.
8. (2) La droiture englobe tous les aspects de la vie, qu’il s’agisse de la croyance, des adorations, des transactions, des vertus ou autre. Ainsi, la droiture dans la croyance consiste à ce que le serviteur soit droit dans sa foi en Allah – exalté soit-Il – et la proclamation de Son unicité, ainsi que dans le rejet de l’associationnisme, des innovations et des égarements. La droiture dans les adorations consiste à se conformer à ce qui a été commandé et à s’éloigner de ce qui a été défendu. La droiture dans les vertus consiste à adopter les beaux attributs, à interagir avec les gens conformément aux vertus agréables et louables ainsi qu’à s’éloigner des vices hideux et

réprouvables. La droiture dans les transactions consiste à s’assurer que les revenus qu’on gagne sont
licites et à ne pas tromper, être injuste et trahir.
9. Un poète a dit :
Sois droit, car la vie n’est pas droite dès lors que tu es stationné dans l’égarement.
Sois droit et ne sois pas constant dans le mal, si tu es sage tu sauras que suivre le mal est un mauvais choix.
Sois droit si tu veux atteindre un rang élevé, comment quelqu’un ayant une réflexion stérile peut-il obtenir les fruits qu’il désire ?
Sois droit et la religion et ce bas monde te seront donnés, et tu auras de surcroît droit à une gloire immense.
Sois droit, car la droiture de l’individu est la preuve qu’il est perspicace et sage.

Références

  1. Voir Al-Mafatih Fi Charh Al-Massabih d’Al-Moudhiri (1/87) et Charh Al-Michkate Al-Kachif ‘An Haqa`iq As- Sounane d’At-Tibi (2/457).
  2. Voir Madarij As-Salikine d’Ibn Al-Qayyim (2/104) et Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/508).
  3. Voir le commentaire de Al-Arba’oune An-Nawawiyya d’Ibn ‘Othaymine (p.213).
  4. Voir Madarij As-Salikine d’Ibn Al-Qayyim (2/106).
  5. Voir le commentaire de Al-Arba’oune An-Nawawiyya d’Ibn ‘Othaymine (p.214).


 

1- Le Prophèteﷺ avertit sa communauté que lorsque le serviteur fera face à Allah, il sera nécessairement interrogé sur quatre choses. Il doit donc se préparer à ces questions et faire en sorte qu’elles aient des réponses. Une des manifestations de la miséricorde d’Allah est qu’Il ne rendit pas à l’être humain ces questions opaques et inaccessibles, mais en fit des questions claires et en informa le Prophète .

2- La première de ces questions concerne le temps qu’Allah a permis au serviteur de vivre sur la terre : comment l’a-t-il passé et l’a-t-il gaspillé ou pas ? Est-ce en obéissant à Allah ou en Lui désobéissant ? C’est la raison pour laquelle le Prophète ﷺ recommanda aux membres de sa communauté de tirer profit de leur temps de vie

en disant à Ibn ‘Abbass – qu’Allah a agréés :

« Profite de cinq choses avant cinq autres : ta jeunesse avant ta vieillesse, ta santé avant ta maladie, ta richesse avant ta pauvreté, ton temps libre avant d’être occupé et ta vie avant ta mort »[1].


3- Puis Allah interrogera l’être humain sur sa science – s’il fait partie des gens de science : a-t-il acquis cette science pour rechercher sincèrement la satisfaction d’Allah ou bien par ostentation et recherche de prestige ? Le savant sera donc parmi les premiers à rendre des comptes le Jour de la Résurrection, conformément au hadith où

le Prophète ﷺ a dit :

« …et un homme ayant acquis la science, l’a enseignée et a lu le Coran. On l’amènera puis Allah lui rappellera ses bienfaits et il les reconnaîtra. Il lui demandera ensuite : "Qu’en as-tu donc fait ? ". Il répondra : "J’ai mémorisé le Coran et je l’ai enseigné, j’ai lu le Coran pour Te satisfaire". Allah dira : "Tu mens. Tu as plutôt acquis la science afin que l’on dise de toi que tu es un savant et tu as lu le Coran afin que l’on dise que tu es un récitateur. Or on a effectivement dit cela de toi". On ordonnera ensuite de le traîner sur son visage et de le jeter dans le Feu »[2].


Il sera également demandé au serviteur s’il a diffusé cette science avec sincérité ou bien s’il l’a tue, s’il l’a manipulée et s’il a menti aux gens alors qu’il la transmettait, dans le but d’obtenir la satisfaction de certains d’entre eux ? S’il a mis en pratique la science qu’il a acquise ou bien s’il a fait le contraire de ce qu’elle prescrit ?

Il serait ainsi inclu parmi ceux dont Allah dit :

﴾Commanderez- vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? Êtes-vous donc dépourvus de raison ?﴿ .

[Sourate Al-Baqara : 44]

Il dit également :

﴾C’est une grande abomination auprès d’Allah que de dire ce que vous ne faites pas﴿.

[Sourate As-Saff : 3]

4- La troisième question qui sera posée au serviteur portera sur sa richesse : Comment l’a-t-il acquise ? De manière licite ou illicite ? Comment l’a-t-il dépensée ? L’a-t-il mise au service de l’obéissance à Allah et de l’Islam ou bien l’a-t-il dilapidée en actes de désobéissance, pour satisfaire des désirs et commettre des péchés ?
5- La dernière de ces questions portera sur le corps, la force, la santé et la jeunesse du serviteur : Comment les a-t-il usés et dans quels domaines ?
Ce hadith ne signifie pas que le serviteur ne sera pas interrogé sur autre chose, mais qu’Allah demandera des comptes à chaque serviteur pour toutes ses paroles et ses œuvres. Toutefois, ces questions sont les questions les plus importantes qui seront posées au serviteur et toutes les autres en seront dérivées.

 

1. (1) Le serviteur doit s’empresser de se préparer à ces questions qui lui seront posées lorsqu’il fera
face à Allah. Le malheureux sera celui qui connaît les questions, mais ne sait pas y répondre.
2. (1) Certains croyants entreront au Paradis sans rendre de compte. Ils ne seront donc pas interrogés ni ne comparaîtront face à leur Seigneur.

Le Prophète ﷺ a dit :

« Soixante-dix mille de ma communauté entreront au Paradis sans rendre de compte. Ce sont ceux qui ne demandent pas que l’on pratique sur eux la roqya, ceux qui ne croient pas au mauvais augure (superstition), et s’en remettent à leur Seigneur »[3].

Qu’il est beau d’entrer au Paradis et plus beau encore d’y entrer sans rendre de compte ! Efforce-toi donc, autant que faire se peut, à faire partie de ces gens.
3. (1) Al-Foudayl Ibn ‘Iyad – qu’Allah lui fasse miséricorde – demanda à un homme : Combien d’années as-tu vécu ? Il répondit : Soixante ans. Il lui dit alors : « Tu marches donc vers ton Seigneur depuis soixante ans et tu es sur le point d’arriver ». L’homme dit : Nous sommes à Allah et c’est auprès de Lui que nous retournerons. Al-Foudayl lui dit ensuite : « Sais-tu ce que cela signifie ? Tu dis : Je suis un serviteur d’Allah et c’est auprès de Lui que je retournerai. Que celui qui est persuadé

d’être un serviteur d’Allah et qu’Il va retourner auprès de Lui, sache qu’il comparaîtra, et que celui qui sait qu’il comparaîtra sache qu’il sera interrogé, et que celui qui sait qu’il sera interrogé prépare des réponses aux questions ». L’homme demanda : Quelle en sera l’issue ? Elle sera facile, répondit Al-Foudayl. Quelle est-elle ? insista l’homme. Il répondit : « Tu œuvres avec excellence dans ce qui reste de ta vie et ce qui a précédé te sera pardonné, car si tu agis mal dans ce qui reste de ta vie tu seras puni pour ce qui a précédé et pour ce que tu vas commettre »[4].
4. (2) Le temps de vie est ce que l’être humain possède de plus important et ce ne sont que des jours et des heures comptés. Il convient donc que le serviteur soit conscient de la valeur de son temps et qu’il tire profit de ses heures pour obéir à Allah, car Allah lui demandera des comptes le Jour de la Résurrection sur toute sa vie. S’il s’est acquitté des obligations et des adorations demandées, il échappera au châtiment et connaîtra le salut. Dans le cas contraire, il connaîtra l’anéantissement et la perdition.
5. (2) Veille à tirer profit de ton temps pour effectuer des actes d’obéissance et parvenir aux plus hauts degrés. ‘Ali Ibn Abi Talib – qu’Allah a agréé – a dit : « Le bas monde on le parcourt en l’ayant derrière soi et l’au-delà on le parcourt en l’ayant devant soi, et chacun a des enfants. Soyez donc des enfants de l’au-delà et ne soyez pas des enfants de ce bas monde, car aujourd’hui on œuvre sans avoir à rendre de comptes et demain on rendra des comptes, mais on ne pourra plus œuvrer »[5].
6. (3) La science peut se retourner contre celui qui la porte. L’ignorant peut invoquer comme excuse l’ignorance, mais le savant qui connaît le jugement d’Allah et par passion y contrevient, n’a aucune excuse.
7. (3) On fait aumône de la science en la diffusant et en l’enseignant aux gens. Par ailleurs, taire la science est un des péchés majeurs et Allah menaça ceux qui le commettent des plus sévères punitions.

Il dit en effet :

﴾ Certes ceux qui cachent ce que Nous avons fait descendre en fait de preuves et de guide après l’exposé que Nous en avons fait aux gens, dans le Livre, voilà ceux qu’Allah maudit et que les maudisseurs maudissent﴿

[Sourate Al-Baqara : 159]

Pour sa part, le Prophète ﷺ a dit :

« Celui qui est interrogé au sujet d’une science qu’il connaît et décide de la taire, Allah lui mettra le Jour de la Résurrection, un mors de feu »[6].


8. (4) La richesse est quelque chose de très important pour Allah, c’est la raison pour laquelle le temps de vie, la science et le corps n’ont qu’une seule question chacune alors que la richesse à deux questions : d’où provient-elle et comment l’a-t-on dépensée ? Le serviteur doit choisir la provenance de sa richesse et n’acquérir que ce qui est licite et ne dépenser que dans ce qui est licite.
9. (4) Les Compagnons – qu’Allah a agréés – se préoccupaient grandement de ne consommer que de ce qui est licite et délaisser ce qui est illicite ou douteux. Ainsi, Abou Bakr mangeait de la nourriture que son jeune esclave lui apportait. Un jour il l’informa que la nourriture qu’il mangeait provenait du revenu d’une divination qu’il avait faite, avant de devenir musulman, pour un homme alors qu’il ne connaissait rien à la divination et avait trompé cet homme. La divination ayant coïncidé avec ce qu’Allah avait décrété, l’homme fut satisfait et pour récompenser l’esclave il lui apporta de la nourriture. Lorsque Abou Bakr sut cela, il introduisit sa main dans sa bouche et vomit tout ce qu’il avait dans le ventre[7].
10. (5) Ton corps est un dépôt qu’Allah t’a confié. Préserve-le donc en obéissant à Allah et en te rapprochant de Lui et évite de le mettre dans des situations qui pourraient lui porter préjudice et lui faire désobéir Allah.
11. Un poète a dit :
Nous nous distrayons et nous entretenons d’agréables espoirs, alors que la mort inéluctable nous balaie et les balaie.
Établis donc les fondements de la piété tant que tu en as la capacité et sache que tu les retrouveras après la mort.Tu en cueilleras demain les fruits dans la Demeure de l’Honneur, où tu ne connaîtras ni rappel de faveur ni chagrin.

Références

  1. Al-Hâkim dans Al-Moustadrak (7846).
  2. Moslim (1905).
  3. Al-Boukhari (6472) et Moslim (220) d’après Ibn ‘Abbass – Allah a agréé les deux hommes.
  4. Voir Jami’ Al-’Ouloum Wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/383).
  5. Ighatha Al-Lahfane d’Ibn Al-Qayyim (1/71).
  6. Abou Dawoud (3658), At-Tirmidhi (2649) et Ibn Maja (264).
  7. Al-Boukhari (3842).

 

Ce hadith fait partie des hadiths les plus importants de la religion, et certains savants allèrent jusqu'à dirent que ce hadith représentait un tiers de l’Islam. Ils dirent, en effet, que ce hadith ainsi que celui dans lequel le Prophète ﷺ dit « Certes, les actes [d’adoration] sont accomplis avec des intentions » et celui dans lequel il dit : « L’un des signes de la bonne pratique de l’Islam de l’individu est de délaisser ce qui ne le concerne pas » forment les pivots de l’Islam. Pour sa part, Abou Dawoud dit : Les pivots de l’Islam sont quatre hadiths, le premier étant le hadith : « Ce qui est licite est clair et ce qui est illicite est clair »[1].


1- Le Prophète ﷺ affirme dans le hadith que les jugements de la religion sont clairs et explicites. Ainsi, le licite qu’Allah a déclaré permis est clair et n’est pas ambigu, de même que l’illicite qu’Allah a défendu et interdit est clair et explicite. Les deux ne peuvent être ignorés de ceux à qui l’Islam est parvenu et qui l’ont embrassé.
Parmi ce qui est clairement illicite, il y a l’associationnisme ainsi que ses causes et les moyens qui y conduisent, manger la chair d’une bête morte sans avoir été immolée et la chair de porc, consommer des substances enivrantes, être injuste avec les gens et s’approprier sans droit ce qui leur appartient, etc.


2- Entre le licite explicite et l’illicite explicite, il y a des choses qui sont douteuses pour la plupart des gens qui ne savent pas si elles sont licites ou illicites. Cela ne signifie pas que la religion ne les a pas explicitées, car Allah envoya Son Prophète ﷺ pour expliciter complètement les jugements relatifs à la religion.

Allah dit en effet :

﴾Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous﴿.

[Sourate Al-Ma’ida : 3]

En revanche, les jugements de ces choses sont inconnus pour beaucoup de gens en raison de la déficience de leur science et il se peut également qu’ils ne soient pas connus de certains gens de science en raison de circonstances fortuites, mais ils restent des gens de science qui en ont des connaissances appuyées par des preuves issues du Coran, de la Sounna, du consensus et par analogie[2].


3- Celui qui évite ces choses dont le jugement est douteux et s’en abstient par dévotion a gardé intacte sa religion. Il échappe ainsi à la réprobation et à la punition, et garde son honneur intact, car il ne donne pas aux gens de motifs de le dénigrer.
La dévotion fait partie de cela, puisqu’elle consiste à s’éloigner des ambiguïtés et à délaisser ce dont on redoute qu’il soit préjudiciable dans l’au-delà. Quant à l’ascétisme, il consiste à délaisser ce qui diminue le degré de l’individu dans l’au-delà, même s’il s’agit de quelque chose de licite [3] . L’ascétisme n’est donc pas obligatoire et est un rang supérieur à la dévotion qui est obligatoire à chaque musulman.


4- Celui qui s’adonne à ce qui est ambigu, s’y habitue et ne s’en abstient pas par dévotion, sa légèreté finira par le conduire à commettre l’illicite. Il s’habituera à être laxiste et y prendra goût et finira par s’enhardir et tomber sciemment ou par ignorance dans l’illicite[4]. Cela est semblable au cas d’un berger qui fait paître ses bêtes et ses moutons aux alentours d’un domaine réservé – qui est une parcelle de terre déclarée privée par un roi et sur laquelle il a interdit aux gens sans permission d’entrer et menace de punir ceux qui violent cette interdiction – et dont les bêtes risquent de s’y introduire et d’y paître. Il y a toujours une bête qui finit par s’échapper du troupeau et qui n’est pas disciplinée. Il se peut ainsi que l’être humain soit tenté par son âme et que Satan lui embellisse de commettre l’illicite. Tout comme le berger qui fait paître ses bêtes aux alentours d’un domaine réservé mérite d’être puni quand certaines de ses bêtes s’introduisent dans ce domaine, mérite également d’être puni celui qui s’adonne souvent à ce qui est douteux, s’approche de l’illicite et finit par y succomber[5].


5- Tout comme ce roi qui a un domaine réservé dans lequel il interdit aux gens d’entrer et menace de punir celui qui désobéit à cette injonction, Allah, Lui, à qui appartient l’exemple suprême, a pour domaine réservé dans lequel Il interdit à Ses créatures d’entrer, Ses interdits, c’est-à-dire la mécréance

et les actes de désobéissance. Celui qui s’y introduit en commettant un acte de désobéissance mérite d’être puni et celui qui s’en approche risque de s’y introduire. Quant à celui qui prend ses précautions et ne s’en approche pas, il ne fait rien de ce qui le rapproche des actes de désobéissance et délaisse ainsi ce qui est douteux[6].


6- Ensuite le Prophète ﷺ nous informe qu’il y a dans le corps un bout de chair aussi petit qu’une bouchée et qui est le cœur. Ce cœur physique est lié au cœur spirituel qui est le siège de la foi et qui est soit bon soit mauvais.


7- Si le cœur est bon et droit, l’état de l’être humain et de son corps est bon et si le cœur est mauvais, alors l’état de l’être humain et de son corps est mauvais. En effet, le cœur est le roi et les membres sont ses soldats. Si le roi est bon, ses soldats le sont aussi et si le roi est mauvais, ses soldats le sont également[7].
Le cœur vertueux est celui qui est plein d’amour pour Allah, est convaincu de Son unicité et est exempt de tout ce qu’Allah déteste. Il aime ainsi ce qu’Allah agrée et rejette et déteste ce qu’Allah déteste et rejette, à la différence du cœur corrompu qui lui est l’opposé de cela[8].
Par ailleurs, Allah fit du cœur le siège de la foi et de la mécréance.

Il dit en effet :

﴾Mais Allah vous a fait aimer la foi et l’a embellie dans vos cœurs et vous a fait détester la mécréance, la perversité et la désobéissance. ﴿

[Sourate Al-Houjourate : 7]

Il dit également :

﴾Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel﴿ 

[Sourate Al-Kahf : 28] 

1. (1) Allah a explicité à Ses serviteurs tous les jugements religieux. Le serviteur doit donc apprendre ces jugements auprès des gens de science et demander des avis religieux pour ce qu’il ignore. Il n’a pas d’excuse lorsqu’il commet des actes illicites sans avoir questionné les gens de science et leur avoir demandé conseil.


2. (1) Allah paracheva Son bienfait sur Ses serviteurs en complétant leur religion et en leur explicitant ce qui est licite et ce qui est illicite. Qu’un entêté ne vienne pas prétendre que les jugements religieux ne suffisent pas à compléter la religion.


3. (1) Les savants et les prédicateurs doivent expliciter ce qui est licite et ce qui est illicite en enseignant aux gens les jugements de la Législation et en leur émettant des jugements religieux qui répondent aux nouvelles situations qu’ils rencontrent.


4. (2) On trouve dans ce hadith la reconnaissance du mérite des savants, puisque ce sont les seuls qui enseignent aux autres comment se comporter à l’égard des choses douteuses. Que celui qui désire donc rejoindre cette catégorie de gens, s’efforce d’étudier la science et de l’acquérir avec sérieux.


5. (2) Le fait que ces choses soient douteuses est la raison pour laquelle les gens ignorent leurs jugements et les preuves qui appuient ces jugements. En effet, certaines preuves sont très connues des gens tandis que certaines autres sont indiscernables, excepté pour une catégorie très restreinte de gens de science. Que personne ne croit donc qu’il y ait une insuffisance dans la transmission de la religion d’Allah aux gens.


6. (2) Il est obligatoire au musulman, lorsqu’il fait face à quelque chose dont il ignore le jugement, de s’empresser de questionner les gens de science, car ce sont eux qui connaissent les jugements religieux et leurs preuves dans le détail.


7. (3) Le musulman doit s’éloigner des ambiguïtés afin de préserver sa religion et son honneur.


8. (3) Le musulman doit préserver son honneur des ragots des gens, même si celui-ci est pieux et qu’il n’a rien à se reprocher.


9. (3) Lorsqu’on s’éloigne des ambiguïtés

 on se conforme aux paroles du Prophète ﷺ: 

« Délaisse ce qui te paraît suspect pour ce qui ne te paraît pas suspect »[9].

10. (4) Celui qui ne craint pas Allah et s’enhardit à s’adonner à des ambiguïtés finit par tomber dans les choses illicites et son laxisme concernant les ambiguïtés le conduit à commettre l’illicite. Quelqu’un dit à ce sujet : Le petit péché amène le péché capital et le péché capital amène la mécréance. On rapporte aussi qu’un savant a dit : Les actes de désobéissance sont les messagers de la mécréance[10]. Il convient donc de s’abstenir de s’approcher des ambiguïtés pour ne pas être happé par les transgressions et les péchés majeurs.


11. (4) S’accoutumer aux choses licites et y consacrer tout son temps, conduit petit à petit l’être humain à tomber dans l’illicite. Le serviteur doit donc se préoccuper de son adoration et s’efforcer d’accomplir beaucoup d’adorations surérogatoires et ne pas se laisser aller aux distractions licites.


12. (4) Satan n’insuffle pas au serviteur de commettre des péchés majeurs ou de devenir mécréant en une seule fois, mais lui embellit plutôt cela petit à petit. Il l’incite ainsi à être inattentif aux affaires de la religion en l’occupant avec des distractions licites, puis il le fait passer aux ambiguïtés et aux choses détestables et lorsque le serviteur s’y accoutume, il ne lui est plus difficile de transgresser les limites et les interdits d’Allah. Il convient donc de prendre garde aux insufflations et aux ruses de Satan et les reconnaître dès le début.


13. (4) (5) Le Prophète ﷺ utilisa des représentations et des comparaisons qui explicitent les concepts, les délimitent et les rendent plus accessibles. En effet, il compara celui qui a des ambiguïtés à un berger faisant paître ses bêtes autour d’un domaine réservé et énonça comme parabole pour représenter la punition de celui qui commet des choses illicites la punition de celui qui viole le domaine réservé d’un roi de ce bas monde. Le prédicateur et l’éducateur doivent donc rendre les concepts accessibles aux esprits en utilisant des paraboles et en ayant recours à des figures de style.


14. (6) Se préoccuper de rectifier son cœur et examiner les maladies dont il souffre et leurs remèdes est la tâche la plus importante à laquelle se consacrent les adorateurs. En effet, le cœur est pour les membres tel un roi qui dispose de ses soldats. Ceux-ci se mettent en marche sous ses ordres, tiennent de lui la droiture ou la déviance et le suivent dans ce qu’il veut accomplir. Il est donc leur roi et eux sont les exécutants de ce qu’il leur ordonne[11].


15. (6) Ne crois pas que tu es intérieurement bon alors que tu es mauvais en apparence. En effet, un hadith démontre qu’être intérieurement vertueux implique de l’être extérieurement aussi. Ainsi, lorsque le cœur est vertueux, les membres doivent œuvrer en conséquence et donc, n’a pas un cœur vertueux, celui dont les œuvres sont mauvaises, laisse libre cours à ses membres dans l’illicite et transgresse les limites d’Allah.

Références

  1. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (11/27).
  2. Voir le commentaire de Al-Arba’oune an-Nawawiyya d’Ibn Daqiq Al-‘Id (p.44) et le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (4/190).
  3. Voir ces lignes formulées autrement dans Al-Fawa’id d’Ibn Al-Qayyim (p.181).
  4. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (4/190).
  5. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/194) et Irchad As-Sari d’Al-Qastalani (4/7).
  6. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (4/190).
  7. Voir Mifta Dar As-Sa’âdah d’Ibn Al-Qayyim (1/193).
  8. Voir Fath Al-Bari Charh Sahih Al-Boukhari d’Ibn Rajab Al-Hanbali (1/229).
  9. At-Tirmidhi (2518) et An-Nassa’i (5711) d’après Al-Hassane Ibn ‘Ali – qu’Allah a agréés. Ce hadith a été déclaré authentique par Al-Albani dans Irwa Al-Ghalil (1/44).
  10. Voir le commentaire de Al-Arba’oune an-Nawawiyya d’Ibn Daqiq Al-‘Id (p.47).
  11. Voir Ighathate Al-Lahfane Mine Massayid Ach-Chaytane d’Ibn Al-Qayyim (1/5).


1- Le Prophète ﷺ prit Ibn ‘Omar – qu’Allah a agréé – par le haut du bras – qui est la partie située entre l’épaule et l’avant-bras – en lui recommandant de renoncer à ce bas monde et d’être tel celui qui vit dans un pays autre que le sien et parmi des gens qui lui sont étrangers, sans se soucier de la compagnie de quiconque, ni construire d’habitation permanente, ni bâtir de palais, ni éprouver de la haine ou de la rancune à l’égard de quiconque. Sa seule préoccupation doit être d’amasser des provisions pour retourner dans son pays. Le musulman doit donc être ainsi dans ce bas monde, car ce bas monde est la demeure provisoire de son exil et il ne doit s’y préoccuper que d’amasser des provisions pour l’au- delà où se trouve sa patrie première à savoir le Paradis.


2- De la même manière que l’étranger qui vit quelque temps en exil et y demeure, tisse des liens avec les habitants du pays, le Prophète ﷺ passa à un niveau plus élevé de renoncement à ce bas monde qui est celui du voyageur qui ne fait que passer. En effet, le voyageur de passage n’arrête de se déplacer que pour s’approvisionner et se reposer. Il ne s’habitue à aucun bien aimé, ne penche pour aucun ami, ni n’espère se fixer où que ce soit. Il en est de même pour le musulman : ce bas monde et ce qu’il contient ne doivent pas le détourner de son voyage qui le mène à son pays.


3- Ibn ‘Omar – qu’Allah a agréé – exhortait les gens et les mettait en garde contre le fait de placer trop d’espoir dans la vie et ne pas se préparer à la mort. Il convient donc que l’être humain garde la mort à l’esprit et qu’il considère qu’il ne lui reste que quelques heures à vivre. Ainsi, lorsqu’il vit jusqu’au soir, il doit œuvrer pour l’au-delà comme s’il allait mourir avant l’aube. De même, lorsqu’il vit jusqu’au matin, il doit faire comme s’il allait mourir avant la nuit. Celui qui se prépare de la sorte œuvre pour son au-delà et délaisse les plaisirs et les ornements de ce bas monde, conformément aux paroles d’Ahmad Ibn Hanbal qui répondit lorsqu’on lui demanda : « Qu’est-ce que renoncer à ce bas monde ? » : « Le peu d’espoir dans la vie, c’est-à-dire le fait pour quelqu’un qui a vécu jusqu’au matin de dire : Je ne vivrai peut-être pas jusqu'à ce soir »[1].


Par ailleurs, avoir trop d’espoir dans la vie est ce qui fait naître la malfaisance. En effet, lorsque Iblis conseilla Adam et Hawwa de manger des fruits de l’arbre, il les tenta par la royauté et la vie éternelle.

Allah dit :

﴾Puis le Diable le tenta en disant : « Ô, Adam, t’indiquerai-je l’arbre de l’éternité et un royaume impérissable ? »﴿.

[Sourate Taha : 120]

L’être humain ne doit ainsi pas être injuste envers son prochain ni violer son droit pour obtenir des bienfaits de ce bas monde.


4- Ibn ‘Omar accordait également de l’importance au fait qu’ils profitent du temps où ils sont en bonne santé avant que la maladie et les occupations ne les empêchent, car la santé est le plus grand bienfait et l’être humain néglige trop souvent d’en tirer profit.

C’est pourquoi le Prophète ﷺ a dit :

« Il y a deux bienfaits que beaucoup de gens n’apprécient pas à leur juste valeur : la santé et le temps libre »[2].


5- Ibn ‘Omar accordait aussi de l’importance au fait que les gens œuvrent pour leur au-delà avant que la mort ne les surprenne. Ils n’auront alors plus la possibilité d’œuvrer et ils le regretteront amèrement. Le serviteur criera alors :

﴾...Puis, lorsque la mort vient à l’un d’eux, il dit : « Mon Seigneur ! Fais- moi revenir (sur terre), afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais ». Non, c’est simplement une parole qu’il dit. Derrière eux, cependant, il y a une barrière, jusqu’au jour où ils seront ressuscités﴿

[Sourate Al-Mou’minoune : 99-100]


La recommandation d’Ibn ‘Omar – qu’Allah agréé – est inspirée des paroles du Prophète ﷺ qui la précèdent et est déduite de ses paroles à un homme qu’il exhortait : « Profite de cinq choses avant cinq autres : ta jeunesse avant ta vieillesse, ta santé avant ta maladie, ta richesse avant ta pauvreté, ton temps libre avant d’être occupé et ta vie avant ta mort »[3].

1. (1) Ce hadith met en évidence la préoccupation du Prophète ﷺ à éduquer les enfants, à leur enseigner les jugements de la religion et à les inciter à renoncer à ce bas monde. Que les prédicateurs et les éducateurs ne négligent pas cela.
2. (1) Il convient aux prédicateurs d’éduquer les jeunes générations à préférer l’au-delà et les œuvres pour l’au-delà et à ne pas accorder d’importance aux ornements et aux jouissances de ce bas monde.
3. (1) Le Prophète ﷺ prit Ibn ‘Omar par le haut du bras afin d’attirer son attention et de mettre ses sens en alerte. Les savants et les prédicateurs doivent donc utiliser ce genre de moyens afin d’attirer l’attention des cœurs et des ouïes.
4. (1) ‘Ata As-Soulaymi invoquait Allah en disant : « Ô Allah, sois miséricordieux pour mon exil dans ce bas monde, pour ma solitude dans ma tombe et ma comparution face à Toi demain »[4].
5. (1) (2) Le Prophète ﷺ énonça une parabole pour décrire la situation du musulman en le comparant à un étranger et à un voyageur de passage. L’énonciation de paraboles, le recours à d’autres figures de style et l’utilisation de comparaisons, participe à rendre les concepts accessibles et compréhensibles pour les esprits. Il ne convient donc pas à celui qui enseigne et oriente de s’abstenir d’y recourir.
6. (1) (2) Ce hadith souligne qu’Allah décréta que ce bas monde disparaîtra et aura une fin. Le croyant n’y vit donc qu’afin de faire ses provisions pour la demeure éternelle dans l’au-delà. Celui qui s’abandonne totalement à ce bas monde et s’y attache, perd l’au-delà.
7. (1) (2) ‘Ali Ibn Abi Talib – qu’Allah a agréé – disait : « Le bas monde se déplace et part et l’au- delà se déplace et vient, et chacun a des enfants. Soyez donc les enfants de l’au-delà et ne soyez pas les enfants de ce bas monde, car aujourd’hui est l’accomplissement sans reddition des comptes et demain sera la reddition des comptes sans l’accomplissement »[5].
8. Ce hadith ne signifie pas qu’il faut arrêter de rechercher sa subsistance et que les plaisirs de ce bas monde sont illicites, car les agissements du Prophète ﷺ et de ses nobles Compagnons vont à l’encontre de cela.
9. (3) Avance en permanence et ne t’arrête pas, même pour une heure, car si tu n’avances pas comme il le faut, tu n’atteindras pas ton but et tu te perdras en chemin[6].
10. (3) Les prédécesseurs étaient ceux qui se préparaient le plus pour l’au-delà. On demanda à Mohammed Ibn Wassi’ – qu’Allah lui fasse miséricorde – : « Comment vas-tu ce matin ? ». Il répondit : « Que penses-tu d’un homme qui franchit chaque jour une étape et se rapproche de l’au- delà ? »[7]. Par ailleurs, Al-Hassane Al-Basri – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Tu n’es qu’un nombre de jours et chaque fois qu’un jour passe, c’est une partie de toi qui s’en va »[8].
11. (4) Il convient que le musulman s’empresse de faire ce qu’il peut comme bien et de tirer profit de sa santé, de son temps libre et de sa vie avant que les incidents, les maladies et diverses préoccupations ne l’empêchent d’œuvrer plus tard.
12. Al-Awza’i – qu’Allah lui fasse miséricorde – écrivit à un de ses frères : « Ceci étant dit, tu es entouré de toutes parts et sache qu’on te fait déplacer chaque jour et chaque nuit. Crains donc Allah et ta dernière étape qui sera ta comparution devant Lui. Que la paix soit sur toi »[9].
13. Al-Foudayl Ibn ‘Iyad – qu’Allah lui fasse miséricorde – demanda à un homme : « Combien d’années as-tu vécu ? ». Il répondit : « Soixante ans ». Il lui dit alors : « Voilà donc soixante ans que tu chemines vers ton Seigneur et tu es aujourd’hui sur le point d’arriver ». L’homme dit : « Nous sommes à Allah et c’est auprès de Lui que nous retournerons ». Al-Foudayl lui dit ensuite : « Sais-tu ce que cela signifie ? Tu dis : je suis un serviteur d’Allah et c’est auprès de Lui que je retournerai. Que celui qui est persuadé d’être un serviteur d’Allah et qu’Il retournera auprès de Lui sache qu’il comparaîtra, et que celui qui sait qu’il comparaîtra sache qu’il sera interrogé, et que celui qui sait

qu’il sera interrogé prépare des réponses aux questions ». L’homme demanda : « Quelle est donc
l’issue ? ». « Elle est facile », répondit Al-Foudayl. « Quelle est-elle ? », insista l’homme. Il répondit :
« Tu œuvres avec excellence dans ce qui reste de ta vie et ce qui a précédé te sera pardonné, car si tu agis mal dans ce qui reste de ta vie tu seras puni pour ce qui a précédé et pour ce que tu commettras plus tard »[10].
14. Le narrateur du hadith, Ibn ‘Omar – qu’Allah a agréé -, était de ceux qui le mettaient en pratique. Tawouss a dit : « Je n’ai pas vu d’homme plus dévot qu’Ibn ‘Omar »[11]. On rapporte aussi de Nafi’ qu’Ibn ‘Omar désira manger du raisin alors qu’il était malade. Il raconte : « Je lui achetai une grappe pour un dirham, je la lui apportai et je la lui mis dans la main. Un mendiant vint alors à la porte et Ibn ‘Omar dit : « Donne-la-lui ». Je lui dis : « Manges-en un peu, gouttes-en ». Il répondit : « Non, donne- la-lui ». Je la lui donnai donc puis je la lui rachetai pour un dirham et je la mis dans la main d’Ibn ‘Omar, mais le mendiant revint et Ibn ‘Omar dit : « Donne-la-lui ». Je lui dis : « Manges-en un peu, gouttes-en ». Il répondit : « Non, donne-la-lui ». Je la lui donnai donc et je lui dis : « Malheur à toi, tu n’as pas honte ? » Je la lui rachetai de nouveau pour un dirham et je la mis dans la main d’Ibn ‘Omar qui la mangea[12].
15. Ibn ‘Omar était de ceux qui accomplissaient le plus de bonnes œuvres en prévision de sa comparution devant Allah, puisque c’est à la troisième ou à la quatrième fois – le doute est de Tawouss – qu’il mangea la grappe de raisin.
16. Un poète a dit :
Chaque instant qui passe nous rapproche de nos termes et nos jours passent comme autant d’étapes. Je n’ai pas vu plus vrai que la mort qui, lorsqu’elle est faussée par les espoirs, paraît fausse.
Qu’il est hideux de ne pas tirer profit de sa jeunesse et qu’il est encore plus hideux de ne pas tirer profit de son temps lorsque les cheveux blancs recouvrent la tête.
Quitte ce bas monde en ayant fait provision de piété, car ta vie n’est qu’un nombre de jours comptés.

Références

  1. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/386).
  2. Al-Boukhari (6412).
  3. Ibn Abi ad-Dounya dans Qissar Al-Amal (111) et Al-Hakim dans Al-Moustadrak (7846).
  4. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/378,379).
  5. Al-Boukhari (8/89).
  6. Voir Al-Kachif ‘Ane Haqa’iq As-Sounane d’At-Tîbî (4/1364).
  7. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/382).
  8. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/382).
  9. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/382-384).
  10. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/383).
  11. Ahmad dans Az-Zuhd (240)
  12. Ahmad dans Az-Zuhd (237)


 

1- Celui à qui Allah veut un immense bien dans ce bas monde et dans l’au-delà, Allah lui facilite de comprendre correctement les jugements de l’Islam ainsi que ses commandements, ses interdits et ses finalités. De plus, son instruction s’accroît grâce aux connaissances qu’il a des problématiques juridiques et de leurs preuves, à la consultation qu’il fait des versets, des hadiths et des traditions, à l’apprentissage des fondements des sciences qui l’aident à mieux comprendre et à ses efforts afin de déterminer ce qui est correct de ce qui ne l’est pas.
La signification du hadith est que celui qui ne s’instruit pas en religion est privé de bien[1]. La science religieuse a été spécifiquement mentionnée à l’exclusion des autres sciences, car elle est la plus noble, c’est elle qui conduit à Allah et c’est grâce à elle qu’on adore Allah, qu’on Lui obéit et qu’on s’abstient de ses interdits. Par conséquent, les intérêts de ce bas monde et de l’au-delà, le salut dans ces deux mondes ainsi que l’ensemble des autres sciences sont dépendants et assujettis aux sciences de la religion et elles seraient déficientes sans elles[2].


2- Ensuite, le Prophète ﷺ explique qu’il est un trésorier qui se charge de distribuer ce qu’Allah lui a donné, en termes de dons matériels, de subsistance ou de science.
Le fait qu’il soit un distributeur de science signifie qu’il transmet ce qui lui a été ordonné de transmettre sans en priver personne et que la compréhension et l’instruction ne sont que des dons qu’Allah – exalté soit-Il – accorde à qui Il veut par Sa sagesse.


3- Ensuite, le Prophète ﷺ annonce à sa communauté la bonne nouvelle de sa persistance en tout temps fidèle à sa religion tout en la faisant triompher, qu’elle sera préservée d’être exterminée par ses ennemis et que sa valeur auprès d’Allah ne diminuera pas, quelle que soit la guerre que l’ennemi mène contre elle, qu’elle soit intellectuelle ou militaire.
Il suffit pour que cela se réalise que seule une partie de la communauté résiste et il est admis qu’une
autre partie renonce à obéir à certaines choses de l’ordre d’Allah.


4- Cette communauté persistera jusqu’à la Fin des Temps. Il se peut que ce qui est signifié par ces paroles soit également ce qui est signifié par le hadith d’Abou Hourayra, dont Allah est satisfait,

dans lequel il rapporte que le Messager d’Allah ﷺ a dit :

« Allah enverra un vent venant du Yémen plus doux que la soie qui ne laissera vivant personne ayant un grain de foi dans le cœur »[3].

Par conséquent, l’Heure ne surviendra que lorsqu’il ne subsistera que les plus maléfiques des gens.

 

1- Si tu veux le bien, recherche-le là où il est susceptible de se trouver, c’est-à-dire là où te l’a indiqué le Messager d’Allah ﷺ. En effet, c’est Allah qui sait où se trouve le bien et Il le facilite à qui Il veut. Ce bien est le fait de s’instruire dans la religion d’Allah.
2- Sois en recherche permanente des manières de s’instruire en religion, car celui qui les recherche, recherche le bien dans ce bas monde et dans l’au-delà.
3- Recherche l’instruction complète en religion auprès des Compagnons du Messager d’Allah ﷺ. Vois donc Ibn ‘Abbâs, dont Allah a agréé les deux hommes, – qui est de moindre rang que les Califes Bien Guidés – qui fait partie de ceux en faveur de qui le Prophète ﷺ invoqua Allah lorsqu’il lui servit l’eau servant à faire ses ablutions en disant : « Ô Allah, instruis-le en religion »[4].
4- Évaluer les gens se fait sur la base du bien qui transparaît d’eux. Or l’instruction en religion et l’apparition de ses signes font partie des meilleurs critères permettant d’évaluer les gens. On rapporte de ‘Âmir Ibn Wâthila que Nâfi’ Ibn ‘Abd Al-Hârith rencontra ‘Omar à ‘Osfâne, sachant que ‘Omar l’avait auparavant désigné gouverneur de La Mecque. ‘Omar lui demanda : Qui as-tu désigné comme gouverneur des habitants de la vallée (La Mecque) ? Nâfi’ répondit : Ibn Abzâ. ‘Omar demanda ensuite : Qui est donc Ibn Abzâ ? Nâfi’ répondit : Un des esclaves qui faisait partie de nos esclaves affranchis. ‘Omar s’étonna : As-tu désigné à leur tête un esclave affranchi ? Nâfi’ répondit : Il connaît le Livre d’Allah – exalté soit-Il – par cœur et est un connaisseur des problématiques d’héritage. ‘Omar dit alors :

Votre Prophète ﷺ a dit :

« Allah élève assurément avec ce Livre des gens et Il en abaisse d’autres »[5].

5- S’instruire est une action continue et toute chose nouvellement apprise est un surplus profitable.
En effet, Allah n’ordonna à Son Prophète ﷺ de demander un surplus qu’en science,

lorsqu’il dit :

﴾Et dis : Ô mon Seigneur, accrois mes connaissances !﴿

[Sourate Tâhâ : 114]

. Par conséquent, tu ne dois pas te contenter d’une part déterminée de science ni t’arrêter de l’acquérir à un âge déterminé.
6- Le Prophète ﷺ veillait à servir les intérêts des gens en science, en richesse et autre. Ainsi, celui à qui Allah confie une part de l’héritage du Prophète ﷺ en faisant de lui le responsable d’une science ou d’une richesse, qu’il sache qu’il n’est qu’un simple distributeur de ce que lui a donné Allah.
Qu’il ne se fourvoie donc pas et qu’il se montre à la hauteur afin de la redistribuer conformément à ce que veut Allah.
7- Ne crains rien pour la religion d’Allah et ne t’attriste pas pour les incidents décrétés par Allah qui atteignent cette communauté dans sa religion et dans ses affaires de ce bas monde, car il subsistera toujours dans cette communauté un groupe fidèle à la religion d’Allah qui la fera triompher. Celui qui s’oppose à elle et la combat par la pensée et par l’action ne l’atteindra pas, fais donc partie de ce groupe qui a un statut spécial auprès de son Seigneur.
8- Un poète a dit :
La science fait atteindre à des gens le summum de l’honneur et l’adepte de la science est préservé
des dommages.
Ô détenteur de la science, doucement, ne la souille pas avec des péchés, car la science ne peut être
remplacée par rien d’autre.
La science élève une maison sans pilier et l’ignorance détruit la maison de puissance et d’honneur.

Références

  1. Voir Fath Al-Bârî Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-‘Asqalânî (1/163-164).
  2. Voir le commentaire du Sahih d’Al-Boukhari d’Ibn Battâl (1/154).
  3. Moslim (117).
  4. Al-Boukhari (143) et Moslim (2477).
  5. Moslim (817). ‘Osfâne est une région située à près de 85 km au nord de La Mecque, au nord-est à proximité de Djeddah. Le mot mawlâ (esclave affranchi) désigne quelqu’un qui était esclave et qui a été affranchi ou quelqu’un dont les ancêtres étaient des esclaves qui ont été affranchis. Ce terme était péjoratif chez les Arabes.



Le Prophète ﷺ nous informe du mérite de celui qui étudie la science :


1- Il affirme ainsi que celui qui emprunte un chemin par lequel il étudie la science bénéfique, sa
rétribution sera qu’Allah facilite ses œuvres vertueuses qui mènent au Paradis.
Le hadith mentionne le chemin de la science en utilisant des termes généraux qui englobent tous les chemins concrets et abstraits aboutissant à la science ainsi que toutes les subdivisions et les problématiques inclues dans la science religieuse et toute part étendue ou restreinte[1].

Celui qui étudie la science a besoin de ces choses-là lorsqu’il emprunte le chemin de la science[2].


2- Le Prophète ﷺ nous informe que les anges tendent leurs ailes pour celui qui étudie la science, soit par modestie et respect à son égard, soit en arrêtant de voler et en descendant auprès de celui qui étudie la science afin de le couvrir de leur ombre,

comme cela est le cas dans les paroles du Prophète ﷺ : 

« Il n’y a pas une fois où des gens s’assoient pour évoquer Allah – exalté soit-Il –, sans que les anges ne les entourent de leurs ailes… ».[3]


3- Ensuite, il mentionne un autre des mérites de celui qui étudie la science qui est qu’Allah fait en sorte que toutes les créatures sollicitent le pardon d’Allah et invoquent Allah en sa faveur, car les effets de sa science et de son œuvre provoquent, en raison du grand nombre d’actes d’obéissance

accomplis par celui qui étudie la science, la descente de la miséricorde sur les mondes[4]. Ajoutons qu’un des signes de la survenue de l’Heure est la disparition de la science et la diffusion de l’ignorance et ceci est le signe que l’anéantissement est imminent.

Ce mérite est similaire à celui dont il est question dans les paroles suivantes du Prophète ﷺ :

« Allah, Ses anges ainsi que les habitants des cieux et des terres, même la fourmi dans son terrier et le poisson, prient sur celui qui apprend aux gens ce qui est bien »[5].


4- Le Prophète affirme que celui qui s’acquitte du droit de la science en la mettant en pratique et en l’enseignant est meilleur que l’adorateur qui ne consacre son temps qu’aux adorations. Ils sont aussi différents en mérite que ne le sont la lune et les astres lointains. En effet, la lune illumine les horizons, les voyageurs dans le désert se guident grâce à sa lumière et elle est utile aux pays et aux gens. À l’inverse, les astres lointains n’illuminent qu’eux-mêmes et leur lumière ne s’étend pas à ce qui les entoure. Il en est ainsi du savant et de l’adorateur, puisque l’utilité du savant s’étend aux autres tandis que l’adoration de l’adorateur ne procure de rétribution qu’à lui.
Il se peut que la raison pour laquelle le Prophète a comparé le savant à la lune et non au soleil soit le fait que la lumière de la lune provienne d’une autre source – qui est le soleil – et donc le savant tient sa science du soleil du Message composé de la Révélation d’Allah et de la Sounna de Son Messager ﷺ.


5- Ensuite, le Prophète ﷺ énonce un autre mérite des savants : il dit qu’ils sont les héritiers des prophètes. En effet, les savants sont tels des enfants pour les prophètes et de même que les enfants d’un homme héritent de son patrimoine après sa mort, les savants héritent de la science des prophètes, la transmettent d’eux et la diffusent parmi les gens. Les prophètes n’ayant transmis en héritage ni dinar d’or, ni dirham d’argent, ni aucune sorte de richesse matérielle, mais ayant transmis uniquement la science, celui qui reçoit cet héritage reçoit la totalité de l’héritage, ce qui n’est pas le cas pour le patrimoine matériel. Il reçoit donc la totalité de l’héritage prophétique[6].


1- À chaque fois que ton âme aspire au Paradis ou que tu trouves difficile d’y accéder, tourne-toi vers la science, car la science est une adoration en elle-même, elle te montre quelles sont les adorations les mieux rétribuées et elle insuffle dans l’âme de la motivation, de la satisfaction et de la patience dans les adorations.


2- Celui qui recherche l’élévation, la bénédiction et la facilitation de ses affaires doit se tourner vers la science, car les anges – qui sont les plus nobles créatures d’Allah – honorent ceux qui étudient la science, les entourent de leurs ailes et exécutent l’ordre d’Allah de faciliter leurs affaires.


3- Celui qui étudie la science doit être respectueux. Allah a certes chargé des anges d’être présents dans les assemblées de science, il doit donc respecter leur présence. Il doit éviter qu’il y ait dans son assemblée un chien ou une représentation imagée et qu’il sache qu’Allah y a détaché des anges nobles qui enregistrent et qui écrivent [ce qui s’y déroule].


4- Que nos péchés sont nombreux ! Si nous avons besoin de beaucoup solliciter le pardon d’Allah tout comme nous avons beaucoup péché, alors il y a dans la science et la diffusion de celle-ci une cause de sollicitation du pardon d’Allah en notre faveur par les habitants du ciel et de la Terre, y compris par les vertueux.


5- Cet univers que nous croyons inerte vit avec Allah. Ainsi, même les poissons que nous croyons non doués de paroles sollicitent le pardon d’Allah en faveur de celui qui étudie la science par ordre de leur Seigneur qui a donné à chaque chose sa propre nature puis l’a dirigée.


6- Allah préféra le savant à l’adorateur, car il a une lumière semblable à celle de la lune qu’il diffuse parmi les gens. Or si le savant se soustrait aux gens, se montre avare de sa science ou est réticent à la partager, et finisse par succomber aux vices, que devient son mérite par rapport aux autres ?

7- Le hadith démontre que les gens qui ont le rang le plus élevé sont les savants, puisqu’ils sont les héritiers des meilleurs des gens et de leur élite. En effet, il n’existe pas de gens pouvant se charger de transmettre le Message des prophètes mieux que les savants et c’est la raison pour laquelle ils sont les meilleurs des gens après les prophètes. Si l’être humain connaissait la valeur de ce rang, il résisterait aux plaisirs et aux obstacles de ce bas monde pour essayer de l’atteindre.


8-

Dans les paroles du Prophète ﷺ :

 « les prophètes n'ont laissé comme héritage ni dinar ni dirham », il y a une référence à la renonciation des prophètes d’Allah – qu’Allah les protège – aux plaisirs éphémères de ce bas monde[7].


9- Les savants sont les héritiers des prophètes et ils ont également reçu d’eux la patience dans l’acquisition et la diffusion de la science, puisque Moussa – qu’Allah le protège – voyagea et endura la faim afin d’étudier la science auprès de Al-Khidr, qui était pourtant quelqu’un de moindre rang par rapport à lui. Ensuite, il endura les persécutions qu’on lui fit subir lorsqu’il diffusa la science. Il en est de même pour les héritiers des prophètes et parmi les choses les plus plaisantes dites à ce sujet, il y a ce que dit Abou Hâtim Ar-Râzî : « Nous sommes restés sept mois en Égypte durant lesquels nous n’avons pas mangé de sauce. La journée nous faisions la tournée des cheikhs et la nuit nous écrivions et nous comparions nos écritures. Un jour, nous nous rendîmes, un ami et moi, chez un cheikh et on nous informa qu’il était malade. Je vis alors du poisson qui nous a plu et nous l’achetâmes. Arrivés chez nous, il était temps d’assister à l’assemblée d’un cheikh et nous repartîmes. Le poisson resta ainsi trois jours et il fut sur le point de pourrir. Nous le mangeâmes alors cru, n’ayant pas eu le temps de le cuire… ». Il dit ensuite : « On n’acquiert pas la science par le confort »[8].


10- Lorsque l’être humain craint Allah comme il se doit, il est tenu d’acquérir la science, car celui qui acquiert la science connaît la valeur d’Allah. Il se met alors à Le craindre, à Le redouter, à L’aimer et à L’estimer comme il se doit.

C’est pourquoi Allah dit :

﴾Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah.﴿ .

[Sourate Fâtir : 28]

Allah restreint les propos par le mot « seuls » comme pour dire : personne d’autre que les savants ne craignent Allah, car leur crainte d’Allah est la crainte authentique résultant de la science et de la connaissance qu’ils ont d’Allah.


11- Un poète a dit :
Si la science ne t’apporte pas de bien, alors tu aurais mieux fait de rester ignorant.
Et si ta compréhension te précipite dans des abîmes, alors si seulement et [une fois encore] si
seulement tu n’y avais jamais rien compris.
Tu récolteras comme fruits de la paresse de l’ignorance et tu seras considéré comme petit bien que tu grandisses.

Références

  1. Voir Fath Al-Bârî d’Ibn Hajar (1/160).
  2. Voir le commentaire de Riyâd as-Sâlihîne du cheikh Ibn ‘Othaymîne (5/433-434).
  3. Moslim (2700) d’après Abou Hourayra et Abou Sa’îd Al-Khoudrî – qu’Allah a agréés.
  4. Voir le commentaire de Michkât Al-Masâbîh par At-Tîbî (2/673).
  5. At-Tirmidhî (2685) d’après Abou Oumâma Al-Bâhilî – Allah l’a agréé. At-Tirmidhî qualifia ce hadith de bon et authentique.
  6. Voir Al-Mafâtîh Fî Charh Al-Masâbîh d’Al-Moudhirî (1/313) et Irchâd as-Sârî d’Al-Qastallânî (1/167).
  7. Voir Al-Moufhim Li-mâ Achkal Min Talkhîs Kitâb Moslim d’Abou Al-‘Abbâs Al-Qourtoubî (1/687).
  8.  Tadhkirat Al-Houffâdh d’Adh-Dhahabî (3/35).


1- Le Prophète ﷺ donne une explication imagée sur les différentes façons dont les gens accueillent la guidée qu’il a apportée. Il la compara ainsi à une pluie abondante utile pour les gens. Le Prophète ﷺ mentionna la pluie, car les gens en ont grandement besoin : tout comme la terre vit grâce à la pluie, Allah fait également vivre les cœurs par la science.

De plus, les effets de la pluie diffèrent selon la nature des terres sur lesquelles elle tombe, conformément à la description du hadith :

2- Le premier type de terre est la terre pure, bonne et fertile qui est exempte de défauts et qui se prête à l’agriculture. Lorsque l’eau tombe dessus, elle l’absorbe et fait pousser des végétaux (ce qui englobe toutes les plantes) et de l’herbe – qui désigne les plantes tendres. La terre profite donc de cette eau qui l’a fait revivre et elle en fait également profiter les êtres humains et les animaux en leur produisant ce qui les nourrit.

3- Le deuxième type de terre est la terre dure qui ne se prête pas à l’agriculture et qui n’absorbe pas rapidement l’eau, mais la garde plutôt en surface. Elle ne tire donc pas profit de l’eau par l’agriculture, mais ce sont les gens qui en tirent profit lorsqu’ils trouvent cette eau, car elle leur permet de s’abreuver, d’abreuver leurs bêtes et d’irriguer leurs cultures.

4- Le troisième type de terre est la terre plate et lisse qui ne se prête ni à l’agriculture ni ne retient l’eau. Elle ne tire donc pas elle-même profit de l’eau en devenant fertile et recouverte de plantes et les gens n’en tirent pas non plus profit pour s’abreuver et la cultiver.

5- Ensuite, le Prophète ﷺ explique cette description imagée : il dit ainsi que le premier type correspond aux savants qui comprennent ce qu’Allah et Son Messager ont voulu signifier. Ils l’apprennent donc puis l’enseignent aux gens. Le deuxième type regroupe ceux qui sont un moyen de transmettre la science sans être eux-mêmes des hommes de science éclairés. Le troisième type regroupe ceux qui n’acceptent pas ce que le Prophète ﷺ a apporté. Ils ne mémorisent ni ne
transmettent, ils ne comprennent ni ne mettent en pratique. Ces derniers sont les mécréants et les
pervers qui refusent d’embrasser la religion d’Allah.

1. Le Prophète ﷺ était le meilleur pédagogue, celui qui avait la plus grande capacité d’explication et celui qui se préoccupait le plus de guider les gens. Il usait donc de tous les moyens possibles afin de délivrer l’appel de son Seigneur. Ici, il énonce des paraboles concrètes afin de rendre accessibles des concepts abstraits et de faciliter la compréhension et l’assimilation. Par conséquent, tout prédicateur doit user des moyens possibles qui puissent faciliter les gens de le comprendre et de le suivre.

2. Le besoin que les gens ont de la science est aussi grand et même plus grand que le besoin que la terre a de la pluie. Que la première chose par laquelle tu secours les gens, avec laquelle tu leur es utile et que tu dépenses pour eux soit l’enseignement de la religion d’Allah.

3. La science pousse dans les bons cœurs tout comme l’herbe pousse sur la bonne terre. Que celui qui désire acquérir la science utile purifie donc son cœur des maux de l’associationnisme, de l’envie et de la bassesse et qu’il s’en remette à Allah pour se débarrasser de tout cela. Ibn Taymiya a dit :
 
« Lorsque le cœur est tendre est sensible, il est plus susceptible d’acquérir la science et celle-ci s’implante durablement en lui et produit ses effets. Si au contraire il est dur et rude, son acquisition de la science sera laborieuse. De plus, il doit être pur et sain afin que la science se développe en lui et produise de bons fruits. Sinon, même si le cœur acquiert la science, mais qu’il contient en lui de l’abjection et de la perversité, cette science sera corrompue et ressemblera à un champ de blé infesté de mauvaises herbes. Bien que ces mauvaises herbes n’empêchent pas le blé de pousser, elles l’empêchent cependant de fructifier et d’arriver à maturité et cela est évident pour ceux qui sont doués de clairvoyance »[1].

4. Le rang le plus élevé est atteint par celui qui réunit en lui, la science, l’action et l’enseignement. Il est telle la bonne terre qui absorbe l’eau et fait pousser de l’herbe pour que les autres en profitent. Ce rang se décline en plusieurs degrés dépendant des efforts que l’on accomplit pour les atteindre, efforce-toi donc d’atteindre le degré le plus haut.

5. Que celui qui n’a pas la capacité d’être un savant transmette la science des savants,

car le Prophète ﷺ a dit :

« Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset »[2]

. Il se peut que cela soit plus utile que le fait qu’il enseigne ce qu’il a lui-même compris,

 puisque le Prophète ﷺ a dit :

« Que celui qui est présent transmette à celui qui est absent, car il se peut que celui à qui on transmet mes paroles les comprenne mieux que celui qui les a entendues »[3].

D’autant plus qu’il partage la même rétribution que celui duquel il a transmis la science.

6. Lorsque tu vois en toi une réticence à suivre la guidée d’Allah et de Son Messager ﷺ et à la
réfuter par la polémique, remets-toi en cause, purifie ton âme de l’orgueil et de la passion et prends garde à ne pas faire partie de ceux dont Allah dit

: ﴾J’écarterai de Mes signes ceux qui, sans raison, s’enflent d’orgueil sur terre. Même s’ils voyaient tous les miracles, ils n’y croiraient pas. Et s’ils voient le bon sentier, ils ne le prennent pas comme sentier. Mais s’ils voient le sentier de l’erreur, ils le prennent comme sentier. C’est qu’en vérité ils traitent de mensonges Nos preuves et ils ne leur accordaient aucune attention﴿

[Sourate Al-A’râf : 146].

7. Un poète a dit :
Le mérite n’appartient qu’aux gens de science, car ils montrent la guidée à ceux qui désirent la
suivre.
La valeur d’un individu se mesure à ce qu’il maîtrise et les ignorants sont les ennemis des savants. Intéresse-toi donc à la science et ne l’échange contre rien, car morts sont les gens et vivants sont les savants.

8. Un autre savant a dit :
Sois parmi les gens soit un savant, soit un étudiant, soit quelqu’un qui écoute, car la science est un
habit d’apparat.
Acquiers des connaissances de chaque discipline et n’en sois pas totalement ignorant, car celui qui
est libre a connaissance des secrets.

Références

  1. Majmou’ Al-Fatâwâ (9/315,316)
  2. Al-Boukhari (3461) d’après ‘Abd Allah Ibn ‘Amr Ibn Al-‘Âss– Allah a agréé les deux hommes. 
  3.  Al-Boukhari (1741) d’après Abou Bakrah – Allah l’a agréé.


1- Le Prophèteﷺ ordonne aux membres de la communauté de l’Islam dteransmettre son Message et sa religion, chacun dans la mesure de sa capacité et de son aptitude. Lorsque le musulman ne trouve
rien d’autre qu’un verset qu’il mémorise et dont il comprend le sens ou bien un hadith authentique qu’il diffuse, alors cela est suffisant en ce qui le concerne et il se sera acquitté de son obligation.
Les paroles du Prophèteﷺ : « ne serait-ce qu’un verset» sont la preuve qu’il n’est pas exigé que le prédicateur soit un savant et un juriste. Chacun doit plutôt appeler à Allah avec ce dont il dispose, à condition qu’il comprenne ce à quoi il appelle et qu’il soit certain de l’authenticitdée ce qu’il transmet aux gens.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il doive transmettre n’importe quoi à n’importe qui, car la prédication nécessite de la sagesse et de la clairvoyance

conformément aux paroles d’Alla:hgDis :

Voici ma voie, j’appelle les gens à [la religion] d’All ah, moi et ceux qui me suiventg .

[Sourate Youssouf : 108]

Il est donc obligatoire dans la prédication de tenir compte de la situation de la personne prêchée en ne lui disant pas ce que sa raison ne peut comprendre. Sinon, on serait à l’origine

d’un trouble. ‘Ali Ibn Abi Talib – qu’Allah a agréé – a dit : « Dites aux gens ce qu’ils sont capables
de comprendre. Voulez-vous qu’Allah et Son Messager soient traités de menteurs ?! »[1].

2- Le Prophète ﷺ informe ensuite qu’il est licite de raconter et de mentionner les récits des Israélites. Il affirme ainsi qu’il n’y a pas de péché à transmettre leurs récits et leurs nouvelles.
Cette permission exclut leurs récits dont nous ne sommes pas certains qu’ils sont mensongers. Quant
à leurs récits dont nous sommes convaincus de la véracité, alors il est permis de les raconter[2].

3- Puis le Prophète ﷺ déclare sévèrement qu’il est illicite de mentir sur lui et de lui faire dire ce qu’il n’a pas dit, car celui qui attribue délibérément au Prophète ﷺ des paroles qu’il n’a pas dites, sa rétribution sera l’Enfer, qu’Allah nous en préserve.
Mentir sur le Prophète ﷺ est plus grave que de mentir sur quelqu’un d’autre, car celui qui ment sur le Prophète ﷺ ment sur Allah et sur Sa religion. Comme le Prophète ﷺ ne parle pas sous l’effet de la passion, celui qui ment sur lui est un calomniateur qui déclare licites ou illicites les choses en suivant sa passion.

Or Allah dit :

﴾Et ne dites pas, conformément aux mensonges proférés par vos langues : « Ceci est licite, et cela est illicite », pour forger le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui forgent le mensonge contre Allah ne réussiront pas﴿.

[Sourate An-Nahl : 116][3]

1. (1) Veille à faire partie des prédicateurs qui appellent à Allah, car ce sont les plus nobles des gens.

Allah dit en effet à leur sujet :

﴾Et qui profère plus belles paroles que celui qui appelle à Allah, fait bonne œuvre et dit : « Je suis du nombre des musulmans ? »﴿.

[Sourate Foussilat : 33]


2. (1) Appeler à Allah est une obligation pour tous les musulmans, chacun selon sa capacité. Si tu as la capacité de diffuser la science et de transmettre la religion, fais-le, sinon appelle à Allah en adoptant un bon comportement et en expliquant comment doit être le musulman en apparence et dans son for intérieur.

3. (1) Appeler à Allah est simple et facile pour chacun. En effet, il n’est pas requis d’être un savant et un juriste pour appeler à Allah. Utilise ce dont tu disposes et Allah ne charge une âme que de ce qu’elle peut supporter.

4. (1) La prédication est devenue plus facile et fluide et elle est plus présente sur les médias modernes. Par conséquent, le musulman est désormais en mesure de chercher la signification d’un verset en consultant plusieurs livres ou bien de s’assurer de l’authenticité d’un hadith, d’une tradition ou d’un récit. Ensuite, il suffit d’un clic pour diffuser les versets, les hadiths, les enregistrements audio et vidéo des savants et ainsi appeler à Allah des millions de gens.

5. (1) Il ne te suffit donc pas d’obtenir la rétribution de tous les gens qui t’ont suivi ?

Le Prophète ﷺ dit :

« Celui qui appelle à une guidée obtient une rétribution égale aux rétributions de ceux qui l’ont suivi, sans que rien ne soit enlevé aux leurs. »[4]

Il dit également :

« Par Allah, qu’un homme soit guidé grâce à toi est meilleur pour toi que les chamelles rouges »[5].


6. (1) Les savants et les prédicateurs qui se chargent de prêcher les gens ainsi que les personnes expérimentées dans ce domaine, qui dépensent, donnent et ont consacré leurs vies à appeler à Allah, doivent sensibiliser les gens à s’acquitter de leur devoir d’appeler à Allah, les inviter à s’engager dans les différentes activités de prédication, les motiver et les inciter à accomplir tout cela et orienter chacun vers ce qu’il maîtrise en exploitant efficacement les talents et les moyens dont ils disposent. De cette manière, ils leur ouvriront les horizons de la prédication qui leur donneront la liberté d’œuvrer.

7. (1) Le bienheureux est celui qui est précurseur dans le bien et mène les gens vers lui. Le malheureux est celui qui aide à propager le mal et mène les gens vers lui.

8. (2) Il n’y a pas de mal à ce que tu rapportes des nouvelles et des récits provenant des Israélites tant que tu n’es pas certain qu’ils sont mensongers, à condition que tu précises aux gens leur provenance pour que l’auditeur ne soit pas trompé et qu’il ne se persuade pas qu’ils sont authentiques.

9. (3) Prends garde de mentir sur le Prophète ﷺ de façon délibérée ou bien par ignorance. Ne narre que les hadiths dont tu es certain qu’ils sont authentiques et qu’ils sont établis de lui. Sinon, tu fais partie de ceux qui mentent sur le Messager d’Allah ﷺ.

10. (3) Mentir sur le Prophète ﷺ inclut de parler de la religion d’Allah en étant ignorant, rendant ainsi
licite ce qu’Allah a déclaré illicite et illicite ce qu’Il a déclaré licite.

11. (3) Un des mensonges sur le Messager d’Allah ﷺ est de mentir sur les savants et les gens de science. En effet, lorsqu’on dit à quelqu’un que tel savant est d’avis que telle chose est permise, il intègre alors cet avis à sa pratique religieuse persuadé qu’il est que ce savant a émis son avis en se basant sur la science. Ce mensonge est donc plus grave que de mentir sur des gens ordinaires[6].

12. Un poète a dit :
J’ai appelé à Allah les gens, celui-ci a répondu favorablement et celui-là s’est montré arrogant. Mais je n’ai cessé d’être rétribué pour mon prêche, car celui qui appelle à Allah n’est jamais perdant. Ô gens, repentez-vous à votre Seigneur, Son agrément est toujours ce qu’il y a de plus important.

Références

  1. Al-Boukhari (127).
  2. Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar (6/498, 499).
  3. Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (5/431).
  4. Moslim (2674).
  5. Al-Boukhari (2942) et Moslim (2406).
  6. Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (5/431).

1- La beauté resplendissante désigne la beauté et la resplendissance du visage. Le Prophète ﷺ  incite donc ses Compagnons puis la communauté après eux, à préserver sa Sounna et à la diffuser parmi les gens. Il les encourage à cela en invoquant Allah de faire resplendir de beauté celui qui fait cela
– en récompense pour sa ressuscitation de la Sounna – et la manière la plus complète de le faire est de préserver textuellement la Sounna, ce qui indique que l’on a attentivement écouteét que l’on a veillé à être honnête dans la transmission afin de faire parvenir le hadith tel qu’il est aux autres.

Il est toutefois également permis de transmettre le sens du hadith en changeant ses termes lorsque cela est nécessaire pour celui qui connaît son sens et il est illicite de mentir sur le Prophète ﷺ même si on prétend que c’est pour une cause bénéfique.

2- Ensuite, le Prophète ﷺ justifie cela en disant qu’il arrive que celui qui transmet un hadith le comprenne moins que celui à qui il le transmet. Ainsi, si chacun de ceux qui écoutent les hadiths du Prophète ﷺ se contentait de transmettre ce qu’ils en comprennent et non les termes précis des hadiths, beaucoup de bonnes choses seraient perdues. L’expression « il se peut » indique ici que cela arrive plus souvent qu’on ne le pense.

3- Ensuite, il nous informe qu’il n’est pas requis que celui qui transmet soit un savant accompli. Il est plutôt requis qu’il ait une bonne mémoire et qu’il transmette honnêtement ce qu’il mémorise. Il arrive en effet souvent que le transmetteur d’une nouvelle ne soit pas un savant, mais il obtient une rétribution en la transmettant à autrui31.[1]

1- Le Prophète ﷺ avait rapproché de lui Zayd Ibn Thâbit malgré son jeune âge en raison de sa science et de son intelligence. Ainsi, il fit de lui un scribe qui mettait la Révélation par écrit pour son compte. De même, Abou Bakr As-Siddiq puis ‘Othmân – qu’Allah a agréés – l’ont employé à compiler le Coran et à écrire la copie de référence du Coran. Par ailleurs, Zayd était un des Compagnons les plus connaisseurs des problématiques d’héritage. Ne te sous-estime donc pas en raison de ton jeûne âge ni ne sous-estime autrui pour cette même raison.

2- Le Prophète ﷺ invoqua Allah de rendre beau celui qui transmet la Sounna et de faire resplendir son visage. Que celui qui veut être ainsi s’efforce donc de transmettre sa Sounna et faire partie de ceux qui mémorisent les hadiths, qu’il soit un homme ou une femme. Sofyân Ibn ‘Ouyayna a dit : Tu ne trouves personne mémorisant les hadiths qui n’ait pas un visage resplendissant grâce à l’invocation du Prophète[2].

3- Habitue-toi à mémoriser, particulièrement les mots transmis d’Allah et de Son Messager ﷺ. On trouve en effet, parmi leurs lettres, des connaissances qui peuvent momentanément ou à jamais t’échapper. Il suffit donc que tu en tires profit dans la mesure de tes capacités et il se peut que tu te remémores ces mots plus tard en les comprenant mieux ou bien que tu les transmettes à d’autres qui en tireront profit mieux que toi.

4- Ne sois pas trompé par les appels de ceux qui dénigrent la mémorisation, car la mémorisation n’est pas l’opposé de la compréhension, elle la facilite plutôt et est utile à celui qui mémorise et aux autres. De plus, il existe peu de sciences qui ne comportent pas de règles qu’il faut mémoriser et retenir textuellement.

5- Efforce-toi de transmettre fidèlement ce que tu entends, car s’assurer de ce qu’on entend et de ce qu’on transmet est la preuve d’une raison mature.

6- Il n’est pas requis que celui qui transmet la Sounna soit un savant accompli ou qu’il comprenne tout ce qu’il transmet. Au contraire, à chaque fois qu’il entend un verset, un hadith authentique ou une science acquise auprès d’un savant de confiance, il ne doit pas se sentir gêné de transmettre la Sounna et de diffuser la science.

7. L’être humain raisonnable tire profit de la sagesse transmise d’Allah, de Son Messager ﷺ et des Compagnons de celui-ci, même si celui qui la lui transmet est inférieur à lui en science. Il doit donc tirer profit de ce qu’on lui a transmis, même si le transmetteur est déficient.

8- Le hadith nous apporte comme enseignement que le rang des gens du hadith qui transmettent les paroles du Prophète ﷺ est éminent. Ach-Châfi’î a dit : « Lorsque je vois un homme des gens du hadith, c’est comme si je voyais un homme parmi les Compagnons du Prophète ﷺ ».[3] Ach-Châfi’î ne dit cela que parce qu’ils sont au même rang que les Compagnons dans leur transmission des hadiths du Prophète ﷺ. Il convient donc que nous respections les gens du hadith et que nous leur accordions beaucoup de considération comme le firent les gens de science.

9- Un poète a dit :

J’ai vu que l’adepte de la science est digne, même s’il a pour parents des gens vils.
La science ne cesse de l’élever jusqu’à ce qu’il soit révéré par des gens nobles
qui le suivent en toutes circonstances, aussi docilement que des moutons suivent leur berger.
N’était-ce la science, des hommes ne seraient pas heureux et on ne connaîtrait ni ce qui est licite ni ce qui est illicite.

Références

  1. Voir Touhfat Al-Ahwadhî bi-Charh Jâmi’ at-Tirmidhî d’Al-Moubârakfourî (7/348).
  2. Majmou’ Al-Fatâwâ (1/11).
  3. Majmou’ Al-Fatâwâ (1/11).


 

1- Le Prophèteﷺ encourage à faire des efforts de réflexion et à faire de son mieux pour examiner les preuves et rechercher le vrai dans la mesure de ses capacités[1]. Cela est adressé à tout décideur, c’est-à-dire tout détenteur d’une autoritésavante – comme un mufti ou un enseignant – ou active – comme un juge, un dirigeant ou un père – qui dès lors qu’il a en main les outils lui permettant de parvenir au vrai[2], qu’il s’efforce d’y parvenir, qu’il lui est facilité d’y parvenir et que sa décision coïncide avec celle d’Allah – exalté soit-Il – pour la problématique qu’il doit trancher, il obtient

alors deux rétributions de la part d’Allah : une rétribution pour l’effort et une rétribution pour le
résultat[3].

2- Si en revanche il effectue un effort de réflexion et qu’il fait de son mieux pour identifier le vrai et parvenir au jugement d’Allah relatif à une problématique, mais qu’il se trompe, il est alors excusé et aucun péché ne lui est comptabilisé. Au contraire, il est rétribué pour son effort et son erreur est pardonnée[4].
Le meilleur exemple de cela est ce qui est raconté dans le Coran au sujet de Dawoud (David) et Soulaymâne (Salomon) – qu’Allah les protège – lorsque le propriétaire d’un champ se plaignit à Dawoud que des moutons avaient saccagé ses cultures. Dawoud jugea alors que les moutons revenaient au propriétaire du champ en dédommagement du préjudice subi. Soulaymâne dit alors : Pas comme cela, ô prophète d’Allah ! Le propriétaire des moutons doit plutôt prendre en charge le champ jusqu’à restaurer ses cultures et le propriétaire du champ doit prendre en charge les moutons et en tirer profit jusqu’à récupérer son champ et ses cultures restaurées[5].

Allah dit à ce sujet :

﴾Et David, et Salomon, quand ils eurent à juger au sujet d’un champ cultivé où des moutons appartenant à une peuplade étaient allés paître, la nuit. Et Nous étions témoins de leur jugement. Nous la fîmes comprendre à Salomon. Et à chacun Nous donnâmes la faculté de juger et le savoir.﴿

[Sourate Al-Anbiyâ` : 78-79]

Allah déclara donc que l’avis de Soulaymâne était correct et fit l’éloge des deux prophètes[6].
Ce mérite est réservé au décideur qualifié pour décider. Si en revanche un ignorant se permet de décider sans qualification, alors c’est un désobéissant qui n’est pas rétribué même s’il prend la bonne décision, car sa bonne décision ne repose pas sur une base religieuse. Par conséquent, celui qui juge avec ignorance commet un péché, qu’il ait raison ou pas[7].

Il est dit en effet dans un hadith :

« Les juges sont au nombre de trois : un juge qui ira au Paradis et deux juges qui iront en Enfer. Un juge qui connaît le vrai et qui juge en conformité avec, ira au Paradis. Un juge qui connaît le vrai et qui ne juge pas en conformité avec, ira en Enfer. Un juge qui juge avec ignorance, ira en Enfer »[8].

 

1- Efforce-toi d’acquérir les outils qui te permettent de faire un effort de réflexion – comme la science, la retenue, etc. – avant de décider. Mieux encore, tu dois acquérir ces outils avant de pouvoir faire un effort de réflexion, car celui qui fait un effort de réflexion sans avoir acquis les outils nécessaires pour cela n’est en réalité pas qualifié pour faire un effort de réflexion.

2- Interroger ceux qui font des efforts de réflexion en science fait partie de l’effort de réflexion. Ainsi, si tu ne détiens pas tous les outils pour faire toi-même un effort de réflexion, interroge les gens de science et ceux dont les avis comptent dans chaque discipline.

3- Fais un effort de réflexion pour chaque décision que tu dois prendre, attends-toi à être rétribué et prends garde par finir à ne pas être à la hauteur de la responsabilité à cause de la paresse ou de la colère. L’être humain sera forcément amené à prendre un jour ou l’autre une décision, en tant que père pour arbitrer entre ses enfants, en tant qu’enseignant pour arbitrer entre ses étudiants, en tant que mufti pour répondre à celui qui l’interroge, ou bien en tant que juge, dirigeant, directeur, gestionnaire de biens, etc.

4- Ne crains pas de t’impliquer dans la vie avec les missions qu’elle comporte par peur de commettre des erreurs, car l’Islam t’apporte la force et le courage qu’il te faut afin de tenter des expériences, d’assumer des responsabilités et ne pas ressentir de culpabilité lorsque tu te trompes après avoir fait de ton mieux.

5- Le vrai est un, recherche-le donc sincèrement et ne tombe pas dans le piège de la relativité qui
met en doute l’existence de la vérité.

6- Ne suppose pas que toute personne qui te contredit est égarée et injuste. Ce peut être juste quelqu’un qui a lui-même fait un effort de réflexion et s’est trompé dans la problématique. Il est donc rétribué et son erreur est pardonnée. De plus, sois tolérant avec les musulmans et abstiens-toi d’accuser et de dénigrer les savants en raison des résultats auxquels ont abouti leurs efforts de réflexion.

7- Un poète a dit :
La fierté n’appartient qu’aux gens de science, car ils suivent la guidée et l’indiquent à celui qui
veut la suivre.
La valeur d’un individu se mesure à ce qu’il sait faire et les ignorants sont les ennemis des gens de science.
Acquiers donc une science grâce à laquelle tu vivras éternellement, car tous les gens sont morts excepté les gens de science.

Références

  1. Voir At-Tanwîr Charh Al-Jâmi’ as-Saghîr d’Al -Amîr As-San’ânî (2/25).
  2. Voir Al-Kâchif ‘an Haqâ`iq as -Sounane d’At-Tîbî (8/2594).
  3. Voir Irchâd as-Sârî li-Charh Sahih Al-Boukhari (10/343).
  4.  Voir At-Tanwîr Charh Al-Jâmi’ as-Saghîr d’Al-Amîr As-San’ânî (2/25).
  5. Voir l’exégèse d’Ibn Kathîr (5/355).
  6. Voir le commentaire du Sahih d’Al-Boukhari d’Ibn Battâl (10/381).
  7. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawî (12/13-14).
  8. Abou Dawoud (3573) et At-Tirmidhî (1322) d’après Bourayda, dont Allah est satisfait.


1- Le Prophète ﷺ fit un jour un sermon émouvant à ses Compagnons, durant lequel il leur inspira la crainte en parlant d’Allah et les avertit contre Sa colère et Sa punition, au point que les cœurs furent terrifiés et que les larmes coulèrent des yeux sous l’effet de la frayeur et de la crainte.

2- Un des Compagnons lui dit : Tu as poussé l’exhortation à l’extrême et tu lui as donné toutes les caractéristiques qu’elle mérite. Elle englobe en effet tout ce qui concerne la religion du musulman et ressemble à celle d’un individu qui fait ses adieux avant de partir en voyage ou de mourir et qui n’oublie de parler en détail de rien de ce qui concerne la personne à laquelle il fait ses adieux[1].
Fais-nous donc une recommandation, ô Messager d’Allah, et donne-nous un conseil exhaustif. 

3- La première chose que recommanda le Prophète ﷺ fut de craindre Allah, la crainte d’Allah
consistant à ce que l’être humain mette entre lui et ce qui provoque la colère d’Allah une protection et un voile. Or ceci n’est possible que si on obéit à Allah et qu’on suit Son Messager ﷺ.[2] Talq Ibn Habib – qu’Allah lui fasse miséricorde – l’a définie ainsi : « La piété consiste à ce que tu œuvres de manière à obéir à Allah, éclairé par la lumière d’Allah et en espérant la récompense d’Allah, et à t’abstenir de désobéir à Allah, éclairé par la lumière d’Allah et en redoutant la punition d’Allah »[3]. 

4- Puis le Prophète ﷺ donna comme deuxième recommandation, l’obligation d’écouter et d’obéir aux détenteurs de l’autorité auxquels il est obligatoire d’obéir lorsqu’ils ordonnent d’obéir à Allah et de réaliser des choses convenables. Si en revanche ils ordonnent un acte de désobéissance, il n’est permis à personne de leur obéir dans cette désobéissance. Le Prophète ﷺ dit en effet : « L’individu musulman doit écoute et obéissance dans ce qu’il aime comme dans ce qu’il déteste, sauf si on lui ordonne un acte de désobéissance. Dans ce cas, il ne doit ni écoute ni obéissance »[4].
Les paroles du Prophète ﷺ : « fut-il un esclave abyssin » signifient : Même si le détenteur de l’autorité est un esclave abyssin, écoutez et obéissez. Or le Prophète ﷺ exigea que l’une des conditions que doit remplir le détenteur de l’autorité, ce soit la liberté et l’appartenance à Qouraych. Le Prophète ﷺ a donc dit cela soit en guise d’exagération afin de souligner l’obligation d’obéir au détenteur de l’autorité même dans un cas de figure qui ne se présentera pas, soit parce qu’il savait que la situation allait empirer plus tard au point que les gens allaient finir par être dirigés par des personnes à qui il n’était pas permis de détenir l’autorité et qu’à ce moment-là écouter et obéir était le moindre mal. Il vous faudra alors être patient sous l’autorité de celui à qui il n’est pas permis de la détenir pour que cela ne débouche pas vers des troubles plus graves. Une troisième hypothèse est que le Prophète ﷺ parlait des petites responsabilités et des personnes qu’on emploie. Quoi qu’il en soit, le Prophète ﷺ imposa l’obéissance au détenteur de l’autorité et rendit illicite de leur désobéir, sauf s’ils ordonnent un acte de désobéissance ou qu’ils manifestent de la mécréance[5].

5- Le Prophète ﷺ nous informe ensuite que nous verrons après lui des troubles et des évènements graves et qu’on en échappera qu’en s’attachant à sa Sounna et celle des Califes Bien Guidés qui sont Abou Bakr, ‘Omar, ‘Othmane et ‘Ali – qu’Allah a agréés. Il ordonna de s’y attacher aussi fortement que celui qui mord une chose avec ses canines de crainte qu’elle lui échappe.
Le Prophète ﷺ ne mentionna spécifiquement la Sounna des califes que parce qu’il était certain qu’ils ne contreviendraient pas à la sienne et parce que certaines de ses Sounane, qui n’étaient pas connues à son époque, le sont devenues à leur époque, car ils se sont préoccupés de les faire revivre et de ce fait on les leur a attribuées alors qu’elles faisaient partie de sa Sounna à l’origine[6]. Il se peut également que le terme califes désigne les savants majeurs de l’Islam, car ils sont les successeurs du

Prophète ﷺ dans le fait de faire revivre le vrai, de faire triompher la religion et d’orienter les gens dans le droit chemin[7].
6- Puis le Prophète ﷺ met en garde contre les choses inventées qui n’existaient pas à son époque, car toute chose inventée en religion est égarement et perdition.
Par ailleurs, les innovations doivent avoir deux spécificités :
- Elles doivent ne concerner que la religion. Ainsi, les inventions, les améliorations et autres progrès qui concernent ce bas monde n’entrent pas dans les innovations [mentionnées dans ce hadith].
- Elles doivent n’avoir aucune origine dans la religion.

Le Prophète ﷺ dit en effet :

« Celui qui innove dans notre affaire-ci une chose qui n’en fait pas partie, son acte se verra être rejeté


»[8]. Ainsi, quiconque invente quelque chose et l’attribue à la religion sans que cette chose n’ait d’origine dans la religion est dans un égarement et la religion en est innocente, qu’il s’agisse de ce qui touche aux croyances, aux œuvres ou bien aux paroles prononcées ou dites intérieurement[9].
Si une chose a dans la religion une origine à laquelle elle est analogue, ce n’est pas une innovation et elle n’est pas interdite. Même si elle est qualifiée d’innovation, il ne s’agit que de terminologie linguistique et le terme désigne alors ce qui est nouveau. C’est pourquoi ‘Omar Ibn Al-Khattab, qu’Allah a agréé, dit lorsqu’il rassembla les gens pendant le mois de Ramadan pour accomplir la prière de la veillée nocturne derrière Oubayy, qu’Allah a agréé : « Quelle bonne innovation que ceci »[10]. En effet, le Prophète ﷺ avait déjà rassemblé les gens pour cette prière dans le passé et il délaissa cette habitude de crainte qu’ils ne la considèrent comme une obligation.

1. (1) Tout prédicateur, savant et éducateur doit faire des sermons à ses compagnons de temps à autre sans être insistant. En effet, ‘Abd Allah Ibn Mas’oud faisait un rappel aux gens chaque jeudi et un homme lui dit : Ô Abou ‘Abd Ar-Rahmane, j’aurais aimé que tu nous fasses un rappel chaque jour. Il répondit : « Ce qui me retient de faire cela c’est que je déteste vous ennuyer. Je vous
prodigue des rappels de temps à autre comme le Prophète ﷺ le faisait avec nous de crainte de nous ennuyer »[11].

2. (1) Un des signes permettant de reconnaître les croyants, est que lorsqu’ils entendent les paroles
d’Allah ou du Prophète ﷺ , ils les écoutent, aspirent à connaître leur signification, leurs cœurs sont pris de frayeur et des larmes coulent de leurs yeux sous l’effet de la crainte d’Allah.

Allah dit :

﴾Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leur sont récités, cela fait augmenter leur foi﴿ . Vois donc en toi si tu retrouves ces signes.

[Sourate Al-Anfal : 2]


3. (2) Le sermon du prédicateur doit contenir les règles générales à suivre et les questions universelles.

4. (2) Il est recommandé au musulman de demander aux sages et aux gens de science et de religion de lui prodiguer des conseils.

5. (3) Efforce-toi de craindre Allah et de Le satisfaire par tes actes publics et privés, car la crainte
d’Allah sauve des troubles et des malheurs dans le bas monde et de l’Enfer dans l’au-delà.

6. (3) Un poète a dit :
Lorsque l’individu ne porte pas des vêtements de piété, il est nu quand bien même serait-il habillé. Le meilleur vêtement de l’individu est l’obéissance à son Seigneur et nul bien en celui qui désobéit à Allah.

7. (4) Écoute le détenteur de l’autorité et obéis-lui tant qu’il n’ordonne pas un acte de désobéissance ou ne manifeste pas de la mécréance.

8. (4) Endurer patiemment l’injustice des détenteurs de l’autorité est meilleur que de s’engouffrer dans des troubles où le sang est versé et l’unité et le groupe des musulmans sont disloqués.

9. (5) Le salut est dans le suivi de la Sounna, car celui qui nous a transmis la Sounna ﷺ n’a manqué de nous indiquer aucun bien ni de nous mettre en garde contre aucun mal.

10. (5) Prendre les Compagnons du Prophète ﷺ pour modèles est le meilleur moyen de parvenir au vrai, car ce sont les gens les mieux instruits sur la révélation et son contenu et ceux qui connaissent le mieux le Prophète ﷺ et sa voie.
‘Omar Ibn ‘Abd Al-’Aziz – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Arrête-toi là où se sont arrêté ces gens-là, dis ce qu’ils ont dit et tais-toi là où ils se sont tus, car ils se sont arrêtés en étant éclairés par la science, ils ont renoncé à certaines choses par clairvoyance, alors qu’ils étaient plus à même [que nous] de les découvrir et ils avaient plus de mérite à le faire si cela avait été requis. Cela signifie : Si ce que vous suivez est la guidée, alors vous prétendez les y avoir devancés. Si vous dites que ceci est apparu après eux, alors celui qui l’a fait apparaître n’est que quelqu’un qui emprunte une autre voie que la leur et refuse de les prendre pour modèles. Ce sont assurément eux
les pionniers et ils ont rapporté de lui (le Prophète ﷺ ) ce qui est suffisant et ont décrit de lui ce qui répond à toute interrogation. Aucun coupable de manquements ni aucun zélé ne le connaissent mieux qu’eux. Certains coupables de manquements se sont détournés de lui et certains zélés sont devenus fanatiques. Ils étaient donc entre les deux sur une guidée droite »[12].

11. (5) Les Successeurs (tabi’oune) – qu’Allah leur fasse miséricorde – étaient les plus préoccupés à se conformer à la Sounna du Prophète ﷺ   et de ses Compagnons. Ibrahim An-Nakha’i – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « S’il me parvenait qu’ils – c’est-à-dire les Compagnons – ne dépassaient pas dans leurs ablutions l’emplacement d’un ongle, je ne le dépasserai pas non plus. Il suffit comme péché pour être grave que des gens contredisent dans leurs œuvres les Compagnons de leur Prophète ﷺ »[13].

12. (6) Prends garde aux innovations et de mettre en pratique ce qui n’a aucune origine dans la religion d’Allah ni dans la Sounna du Prophète ﷺ, car le vrai est contenu dans le Coran et dans la Sounna et nulle part ailleurs.

13. (6) Il n’y a pas dans la religion de bonne innovation et de mauvaise innovation. En effet, tout ce qui a été inventé dans la religion d’Allah et ne suit pas la méthode du Prophète ﷺ est nul et son auteur commet un péché.

Références

  1. Voir Charh Al-Michkate Al-Kachif ‘An Haqa`iq As-Sounane d’At-Tibi (2/633) et Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/114).
  2.  Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (2/276).
  3. Voir Ar-Rissala At-Taboukiyya Zad Al-Mouhajir Ila Rabbih d’Ibn Al-Qayyim (1/9) et Madarij As-Salikine d’Ibn Al- Qayyim également (1/459).
  4. Al-Boukhari (7144).
  5. Voir Touhfat Al-Abrar Charh Massabih As-Sounnah d’Al-Baydawi (1/137) et le commentaire de Al-Arba’oune An- Nawawiyya d’Ibn Daqiq Al-’Id (p.97).
  6. Voir Al-Mouyassar Fi Charh Massabih As-Sounnah d’At-Tawrabachtî (1/89) et Al-Mafatih Fi Charh Al-Massabih d’Al-Moudhiri (1/272).
  7. Voir Touhfat Al-Abrar Charh Massabih As-Sounnah d’Al-Baydawi (1/137).
  8.  Al-Boukhari (2697) et Moslim (1718).
  9. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/128).
  10. Al-Boukhari (2010).
  11. Al-Boukhari (70) et Mouslim (2821).
  12. Voir I’lam Al-Mouwaqqi’ine ‘Ane Rabb Al-’Alamine d’Ibn Al-Qayyim (4/115).
  13. Voir I’lam Al-Mouwaqqi’ine ‘Ane Rabb Al-’Alamine d’Ibn Al-Qayyim (4/115).


Ce hadith fait partie des plus importants hadiths de la religion, au point que les gens de science dirent de lui : Ce hadith représente le tiers de l’Islam.[1]

1- Grâce à l’intention, les œuvres acquièrent un attribut de taille, l’intention étant ce vers quoi tend et vise le cœur en accomplissant un acte. Ainsi, les adorations se distinguent des habitudes, les différentes adorations se distinguent les unes des autres et les œuvres sont acceptées si elles sont dédiées à Allah, sinon elles sont refusées.

2- Il arrive que des œuvres soient identiques, mais qu’elles soient précédées par des intentions différentes. L’être humain n’est ainsi rétribué qu’en fonction de l’intention qu’il a eue en accomplissant l’œuvre. S’il a l’intention de faire du bien il est récompensé, s’il a l’intention de faire du mal il est puni et s’il n’a aucune intention il n’est ni récompensé ni puni. Par conséquent, les degrés des œuvres dépendent du degré de l’intention.
Par ailleurs, une bonne intention ne rend pas une mauvaise œuvre bonne, c’est pourquoi lorsque des gens innovèrent une manière d’évoquer Allah qui n’est pas prescrite et que ‘Abd Allah Ibn Mas’oud, qu’Allah a agréé, désapprouva cela, ils lui dirent : Par Allah, nous n’avons voulu que faire du bien, ô Abou ‘Abd Ar-Rahmâne. Il leur répliqua alors : « Et combien de gens voulant le bien ne l’atteignent pas ».[2]

3. Ensuite, le Prophète ﷺ détaille cette problématique et donne comme exemple la migration qui consiste à sortir d’une terre de mécréance pour s’installer en terre d’Islam. Ainsi, celui dont la migration est exclusivement pour Allah, dans le but de L’adorer et pour obéir à l’ordre du Messager ﷺ et imiter sa Sounna, alors cette migration est authentique et elle mérite d’être mentionnée et célébrée.
Ici, le Prophète ﷺ ne mentionne pas la rétribution méritée afin de pointer son immensité, de la même manière qu’Allah – exalté soit-Il – dissimula la rétribution qu’aura celui qui jeûne lorsqu’il dit dans un hadith qoudsî : « Toute œuvre de l’être humain lui appartient, excepté le jeûne qui M’appartient et c’est Moi qui le rétribue ».[3]

4. Celui qui migre pour une finalité terrestre – comme pour faire du commerce ou épouser une femme –, sa migration n’a aucune valeur religieuse et elle ne lui fera pas gagner de rétribution, bien que la migration soit un des plus éminents actes d’obéissance – comme cela est le cas pour l’ensemble des adorations –, mais sa migration sera rattachée à la finalité qu’il avait l’intention d’atteindre.
En outre, le Prophète ﷺ ne dit pas s’il est rétribué, puisque sa finalité n’est pas exclusivement une adoration et de plus, les finalités sont diverses.

1. Améliore ton intention, scrute ton cœur et veille à ce que toutes tes œuvres soient accomplies par obéissance à Allah, car le Prophète ﷺ a dit : « Allah ne regarde pas vos apparences et vos richesses, mais Il regarde plutôt vos cœurs et vos œuvres. »[4]

2. Ne sois pas trompé par la beauté de ton œuvre apparente ou de celle de quelqu’un d’autre alors
que l’on est corrompu dans l’intimité. En effet, les œuvres sont liées à l’intention.

3. Aie souvent l’intention de faire le bien, car l’intention du musulman est plus importante que son œuvre. Lorsque l’on a l’intention d’accomplir une bonne œuvre, on est rétribué, que l’on parvienne à accomplir l’œuvre ou pas.

Le Prophète ﷺ dit en revenant de la bataille de Tabouk :

« Il y a à Médine des gens et il n’y a pas de chemin que vous empruntiez ou de vallée que vous traversiez sans qu’ils ne soient avec vous ». On lui demanda : Ô Messager d’Allah, tout en étant à Médine ? Il répondit : « Tout en étant à Médine, car retenus par une excuse »[5].

Dans un autre hadith,

le Prophète ﷺ a dit :

« Un homme à qui Allah donna de la science et de la richesse et qui dispose de sa richesse en rapport avec sa science et la dépense donc comme il se doit. Un autre homme à qui Allah donna de la science, mais pas de richesse, et qui dit : Si Allah m’avait donné ce qu’Il a donné à celui-là, j’aurais œuvré comme lui. Les deux hommes obtiennent alors la même rétribution… »[6].


4. Les pieux prédécesseurs, qu’Allah a agréés, apprenaient à avoir une [bonne] intention – en ayant conscience qu’Allah les observe, en entretenant cette habitude et en recherchant à faire le bien – tout comme ils apprenaient à [bien] œuvrer. Yahyâ Ibn Abî Kathîr a dit : « Apprenez à avoir une [bonne] intention, car elle est plus importante que l’œuvre ». Pour sa part, Sofyân Ath-Thawrî a dit :
« Je n‘ai pas lutté contre quelque chose de plus dur pour moi, que mon intention, car elle est changeante. »[7]

5. Grâce à l’intention, les habitudes se transforment en adorations. Ainsi, lorsqu’on mange avec l’intention de prendre des forces pour accomplir des actes d’obéissance, des adorations et de bonnes œuvres ; ou si on travaille et on fait du commerce avec l’intention de développer la Terre, d’être utile aux musulmans et de gagner de l’argent pour le dépenser en choses licites au profit de sa famille ; ou si on étudie une science avec l’intention d’être bénéfique à soi-même et aux gens en empruntant la voie des prophètes et des savants ; ou bien si on dort avec l’intention de reposer son corps afin de pouvoir poursuivre le travail et les adorations, alors on est rétribué pour tout cela. Mo’adh Ibn Jabal – Allah l’a agréé – a dit : « Quant à moi, je dors et je reste éveillé et je mets en dépôt auprès d’Allah mon sommeil tout comme je le fais pour mon éveil. »[8]

6. Si tu dois accomplir une œuvre, aie l’intention de l’accomplir par servitude à Allah – exalté soit- Il. Zobayd Al-Yamâmî a dit : « J’aime faire précéder d’une intention tout ce que je fais, même quand je mange ou que je bois ». Si l’œuvre te paraît peu importante, aie alors conscience de l’éminence d’Allah, Son immense rétribution et le fait qu’Il aime que Son serviteur se rapproche de lui. ‘Abd Allah Ibn Al-Moubârak a dit : « Il se peut qu’une petite œuvre soit agrandie par [la présence de] l’intention et qu’une grande œuvre soit diminuée par [l’absence de] l’intention ».[9]

7. Sois attentif et ne permets pas à Satan de s’introduire en faisant en sorte que tu sois ostentatoire dans ton adoration et que tu recherches à être apprécié par les gens, tu serais alors perdant.

Le Prophète ﷺ a dit :

« Allah – exalté soit-Il – dit : Je suis l’associé qui se passe le plus de ce à quoi on M’associe. Ainsi, celui qui accomplit une œuvre dans laquelle il M’associe à autre que Moi, Je le délaisse avec son association »[10].


8. Réunis l’intention vertueuse et le suivi du Messager ﷺ. C’est cela l’authentique migration vers Allah et Son Messager ﷺ. Al-Fodayl Ibn ‘Iyâd dit au sujet des paroles d’Allah :

﴾Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre﴿

[Sourate Al-Moulk : 2]

: « La meilleure œuvre est celle qui est la plus exclusive et la plus correcte. Elle est la plus exclusive lorsqu’on ne la dédie qu’à Allah seul et elle est la plus correcte lorsqu’elle est conforme à la Sounna. Par conséquent, lorsque l’œuvre est exclusive, mais non correcte, elle n’est pas acceptée. De même, lorsqu’elle est correcte, mais non exclusive, elle n’est pas acceptée non plus »[11].

9. Un poète a dit :
Si tu veux être qualifié de noble, de bien éduqué, de pieux, de magnanime, de splendide, de sagace et de libre.
Adore donc exclusivement Allah – que Sa grandeur soit exaltée – et sois un suiveur de l’Élu, tu seras alors rétribué.

Références

  1. Commentaire de Al-Arba’oun an-Nawawiyyah d’Ibn Daqîq Al-‘Id (p.24) et Jâmi’ Al-‘Ouloum wa Al-Hikam (1/71).
  2. Les Sounane d’Ad-Dârimî (numéro 210).
  3. Al-Boukhari (numéro 5927) et Moslim (1151).
  4. Moslim (2564).
  5. Moslim (4423).
  6.  Ahmad (18024) et Ibn Mâjah (4228).
  7. Jâmi’ Al-‘Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/70).
  8. Al-Boukhari (4344).
  9. Al-Bahr Al-Muhît ath-Thajjâj d’Al-Ithyûbî (32/606).
  10. Moslim (2985).
  11. Jâmi’ Al-‘Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/72).

1- Le Prophèteﷺ assure que l’ évocation d’ Allah donne vie aux esprits et aux lieux. Ainsi, la maison où on évoque Allah jouit de sérénité et de tranquillité et elle rayonne de bonheur et de joie. Les anges s’y sentent à l’aise et descendentpour lui apporter la quiétude. Elle est donc tel quelqu’un de vivant qui jouit de son esprit, est à l’aise avec les autres et avecqui les autres sont à l’aise. Quant à la maison où Allah n’est pas évoqué, elle est lugubre et on n’y trouve ni esprinti vie. Les gens la fuient comme ils fuyaient les morts et les anges la désertent.
L’évocation consiste à être conscient dans son cœu, rde l’ éminence d’ Allah – exalté soit-Il – et faire suivre cela de son éloge par la langue. De manière plus générale, elle inclut toutes les œuvres

vertueuses que sont la prière, l’invocation, la proclamation de la gloire et de la pureté d’Allah, la
lecture du Coran, la diffusion de la science, etc.

2- Dans l’autre version du hadith, le Prophète ﷺ compare celui qui évoque Allah, à un vivant et celui qui ne L’évoque pas, à un mort. En effet, c’est par l’évocation d’Allah que les esprits vivent et que les cœurs sont apaisés.

Allah dit :

﴾ceux qui ont cru, et dont les cœurs se tranquillisent à l’évocation d’Allah. Certes, c’est par l’évocation d’Allah que les cœurs se tranquillisent﴿

[Sourate Ar-Ra’d : 28]

Par ailleurs, l’évocation d’Allah est la nourriture des esprits au même titre que les aliments et les boissons, sont la nourriture des corps. Si l’être humain se préoccupe de la nourriture de son corps et ne se soucie pas de la nourriture de son cœur et de son esprit, il se met à ressembler aux animaux dont on ne s’attend à aucune utilité ou aux morts dont les cœurs sont incapables d’évoquer Allah.

C’est pourquoi Allah dit :

﴾Et invoque ton Seigneur en toi-même, en humilité et crainte, à mi-voix, le matin et le soir, et ne sois pas du nombre des insouciants﴿

[Sourate Al-A’raf : 205].

1. (1) Parmi les moyens les plus bénéfiques d’enseigner et d’expliquer, il y a l’énonciation de paraboles, car celles-ci rendent les concepts accessibles et plus clairs et permettent de présenter les idées abstraites sous forme d’illustrations concrètes que tous les gens comprennent.

2. (1) Il n’est pas exigé que l’on soit concentré et que l’on réfléchisse à ce que l’on dit lorsqu’on évoque Allah. Au contraire, le musulman peut évoquer son Seigneur lorsqu’il n’a rien à faire comme lorsqu’il est occupé en prononçant avec la langue les évocations qu’il connaît. Toutefois, lorsque la langue et le cœur l’évoquent de concert, ceci constitue l’un des rangs les plus élevés et les plus éminents de l’évocation.

3. (1) Ne laisse pas ta maison tomber en ruines, abandonnée et désertée par les anges. Entretiens-la plutôt en évoquant Allah et en lisant le Coran.

4. (1) Celui qui évoque Allah est vivant et sa maison est abondante en bien et en bénédiction, tandis
que celui qui néglige de L’évoquer est mort et sa demeure est telle une tombe.

5. (2) La vie des cœurs se trouve dans l’évocation d’Allah, ne fais donc pas mourir ton cœur en la
délaissant.

6. (2) Aucun plaisir ne surpasse celui d’évoquer Allah – exalté soit-Il. Aucune œuvre ne nécessite si peu de moyens, n’est plus délectable et plus réjouissante pour le cœur[1].

7. (2) Évoque régulièrement Allah, car l’évocation d’Allah satisfait le Tout Miséricordieux, chasse Satan, fait disparaître l’angoisse, attire le bonheur, accroît la subsistance, la beauté et le prestige et suscite obligatoirement l’amour d’Allah pour le serviteur.

8. (2) Il existe différentes formes d’évocation d’Allah. Certaines peuvent être récitées à n’importe quel moment, comme la proclamation de la gloire et de la pureté, de la louange, de l’unicité et de la grandeur d’Allah, l’invocation et la lecture du Coran. D’autres sont liées à des causes, comme les évocations du matin, du soir, du sommeil, de l’entrée dans la demeure, de la sortie de la demeure, de l’entrée dans les latrines, de la sortie des latrines, etc.

9. (2) Évoque régulièrement Allah, car Allah élargit la poitrine de celui qui L’évoque et réjouit son âme, alors que celui qui refuse d’évoquer a un cœur dur et un esprit rude.

Allah dit :

﴾Est-ce que celui dont Allah ouvre la poitrine à l’Islam et qui détient ainsi une lumière venant de Son Seigneur... Malheur donc à ceux dont les cœurs sont endurcis contre le rappel d’Allah. Ceux-là sont dans un égarement évident﴿  .

[Sourate Az-Zoumar : 22]


10. Un poète a dit :
Évoque Allah, ô toi qui recherches la rétribution et qui désires le bien, le mérite et la bonté.
Evoque Allah et tu recevras tout ce que tu désires et tous les motifs d’angoisse et les maux te seront évités.
Celui qui évoque le Tout Miséricordieux est tel celui qui s’assoit en Sa compagnie et celui qui évoque Allah, Allah le rétribuera en l’évoquant à son tour.
Celui qui refuse d’évoquer Allah, alors il héberge Satan à l’intérieur de sa poitrine,

Et celui qui oublie son Seigneur alors son Seigneur l’oubliera, et quoi de plus immense que cette perte !

Satan s’empare de lui et lui fait oublier l’évocation de celui qui l’a fait exister.

Références

  1. Voir Al-Wabil As-Sayyib Min Al-Kalim at-Tayyib d’Ibn Al-Qayyim (p.81).

1- Un homme alla se plaindre au Prophète du grand nombre d’adorations surérogatoires et de Sounane, si nombreuses qu’il est incapable detoutes les accomplir, et il demanda au Prophète de lui dire quelle est l’œuvre parmi cesSounane dont la rétribution est grande et qui lui permet de compenser les rétributions des adorations surérogatoires et des Sounane qu’il ne peut accomplir.
Ceci, dans la finalité de s’y attacher et d’y être assidu.

2- On ne doit pas comprendre que les paroles de cet homme englobent également les adorations
obligatoires, puisqu’il n’est pas concevable qu’un Compagnon dise cela ni que le Prophète

l’approuve. De plus, toutes les adorations surérogatoires ne peuvent remplacer une seule adoration obligatoire[1].

3- Le Prophète ﷺ lui ordonna ensuite de beaucoup évoquer Allah et que sa langue reste baignée par la salive à force d’évoquer Allah nuit et jour.

4- Le Prophète ﷺ ne choisit de lui recommander l’évocation d’Allah que parce que cette adoration est facile et légère pour la langue et qu’elle fait mériter une rétribution immense.

En effet, le Prophète ﷺ a dit :

« Ne voulez-vous pas que je vous informe de la meilleure œuvre, celle que votre Possesseur préfère, et qui élève le plus vos rangs, celle qui vaut mieux que de dépenser l’or et l’argent et meilleures pour vous que d’affronter vos ennemis en frappant leurs cous alors qu’eux- mêmes frappent les vôtres ? ». Ils répondirent : « Si, ô Messager d’Allah ». Il leur dit alors : « L’évocation d’Allah – exalté soit-Il »[2].


5- Il suffit comme mérite à l’évocation d’Allah,

qu’Allah ait dit dans un hadith qoudsi :

« Je suis conforme à la bonne opinion que Mon serviteur a de Moi et Je suis avec lui lorsqu’il M’évoque. Ainsi, lorsqu’il M’évoque en lui-même Je l’évoque en Moi-même, lorsqu’il M’évoque au milieu d’un groupe de gens Je l’évoque au milieu d’un groupe de créatures meilleures qu’eux, s’il se rapproche de Moi d’un empan Je me rapproche de lui d’une coudée, s’il se rapproche de Moi d’une coudée Je me rapproche de lui d’une brasse, et s’il vient à Moi en marchant Je vais à Lui en courant »[3].

1. (1) Lorsque les actes d’obéissance et les adorations surérogatoires te paraissent nombreux,
choisis celle dont la rétribution est la meilleure et occupe ton temps en l’accomplissant.

2. (1) Il convient que les prédicateurs expliquent aux gens quelle est la rétribution méritée pour les actes d’obéissance et les adorations surérogatoires, afin de les motiver à les accomplir et à y être assidus.

3. (1) Les prédicateurs et les éducateurs doivent orienter les gens vers les adorations surérogatoires
adaptées à leurs situations et qui leur font obtenir la plus grande rétribution auprès d’Allah.

4. (2) Que l’adoration consistant à évoquer Allah est facile ! Le serviteur l’accomplit en effet sans
peine ni fatigue. Le bienheureux est donc celui qui s’efforce d’accomplir de telles adorations.

5. (2) Évoque constamment Allah, car c’est par l’évocation d’Allah que sont pardonnés les péchés, que les rangs sont élevés, que Satan est chassé, que le Tout Miséricordieux est satisfait, que les malheurs sont dissipés, que les inquiétudes disparaissent, que la subsistance est bénie et que le cœur et le corps acquièrent de la force.

6. (2) Le signe démontrant qu’on aime quelqu’un est qu’on l’évoque et qu’on ne l’oublie pas. Teste donc ton cœur : aimes-tu véritablement ton Seigneur en L’évoquant constamment ou bien ne fais-tu que prétendre L’aimer ?

7. (2) Il y a plusieurs niveaux dans l’évocation d’Allah, le plus élevé étant d’évoquer Allah avec ton cœur et ta langue, le suivant étant de L’évoquer avec ton cœur et le dernier étant de le faire en faisant bouger machinalement ta langue sans réfléchir à ce que tu dis. Entre chaque niveau, il y a une différence énorme et une perte immense de rétribution.

8. (2)L’évocation d’Allah rend les cœurs vivants.

 C’est pourquoi le Prophète ﷺ a dit :

 « Celui qui évoque son Seigneur et celui qui n’évoque pas son Seigneur sont semblables à un vivant et à un mort »[4].


9. Un poète a dit :
Évoque Allah, ô toi qui recherches la rétribution et qui désires le bien, le mérite et la bonté.
Evoque Allah et tu recevras tout ce que tu désires et tous les motifs d’angoisse et les maux te seront
évités.

Celui qui évoque le Tout Miséricordieux est tel celui qui s’assoit en Sa compagnie et celui qui
évoque Allah, Allah le rétribuera en l’évoquant à son tour.
Celui qui refuse d’évoquer Allah, alors il héberge Satan à l’intérieur de sa poitrine
Et celui qui oublie son Seigneur alors son Seigneur l’oubliera, et quoi de plus immense que cette
perte !
Satan s’empare de lui et lui fait oublier l’évocation de celui qui l’a fait exister

Références

  1. 3 Kifâyat Al-Hâja Fi Charh Sounane Ibn Maja d’As-Sindî (2/418).
  2. Ahmad (21702) et At-Tirmidhi (3377).
  3. Mouslim (2675).
  4. Al-Boukhari (6407) et Mouslim (779).


 

1- Les formules de demande de pardon indiquées par le Coran et la Sounna sont très nombreuses, mais la meilleure, la plus éminente et la plus susceptible d’être exaucée d’entre toutes est celle qualifiée par le Prophète de maîtresse des formules de demande de pardon à Allah et qui consiste
à dire : « Ô Allah, Tu es mon Seigneur, pas de divinité, excepté Toi. Tu m’as créé et je suis Ton

serviteur ». Le serviteur commence ainsi la demande de pardon en reconnaissant l’unicité d’Allah, car Il est son Seigneur, son Maître, son Possesseur et le Gestionnaire de son affaire. Il l’a créé de Sa main et personne d’autre que Lui ne mérite d’être adoré. En effet, rien n’est semblable au Créateur,

conformément aux paroles d’Allah :

﴾Celui qui crée est-il semblable à celui qui ne crée rien ? Ne vous souvenez-vous pas ?﴿ .

[Sourate An-Nahl : 17]


2- Le serviteur renouvelle ensuite l’engagement qui le lie à son Seigneur. Il rappelle qu’il est toujours fidèle à l’engagement d’avoir la foi et de L’adorer qu’Il obtint de lui alors qu’il était encore dans les reins de son père.

Allah dit en effet :

﴾Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons... » afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention »﴿

[Sourate Al-A’raf : 172]

. Le serviteur dit : J’observe toujours mon engagement envers mon Seigneur de Lui obéir, de ne pas Lui désobéir et de ne rien Lui associer du mieux que je peux. Si je fais preuve de manquement dans la gratitude pour Tes bienfaits ou bien que je commets une faute à Ton égard, c’est alors en raison de la faiblesse inhérente à l’âme humaine et non parce que je méconnais Ta valeur ou que je mésestime Ta grandeur. Cette formulation renferme la reconnaissance que l’on est incapable de s’acquitter des droits d’Allah, ou au moins qu’on ne peut s’en acquitter sans manquement.

3- Puis le serviteur recourt à son Seigneur et sollicite sa protection contre le mal commis par ses mains et contre le fait de commettre une faute à l’égard de son Seigneur ou bien de ne pas Lui être suffisamment reconnaissant, car il ne sied à Allah que d’être adoré comme il se doit. Ce qui est contraire à cela, je Te demande de m’en protéger et de me le pardonner.

4- Le serviteur reconnaît ensuite à Allah qu’Il l’a comblé de bienfaits innombrables et Lui avoue ses péchés et ses écarts.

5- Lorsque le serviteur introduit son invocation par cet aveu qui renferme l’éloge d’Allah ainsi que la reconnaissance de Ses bienfaits et des péchés commis, il passe à la demande de pardon à Allah pour ce qu’il a commis, car personne d’autre qu’Allah ne pardonne les péchés.

6- Enfin, le Prophète ﷺ explicite le mérite de cette invocation et affirme que celui qui la récite le matin avec conviction et une sincérité provenant du cœur puis meurt avant le soir entrera au Paradis. De même, celui qui la récite le soir et meurt avant le matin entrera au Paradis.
Cette invocation est la maîtresse des formules d’invocation d’Allah car elle renferme la reconnaissance de l’unicité d’Allah et de Ses bienfaits et parce qu’on fait précéder la demande de pardon de l’éloge d’Allah – exalté soit-Il – par ce qu’Il mérite.

1. (1) « La maîtresse des formules de demande de pardon à Allah est que tu dises : Ô Allah, Tu es mon Seigneur… et je suis Ton serviteur ». Tu dois ainsi reconnaître à Allah avec ta langue et avec ton cœur qu’Allah est ton Seigneur et Possesseur, le Gestionnaire de ton affaire et Celui qui prend soin de toi, que tu es temporellement et religieusement Son serviteur. Temporellement dans le sens où Il fait de toi ce qu’Il veut : Il te rend malade s’Il le veut, te donne la santé s’Il le veut, te rend riche s’Il le veut, te rend pauvre s’Il le veut, t’égare s’Il le veut et te guide s’Il le veut. Tout cela, selon ce que dicte Sa sagesse – exalté soit-Il. Tu es aussi religieusement Son serviteur, car tu dois L’adorer selon ce qu’Il a ordonné, obéir à Ses commandements et t’abstenir de Ses interdits[1].

2. (1) Veille à introduire ton invocation par l’éloge d’Allah. Le Messager d’Allah – qu’Allah le couvre d’éloges et le protège – entendit une fois un homme invoquer Allah pendant la prière sans avoir évoqué Allah ni avoir invoqué Ses éloges sur le Prophète ﷺ.

Le Messager d’Allah ﷺ dit à son sujet :

« Cet homme s’est précipité ». Il l’appela ensuite et lui dit ainsi qu’à tous ceux qui font comme lui : « Lorsque l’un de vous va prier, qu’il commence par proclamer la louange d’Allah et par faire Son éloge, puis qu’il invoque les éloges d’Allah sur le Prophète, puis qu’il invoque en demandant ce qu’il veut »[2].

3. (1) La meilleure formule de demande de pardon d’Allah consiste à ce que le serviteur commence par faire l’éloge de son Seigneur, puis reconnaisse Ses bienfaits, puis Lui avoue ses péchés et ses manquements, puis demande après tout cela à son Seigneur de lui pardonner.

4. (1) Il convient que les savants, les prédicateurs et les éducateurs montrent aux gens les formules par lesquelles on fait l’éloge d’Allah, les meilleures invocations par lesquelles on sollicite le pardon d’Allah et les paroles les plus agréables par lesquelles on invoque les éloges d’Allah sur le Prophète ﷺ. Il convient aussi qu’ils leur enseignent ce dont ils ont besoin quotidiennement comme formules d’invocation et d’évocation.

5. (2) Le serviteur doit informer son Seigneur par son attitude et par les paroles qu’il continue de remplir l’engagement qu’il a pris à Son égard de Lui obéir et de croire du mieux qu’il peut, sachant qu’Allah ne charge pas une âme plus que ce qu’elle ne peut supporter.

6. (3) Il convient que le musulman dise à Allah qu’il se désavoue de ses actes de désobéissance et qu’il Lui demande de l’en protéger, car il ne sied à Allah que d’être totalement obéi.

7. (3) Prends garde de te vanter de tes actes de transgression et de les commettre avec ostentation, car Allah pardonne à tout musulman, excepté celui qui commet des actes de désobéissance avec ostentation.

Le Prophète ﷺ a dit :

« Tous les membres de ma communauté sont saufs, excepté ceux qui commettent ostensiblement des péchés. L’une des manières de commettre ostensiblement un péché est qu’un homme commette un méfait la nuit puis qu’au matin, alors qu’Allah l’avait couvert, il dise : « Ô Untel, j’ai fait ceci et cela hier ». Alors qu’il avait passé la nuit couvert par Allah, il enlève le matin la couverture dont Allah l’avait fait bénéficier »[3].


8. (4) Reconnaître les bienfaits dont Allah comble l’être humain, implique que celui-ci manifeste de
la gratitude et qu’il ne s’en serve pas pour commettre des actes de désobéissance.

9. (4) Reconnaître son péché est la première étape du repentir. Ne daigne donc pas reconnaître ton péché afin que, peut-être, Allah te le pardonne.

10. (4) Prends garde de sous-estimer tes péchés, car sous-estimer tes péchés et leur accorder peu d’importance te conduira à commettre plus de péchés encore et te dissuadera de te repentir. C’est pourquoi Al-Foudayl Ibn ‘Iyad – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Plus le péché est insignifiant pour toi plus il est énorme pour Allah, et plus il est énorme pour toi plus il est insignifiant pour Allah »[4].

11. (4) Le croyant voit ses péchés immenses même s’ils sont insignifiants. Il regrette de les avoir commis, recourt à son Seigneur et retourne vers Lui. ‘Abd Allah Ibn Mas’oud, qu’Allah a agréé, a dit : « Le croyant voit ses péchés comme une montagne sous laquelle il est assis et qu’il craint de voir s’écrouler sur lui. Le pervers voit ses péchés comme des mouches qui passent près de son nez et les chasse en faisant cela »[5].

12. (5) Personne d’autre qu’Allah ne pardonne les péchés. Recours donc à Lui seul en sollicitant Son pardon et Sa miséricorde et prends garde de solliciter les morts et de les prendre comme intermédiaires entre toi et Allah.

13. (5) Allah facilite à celui à qui Il veut du bien de s’humilier et de s’abaisser devant Lui, de constamment recourir à Lui, de Lui manifester qu’Il a besoin de Lui et de voir ses propres défauts, sa propre ignorance et sa propre transgression. Il lui facilite également de voir la grâce de son Seigneur, Sa bienfaisance, Sa miséricorde, Sa magnanimité, Sa bonté, Sa richesse et Sa louange[6].

14. (6) Efforce-toi de mémoriser l’invocation qualifiée de maîtresse des formules de demande de pardon à Allah et récite-la assidûment matin et soir, car si tu meurs dans la journée tu feras partie des gens du Paradis et si tu meurs la nuit tu feras également partie des gens du Paradis.

15. (6) Tire profit des invocations et des évocations dont le Prophète ﷺ a mentionné les mérites, à
l’image de cette invocation qui garantit au serviteur d’entrer au Paradis.

16. (6) Les prédicateurs et les éducateurs doivent expliquer aux gens quelle est la récompense méritée pour réciter une évocation et une invocation héritée du Prophète ﷺ, car ceci fait partie de ce qui encourage à les réciter constamment.

17. Un poète a dit :
Ô Seigneur, si mes péchés sont immenses par leur nombre je sais que Ton pardon est encore plus immense.
S’il n’est permis qu’au bienfaisant d’avoir de l’espoir en Toi, le criminel doit invoquer et placer son
espoir en qui ?
Je T’invoque en Te suppliant, ô mon Seigneur, comme Tu l’as ordonné. Si Tu me repousses, qui donc
me fera miséricorde ?
Je n’ai d’autre intermédiaire Te concernant que l’espérance, la perspective de Ton pardon et le fait
que je sois musulman.

18. Un autre poète a dit :
Ô mon Dieu ne me châtie pas, car j’avoue ce que j’ai commis.
Je n’ai d’autre recours que l’espoir de Ton pardon, si Tu veux pardonner, et mon bon soupçon [à Ton égard].
Combien de fautes j’ai commises parmi les gens, alors que Tu me combles de grâce et de faveur. Les gens pensent du bien de moi, mais je suis le pire des gens si Tu ne me pardonnes pas.

Références

  1. Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (6/717).
  2. Ahmad (23937), Abou Dawoud (1481) et At-Tirmidhi (3476).
  3. Al-Boukhari (6069) et Moslim (2990).
  4. Voir Siyar A’lam An-Noubala d’Adh-Dhahabi (8/427).
  5. Al-Boukhari (6308).
  6. Voir Al-Wabil As-Sayyib Mine Al-Kalam at-Tayyib d’Ibn Al-Qayyim (p.7).


1. Le Prophète ﷺ nous informe que le meilleur des gens et celui dont le degré est le plus élevé auprès d’Allah est celui qui se consacre au Coran et l’apprend en le récitant, en le mémorisant et en le mettant en pratique, devenant ainsi connaisseur de ses significations et de ses jugements, puis l’enseigne aux gens. En l’apprenant, il acquiert le degré des étudiants et en l’enseignant il acquiert le degré des connaisseurs.
Par ailleurs, il est requis en plus d’apprendre et d’enseigner, que la personne mette en pratique ce qu’elle a appris. On rapporte que ‘Îssa ﷺ a dit : « Celui qui sait, mets en pratique et enseigne, sera qualifié d’éminent dans le Royaume Suprême »[1].

2. Les Successeurs (tâbi’oun) – qu’Allah leur fasse miséricorde – ont suivi les pas des Compagnons dans la mémorisation du Coran, l’apprentissage de ses jugements et de ses significations et son enseignement aux gens. Voici en effet Abou ‘Abd ar-Rahmâne As-Soulamî – qu’Allah lui fasse miséricorde – qui est un tâbi’î ayant rapporté ce hadith de ‘Othmâne et qui s’est consacré à faire réciter et à enseigner le Coran depuis le califat de ‘Othmâne jusqu’à l’époque d’Al-Hajjâj, soit près de quarante ans.
Abou ‘Abd ar-Rahmâne est ‘Abd Allah ibn Habîb ibn Rabî’ah Al-Koufî. Il fait partie des enfants des Compagnons et est né du vivant du Prophète ﷺ. Abou ‘Amr Ad-Dânî a dit à son sujet: Il apprit la récitation du Coran de ‘Othmâne, ‘Alî, Zayd, Oubayy et Ibn Mas’oud et il l’enseigna la récitation à ‘Âssim ibn Abî an-Najoud – le cheikh de Hafs dont la lecture du Coran est connue, à savoir : Hafs d’après ‘Âssim. Il est mort en l’an 74 de l’Hégire[2].

3- As-Soulamî a dit : C’est cela qui m’a fait exercer cette activité aussi longtemps. Cela signifie que la raison pour laquelle il a enseigné aussi longtemps le Coran, c’est afin de mettre en pratique ce hadith et son désir de figurer parmi ceux dont on dit qu’il est « le meilleur parmi vous ».

1. Écoute ce hadith puis efforce-toi d’apprendre le Coran, de connaître ses jugements, de le réciter correctement, de t’arrêter pour comprendre les concepts qu’il comporte et méditer ses versets, puis enseigne cela aux gens, car le lésé est celui qui s’abstient, par paresse, de faire partie des meilleurs des gens.

2. Les gens rivalisent pour être les meilleurs. Celui-ci avec sa maison, celui-là avec sa voiture, un autre avec ses vêtements et un autre encore avec son travail. Or le Prophète ﷺ décréta que le meilleur des gens est celui qui apprend le Coran et l’enseigne. Que le critère par lequel tu t’évalues toi-même et tu évalues les gens, soit celui qui a été donné par Allah.

3. Celui qui veut le bien du bas monde doit se tourner vers le Coran et celui qui veut le bien de l’au- delà doit se tourner vers le Coran et celui qui veut le bien de ces deux mondes doit se tourner vers le Coran.

4. La science est parfaite lorsqu’on la met en pratique et qu’on l’enseigne. L’enseignant doit donc accomplir tout ce qui est en son pouvoir pour enseigner à ses étudiants et ne les priver d’aucune connaissance. Pour sa part, l’étudiant doit enseigner à ses camarades ce qu’il a appris de son professeur.

5. Le savant enseignant ne fait partie des meilleurs des gens que lorsqu’il met en pratique ce qu’il connaît.

Allah dit :

﴾Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? Êtes-vous donc dépourvus de raison ?﴿ .

[Sourate Al- Baqara : 44]

Il doit donc adopter les règles de bienséance du Coran afin d’être un exemple et un authentique enseignant qui donne à ses étudiants la motivation d’apprendre le Coran. ‘Abd Allah ibn Mas’oud, dont Allah est satisfait, a dit : « Celui qui mémorise le Coran doit être connu pour veiller la nuit alors que les gens dorment, de jeûner le jour alors que les gens mangent, d’être triste alors que

les gens sont joyeux, de pleurer alors que les gens rient, d’être silencieux alors que les gens bavardent et d’être modeste tandis que les gens se pavanent. Il convient également que celui qui mémorise le Coran pleure souvent et qu’il soit triste, sage, indulgent, savant et silencieux. Il ne convient pas qu’il soit rude, insouciant, bruyant, criant ou blessant »[3].

6. Lorsque tu vois quelqu’un ayant appris le Coran, l’ayant mis en pratique et l’ayant enseigné, aime- le et honore-le, même si c’est un pauvre vieillard ou un inconnu. Il se peut en effet qu’il fasse partie des meilleurs parmi les gens, particulièrement s’il t’a enseigné le Coran. Dans ce cas, il a encore plus de droits sur toi.

7. Dites à celui qui enseigne le Coran d’être patient lorsqu’il s’assied avec les gens et qu’il passe de longues heures à la mosquée, dans un institut ou sur les réseaux sociaux et qu’il ne s’imagine pas qu’il est devenu trop vieux pour cela, car Abou ‘Abd ar-Rahmâne As-Soulamî resta quarante ans à rechercher le mérite d’enseigner le Coran.

8. Celui qui n’enseigne pas le Coran de manière directe, a la possibilité de le faire autrement, comme inciter à apprendre le Coran en diffusant des écrits, en faisant des discours, en imprimant des livres, en concevant des programmes télévisés, en créant des cercles d’apprentissage du Coran, en récompensant les enseignants et les étudiants, en diffusant des récitations enregistrées du Coran, etc.

9. Un poète a dit :
Emprunte les voies des connaisseurs avec ambition et conforme-toi au Livre d’Allah sans te soucier
de rien.
Car Il est Celui qui aide à surpasser les difficultés et Il domine au-dessus de tout.
Le Messager, pour sa part, est l’intercesseur qui témoignera des créatures, et son intercession
sauvera des terreurs.

Références

  1. Voir Mirqât al-Mafâtîh Charh Michkât al-Masâbîh d’Al-Moullâ ‘Alî Al-Qârî (4/1452, 1453).
  2. Voir Siyar A’lâm an-Noubalâ` d’Adh-Dhahabî (4/268).
  3. Hilyat al-Awliyâ` Wa Tabaqât al-Asfiyâ` d’Abou Nou’aym (1/130).


 

1- Abou Sa’îd ibn al -Mou’allâ raconte qu’il était en prière et que le Prophète l’ appela, mais il ne lui répondit pas avant d’avoir terminé sa prière.
2- La prière terminée, il se rendit auprès du Prophète et se justifia en disant qu’ il était en prière, croyant qu’il ne lui était pas permis de l’interrompre ou de répondrqeuand le Prophète lui parla et que répondre au Messager d’Allah n’ est obligatoire qu’ à celui qui n’ est pas en prière. C’ est pour ces raisons qu’il ne lui a pas répondu.
3- Le Prophète ﷺl’ informa alors qu’ il est tenu de répondre immédiatement, qu’ il soit en prière ou pas,

en raison des paroles d’Allah :

﴾Ô vous qui croyez ! Répondez à Allah et au Messager lorsqu’ il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie﴿.

[Sourate Al-Ane’fâl : 24]

En effet, le Prophète ﷺ ne l’appelle que pour quelque chose d’important.

4. Il l’informa ensuite qu’il lui dira quelle est la sourate la plus éminente du Coran avant de sortir de la mosquée.
Ceci démontre que les sourates du Coran diffèrent en rétribution lorsqu’on les récite.

Allah dit :

﴾Si Nous abrogeons un verset quelconque ou que Nous le fassions oublier, Nous en apportons un meilleur, ou un semblable.)﴿ .

[Sourate Al-Baqara : 106]

Ceci s’explique par ce que contient la sourate Al-Fâtihah comme Noms et attributs d’Allah, comme proclamation du monothéisme, comme éloge d’Allah et comme tournures d’évocation et de glorification d’Allah. C’est pourquoi le Verset du Repose-pied est le verset le plus éminent du Coran, la sourate Al-Fâtihah en est la meilleure sourate et la sourate Al-Ikhlâs équivaut au tiers du Coran.

5- Ensuite le Prophète ﷺ prit la main d’Abou Sa’îd et voulut sortir de la mosquée, soit parce qu’il avait oublié sa promesse faite à Abou Sa’îd, soit parce qu’il voulait tester l’intérêt d’Abou Sa’îd pour la science, et Abou Sa’îd lui rappela sa promesse avant de passer la porte.

6- Le Prophète ﷺ lui répondit que la sourate Al-Fâtihah est la sourate la plus éminente du Coran, puisqu’elle est les sept versets que l’on répète. Cette sourate a été appelée ainsi en raison de l’éloge (thanâ`) d’Allah et aussi parce qu’elle est répétée durant la prière et qu’elle fait partie de ce qu’Allah a spécifiquement accordé (istathnâ) à la communauté de Son Prophète ﷺ. La sourate est qualifiée de sept versets puisqu’elle comporte sept versets et elle est l’éminent Coran. Allah rappela au Prophète ﷺ le bienfait de les lui avoir donnés lorsqu’

Il dit :

﴾Nous t’avons certes donné «les sept versets que l’on répète», ainsi que le Coran sublime.﴿ .

[Sourate Al-Hijr : 87]

 

1. Comme répondre au Prophète ﷺ est obligatoire pour le musulman même lorsqu’il est en prière, il est à plus forte raison obligatoire d’obéir au Prophète ﷺ dans tous les aspects de la vie et ne pas accorder plus de valeur à l’avis et à la passion de l’être humain au détriment de la Sounna et de la religion du Prophète ﷺ. Habitue-toi donc à cela en permanence.
2.

Il y a dans les paroles d’Allah :

﴾Ô vous qui croyez ! Répondez à Allah et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie﴿

[Sourate Al-Ane’fâl : 24]

une référence au fait que la vie idéale est celle du cœur et des esprits, non pas celle du corps et des plaisirs. C’est cette vie qui procure le bonheur dans la vie éternelle de l’au-delà, bien meilleure que cette vie éphémère. Que celui qui désire vraiment vivre obéisse à Allah et à Son Messager ﷺ, car leur obéir est la seule manière de mener une vie heureuse dans le bas monde et dans l’au-delà.

3. Efforce-toi d’acquérir la science et que rien ne t’en distraie. Que la timidité et l’orgueil ne te dissuadent pas de poser des questions, car Abou Sa’îd ne fut pas gêné de rappeler au Prophète ﷺ sa promesse de lui dire quelle est la sourate la plus éminente du Coran ni de ralentir la sortie du Prophète ﷺ, malgré l’éminence de son rang dans les cœurs de ses Compagnons, par souci de recueillir un hadith et d’acquérir la science.

4. Il y a dans ce hadith la preuve de la miséricorde du Prophète ﷺ à l’égard de ses Compagnons et de sa préoccupation à leur enseigner ce qui leur est bénéfique. L’enseignant doit donc adopter l’attitude du Prophète ﷺ lorsqu’il enseignait et l’étudiant doit adopter l’attitude d’Abou Sa’îd ibn al-Mou’allâ
– Allah l’a agréé – lorsqu’il acquiert la science.

5. L’étudiant en science ne doit pas laisser le bien lui échapper en attendant trop longtemps. Si Abou Sa’îd ibn al-Mou’allâ – Allah l’a agréé – avait attendu que le Prophète ﷺ sorte de la mosquée, il n’aurait pas appris cette connaissance très importante.

6. Sachant que la rétribution méritée pour la récitation des sourates du Coran diffère de sourate en sourate, il convient que le musulman tire profit de cela en récitant les versets et les sourates dont le mérite a été donné par des hadiths authentiques, sans parler du fait de les mémoriser, de méditer leurs significations et de comprendre la raison pour laquelle ces versets et sourates jouissent de ce prestige.

7. Parmi les raisons du prestige dont jouit la sourate Al-Fâtihah, il y a le fait qu’Allah l’ait débutée par la louange, l’éloge et la glorification avant l’invocation. Ceci fait partie des règles de bienséance de l’invocation qu’il convient que le serviteur veille à observer afin que son invocation soit exaucée. On rapporte que Fadâlah ibn ‘Obayd, dont Allah est satisfait, dit :

Le Messager d’Allah ﷺ entendit un  homme invoquer durant sa prière sans avoir glorifié Allah ni invoqué les éloges d’Allah sur le Prophète ﷺ. Le Messager d’Allah ﷺ dit alors : « Celui-ci s’est hâté ». Ensuite il l’appela et lui dit – ou dit à quelqu’un d’autre : « Lorsque l’un de vous prie, qu’il commence par glorifier Son Seigneur – exalté soit-Il – et à faire Son éloge, puis qu’il invoque les éloges d’Allah sur le Prophète ﷺ, puis qu’il invoque en utilisant les formules qu’il veut. »[1]

8. Un poète dit :
Lis le Livre d’Allah et comprends ses jugements, tu comprendras alors la valeur des dons d’Allah.
Il est le discours adressé à tout esprit perspicace et la lumière qui illumine par sa transcendance.
Il guide vers tout ce qui est bien et il procure de plus de l’apaisement aux cœurs et de la tranquillité
aux corps.
C’est un Seigneur protecteur qui a fait descendre le Coran, afin d’enseigner à l’être humain les
meilleures paroles.

Références

  1. Abou Dawoud (1481), At-Tirmidhî (3477) et An-Nasâ`î (1284).


1- Oubayy, dont Allah est satisfait, nous informe que le Prophète l’ interrogea une fois en lui disant : Sais-tu quel verset du Livre d’Allah est le plus éminent et pour lequel on mérite le plus de rétribution et de mérite et on atteint un rang élevé ?

2- Oubayy, dont Allah est satisfait, répondit en n’ attribuant cette connaissance qu’à Allah et à Son Messager , par égard pour l’ importance d’ attribuer des choses à la religion, par politesse et par modestie, et ce malgré le fait qu’il connaissait la réponse.
Il attribua cette connaissance au Prophète , après Allah, car la question fait partie des sujets religieux qu’Allah a appris à Son Prophète . Quant aux sujets relevant de l’ Inconnaissable, il n’ est pas permis d’attribuer leur connaissance à autre qu’Allah.

Allah dit:

 ﴾C’ est Lui qui détient les clefs de l’Inconnaissable. Nul autre que Lui ne les connaît. Et Il connaît ce qui es t dans la terre ferme,comme dans la mer. Et pas une feuille ne tombe qu’Il ne le sache. Et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit consigné dans un livre explicite﴿ .

[Sourate Al-An’âm : 59]

3- Ensuite le Prophète ﷺ reposa la même question à Oubayy ibn Ka’b afin de l’inciter à répondre sans
se contenter de s’en remettre à Allah et à Son Messager ﷺ.

4- Comprenant cela, Oubayy répondit que ce verset était le verset du Repose-Pied.
Il ne répondit pas la première fois, car il était habitué à ce que le Prophète ﷺ pose une question pour stimuler la réflexion et obtenir l’attention de l’auditoire, ou bien parce qu’il se pouvait que le Prophète ﷺ ait une réponse inhabituelle, comme la révélation descendant sur lui et lui apprenant qu’il s’agit d’un autre verset, ou bien parce que le Prophète ﷺ pouvait donner un enseignement supplémentaire en plus de la réponse. Puis lorsque le Prophète ﷺ réitéra la question, Oubayy, dont Allah est satisfait, sut qu’il voulait savoir ce qu’il détenait comme science et compréhension et il répondit qu’il s’agit du verset du Repose-Pied[1].
Ce verset est le plus éminent du Coran, car il contient la proclamation de l’unicité d’Allah, la confirmation des attributs de la perfection d’Allah, la mention de Ses Plus Beaux Noms et la négation de tout ce qui pourrait laisser penser qu’Il est déficient, comme le sommeil et ses préludes.

5- Le Prophète ﷺ frappa ensuite la poitrine d’Oubayy, dont Allah est satisfait, afin de montrer qu’elle se prête à être pleine de science et de sagesse. Ceci est un geste de gentillesse de sa part ayant pour finalité que la science s’implante dans la poitrine d’Oubayy et qu’il soit motivé à acquérir plus de science et de clairvoyance. Ce geste est aussi une expression de la joie du Prophète ﷺ qui fut témoin des effets bénis de la science sur Oubayy[2].

6- Puis le Prophète ﷺ invoqua en faveur d’Oubayy en disant : Je te félicite pour la tranquillité et le bonheur que te procure la science. Cela signifie aussi que le Prophète ﷺ souhaitait qu’Oubayy s’enracine dans la science et qu’il la maîtrise, et cette invocation est en fait un éloge d’Oubayy, dont Allah est satisfait, et informe sur l’étendue de sa science[3].
Par ailleurs, le verset du Repose-Pied a de nombreux autres mérites. En effet, il a été rapporté qu’il est le verset le plus éminent et qu’il préserve de Satan et il est recommandé de le réciter après les prières obligatoires, avant de dormir et à d’autres occasions[4].

1. Adresse-toi aux autres en utilisant des surnoms qu’ils aiment – qui ne contreviennent à aucune règle religieuse – car le Prophète ﷺ s’adressait à ses Compagnons en utilisant des surnoms qu’ils aimaient, malgré son rang élevé, leur jeune âge et le fait qu’ils étaient tels ses élèves. Il convient donc que le musulman prenne exemple sur lui, particulièrement s’il fait partie des savants, des prédicateurs et des éducateurs. Ceux-ci doivent en effet avoir des gestes de gentillesse et des paroles agréables à l’égard de leurs étudiants et s’adresser à eux en utilisant les surnoms qu’ils préfèrent, car ceci a un impact considérable sur leurs âmes.

2. Habitue ta langue à dire : « Allah sait mieux », car cette expression est la plus prudente et la plus digne pour toi. De plus, elle est habituellement dite par les gens de science. En effet, Oubayy ibn Ka’b, qui fait partie des connaisseurs du Coran et de ceux dont le Prophète ﷺ a dit : « Apprenez le Coran de quatre hommes : Ibn Mas’oud, Oubayy ibn Ka’b, Mou’âdh ibn Jabal et Sâlim l’esclave affranchi d’Abou Houdhayfa »[5], détenait une connaissance certaine ou quasi certaine de la réponse à la question relative au verset le plus éminent du Coran. Malgré cela, il s’en remit à Allah concernant cette connaissance.

3. Parmi les méthodes d’apprentissage qui ont du succès auprès de l’étudiant et de l’enseignant, il y a celle de la question-réponse. Lorsque l’étudiant à qui est posée la question est surpris par une question dont il ne connaît pas la réponse, il veille à l’apprendre par la suite. De plus, cela permet à la réponse d’être bien enracinée dans son esprit et de ce fait, il ne l’oubliera pas, contrairement au cas où on se contente de dicter et d’exposer simplement des leçons.

4. Parmi ce qu’il y a de plus beau dans les règles de bienséance, il y a la règle de bienséance relative aux questions qui est adaptée aux situations. On peut se taire au lieu de répondre à une question dont on connaît la réponse par respect pour celui qui l’a posée et par désir de connaître sa réponse qui peut contenir plus que la réponse que l’on connaît. On peut répondre de son mieux en présence de l’enseignant qui corrige les erreurs, si erreur il y a.

5. Accorde beaucoup d’intérêt au verset du Repose-Pied pour lequel, en sa qualité de verset le plus éminent, mérite une grande rétribution lorsqu’on le mémorise, on l’apprend, on médite ses paroles et on l’enseigne, que cela se passe à la maison, à l’école ou dans le cadre des études réalisées par les gens de science.

6. Le fait que le Prophète ﷺ ait frappé la poitrine d’Oubayy ibn Ka’b après la réponse de celui-ci, l’a réconforté et a permis d’enraciner cette connaissance en lui, puisqu’elle est restée dans son esprit et dans l’esprit des narrateurs après lui.

7. Lorsque tu vois tes étudiants, tes enfants et tes amis être conformes au vrai, invoque Allah en leur faveur, fais leur éloge, reconnais qu’ils ont eu raison, ne les considère pas avec orgueil et remets à chacun ce qui lui est dû à l’image de ce que fit le Prophète ﷺ avec Oubayy ibn Ka’b, dont Allah est satisfait.

8. Ce hadith démontre qu’il est permis à l’être humain de faire l’éloge de quelqu’un en sa présence s’il y a un intérêt à cela, comme par exemple le motiver à faire constamment le bien, à être sérieux et à faire des efforts.

Références

  1. Al-Bahr al-Mouhît ath-Thajjâj d’Al-Ithyoubî (16/395).
  2. Voir Al-Moufhim d’Abou al-‘Abbâs Al-Qourtoubî (2/436).
  3. Voir Al-Kâchif ‘an Haqâ`iq as-Sounane d’At-Tîbî (5/1644).
  4. Voir l’exégèse du Coran par Ibn Kathîr, verset 255 de la sourate Al-Baqara.
  5. Al-Boukhârî (4999) et Moslim (2464).


 

1- Le Prophète ﷺdemanda à ses Compagnons – qu’ Allah a agréés – : Personne d’ entre vous n’ est capable de réciter le tiers du Coran chaque nuit ?

2- Les Compagnons s’étonnèrent de cette question, puisque cela fait partie de ce qui leur était pénible. Or il n’était pas dans l’habitude du Prophète de les charger plus que ce qu’ ils étaient capables de supporter.

3- Il les informa alors que la sourate « Allah, Al-Wâhid, As-Samad » équivaut au tiers du Coran en termes de rétribution, de mérite et de récompense. Il s’agit de la sourate-AIkl hlâsse qui a été nommée ainsi par le Prophète car elle contient ces mots :

( Dis :

Il est Allah, Unique (Al-Ahad). Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons (As-Samad)) .

[Sourate Al-Ikhlâsse : 1-2]

Le mot As- Samad contient plusieurs caractéristiques d’Allah, parmliesquelles qu’Allah n’a pas de ventre et qu’il n’a donc pas besoin de nourriture ou autre, que rien ne lui ressemble et qu’Allah est Celui que l’on sollicite pour ses besoins. Il se passe donc de toutes Ses créatures tandis qu’elles ont besoin de Lui et Il est Celui qui subsistera après la disparition de toutes les créatures[1].

En outre, Abou Hourayra rapporte dans un hadith :

Le Messager d’Allah ﷺ sortit à nous et dit : « Je vais vous réciter le tiers du Coran » et il récita : ﴾Dis : Il est Allah, Unique (Al-Ahad)﴿ jusqu’à la fin[2].


Bien que cette sourate contienne peu de mots, elle équivaut au tiers du Coran en raison de ce qu’elle contient comme monothéisme, explication des Noms et attributs d’Allah et négation de tout associé, semblable ou enfant Le concernant. Or le Livre d’Allah renferme trois fondements : l’explication du monothéisme et des attributs d’Allah, la mention des jugements de la Législation et de ce qui est licite ou illicite et l’exposition des récits des anciens. Comme la sourate Al-Ikhlâsse traite du premier fondement qui est le monothéisme, celui qui la récite obtient la même rétribution que celui qui récite le tiers du Coran[3].

 

1. Accorde de l’importance aux manières de t’adresser aux autres, car il ne suffit pas que les paroles soient correctes et bénéfiques. Il faut également les exposer d’une manière qui facilite leur acceptation. Prends donc garde à cela lorsque tu t’adresses, pour prodiguer des conseils, ou faire du commerce ou autre, à tes enfants, aux membres de ta famille, à tes étudiants et à ceux avec qui tu interagis.-

2. Le Prophète ﷺ prépara ses Compagnons – qu’Allah a tous agréés – à accepter la connaissance qu’il allait leur délivrer en leur posant une question étrange. Comme il leur demanda quelque chose qu’ils ne pouvaient pas faire, leurs ouïes et leurs esprits se sont focalisés sur ses paroles afin de savoir comment quelqu’un peut réciter cette part immense du Coran en une nuit. Il convient donc que le prédicateur, le juriste, l’enseignant et l’éducateur attirent l’attention et les esprits de leur auditoire en posant des questions étonnantes et des informations étranges qui attirent les regards et les ouïes.

3. Ce hadith souligne la sagesse du Prophète ﷺ lorsqu’il instruisait ses Compagnons, puisqu’il utilisa la méthode de l’exposé et non celle de l’injonction. L’enseignant doit donc suivre la méthode d’enseignement du Prophète ﷺ, car il incite plus efficacement les étudiants à faire ce qu’on attend d’eux.

4. La Législation a institué des charges légères qui comportent du bien et un immense mérite. Il ne convient donc pas que le musulman manque ces occasions données par Allah, mais doit plutôt en tirer profit.

5. Ce hadith met en exergue la politesse des Compagnons – qu’Allah a tous agréés –, puisqu’ils ne répondirent pas en niant et en refusant, mais ont avancé une excuse avec politesse. L’étudiant doit donc adopter leur politesse à l’égard de son enseignant.

6. Consacre de l’importance à la sourate Al-Ikhlâsse, car le Messager d’Allah ﷺ ne lui a donné de l’importance que parce qu’elle est éminente. Veille donc à la mémoriser, à l’apprendre, à méditer ses versets et à l’enseigner, que cela ait lieu à la maison, à l’école ou dans le cadre des études réalisées par les gens de science. C’est l’attitude à avoir à l’égard de ce qui a été déclaré éminent par Allah.

7.

On rapporte de ‘Â`icha – qu’Allah a agréée –

que le Prophète ﷺ envoya un homme à la tête d’un escadron et lorsque cet homme dirigeait la prière de ses compagnons, il terminait toujours sa récitation par : ﴾Dis : Il est Allah, Unique (Al-Ahad). A leur retour, ils rapportèrent cela au Prophète ﷺ qui leur dit : « Demandez-lui pourquoi il fait cela ». Lorsqu’ils lui posèrent cette question, il répondit : « Car elle décrit le Tout Miséricordieux et j’aime la réciter durant la prière ». Le Prophète ﷺ dit alors : « Informez-le qu’Allah l’aime »[4].

8. Un poète a dit :
Ô Celui contre lequel personne ne peut me protéger, je me réfugie auprès de Ton pardon contre Ta punition.
Je suis le serviteur qui avoue chacun de ses péchés et Toi Tu es le Maître, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons et le Pardonneur.
Si Tu me châties, c’est parce que j’ai commis des péchés et si Tu me pardonnes, alors Tu es digne de pardonner.

Références

  1. Voir Zâd al-Massîr Fî ‘Ilm at -Tafsîr d’Ibn al -Jawzî (4/506).
  2. Moslim (262).
  3. Voir Al-Istidhkâr d’Ibn ‘Abd al-Barr (2/512).
  4. Al-Boukhari (7375) et Moslim (813).