1. Le Messager d’Allah recommande aux croyants de se hâter ’ accomplir des actes d’ adoration et des œuvres vertueuses avant la venue de troubles violen, tqsui ressemblent à des pans de nuit obscure et très noire n’étant éclairée ni par la lumière de la lune ni par aucune autre lumiè, reet dans laquelle on ne distinguera pas le vrai du faux. Le Prophète a dit : ‘‘ Pour ce qui est de votre communauté que voici, ce sont ses premières générations qui ont été épargnées, mais ses dernières générations subiront une épreuve et des choses que vous désapprouvez. Viendront alors des troubles durant lesquels certains réduiront d’autres en esclavageet viendra des troubles qui feront dire au croyant :‘‘ Ces troubles vont causer ma perte ’’, puis ces troubles se dissiperont et en apparaîtront d’autres qui feront dire au croyant : ‘‘ Ce sont plutôt ceux-ci qui vont causer ma perte ’’ ’’[1].
2. Ensuite le Prophète ﷺ nous informe que ces troubles causeront beaucoup de mal à l’individu, car ils détourneront rapidement le musulman de sa religion, en l’espace d’un après-midi ou d’une matinée, « car les cœurs échappent facilement à l’emprise du vrai et aspirent beaucoup à trouver des issues le menant à l’égarement. Ainsi, lorsque leur est exposé quelque chose qui les mène à l’égarement, cette chose est pour eux un poison mortel et un mal contagieux ’’[4]. « Et les malheurs et les adversités qui s’abattent sans interruption sur les cœurs corrompent ceux-ci, à cause de leur fréquence et de leur dureté ’’[5].
3. Dans de telles situations, l’être humain en arrive à vendre sa religion pour un vil prix, que ce prix prenne la forme d’argent, d’une fonction ou d’un autre avantage éphémère de ce bas monde.
Comment appliquer ce hadith
- Hâte-toi d’accomplir des œuvres vertueuses comme les adorations, l’apprentissage, l’enseignement, le mariage, l’entretien des liens de parenté et autres, et tâche de ne pas reporter cela au lendemain, à l’après lendemain, à lorsqu’on sera plus vieux, ou bien lorsque telle ou telle chose se produira, en pensant qu’on a encore le temps, car les troubles qui détourneront l’être humain de sa religion et de son adoration peuvent survenir à tout moment. Hâte-toi donc avant que les empêchements t’assaillent.
2. Il arrive souvent que l’être humain s’abstienne d’œuvrer et attende qu’il atteigne une perfection fantasmée et que de ce fait, il n’accomplisse rien de concret, comme celui qui reporte la publication d’un livre jusqu’à ce qu’il soit parfaitement achevé, reporte la remise d’un cadeau à son épouse jusqu’à ce qu’elle ait le plus parfait comportement, ou reporte la lecture du Coran et la glorification d’Allah jusqu’à ce qu’il soit dans le plus parfait des états. Il ne cesse ainsi de reporter jusqu’à ce qu’il soit pris par d’autres préoccupations, qu’il soit moins actif, ou qu’il rencontre un autre empêchement. S’il avait en revanche produit ce qu’il lui était possible de produire, il aurait beaucoup gagné.
3. Savoir prendre des initiatives est une compétence que l’être humain acquiert en s’y exerçant. Dans un premier temps, il trouvera cela pénible et considérera qu’il est incompétent, puis avec le temps cela lui paraîtra plus facile et il saura comment faire avec les moyens dont il dispose. Habitue-toi donc à prendre des initiatives vertueuses et fais cela de manière répétée : une parole agréable par ci, une aumône modeste par là ou bien un service fortuit et non planifié rendu à un proche ou à un étranger.
4. Connais Allah dans l’aisance et Il te connaîtra dans l’adversité. Ainsi prend l’initiative d’accomplir des œuvres vertueuses lorsque tu es disponible, que tu es en bonne santé et que tu es sain d’esprit, Allah te prémunira des troubles et des épreuves.
5. Le musulman doit souvent implorer Allah de le raffermir dans sa religion et de ne pas exposer son cœur aux troubles. D’ailleurs, le Prophète ﷺ [6] disait souvent : ‘‘ Ô Toi qui retournes les cœurs, raffermis mon cœur dans Ta religion ‘‘.
6.Pris dans les tourments des troubles, l’être humain peut ne pas avoir conscience de vendre sa religion en échange de quelques biens de ce bas monde. Il se peut en effet qu’il soit moins regardant
dans une transaction, accepte une augmentation indue de sa richesse, médit d’autres personnes ou se tait lorsqu’on médit d’elle en sa présence afin de ne pas froisser son chef. Scrute donc tes agissements et rends des comptes à toi-même et ne ferme pas les yeux sur ce qui est préjudiciable à ta religion, car ta religion est ce que tu possèdes de plus précieux.
7.Un poète a dit :
Prends des initiatives tant que tu es en vie, que tes œuvres sont acceptées et que tes paroles ont de la valeur.
Agis, hâte-toi et tire profit de la jeunesse, car c’est lorsque tout est possible qu’on agit et qu’on récolte les fruits de ses efforts.
Avance rapidement, car la mort te poursuit, tu ne peux y échapper ni l’éloigner de toi.
Références
- 62 Moslim (1844) d’après ‘Abd Allah ibn ‘Amr ibn al-‘Ass – qu’Allah a agréés
- .63 Moslim (2948) d’après Ma’qil ibn Yassar – qu’Allah a agréé
- .64 At-Tirmidhî (2260) d’après Anas – qu’Allah a agréé
- .65 Voir Al-Ifsa ‘An Ma’ânî as-Sihâh d’Ibn Houbayra (8/163)
- 66 Voir Al-Moufhim Limâ Achkal Min Talkhîs Kitâb Moslim d’Abou al-‘Abbas Al-Qourtoubî (1/326)
- .67 Ahmad (12107), At-Tirmidhî (2140) et Ibn Mâja (3834).
1- Le Prophète ﷺ explique et met en garde contre quelque chose de grave qui rend les œuvres vaines et qu’il qualifia d’associationnisme mineur afin de les distinguer de l’associationnisme majeur qui fait sortir son auteur de la religion.
2-Les Compagnons présents l’interrogèrent au sujet de l’associationnisme mineur, car l’associationnisme proprement dit est connu et il consiste à attribuer un associé à Allah dans ce qui n’est réservé qu’à Allah. Seulement, la distinction entre majeur et mineur nécessite d’être expliquée et illustrée par un exemple.
3-Il leur répondit en leur donnant un exemple qui l’illustre et en les informant que ce qu’il craint le plus pour eux c’est l’ostentation qui consiste à ce que l’être humain affiche son adoration afin que les gens en aient connaissance et de ce fait fassent son éloge et disent du bien de lui.Ceci est un exemple d’associationnisme mineur. Parmi les autres exemples d’associationnisme mineur, il y a le serment par autre qu’Allah, le fait que quelqu’un dise : ‘‘ Ce que veut Allah et Untel ’’, le mauvais augure, les Rouqya détestables, ainsi que d’autres actes qui ne s’opposent pas radicalement au fondement du monothéisme, mais qui sont quand même des formes d’associationnisme[1].
Ces actes peuvent, en effet, le mener à l’associationnisme majeur. Lorsque l’être humain fait un serment par autre qu’Allah, il révère celui par lequel il fait ce serment, lorsqu’il croit aux devins qui prétendent connaître l’Inconnaissable, s’il est ostentatoire dans toutes ses œuvres ou dans ce qui fait partie du fondement de la religion, s’il croit que les talismans et les Rouqya, empêchent d’être atteint par le mal et guérissent les maladies, il tombe dans l’associationnisme majeur en commettant ces actes[2].
4-Puis le Prophète ﷺ affirma qu’Allah châtiera les gens qui sont coupables d’ostentation le Jour de la Résurrection, lorsqu’Il rétribuera toutes les créatures. Ils s’attendront à être rétribués pour leurs œuvres qui sont en apparence des adorations, mais qu’ils ont accomplies en ayant une intention autre que celle de satisfaire Allah.
5-Allah leur dira : Allez à ceux devant qui vous accomplissiez des actes d’adoration afin qu’ils vous voient et qu’ils entendent parler de vous, et voyez si vous trouvez auprès d’eux une rétribution pour vos agissements. Ceci est dit par ironie et raillerie afin de signifier qu’Allah rendra vaines leurs œuvres et les annulera.
Le Prophète ﷺ dit en effet :
‘‘ Allah – Gloire et Majesté à Lui – dit : Je suis celui qui me passe le plus de ce qu’on M’associe. Celui qui accomplit une œuvre à laquelle il associe autre que Moi, Je le délaisse avec son association’’ [3].
Le maximum que peut obtenir celui qui s’adonne à l’ostentation est un peu d’éloge suivi de malédiction.
Le Prophète ﷺ dit en effet :
‘‘ Celui qui veut qu’on parle de lui, Allah fera parler de lui, et celui qui veut être vu, Allah fera qu’il soit vu’’ [4 ].
Cela signifie : Celui qui, lorsqu’il accomplit des œuvres, vise à ce que les gens entendent parler de lui, Allah fera en sorte que les gens entendent parler de lui et qu’ils voient ses œuvres. C’est la rétribution immédiate qu’il recevra de la part d’Allah. Il se peut au contraire qu’Allah fasse parler de lui en mal et que les gens voient de lui ce qu’il déteste[5]. De plus, le Prophète ﷺ nous informe que les premières personnes avec lesquelles le feu sera attisé sont un individu charitable, un récitateur et un combattant, car ils n’ont œuvré que par ostentation et dans le but d’être connu. C’est la raison pour laquelle leurs œuvres seront vaines et qu’ils ne seront pas rétribués[6].
Comment appliquer ce hadith
1. Prends pour modèle ton Prophète ﷺ dans sa manière d’enseigner aux gens. Il utilisa un style dissuadant et conseillant pour introduire ce qu’il allait dire, lorsqu’il dit : ‘‘ Ce que je crains le pluspour vous ’’, car ce style suscite l’attention et la concentration de l’auditoire. Celui qui prodigue des conseils gagnerait à recourir aux expressions qui créent du suspense et attirent l’attention.
2. L’associationnisme caché peut corrompre le cœur sans que l’être humain ne s’en aperçoive, car il n’y accorde pas ou peu d’importance. Il se peut qu’il commence sa prière, son évocation d’Allah ou sa lecture du Coran ou bien est sur le point de faire l’aumône puis voit des gens et veuille qu’ils voient son adoration ou entendent sa voix. S’il se fait violence et chasse de son cœur cette idée du mieux qu’il peut, cela n’a pas d’impact sur son œuvre. Si en revanche il suit cette idée et que son intention passe de l’accomplissement pour Allah à l’ostentation, alors son œuvre est invalidée. Scrute donc ton âme et habitue-là à avoir l’intention de n’accomplir ses actes d’adorations que pour Allah afin que cela devienne une attitude naturelle pour elle.
3. Talhah ibn Moussarrif – qu’Allah lui fasse miséricorde – était le récitateur de Koufa et lorsqu’il vit que beaucoup de gens se regroupaient autour de lui, il craignit de tomber dans l’ostentation. Il se rendit alors auprès d’Al-A’mach et lui fit une récitation. Les gens se regroupèrent alors autour d’Al- A’mach et délaissèrent Talha[7]. Il est probable qu’il ait agi ainsi afin de montrer aux gens le mérite d’Al-A’mach et qu’il ne soit pas le seul autour duquel ils se regroupent, de crainte de tomber dans l’ostentation. De plus, sa finalité fut d’être bénéfique aux gens où qu’ils soient.
4. Il arrive qu’un serviteur accomplisse des adorations en public sans avoir l’intention d’être ostentatoire, mais afin de proclamer les rites d’Allah et de faire revivre une Sunna que les gens ont abandonnée ou bien afin de donner aux gens un modèle à suivre. Tout cela n’est pas de l’ostentation, car l’ostentation c’est que, pour satisfaire son ego, le serviteur ne soit préoccupé que par le fait que les gens le voient et admirent sa supposée intention exclusive à Allah, son recueillement et son adoration.
5. L’une des manières de repousser l’ostentation est de se rappeler le statut éminent d’Allah, de s’en remettre sincèrement à Lui et de chercher refuge auprès de Lui contre l’ostentation. Le Prophète ﷺ mettait en garde ses Compagnons contre celle-ci et leur ordonnait de chercher refuge auprès d’Allah contre elle.
En effet, Abou Moussa Al-Ach’arî – qu’Allah a agréé – a dit :
‘‘ Un jour, le Prophète ﷺ nous fit un discours en disant : ‘‘ Ô gens, évitez cet associationnisme, car il est plus indécelable que les pas d’une fourmi ’’. Quelqu’un lui demanda alors : ‘‘ Comment pouvons-nous l’éviter alors qu’il est plus indécelable que les pas d’une fourmi, ô Messager d’Allah ? ’’. Il répondit : ‘‘ Dites : Ô Allah, nous cherchons refuge auprès de Toi contre le fait de T’associer quelque chose que nous connaissons et nous implorons Ton pardon pour ce que nous ne connaissons pas ’’[8].
6. Il arrive qu’un serviteur accomplisse un acte d’adoration en le dédiant exclusivement à Allah puis que les gens le voient, fassent son éloge et disent du bien de lui, puis qu’en réaction à cela il se réjouisse. Ceci ne diminue en rien son œuvre et n’est pas de l’ostentation dès lors que son acte n’a été accompli que pour Allah.
On rapporte qu’Abou Dharr – qu’Allah a agréé – a dit :
On demanda au Prophète ﷺ: ‘‘ Que dis-tu d’un homme qui accomplit une bonne œuvre et dont les gens disent du bien de lui suite à cela ? ’’. Il répondit : ‘‘ Ceci est le bon éloge qui lui est avancé dans ce bas monde ’’[9].
7.N’est pas de l’ostentation le fait qu’un être humain se motive à accomplir de bonnes œuvres, qu’il délaisse des actes de désobéissance par pudeur ou bien qu’il prenne des forces pour effectuer des actes d’obéissance en présence de gens vertueux, sans rechercher à ce qu’ils fassent son éloge. Ceci est un des avantages à fréquenter des gens vertueux.
8.Si l’ostentateur examinait son cas, il prendrait conscience que la plupart de ceux dont il cherche à attirer l’attention n’apprécient pas ses œuvres, qu’ils l’oublieront aussitôt ses œuvres achevées, qu’ils s’apercevront de son attitude ostentatoire et qu’ils finiront par le mépriser au lieu de l’admirer, ou bien qu’Allah le punira en dévoilant certains autres de ses méfaits. Il ne peut donc trouver le salut qu’en recherchant à satisfaire Allah.
9.Un poète a dit :
Celui qui cherche à satisfaire autre qu’Allah a certes perdu. Son attitude est en effet de l’hypocrisie et quelle pire hypocrisie que l’ostentation ?
Tu recevras l’équivalent de ce que tu as accompli et fourni, car la rétribution est équivalente à ce qui
est rétribué.
10. Un autre poète a dit :
Ô âme, n’oublie pas la grâce d’Allah. S’en rappeler est force et ne pas en être reconnaissant est
perdition. Les pas des moucherons sur la pierre dans l’obscurité ne sont pas moins décelables que l’ostentation ou l’associationnisme
Références
- Voir At-Tawhid d’Ibn Rajab (p.23) ainsi que le commentaire de Kachf ach-Choubouhate suivi du commentaire d’Al- Oussoul as-Sitta d’Ibn ‘Othaymine (p.115)
- . Voir Fath Dhî al-Jalâl wa al-Ikrâm bi-Charh Boulough al-Marâm d’Ibn ‘Othaymine (6/357)
- Moslim (2985) d’après Abou Hourayra – qu’Allah a agréé.
- Moslim (2986) d’après Ibn ‘Abbas – qu’Allah a agréés.
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawî (18/116) et comparer avec Fath al-Bârî d’Ibn Hajar(11/345)
- Moslim (1905) d’après Abou Hourayra – qu’Allah a agréé.
- Voir Sayd al-Khâtir d’Ibn al-Jawzî (p.292)
- Ahmad (19109)
- Moslim (2642).
L’hypocrisie fait partie des maladies les plus graves qui atteignent les individus et les groupes. C’est pourquoi l’Islam mit vigoureusement engarde contre elle et mit en évidence les attributs de l’hypocrite afin que le croyant les identifie et prémunsise son âme d’acquérir une part deses vices.
1.Le Prophète ﷺ expliqua à ses Compagnons qu’il ne convient pas qu’un musulman possède quatre attributs qui appartiennent aux hypocrites. Si ces attributs sont réunis chez un même homme, son hypocrisie est complète.
L’hypocrisie consiste à manifester le contraire de ce qu’on dissimule dans son for intérieur et est de deux types. Le premier type est l’hypocrisie ayant trait à la foi. Cela consiste à manifester que l’on est musulman tout en étant secrètement hypocrite. Ce type fait sortir son auteur de l’Islam.
Allah dit au sujet de ces d’hypocrites :
﴾Les hypocrites seront, certes, au plus bas fond du Feu, et tu ne leur trouveras jamais de secoureur, sauf ceux qui se repentent, s’amendent, s’attachent fermement à Allah, et Lui vouent une foi exclusive. Ceux-là seront avec les croyants. Et Allah donnera aux croyants une énorme récompense﴿
[Sourate An-Nissa : 145-146].
Le deuxième type d’hypocrisie, est l’hypocrisie ayant trait aux actes, comme le mensonge, et ne pas honorer ses engagements comme cela est dit dans ce hadith. Ce type d’hypocrisie ne fait pas sortir son auteur de l’Islam, mais fait acquérir une caractéristique de l’hypocrisie et celui qui en est pourvu ressemble aux hypocrites et est menacé de châtiment[1].
2.Il se peut que ces quatre caractéristiques ne soient pas réunies chez un même être humain, mais que celui-ci n’en possède qu’une seule. Son hypocrisie est alors proportionnelle aux caractéristiques hypocrites qu’il possède.
3.La première caractéristique est qu’il trahit lorsqu’on lui confie un dépôt. La trahison étant que quelqu’un dispose de manière illégitime, ce qui lui a été confié, comme lorsqu’il le vend, ne le restitue pas, le dégrade ou se montre négligent dans sa préservation. Le dépôt englobe tout ce qui est confié à l’être humain comme bien, honneur ou droit. Ceci peut aussi englober les lois religieuses qu’Allah nous confia en tant que dépôt afin que nous les mettions en pratique et que nous les enseignions aux gens. C’est pour cette raison qu’Allah qualifia le fait de contrevenir à Son Livre et à la Sounna de Son Messager,
de trahison lorsqu’Il dit :
﴾Ô vous qui croyez ! Ne trahissez pas Allah et le Messager. Ne trahissez pas sciemment la confiance qu’on a placée en vous ?﴿ .
[Sourate Al-Anfâl : 27][2]
4.La deuxième caractéristique est le mensonge. Allah ordonna d’être véridique et recommanda cette vertu lorsqu’Il dit :
﴾Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques﴿
[Sourate At- Tawba : 119].
Pour sa part, le Prophète ﷺ mit en garde contre les conséquences du mensonge lorsqu’il dit :
‘‘ Le mensonge mène à la perversion et la perversion mène au Feu. Un homme ne cesse de mentir jusqu’à ce qu’il soit écrit‘‘ auprès d’Allah qu’il est un menteur ’’[3].
Le Prophète ﷺ vit également en rêve un homme dont la mâchoire les narines et les yeux étaient étirées jusque derrière sa tête et lorsqu’il s’enquit à son sujet, on lui répondit : Un homme ment et son mensonge est transmis de lui jusqu’à ce qu’il atteigne les horizons[4].
5.Le troisième attribut est qu’il rompt ses engagements. Lorsqu’il convient d’un engagement ou qu’il conclut un contrat avec quelqu’un, il trahit celui-ci en rompant son engagement. Or Allah déclara illicite la déloyauté et la défendit dans plusieurs emplacements
de Son Livre. Il dit en effet :
﴾Soyez fidèles au pacte d’Allah après l’avoir contracté et ne violez pas vos serments après les avoir solennellement prêtés et avoir pris Allah comme garant [de votre bonne foi]. Vraiment Allah sait ce que vous faites !) [Sourate An-Nahl : 91]. Il dit également : ﴾ Et remplissez l’engagement, car on sera interrogé au sujet des engagements﴿ .
[Sourate Al-Isrâ` : 34]
6.La quatrième caractéristique est le fait que l’être humain dévie du vrai lorsqu’il se dispute, recourt à la ruse et essaie de prendre ce qui ne lui appartient pas, particulièrement lorsqu’il est éloquent et est doué dans l’argumentation.
Or Allah ordonna à Ses serviteurs d’être équitables en toute situation et leur défendit lors des disputes d’être injustes envers l’autre par animosité.
Allah dit :
﴾Ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété﴿
[Sourate Al-Ma’ida : 8].
Par ailleurs, le Prophète ﷺ lorsqu’il dit :
‘‘ Vous venez me soumettre vos différends et il se peut que l’un d’entre vous soit plus éloquent lorsqu’il défend sa cause, m’amenant à juger en sa faveur selon ce que j’entends de lui. Que celui à qui j’ai donné quelque chose revenant de droit à son prochain ne le prenne pas, car [s’il le prend] je lui donnerai pour cela une part de feu ’’[5].
Ces quatre caractéristiques regroupent les fondements de l’hypocrisie et il existe d’autres caractéristiques qui y sont inclues, comme manquer à sa promesse[6]. Les signes et les caractéristiques de l’hypocrisie sont donc nombreux et ils sont résumés dans ces quatre caractéristiques. Le musulman doit donc veiller à ce qu’aucune de ces caractéristiques ne se retrouve en lui.
Comment appliquer ce hadith :
1.Ce qui fait penser que la manière dont le Prophète ﷺ enseignait à ses Compagnons était parfaite, c’est qu’il leur rendait l’idée accessible. Il leur expliquait en recourant à plusieurs méthodes, parmi lesquelles l’utilisation des nombres. Ainsi, lorsque le musulman entend que les caractéristiques qui vont être mentionnées sont au nombre de quatre, il aspire à les écouter et à les mémoriser. Il convient donc que les savants et les prédicateurs recourent à de telles méthodes lorsqu’ils parlent et enseignent aux gens.
2.L’hypocrisie est le pire des vices. Chacun de ses aspects est mauvais et l’individu raisonnable yprend garde et ne se considère pas à l’abri de ce vice. Ibn Abi Moulayka – qui est un tabi’î – a dit :
’’ J’ai connu trente Compagnons du Prophète ﷺ et chacun d’eux craignait de devenir hypocrite. Aucun
d’eux ne prétendait avoir la foi de Gabriel et de Mickaël ’’[7].
3.Sois quelqu’un de responsable et fais attention aux dépôts qui te sont confiés, qu’ils proviennent de tes parents, de tes supérieurs hiérarchiques au travail ou de tes amis. Si tu as besoin d’écrire pour ne rien oublier, les concernant, alors fais-le. En effet, un homme vertueux écrivait tout dépôt qui lui était confié, même un calame ou un montant d’argent dérisoire confié par un enfant.
4.Restituer un dépôt est l’attribut des gens nobles. En effet, les polythéistes de La Mecque avaient donné au Prophète ﷺ avant l’Islam le surnom d’Al-Amîn (le Digne de Confiance). Cette vertu nécessite de la patience, de la précision et de la minutie. Aie donc ces qualités.
5.Habitue-toi à être véridique même dans ce qui est insignifiant, car la véracité est une habitude. Ne justifie pas ton mensonge par la plaisanterie, la taquinerie ou l’intérêt, car cela est injustifié. Un homme ne cesse de mentir jusqu’à en avoir l’habitude, au point de ne plus pouvoir s’en passer et d’être connu pour ses mensonges. Rappelle-toi que le mensonge est le pire des maux. Abou Sofiane, qu’Allah a agréé, voulut mentir sur le Prophète ﷺ lors de son échange avec Héraclius, mais il s’en abstint, et ce malgré le fait qu’il était mécréant à ce moment-là
6.Le Prophète ﷺ ordonna de remplir ses engagements même à l’égard des polythéistes combattants. Houdhayfa ibn al-Yamane et son père se rendirent auprès du Prophète ﷺ pendant la bataille de Badr et lui dirent que les polythéistes les capturèrent et leur dirent : Vous voulez rejoindre Mohammad afin de combattre à ses côtés. Ils répondirent : Non, nous ne voulons que nous rendre à Médine. Ils obtinrent alors d’eux l’engagement solennel qu’ils ne feront que se rendre à Médine sans combattre aux côtés du Prophète ﷺ. Le Prophète ﷺ leur dit alors : ‘‘ Partez, nous remplirons votre engagement avec eux et nous implorerons l’aide d’Allah contre eux ’’[8]. Il ne leur ordonna donc pas de combattre avec lui ses ennemis mécréants afin de respecter leur engagement.
7.L’individu déloyal ne doit pas se réjouir d’une victoire ou d’un acquis imaginaire remportés par le biais de sa déloyauté, car il subira un immense scandale.
Le Prophète ﷺ dit en effet :
‘‘ Chaque individu déloyal aura un étendard déployé le Jour de la Résurrection ’’[9].
Ainsi, même si le traître sait comment se tirer d’affaire et ne pas être démasqué devant un petit nombre de gens, commentéchapperait-il au scandale lorsqu’un étendard sera déployé pour faire connaître sa déloyauté à toutes les créatures.
8.Ne prends pas comme prétexte pour ta trahison, ton mensonge, ta déloyauté et ta perversité lorsque tu te disputes, le fait que les autres font de même, même si tu ne fais que rendre la pareille à quelqu’un qui a mal agi envers toi. En effet, le musulman suit l’ordre d’Allah et non sa passion
et le Prophète ﷺ a dit :
‘‘ Restitue le dépôt à celui qui te l’a confié et ne trahis pas celui qui t’a trahi ’’ [10].
9.Un poète a dit
:Délaisse les vices des gens qui n’ont aucune vertu et adopte les vertus des gens de mérite et de
bienséance.
Si tu es incité à être déloyal ou si on t’ordonne cela, fuis cela pour toujours.
10.Un autre poète a dit :
La véracité est appréciée par le noble dont on espère du bien, alors que le mensonge est apprécié par le vil dont on désespère de tout bien.
Délaisse le menteur et n’en fais pas un compagnon, car le menteur est le pire compagnon qui soit.
Références
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawî (2/47)
- Voir Al-Adab an-Nabawî de Mohammad ‘Abd al-‘Azîz Al-Khoulî (p.18)
- . Al-Boukhari (6094) et Moslim (2607) d’après Ibn Mas’oud, qu’Allah a agréé
- Al-Boukhari (6096) d’après Samoura ibn Joundoub, qu’Allah a agréé
- . Al-Boukhari (2680) et Moslim (1713) d’après Oum Salama – qu’Allah a agréée
- . Al-Boukhari (33) et Moslim (59) d’après Abou Hourayra – qu’Allah a agréé
- Al-Boukhari dans le livre de la foi, chapitre : la crainte du croyant que ses œuvres soient rendues vaines sans qu’il ne s’en aperçoive
- Moslim (1787) d’après Ibn Mas’oud – qu’Allah a agréée.
- Al-Boukhari (3188) et Moslim (1735)
- Abou Dawoud (3534).
Ce hadith fait partie des hadiths les plus importants de la religion à partir duquel beaucoup de jugements et de règles générales sont déduits. C’est pourquoi l’imam Ahmad – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : ‘‘ Les fondements sont les trois hadiths suivants : le hadith où le Prophète dit : ‘‘ Certes, les actes [d’adoration] son t accomplis avec des intentions ’’, celui où le Prophète dit :
‘‘ Celui qui innove dans notre affaire-ci (la religion) une chose qui n’en fait pas partie, son acte se verra être rejeté ’’ et celui où le Prophète dit : ‘‘ Ce qui est licite est clair et ce qui est illicite est clair [1].
Dans ce hadith, le Prophète ﷺ affirme que la conformité est une condition d’acceptation des œuvres. Ainsi, celui qui apporte quelque chose de nouveau qui n’a pas d’origine dans la religion d’Allah et la Sounna du Messager d’Allah ﷺ, cette chose est refusée à son auteur qui n’obtient ni récompense ni rétribution. Il commet plutôt un péché en contrevenant à la guidée du Prophète ﷺ.
L’innovation consiste à apporter quelque chose de nouveau non appuyé par une preuve issue des textes, que cette chose concerne la croyance – comme nier la prédestination et croire que les morts peuvent être utiles – ou les œuvres, c’est-à-dire adorer Allah d’une manière avec laquelle le Prophète ﷺ n’adorait pas Allah – comme fêter le Mawlid, inventer des évocations et des invocations qui n’ont pas d’origines dans le Livre ni dans la Sounna, ou spécifier certaines nuits par des œuvres, comme veiller la nuit du quinzième jour du mois de Cha’bane et autres choses encore dont la cause est l’ignorance, le suivi des passions, l’imitation des non-musulmans et le fait d’accorder une priorité à la raison au détriment de la religion.
D’ailleurs Allah avertit contre le suivi des passions et
l’innovation en religion lorsqu’Il dit :
﴾Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront un énorme châtiment﴿
[Sourate Al-’Imrane : 105]
. Qatada – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : ‘‘ Ceux qui se sont divisés et se sont mis à se disputer sont les innovateurs ’’. Pour sa part, Ibn ‘Abbass – qu’Allah a agréé – a dit : ‘‘ Les visages des gens de la Sounna seront blanchis et les visages des gens de l’innovation seront noircis ’’[2].
Allah reprocha également aux polythéistes de déclarer licites ou illicites des choses sans ordre venant de Lui
Il dit ainsi :
. ﴾ Que dites-vous de ce qu’Allah a fait descendre pour vous comme subsistance et dont vous avez alors fait des choses licites et des choses interdites ? - Dis : ‘‘ Est-ce Allah qui vous l’a permis ? Ou bien forgez-vous (des mensonges) contre Allah ? ’’﴿ .
[Sourate Younous : 59]
Quant au Messager d’Allah ﷺ, il disait dans les introductions de ses discours : ‘‘ La meilleure guidée est celle de Mohammed, les pires des choses sont celles qui sont innovées et toute innovation est un égarement ’’[3].
Le Prophète ﷺ fit également la recommandation suivante :
‘‘ Conformez-vous à ma Sounna et celle des califes sages et biens guidés, attachez-vous à elle et cramponnez-vous-y en y mordant avec vos molaires. Et prenez garde aux choses inventées, car toute invention est une innovation et toute innovation est un égarement ’’[4].
Le Prophète ﷺ n’a averti contre l’innovation en religion que parce que l’anéantissement des peuples anciens fut causé par cela. Ainsi, les juifs et les chrétiens changèrent la religion, prétendirent que ‘Ouzayr et le Messie sont des fils d’Allah et dirent : Nous sommes les fils d’Allah et Ses bien-aimés. De plus, ils altérèrent la Torah et l’Évangile, délaissèrent l’application des peines et rusèrent afin de contourner les contraintes de la religion.
Ce hadith réfute donc ceux qui prétendent que certaines innovations sont bonnes, car le Prophète ﷺ jugea que toute œuvre [d’adoration] innovée est rejetée et ceci inclut toutes les innovations et les œuvres inventées. Quant aux paroles de ‘Omar -qu’Allah à agréé - : ‘‘ Quelle bonne innovation que celle-ci ’’ dites lorsqu’il rassembla les gens pour la prière de la nuit du mois de Ramadan, derrière un imam qui était Obayy Ibn Ka’b -qu’Allah à agréé -[5], il utilisa ce mot dans son acception linguistique et non religieuse, puisque ce mot désigne toute chose nouvelle, qu’elle soit religieuse ou non. Pour ce qui est de ‘Omar, il n’inventa rien puisque le Prophète ﷺ dirigea quelque temps cette prière puis cessa de le faire de crainte que les musulmans ne considèrent que celle-ci est une prière obligatoire. Lorsque le Prophète ﷺ est mort et que la révélation cessa, ce que craignait le Prophète ﷺ cessa d’être. Cette action de ‘Omar fut donc au contraire un suivi de la Sounna du Prophète ﷺ [6].
Le fait que le Prophète ﷺ est lié spécifiquement l’innovation à « notre affaire-ci », c’est-à-dire la religion, démontre que l’innovation et l’invention dans ce qui fait partie de ce bas monde ne sont ni répréhensibles ni défendues. En effet, inventer des machines et les développer est quelque chose de louable qui facilite la vie aux gens.
Comment appliquer ce hadith :
1.Ce hadith est un des fondements éminents de l’Islam et est telle une balance qui évalue l’apparence des œuvres, tout comme le hadith où le Prophète ﷺ dit ‘‘ Certes, les actes [d’adoration] sont accomplis avec des intentions ’’ est telle une balance qui évalue le contenu des œuvres. De la même façon que toute œuvre par laquelle on ne recherche pas à satisfaire Allah n’apporte pas de récompense à son auteur, toute œuvre qui ne découle pas d’un ordre d’Allah et de Son Messager est refusée à son auteur et tout ce qui a été inventé en religion sans la permission d’Allah et de Son Messager ne fait en rien partie de la religion[7]. Le musulman doit donc adopter ces deux hadiths comme critères de validité de tous ses actes. Il doit examiner leur apparence et déterminer si elle est conforme à la religion et leur contenu pour déterminer s’il a recherché à satisfaire Allah ou non ?
2.Il y a dans ce hadith une indication que les œuvres des gens doivent être évaluées à l’aune des critères de jugement de la Législation ainsi que des obligations et interdits qu’elle contient. Ainsi, celui dont les œuvres sont conformes aux jugements de la religion verra ses œuvres être acceptées, et celui dont les œuvres sont non conformes aux jugements de la religion verra ses œuvres être rejetées[8].
3.par passion, car la religion est le Livre d’Allah et la Sounna du Prophète ﷺ.
Le musulman ne doit pas soumettre la religion à sa raison ni déclarer quelque chose licite ou illiciet
4.Faire revivre la Sounna est un immense acte d’obéissance qui fait mériter au musulman que les rétributions de tous ceux qui ont pris exemple sur lui, soient ajoutées à la sienne. À l’inverse, l’innovation en religion et appeler les gens à adopter des innovations, est un péché capital qui fait mériter à son auteur une punition multipliée qui est celle de tous ceux qui l’ont pris pour exemple.
En effet, on rapporte d’Abou Hourayra – qu’Allah a agréé - que le Messager d’Allah ﷺ a dit :
‘‘ Celui qui appelle à une guidée, obtient une rétribution égale aux rétributions de ceux qui l’ont suivi, sans que rien ne soit enlevé aux leurs. Celui qui appelle à un égarement, obtient un châtiment égal aux châtiments de ceux qui l’ont suivi, sans que rien ne soit enlevé aux leurs ’’[9].
5.Al-Foudayl – qu’Allah lui fasse miséricorde –
dit au sujet des paroles d’Allah :
﴾Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre﴿
[Sourate Al-Moulk : 2]
: ’’ Il s’agit des meilleures œuvres, des plus belles, des plus exclusives et des plus correctes ’’. Il dit également : ‘‘ Si l’œuvre est exclusive, mais non correcte, elle n’est pas acceptée, et si elle est correcte, mais non exclusive elle n’est pas acceptée non plus. Il faut qu’elle soit correcte et exclusive ’’. Il dit aussi : ‘‘ L’œuvre est exclusive si elle est adressée à Allah et elle est correcte si elle est conforme à la Sounna ’’[10].
6.Il n’y a pas de problématique en religion qui n’ait de fondement ni dans le Coran ni dans la Sounna sur lequel on peut procéder par analogie et dont on déduit le jugement convenant à cette problématique. Il est donc obligatoire de questionner les gens de science et ne rien innover dans la religion. ‘Abd Allah Ibn Mas’oud – qu’Allah a agréé – a dit : ‘‘ Conformez-vous et n’innovez pas, car ce que vous avez vous suffit. Toute invention [religieuse] est une innovation et toute innovation est un égarement ’’[11].
7.Les prédécesseurs étaient ceux qui veillaient le plus à se conformer à la Sounna du Prophète ﷺ et de ses Compagnons. Ibrahim An-Nakha’i – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : ‘‘ S’il me parvenait à leur sujet qu’ils ne lavaient pas un ongle lorsqu’ils accomplissaient leurs ablutions, je ne le laverais pas non plus. Il suffit comme péché celles des Compagnons du Prophète ﷺ ’’[12].
8.‘Omar Ibn ‘Abd Al-‘Aziz – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : ‘‘ Arrête-toi là où se sont arrêtés ces gens-là. Dis ce qu’ils ont dit et tais-toi là où ils se sont tus, car ils se sont arrêtés en étant éclairés
par la science, ils ont renoncé à certaines choses par clairvoyance, alors qu’ils étaient plus à même
[que nous] de les découvrir et ils avaient plus de mérite à le faire si cela avait été requis ’’[13].
9.Il n’y a aucun autre moyen d’échapper aux troubles que de rester fidèle au Livre d’Allah et à la Sounna de Son Messager. En effet, celui qui s’attache au Livre d’Allah, celui-ci lui suffira, le guidera et le préservera. La Sounna de Son Prophète ﷺ sera une lumière sur son chemin lorsque les ténèbres des troubles envelopperont la communauté.
On rapporte que le Prophète ﷺ a dit :
‘‘ Vous verrez après moi beaucoup de désaccords. Conformez-vous à ma Sounna et celle des califes sages et biens guidés, attachez-vous à elle et cramponnez-vous-y en y mordant avec vos molaires. Et prenez garde aux choses inventées, car toute invention est une innovation et toute innovation est un égarement ’’[14].
10.Un poète a dit :
Les gens vivent alors que le Trompeur les mène vers l’égarement en leur faisant commettre
turpitude et corruption.
Les rusés les mènent par leur stratagème pour les détourner de la voie de la sagesse.
Ils ne sont pas à court de moyens pour attiser leurs passions, malgré la résistance à laquelle ils font face.
Ils incitent les âmes à la tromperie et au mal et exagèrent dans l’égarement et la corruption.
Références
- Voir Jami’ Al -’Ouloum Wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/71, 72).
- Voir Al-I’tissame (1/75)
- Moslim (867)
- . Abou Dawoud (4607), At-Tirmidhi (2676) et Ibn Maja (42).
- Al-Boukhari (2010)
- Voir Jami’ Al-’Ouloum Wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/128).
- Voir Jami’ Al-’Ouloum Wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/176).
- Voir Jami’ Al-’Ouloum Wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/177).
- Moslim (2674)
- Voir Jami’ Al-’Ouloum Wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/71, 72).
- Voir I’lame Al-Mouwaqqi’ine ‘Ane Rabb Al-‘Alamine d’Ibn Al-Qayyim (4/115).
- Voir I’lame Al-Mouwaqqi’ine ‘Ane Rabb Al-‘Alamine d’Ibn Al-Qayyim (4/115).
- Voir I’lame Al-Mouwaqqi’ine ‘Ane Rabb Al-‘Alamine d’Ibn Al-Qayyim (4/115)
- Abou Dawoud (4607), At-Tirmidhi (2676) et Ibn Maja (42).
1.Le Prophète ﷺ affirme que la religion musulmane droite se distingue par la simplicité et la facilité de ses exigences. Elle n’exige donc pas des êtres humain,sce qui est au-dessus de leur force ni ne comporte les exigences pénibles des précédentes législations. En effet, lorsqu’uinsraélite commettait un péché, son repentir n’était accepté que s’il était tué et lorsqu’une solluuire entachait son vêtement, il ne redevenait pur que s’il coupait la partie atteinte par la souillure. C’est pourquoi Allah dit lorsqu’Il
décrivit le Prophète ﷺ :
﴾et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux.﴿
[Sourate Al-A’raf : 157]
L’une des autres manifestations de la facilité de l’Islam est qu’il fit en sorte que les exigences ne sont à observer qu’à condition qu’on en ait la capacité.
Le Prophète ﷺ dit en effet :
‘‘ Ce que je vous ai défendu abstenez-vous-en, et ce que je vous ai ordonné de faire faites-en ce que vous pouvez ’’[1].
Ainsi, l’aumône légale n’est pas obligatoire pour le pauvre nécessiteux, mais plutôt pour le riche qui possède le seuil de richesse demandé. Le pèlerinage n’est obligatoire qu’à condition d’en avoir la capacité financière et physique et de pouvoir voyager. Il en est de même pour la prière : celui qui ne peut prier debout, prie assis, allongé ou dans la position qu’il peut. Le voyageur et le malade qui espèrent guérir ne jeûnent pas puis rattrapent les jours de jeûne non jeûnés, et le malade incurable ne jeûne pas et nourrit un pauvre pour chaque jour de jeûne non jeûné. La même règle vaut pour toutes les autres exigences de la religion. L’une des autres manifestations de la facilité de l’Islam est qu’il accorde des dispenses à ceux qui ont des excuses, comme la prière de la peur pour ceux qui sont en guerre, le raccourcissement et la réunion des prières pour le voyageur, l’essuyage des chaussons [en cuir] pour celui qui séjourne un jour et une nuit chez lui ou pour le voyageur trois jours et trois nuits, etc.[2]
2. Personne n’applique de manière extrême les jugements de la religion, en s’abstenant d’être indulgent et en s’imposant des choses qui sont au-dessus de ses forces, sans qu’il n’ait plus la force de continuer ainsi et qu’il ne cesse. En effet, quoiqu’il essaie de résister et que sa force l’aide à respecter ce qu’il s’est imposé, il finira, par épuisement, par se lasser et par retourner à la facilité. Ainsi, la meilleure guidée est celle du Prophète ﷺ qui, lorsqu’on lui rapporta que ‘Abd Allah Ibn ‘Amr Ibn Al-‘Ass – qu’Allah a agréé – avait dit : ‘‘ Je veillerai certainement la nuit pour prier et je jeûnerai le jour aussi longtemps que je vivrai ’’, il défendit à ‘Abd Allah de faire cela et lui ordonna de jeûner trois jours de chaque mois et de veiller et de dormir la nuit. Mais ‘Abd Allah, pensant qu’il était fort et qu’il avait la capacité d’en faire plus, refusa et le Prophète ﷺ lui dit : ‘‘ Jeûne un jour et mange les deux jours suivants ’’. ‘Abd Allah dit : ‘‘ J’ai la capacité de faire plus que cela ’’. Le Prophète ﷺ lui dit alors : ‘‘ Jeûne un jour et mange le jour suivant ’’. Après avoir vieilli et être devenu incapable de jeûner aussi souvent, ‘Abd Allah Ibn ‘Amr dit : ‘‘ Rien en dehors de ma famille et mes biens n’aurait eu plus de valeur que d’avoir accepté les trois jours dont m’a parlé le Messager d’Allah ﷺ ‘‘[3]. Ceci, car il détestait changer quelque chose qu’il faisait du vivant du Prophète ﷺ.
3.Il est nécessaire de rechercher la pertinence lorsqu’on œuvre, ce qui signifie être entre l’excès et l’insuffisance, et de tenter de l’approcher, ce qui signifie que si on ne peut atteindre complètement ce qui est requis on s’efforce d’atteindre ce qui s’en rapproche le plus[4].Ceci est un ordre du Prophète ﷺ d’être mesuré et modéré dans l’adoration sans tomber dans l’excès ou dans l’insuffisance. Si l’être humain n’est pas capable d’accomplir les meilleures adorations surérogatoires et actes d’obéissance, qu’il accomplisse ce qui est proche du meilleur, car on ne doit pas s’abstenir de faire en grande partie ce qu’on ne peut faire en totalité[5].
4.Puis le Prophète ﷺ annonça la bonne nouvelle afin de réjouir les membres de sa communauté : même lorsqu’ils ne sont pas capables d’accomplir une adoration de manière parfaite, Allah leur réserve une rétribution immense sans que rien n’en soit diminué.
5.Comme le Prophète ﷺ sait que les gens n’ont pas la force d’être constamment en adoration, il leur recommanda de tirer profit des moments où ils sont actifs afin d’adorer Allah et s’efforcer de lui obéir. Ces moments sont le début et la fin du jour. Par ailleurs, il les incita à adorer Allah au meilleur moment et le plus cher qui est la fin de la nuit[6].
Comment appliquer ce hadith :
- (1) Le Prophète ﷺ utilisa le mot « certes » pour insister et donner du poids à ses paroles. Ceci fait partie des figures de style utilisées par les orateurs que les prédicateurs doivent utiliser.
- (1) Si l’être réfléchissait aux exigences religieuses et qu’il y constatait la simplicité et la facilité qu’elles comportent ainsi que les dispenses et la facilitation accordées aux malades et aux impotents, il s’apercevrait de la miséricorde et de la sollicitude d’Allah envers Ses serviteurs. Il se mettrait alors à plus L’aimer et à plus s’efforcer de Le satisfaire en accomplissant plus d’actes d’obéissances.
- (2) Ce hadith démontre que renoncer aux dispenses dans des situations où elles sont nécessaires est de l’entêtement et mène à la perte. Ainsi, lorsque le serviteur nécessite de recourir à une dispense, la bonne décision conforme à la Sounna est qu’il y recourt et qu’il ne s’impose pas la rigueur. Par exemple, lorsqu’il est difficile pour un voyageur de jeûner, qu’il mange. Lorsqu’il est pénible pour un malade de prier debout, qu’il s’assoie. Lorsqu’un serviteur est poussé par la pauvreté et la faim à manger la chair d’une bête morte ou autre, qu’il se maintienne en vie en en mangeant et qu’il ne provoque pas sa propre destruction[7].
- (2) Il n’est pas permis à l’être humain d’être extrême dans la religion d’Allah et qu’il s’impose des choses qu’Allah ne lui a pas imposées. En effet, être extrême dans les actes d’adoration est de l’entêtement.
- (2) Ce hadith ne signifie pas que celui qui s’efforce d’accomplir plus d’actes d’obéissance est fautif.
- (2) Se conformer à la Sounna du Prophète ﷺ est meilleur que d’y ajouter des choses. Jeûner et manger, veiller pour prier et dormir sont donc meilleurs que jeûner tous les jours et veiller toutes les nuits. C’est pourquoi le Prophète ﷺ dit au groupe d’hommes qui ont considéré que l’adoration du Prophète ﷺ était peu abondante et ont voulu accomplir plus d’adorations que cela :
‘‘ Par Allah, je suis celui parmi vous qui craint et redoute le plus Allah, mais je jeûne et je mange, je prie et je dors et‘‘ j’épouse des femmes. Quiconque rejette ma Sounna ne fait pas partie des miens ’’[8].
- (2) Il y a dans ce hadith la preuve que ce qui est prescrit, c’est d’accomplir des adorations avec modération, car s’épuiser et s’imposer des choses trop contraignantes conduit à tout laisser tomber. Or la religion est facilité et personne n'est extrême dans la religion sans qu'elle ne prenne le dessus sur lui. La pure Législation est, en effet, bâtie sur la facilité et la préoccupation de ne pas rebuter les gens[9].
- (2) Il est plus indiqué à celui qui œuvre de ne pas s’épuiser à faire ce qui est au-dessus de ses forces, ce qui lui épargnera d’échouer et de se décourager d’accomplir des actes d’obéissance. Il doit plutôt œuvrer avec mesure afin que ses œuvres durent et ne cessent pas. D’ailleurs
le Prophète ﷺ dit dans un hadith :
‘‘ Les œuvres les plus aimées par Allah sont celles qui durent, même si elles [10]sont modestes ’’
- (3) Ce qui est requis du serviteur est qu’il fournisse des efforts dans l’obéissance à Allah et qu’il s’efforce de rechercher la pertinence dans la mesure du possible. Il doit ainsi s’efforcer à ce que le recueillement soit complet dans sa prière, de réaliser son travail comme il se doit, de comprendre ses leçons et tout le programme de ses études, de s’éloigner de tous les actes de désobéissance et de faire tout ce qui lui a été ordonné. Si après tous ses efforts il réalise la quasi-totalité de ces choses, alors il a bien agi et est rétribué.
- (3) La Sounna est le juste milieu entre deux opposés : l’excès et l’insuffisance. L’être humain ne doit donc pas être extrême dans les adorations ni les négliger et se laisser aller à délaisser ce qui est ordonné et à faire de qui est défendu.
- (4) Fait partie de la Sounna le fait que le prédicateur et le savant réjouissent le serviteur en lui annonçant la grâce et la récompense qu’Allah lui réserve pour son obéissance et qu’il ne le fasse pas désespérer de la miséricorde d’Allah.
- (5) L’être humain doit choisir les moments où il est actif pour adorer Allah et Lui obéir. S’il ressent en lui de la paresse ou de la démotivation, qu’il dorme et qu’il se repose puis qu’il se remette à œuvrer une fois en possession de ses forces. Ceci vaut aussi bien pour les adorations et les actes d’obéissance que les travaux de ce bas monde, l’étude de la science, etc.
13.(5) Il convient de répartir les œuvres tout au long de la journée de manière à obéir un peu à Allah à tout instant au lieu de regrouper tous les actes d’obéissance et les œuvres en une seule heure et d’épuiser l’âme et le corps.
14.(5) L’une des manifestations de la miséricorde d’Allah à notre égard est qu’Il ne nous a pas imposé de veiller la nuit pour prier, ni ne nous a appelés à veiller et prier la plus grande partie de la nuit. Le Prophète ﷺ a plutôt dit : ‘‘ et un moment de la fin de la nuit ’’ afin de rendre l’œuvre de la nuit légère et moins pénible. Sinon, il aurait dit : ‘‘ et la fin de la nuit ’’[11].
15.On rapporte de ‘A’icha – qu’Allah a agréée – que le Prophète ﷺ avait une natte sur laquelle il priait la nuit et sur laquelle il s’asseyait le jour. Les gens qui allaient chez le Prophète ﷺ se mirent alors à prier comme lui et leur nombre s’accrut.
Le Prophète ﷺ vint alors à eux et dit :
‘‘ Ô gens, prenez parmi les œuvres, celles que vous avez la capacité d’accomplir, car Allah ne se lasse pas avant que vous ne vous lassiez. De plus, les œuvres les plus aimées par Allah sont celles qui perdurent fussent- elles modestes ’’[12].
16.Le Prophète ﷺ entra un jour et il vit une corde tendue entre deux piliers.
Il demanda
‘‘ Qu’est-ce que cette corde ? ’’. On lui répondit : ‘‘ C’est la corde de Zaynab à laquelle elle se tient lorsqu’elle est fatiguée ’’. Le Prophète ﷺ dit alors : ‘‘ Non, défaites-la. Que l’un de vous prie tant qu’il en a la force, et qu’il s’assoie s’il se fatigue ’’[13].
Références
- Moslim (1337)
- Voir Manar Al-Qari Fi Moukhtassar Sahih Al-Boukhari de Hamzah Mohammed Qassim (1/121, 122)
- Al-Boukhari (1131) et Moslim (1159)
- Voir Fath Al-Bari d’Ibn Hajar (1/95)
- Voir Manar Al-Qari Fi Moukhtassar Sahih Al-Boukhari de Hamzah Mohammed Qassim (1/123)
- Voir Fath Al-Bari d’Ibn Hajar (1/95)
- Voir Fath Al-Bari d’Ibn Hajar (1/94, 95)
- Al-Boukhari (5063) et Moslim (1401) d’après Anas, qu’AllAh a agréé
- Voir Nayl Al-Awtar d’Ach-Chawkani (6/123).
- Al-Boukhari (6464) et Moslim (783) d’après la Mère des Croyants ‘A’icha – qu’Allah a agréée
- Voir At-Tawdih Li-Charh Al-Jami’ As-Sahih d’Ibn Al-Moulaqqine (3/87)
- ( Al-Boukhari (5861) et Moslim (782
- Al-Boukhari (1150) et Moslim (784) d’après Anas – qu’Allah a agréé.
1.Un Bédouin venant du plateau du Nedjd – qui s’étend du Hedjaz à l’ouest jusqu’à Al-Yamama à l’est et où sont situées les régions de Riyad, Al-Qassim et Al-Aflaj[1]– vint auprès du Prophète ﷺ qui était assis avec ses Compagnons. Ce Bédouin avait les cheveux ébouriffés et son apparence était négligée.Il hurlait de loin et parlait à voix haute qui, déformée par l’écho, n’était pas compréhensible. Lorsqu’il s’approcha de l’assemblée, ils comprirent ses paroles et ils surent qu’il questionnait sur les préceptes de l’Islam[2].
2.Le Prophète ﷺ l’informa de l’obligation de la prière qui est le deuxième pilier de l’Islam après les deux attestations de foi, et affirma qu’il doit accomplir [quotidiennement] cinq prières en tout de jour et de nuit. Ces prières sont : celle de l’aube, celle de midi, celle de l’après-midi, celle du coucher du soleil et celle du soir. Le Bédouin lui demanda ensuite : Dois-je accomplir d’autres prières [que les prières obligatoires] si j’accomplis celles-ci en m’acquittant de tous leurs piliers, leurs obligations et leurs positions ? Le Prophète ﷺ lui répondit qu’il n’a pas à accomplir des prières autres que celles-là, sauf si surérogatoirement, il désire accomplir des prières qui sont recommandées d’effectuer.
Surérogatoirement signifie que le serviteur se rapproche d’Allah en accomplissant des adorations qu’Il ne lui a pas imposées dans le but d’améliorer sa situation le Jour de la Résurrection. Il s’agit donc d’œuvres encouragées. Celui qui les accomplit est récompensé et celui qui les délaisse n’est pas puni[3].
3.Le Prophète ﷺ mentionna ensuite le jeûne [du mois de Ramadan] qui est le quatrième pilier de l’Islam. Il consiste à s’abstenir de manger, de boire et de tout ce qui rompt le jeûne depuis le moment de l’aube authentique jusqu’au coucher du soleil, en ayant eu préalablement l’intention et en mettant en dépôt sa rétribution auprès d’Allah [4]. Le Bédouin demanda au Prophète ﷺ : Dois-je effectuer d’autres jeûnes que celui de ce mois ? Le Prophète ﷺ lui répondit aussi qu’il n’a pas à effectuer d’autres jeûnes que celui du mois de Ramadan, sauf si surérogatoirement, il désire jeûner des jours qu’il est recommandé de jeûner.
4.Puis le Prophète ﷺ lui parla de l’aumône légale [la Zakat] qui est le troisième pilier de l’Islam après les deux attestations de foi et la prière. Il l’informa donc qu’elle est obligatoire et il lui exposa les jugements qui sont en rapport avec elle.
L’aumône légale [la Zakat] consiste à adorer Allah en prélevant une part obligatoire décrétée par la religion, d’un bien déterminé en faveur d’une catégorie de personnes ou d’une institution déterminées[5]. L’aumône légale est appelée zakat, car elle purifie (du verbe zaka/yazkou) l’âme des péchés.
Allah dit :
﴾Prélève de leurs biens une aumône par laquelle tu les purifies et les bénis ﴿
[Sourate At-Tawba : 103].
Puis l’homme demanda au Prophète ﷺ : Dois-je prélever de mes biens une autre aumône que cette aumône obligatoire [Zakat] ? Le Prophète ﷺ répondit : Non, sauf si surérogatoirement, tu désires donner de tes biens au profit de bonnes œuvres.
5.L’homme s’en alla alors en disant : « Par Allah, je n’ajouterai rien à cela ni n’en diminuerai rien ». Cela signifie qu’il accomplira toutes ces adorations comme il se doit sans rien en ajouter ni rien en diminuer, comme lorsque tu dis à quelqu’un qui te confie un travail : Je n’y ajouterai rien et je n’en diminuerai rien.
Cet homme ne voulait pas dire qu’il se contentera de ces adorations et qu’il négligera les autres préceptes que le Prophète ﷺ pas mentionnés ici, comme baisser le regard, préserver ses parties intimes, restituer les dépôts, être véridique dans son discours, etc. En effet, ceci est répréhensible et il ne lui est pas permis de le dire. De plus, le Prophète ﷺ n’aurait pas approuvé une telle chose. Cet
homme a plutôt interrogé le Prophète ﷺ au sujet des œuvres et des obligations qui le font entrer au
Paradis, voilà pourquoi le Prophète ﷺ ne l’a pas informé des choses défendues et du reste.
Par ailleurs, celui qui se conforme à ce point à ce qui lui a été ordonné s’empresse d’obéir à un autre ordre provenant d’Allah ou de Son Messager et ne s’en abstient pas, qu’il s’agisse d’une obligation ou d’une Sounna[6].
6.Le Prophète ﷺ nous informe ensuite que si cet homme réalise cela et dit vrai, il a alors réussi et réalisé tout ce qui est bien.
Le Prophète ﷺ ne mentionna pas les deux attestations de foi, car il savait qu’il les connaissait ou bien parce que cet homme n’est venu que pour se renseigner sur les actes que l’on pratique dans l’Islam. De même, il ne lui parla pas du pèlerinage, peut-être parce qu’il n’était pas encore obligatoire à ce moment-là, ou parce que cet homme n’était pas concerné par cette obligation, ou encore parce que le Prophète ﷺ le mentionna, mais par souci de concision le narrateur ne le mentionna pas[7].
Comment appliquer ce hadith :
- (1) Le Prophète ﷺ patienta fasse à la rudesse du Bédouin et son haussement de voix. Ceci montre au prédicateur, à l’enseignant et à l’éducateur qu’il convient d’être patient et de supporter les peines de la prédication, car il pourrait faire face à une opposition forte et à des persécutions. Il doit donc être patient et endurant et prendre exemple sur le Prophète ﷺ.
- (1) Le prédicateur, le détenteur de l’autorité, le savant et l’éducateur doivent tenir compte des différences intellectuelles entre les gens. Ils ne doivent donc pas se comporter de la même manière à l’égard de tous les gens. Ainsi, le Prophète ﷺ ne reprocha pas au Bédouin d’avoir élevé la voix et ne lui demanda pas de comptes.
- (2) L’homme demanda avec insistance au Prophète ﷺ de lui apprendre ce qui lui est bénéfique sans éprouver de pudeur à son égard. À chaque fois qu’il l’informait d’une obligation, il lui demandait s’il devait faire plus que cela. Il convient donc que l’être humain s’efforce d’acquérir la science et la pudeur ou l’orgueil ne doivent pas l’empêcher de poser des questions.
- (2) Ce hadith indique que lorsqu’un serviteur s’acquitte des obligations seules de la manière qui satisfait le Créateur, alors il fait partie de ceux qui seront sauvés le Jour de la Résurrection même s’il délaisse les adorations surérogatoires. En effet, Allah dit que le serviteur ne se rapproche pas de Lui avec quelque chose qui lui est plus cher que ce qu'Il lui a rendu obligatoire [et lui a imposé]. Cependant, délaisser les adorations surérogatoires fait manquer une immense part de bien au serviteur. S’il a réussi et qu’il est sauvé par le simple fait de s’être acquitté des obligations, il ne fait aucun doute qu’accomplir des adorations surérogatoires, confirme sa réussite, augmente ses degrés et élève son rang.
- (2) Les prières surérogatoires sont nombreuses, les plus importantes et celles dont le rang est le plus élevé, sont les prières continuelles qui sont associées aux prières obligatoires. Ce sont les deux unités de prière avant la prière de l’aube, les quatre unités de prière avant la prière de midi et les deux unités après, les deux unités de prière après la prière du coucher du soleil et les deux unités de prière après la prière du soir. Parmi les autres prières surérogatoires, il y a la prière du matin, la prière de la nuit, le witr et d’autres au sujet desquelles Allah dit dans un hadith qoudsi :
Le Prophète ﷺ a dit :
‘‘ Celui qui accomplit douze unités de prière [quotidienne] de jour et de nuit, on lui construit avec ces unités de prière une maison au Paradis ’’[8].
‘‘ Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de moi par des adorations surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime et lorsque Je l’aime, Je deviens son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il se saisit de choses et son pied avec lequel il marche. Lorsqu’il Me sollicite, Je lui donne, et lorsqu’il cherche refuge auprès de Moi Je lui donne refuge ’’[9].
- (3) Le jeûne surérogatoire fait partie des meilleures adorations volontaires et Allah rétribue cet acte généreusement. Ainsi, le jeûne du jour de ‘Arafa expie les péchés de l’année précédente et de l’année
suivante[10], le jeûne du jour de ‘Achoura’ expie les péchés de l’année précédente[11], et le fait de jeûner six jours au mois de Chawwal qui suit le mois de Ramadan revient à avoir jeûné l’année entière[12].
7.(4) Le Prophète ﷺ mentionna l’aumône légale, car s’en acquitter est une preuve de la foi du serviteur, car seul un croyant prélève de bon cœur cette aumône légale [Zakat] de ses biens. La raison est que les âmes chérissent leurs biens et s’en montrent avares. Dès lors qu’elles acceptent d’en céder une partie pour Allah – exalté soit-Il –, elles démontrent alors la validité de leur foi en Allah, en Sa promesse et en Sa menace. Le serviteur doit donc mettre à l’épreuve sa foi en s’acquittant de l’aumône légale, en faisant d’autres aumônes et en s’exerçant à cette adoration, car ce qui est auprès d’Allah est meilleur et plus durable.
8.(5) Le Bédouin dit : ‘‘ Par Allah, je n’ajouterai rien à cela ni n’en diminuerai rien ’’ lorsqu’il sut que s’acquitter des obligations est suffisant pour entrer au Paradis. L’être humain doit donc être déterminé et actif à chaque fois qu’il décide de faire une bonne action pour laquelle il espère une récompense et ne pas faiblir et devenir paresseux après l’avoir commencée, qu’il s’agisse de bonnes actions qui concernent ce bas monde ou l’au-delà. Ainsi, l’étudiant ne doit pas se montrer paresseux lorsqu’il s’agit de réviser ses leçons, le soldat ne doit pas manquer à son devoir de surveillance et le travailleur ne doit pas cesser de perfectionner son travail jusqu’à ce qu’il le termine.
9.(6) Le commentaire du Prophète ﷺ succédant aux paroles de cet homme est la démonstration qu’il ne le concerne pas exclusivement, mais qu’il vaut pour chaque musulman. Ainsi, il suffit au musulman de s’acquitter des obligations comme il se doit et de s’abstenir de ce qui est défendu et illicite, pour être sauvé du Feu [de l’Enfer] et entrer au Paradis. Toutefois, le Paradis comporte des degrés et des rangs, le plus élevé étant d’être en compagnie des prophètes, des envoyés, des véridiques, des martyrs et des vertueux. Or il ne fait aucun doute que ce rang n’est pas accessible par le simple fait de ne s’acquitter que des obligations. Chaque individu sera rétribué à la hauteur de ses œuvres et chaque être humain atteindra le rang auquel il ambitionne dans l’au-delà !
10.Il est mis en évidence, dans ce hadith, que le Prophète ﷺ a accordé de la considération à la situation de celui qui s’est adressé à lui et lui a posé les questions, puisqu’il ne l’informa pas d’autre chose que les obligations et les piliers sans lesquels la pratique de l’Islam d’un individu ne serait valide. Le prédicateur, le savant et le juriste doivent donc avoir la présence d’esprit de bien répondre à ceux qui leur posent des questions et s’adressent à eux et de s’adapter à leur situation.
11.Un poète a dit :
L’appel à la prière a retenti du haut des minarets, dans la lueur du matin et dans la quiétude de la nuit.
Cet appel apporte la vie à l’univers et aux habitants de ses villes et de ses campagnes.
Il est aussi un appel provenant du ciel s’adressant à ceux qui sont au-dessus et en dessous de la Terre. Cet appel est une rencontre entre les anges, la foi et les gens sans que personne ne l’ait commandé. Il est aussi un départ vers la réussite, le bien, le vrai, la guidée et tout ce qui est agréable.
12.Un autre poète a dit :
Ô toi qui fais l’aumône, c’est de la richesse d’Allah que tu dépenses dans les bonnes œuvres et cette
richesse ne diminue pas.
Combien de richesses Allah a multipliées suite à la générosité de leurs propriétaires, la générosité est en effet agréée par Allah.
L’avarice conduit à une maladie sans remède et la richesse de l’avare est héritée par les besogneux. L’aumône réjouit les gens qui endurent les privations, et lorsque tu as besoin des gens généreux tu les trouves.
Références
- Voir Atlas Al-Hadith An-Nabawi de Chawqi Abou Khalil (p.365).
- . Voir Fath Al-Bari d’Ibn Hajar (1/106)
- Voir Moughni Al-Mouhtaj d’Al-Khatib Ach-Charbini (2/182)
- Voir Ach-Charh Al-Moumti’ ‘Ala Zad Al-Moustaqni’ d’Ibn ‘Othaymine (3/5)
- Voir Ach-Charh Al-Moumti’ ‘Ala Zad Al-Moustaqni’ d’Ibn ‘Othaymine (6/13).
- Voir le commentaire du Sahih d’Al-Boukhari d’Ibn Battal (1/104-105)
- Voir Fath Al-Bari d’Ibn Hajar (1/107)
- Moslim (728)
- Al-Boukhari (6502)
- Moslim (1162).
- Moslim (1162)
- Moslim (1164).
1- L’Islam accorde de l’intérêt à tout ce qui concerne l’être humain, cela va de son apparence à son for intérieur, voilà pourquoi il se soucie de l’apparence du musulman. Dans ce hadith, le Prophète ﷺ nous informe de certaines des pratiques relevant de la nature originelle et qui sont des pratiques faisant partie de l’état dans lequel Allah a créé les serviteurs, qu’Il leur a prescrites et au travers desquelles ils obtiennent la plus belle et la plus parfaite apparence d’un être humain tel qu’il a été créé et admise comme agréable par les raisons saines. Cependant il y a des natures originelles qui s’inversent et qui dévient de leur état originel,
conformément aux paroles du Prophète ﷺ:
‘‘ Tout nouveau-né vient au monde dans la nature originelle. Ce sont ses parents qui font de lui un juif, un chrétien ou un Zoroastre ’’[1].
Les pratiques relevant de la nature originelle ne se restreignent pas aux dix actes mentionnés dans ce hadith par le Prophète ﷺ. Il y en a d’autres qui sont en effet mentionnées dans d’autres hadiths, cette liste n’est donc pas exhaustive.
2- La première de ces pratiques est de se tailler la moustache qui désigne les poils poussant au-dessus de la lèvre supérieure. Il a été ordonné de la tailler, car elle peut être salie par les sécrétions qui coulent du nez et peuvent être en contact avec l’eau au moment de boire, la contaminant ainsi de microbes qui peuvent être nocifs[2].
Se tailler la moustache est une Sounna et la manière requise de la tailler est de dégager la lèvre
supérieure. Il n’est donc pas demandé de la raser.
3- La deuxième est de laisser pousser la barbe qui désigne les poils poussant sur le menton et les joues
de l’homme. Ce qui est signifié par la laisser pousser, c’est de ne pas la raser ni la raccourcir. Laisser pousser la barbe est une obligation pour tout musulman et on trouve dans les hadiths ordonnant de la laisser pousser le verbe et ses synonymes à l’impératif. La synthèse de toutes ces narrations est qu’il est ordonné de laisser la barbe telle quelle et de ne pas la raser ni la couper.
4- La troisième est l’utilisation du siwak qui est un bâton qu’on prélève d’un arbre appelé Arak et qu’on utilise pour se nettoyer les dents et se parfumer la bouche. En frottant ses dents, il débarrasse des odeurs désagréables.
L’utilisation du siwak est quelque chose de prescrit et de recommandé à tout moment, mais particulièrement au moment de prier, lorsqu’on se réveille de son sommeil, lorsque l’haleine s’altère et lorsque du tartre se forme sur les dents.
Le Prophète ﷺ a dit :
‘‘ Le siwak est une purification de la bouche et une satisfaction du Seigneur ’’[3] .
5- La quatrième est d’aspirer de l’eau par le nez puis de l’expulser afin d’en faire sortir les saletés.
6- La cinquième est de se couper les ongles, c’est-à-dire couper la partie des ongles qui dépasse afin que les saletés et des microbes nocifs ne s’y déposent pas.
7- La sixième est de laver les articulations et les jonctions de tous ses doigts, car de la terre, des impuretés et des bactéries pourraient s’y déposer. On ajoute à cela, le lavage de tous les plis du corps où on retrouve ce même risque.
8- La septième est la suppression des poils qui poussent sous les aisselles, car ils sont situés à un emplacement où se déposent la sueur et les saletés causant une odeur désagréable.
On se conforme à la Sounna en enlevant ces poils quel que soit le moyen, que ce soit par le rasage ou par l’épilation, car la finalité est d’éliminer les poils et cette finalité est atteinte par ces moyens, même si l’épilation est meilleure et plus indiquée pour celui qui la supporte[4].
9- La huitième pratique relevant de la nature originelle est de raser les poils épais qui poussent autour du sexe chez l’homme et chez la femme. Lorsque ces poils commencent à pousser, cela indique la puberté. Cette épilation s’appelle istihdad, car on utilise un rasoir fait en fer (hadid) pour l’effectuer.
10- La neuvième est de se laver les exutoires avec de l’eau après avoir fait ses besoins. On dit aussi qu’il s’agit de se rincer le sexe ou les vêtements après s’être lavé afin de couper court à toute insufflation de Satan lui faisant imaginer que des gouttes d’urine ont souillé ses vêtements[5].
11- L’un des narrateurs oublia la dixième pratique et émit l’hypothèse très probable qu’il s’agi ssait du rinçage de la bouche qui consiste à se gargariser la bouche avec de l’eau puis à la cracher.
On dit aussi que la dixième pratique est la circoncision, la preuve étant qu’elle est mentionnée dans un hadith référencé par Al-Boukhari et Moslim d’après Abou Hourayra qui rapporte que l
e Prophète ﷺ a dit :
‘‘ La nature originelle consiste en cinq pratiques – ou cinq pratiques font partie de la nature originelle– : se circoncire, se raser le pubis, arracher les poils de ses aisselles, se couper les ongles et se tailler la moustache ’’[6].
La circoncision est obligatoire pour les hommes. Elle consiste à couper le prépuce de manière à dégager complètement le gland du pénis. En effet, l’urine s’accumule sous ce morceau de peau et de ce fait cause l’impureté du corps.
Pour ce qui est des femmes, l’excision est une bonne pratique et une Sounna. Elle consiste à couper la partie du clitoris apparente[7].
Par ailleurs, la fréquence par défaut de la taille de la moustache, de la découpe des ongles, de l’ épilage des poils des aisselles et du rasage du pubis est de le faire à chaque fois que les poils ou les ongles repoussent. Sinon, il n’est pas recommandé de dépasser une durée de quarante jours, car Anas Ibn Malik a dit : « Il nous a été ordonné pour la taille de la moustache, la découpe des ongles, l’épilage des poils des aisselles et le rasage du pubis, de ne pas s’en abstenir plus de quarante nuits »[8].
Comment appliquer ce hadith
1. (1) L’Islam accorde de l’intérêt à tout ce qui concerne l’être humain, cela va de son apparence à son for intérieur, voilà pourquoi il se soucie de l’apparence du musulman.
Allah dit ainsi :
﴾car Allah aime ceux qui se repentent, et Il aime ceux qui se purifient﴿ .
[Sourate Al-Baqara : 222]
De plus « la purification a été instituée comme étant la moitié de la foi »[9]. Le musulman doit donc veiller à entretenir l’hygiène de son corps et à s’embellir, tout comme il doit veiller à ce que son dogme et son cœur soient purs.
2. Allah posa comme condition pour que Son serviteur se tienne face à Lui [durant la prière] qu’il soit complètement pur : que son corps et ses vêtements soient propres, qu’il se soit préparé à Lui faire face avec un for intérieur bon, en se repentant et une belle apparence grâce aux ablutions et aux parures. C’est la raison pour laquelle celui qui fait ses ablutions récite l’invocation suivante : ‘‘ Ô Allah, fais que je sois de ceux qui se repentent, fais que je sois de ceux qui se purifient ‘‘.
3. (2) Il est recommandé à l’être humain de suivre la Sounn
a du Prophète ﷺ et de se tailler la moustache. Il est également recommandé de commencer par le côté droit afin de se conformer à la Sounna qui prescrit de toujours tout commencer par le côté droit.
4. (3) Il n’est pas permis à l’homme de raccourcir sa barbe ou de la raser. Il lui est seulement permis
de l’entretenir et de couper les poils rebelles pour s’embellir.
5. (3) Certaines pratiques en rapport avec la barbe ont été déclarées détestables par les savants, parmi lesquelles le fait de la teindre en noir pour une autre raison que le départ pour le jihad ; de la teindre en roux pour avoir l’apparence des ascètes ; de la teindre en blanc afin de passer pour quelqu’un d’âgé, de sage et de savant ; de la raser ou d’épiler ses poils ; d’arracher ses poils blancs ; de la peigner et de la coiffer afin de séduire des femmes ; ou bien de la laisser hirsute et les poils entremêlés afin de montrer que l’on est un ascète qui ne prend pas soin de lui-même [10].
6. (4) Il est recommandé à l’être humain d’utiliser un siwak afin de se nettoyer la bouche, de la parfumer et d’en ôter toute odeur désagréable. Il suffit aussi d’utiliser une brosse à dents et du dentifrice, ou bien autre chose remplissant la même fonction.
7. (4) Il est recommandé d’utiliser un siwak avant chaque prière afin de se conformer aux paroles suivantes du Prophète ﷺ :
‘‘ N’était-ce le souci de ne pas imposer de chose pénible à ma communauté – ou aux gens – je leur aurais ordonné de faire‘‘ usage du siwak à chaque prière ’’[11].
8. (4) Il n’est jamais détestable d’utiliser un siwak. En effet, il est même recommandé au jeûneur de l’utiliser, car on rapporte que ‘Amir Ibn Rabi’a, qu’Allah a agréé, a dit :
‘‘ J’ai vu le Prophète ﷺ utiliser tant de fois le siwak alors qu’il jeûnait ’’[12].
9. (5) Aspirer de l’eau par le nez fait partie des actes qui purifient le nez et c’est la raison pour laquelle le Prophète ﷺ ordonna à celui qui fait ses ablutions :
‘‘ Aspire de l’eau exagérément par le nez, à moins que tu ne jeûnes ’’[13].
10. (6) Que le musulman veille à se couper les ongles. Il convient aussi qu’il vérifie leur propreté et qu’il nettoie la terre et la saleté qui s’accumulent en dessous.
11. (7) On adjoint au nettoyage des jonctions et des articulations des doigts, toutes les parties du corps dans lesquelles la saleté peut s’accumuler, comme les pavillons des oreilles, les plis de peau, entre les doigts de pieds et tout autre emplacement où la sueur et la terre peuvent se déposer [14].
12. (9) Il est recommandé que l’être humain se rase régulièrement le pubis, qu’il lave les parties de son corps où poussent des poils, qu’il se nettoie entre les cuisses et qu’il fasse parvenir l’eau sur toutes les parcelles de sa peau afin d’éviter les maladies et les inflammations.
13. (10) Il ne fait aucun doute que l’utilisation d’eau pour nettoyer ses exutoires après avoir fait ses besoins est meilleure que l’essuyement alors que de l’eau est disponible. En effet, l’eau nettoie complètement la souillure, purifie cette partie du corps et la débarrasse des odeurs désagréables.
14. (11) Le musulman ne doit pas laisser l’arrogance et la fierté l’empêcher d’accepter le vrai et de l’affirmer. Ainsi, lorsque le narrateur du hadith douta et crut avoir oublié une des pratiques, il reconnut cela, car reconnaître la faute ou l’ignorance est préférable au fait de mentir sur Allah et sur Son Messager ﷺ.
15. (11) Se rincer la bouche fait partie des pratiques relevant de la nature originelle que le musulman doit régulièrement suivre afin de satisfaire Allah d’obtenir la rétribution méritée pour avoir imité Son Messager ﷺ et compléter la purification de son corps.
16 (11) En ce qui concerne la circoncision, il est meilleur de l’effectuer volontairement dès que cela est possible. Ainsi, il est préférable de se faire circoncire lorsqu’on est enfant, à l’âge où la chair cicatrise vite et où l’impact psychologique est moins fort.
17. Un poète a dit :
Tu es né avec ta nature originelle qui n’est rien d’autre que croire [à ce qui a été révélé] et avoir la foi
Et tu as été éprouvé par la responsabilité et tu as fait le choix d’emprunter l’une des deux issues
grandes ouvertes.
Tu as alors agi commandé par tes passions alors que tu es surveillé. En effet, tu n’es pas dissimulé
au Juge.
Références
- Al-Boukhari (1385) et Moslim (2658) d’après Abou Hourayra, qu’Allah a agréé
- . Voir le commentaire de Riyad As-Salihine par Ibn ‘Othaymine (5/230)
- An-Nassa`i (5) et Al-Boukhari qui l’a rapporté avant le hadith (1934) de manière affirmative avec une chaîne denarration dont il manque un narrateur à son début
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (3/149)
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (3/150)
- Al-Boukhari (5889) et Moslim (257)
- Voir le commentaire de Riyad As-Salihine par Ibn ‘Othaymine (5/229)
- Moslim (258)
- Moslim (223)
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (3/149, 150)
- Al-Boukhari (887) et Moslim (252)
- At-Tirmidhi (725) qui le qualifia de hadith bon. Al-Boukhari qui l’a rapporté avant le hadith (1934) de manièreaffirmative avec une chaîne de narration dont il manque un narrateur à son début.
- Abou Dawoud (142), At-Tirmidhi (788), An-Nassa`i (114) et Ibn Maja (448)
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (3/150).
1. Un homme faisant partie des Compagnons – qu’Allah a agréés – interrogea le Prophète ﷺ au sujet des ablutions faites avec de l’eau de mer, car lui et les siens voyagenetn mer et emportent peu d’eau douce avec eux. Or s’ils l’utilisent pour faire leurs ablutions, ils s’exposent à la soif. Leur est-il permis dans ce cas particulier de faire leurs ablutions avec de l’eau de me?r
2. Le Prophète ﷺ lui répondit que l’ eau de mer est pure en elle-même et qu’ elle purifie, même si sa couleur et son goût sont différents de ceux de l’eau douce.
3. Il lui ajouta ensuite qu’il est licite de manger la chair des animaux marins que l’on trouve mortest que cela est une exception aux paroles d’Allah :
﴾ gVous sont interdits la bête trouvée morteg ﴿
[Sourate Al-Ma`ida : 3].
Le Prophète ﷺ dit dans un autre hadith :
Le Prophète ﷺ dit dans un autre hadith : ‘‘ Vous ont été déclarés licites deux types de bêtes trouvées mortes et deux types de sang. Les deux types de bêtes trouvées mortes sont les poissons et les sauterelles, et les deux types de sang sont le foie et la rate ’’[1]
Comment appliquer ce hadith :
1. (1) La question du Compagnon était claire et il y expliqua quelle était la situation, car une fatwa peut être différente selon la situation et le contexte. C’est pourquoi il est obligatoire pour celui qui pose une question d’expliquer au mufti la problématique de manière complète et celui-ci ne doit pas donner de réponse avant d’avoir compris la totalité de la problématique et tous ses détails.
2. (1) Ce Compagnon était préoccupé par la bonne pratique de sa religion. En effet, bien que voyageur et ayant la permission de réunir les prières et les accomplir à la fin de leurs horaires, si son voyage est de courte durée, il accorda, malgré cela, de l’importance à cette problématique afin d’accomplir la prière dans les temps. Il convient donc que nous ne soyons pas détournés de l’adoration d’Allah par les affaires de ce bas monde.
3. (2) Le Prophète ﷺ répondit en disant : ‘‘ Elle est celle dont l’eau est pure et purifiante ’’ et non en disant : ‘‘ Oui ’’ par exemple, afin que l’on ne comprenne pas qu’il est permis de faire ses ablutions avec de l’eau de mer en cas de nécessité seulement, lorsqu’on part en mer avec peu d’eau douce, et qu’il n’est pas permis de laver les souillures avec cette eau. Il répondit donc en disant plutôt : ‘‘ Elle est celle dont l’eau est pure et purifiante ’’ afin de délivrer un jugement général selon lequel l’eau de mer est pure et purifiante, qu’il y ait de l’eau douce disponible ou non et que l’individu soit en voyage ou sur son lieu de résidence[2]. Ceci est un signe de sagesse du juriste, dans le sens où il convient que sa réponse soit claire et non ambiguë.
4. (2) La tournure des paroles du Prophète ﷺ :’’ dont l’eau est pure et purifiante ’’ renforce le jugement, puisque le Prophète ﷺ aurait pu dire : ‘‘ l’eau de mer est pure et purifiante ’’, mais il utilisa cette tournure en guise de renfort. Le savant et le juriste doivent donc répondre de manière très affirmative afin de ne laisser subsister aucun doute. Sinon, celui qui reçoit la réponse serait perplexe et ne saurait pas comment mettre en pratique la fatwa.
5. (3) Il y a dans ce hadith la permission de s’étendre plus que ne mérite la réponse à la question posée, si celui qui est questionné voit qu’il est nécessaire d’apporter des précisions auxquelles celui qui a posé la question n’a pas pensé. Ainsi, comme cet homme voyageait régulièrement en mer, cela impliquait qu’il tombe sur des poissons morts flottant à la surface de l’eau et le Prophète ﷺ lui précisa donc qu’il est licite d’en manger. Il convient donc que le prédicateur, l’enseignant et le juriste ne se contentent pas de seulement répondre à la question qu’on leur pose, mais d’ajouter des précisions en rapport avec la question auxquelles celui qui a posé la question n’a pas forcément pensé.[3]
Références
- Ibn Maja (3314).
- Voir Nayl Al-Aoutar d’Ach-Chawkani (1/29, 30).
- Voir Nayl Al-Aoutar d’Ach-Chawkani (1/30, 31).
1. ‘Othmane Ibn ‘Affane, qu’Allah a agréé, fit ses ablutions devant les gens afin de leur enseigner la manière de faire les ablutions. Il demanda ainsi de l’eau pour accomplir ses ablutions. Il commença par ses mains qu’il lava trois fois, puis il prit de l’eau dans le creux de la main pour se rincer la bouche et inhaler de l’eau et l’expulser par le nez afin de le nettoyer à l’intérieur. Il fit cela trois fois, puis il lava son visage trois fois, la limite du visage étant dans le sens de la longueur de la naissance des cheveux jusqu’au bas du menton et entre les lobes des oreilles dans le sens de la largeur. Il lava ensuite ses avant-bras jusqu’aux coudes – qui sont les articulations situées entre l’avant-bras et le bras – en commençant par l’avant-bras droit qu’il lave trois fois puis le gauche trois fois également. Puis il essuya sa tête avec ses mains mouillées une seule fois, ce qui est obligatoire pour ce qui est de la tête étant l’essuyage et non le lavage en guise d’allègement et par clémence. Il lava ensuite ses pieds, chevilles incluses – qui sont les os saillants en bas des tibias – trois fois, en commençant par le pied droit.Le narrateur ne mentionna pas que ‘Othmane lava ses oreilles, car elles sont lavées – à l’extérieur et à l’intérieur du pavillon – en même temps qu’on essuie sa tête comme cela est établi du Prophète .[1]Par ailleurs, ‘Othmane, qu’Allah a agréé, rapporte dans ce hadith que les gestes des ablutions du Prophète ﷺ étaient effectués trois fois, mais il est rapporté dans d’autres hadiths qu’il les a effectués une seule fois ou bien deux fois. La synthèse de cela est que l’obligation est acquittée et que la fonction purificatrice est remplie lorsqu’on effectue le geste une seule fois et que les fois d’après relèvent de la Sounna. Toutefois, le Prophète ﷺ ne répéta pas les gestes plus de trois fois pour chaque membre et dit : ‘‘ Celui qui ajoute plus de fois agit mal, transgresse et commet une injustice’’[2]. La première fois suffit donc à s’acquitter de l’obligation, la deuxième relève de la Sounna, la troisième est le summum de la perfection et ce qui est en plus de cela est une injustice.
2. Puis ‘Othmane, qu’Allah a agréé, nous informe qu’il vit le Prophète ﷺ faire ses ablutions ainsi et qu’il voulut enseigner aux gens la manière du Prophète ﷺ de faire ses ablutions comme il l’a vu.
3. ‘Othmane, qu’Allah a agréé, affirme que le Prophète ﷺ les informa que celui qui fait ses ablutions de cette manière puis accomplit deux unités de prière avec recueillement et les dédie exclusivement à Allah sans être distrait par des pensées de ce bas monde, et mieux encore s’il est préoccupé par une quelconque pensée qui survient au musulman lors de sa prière et qu’il la chasse et ne s’y abandonne pas, sa rétribution est que tous ses péchés passés lui seront pardonnés.Le sens apparent de ce hadith indique que tous les péchés sont concernés par ce pardon : les péchés mineurs comme les péchés capitaux. Cependant, d’autres hadiths semblables restreignent ce pardon aux péchés mineurs et excluent les péchés capitaux
comme les paroles du Prophète ﷺ :
‘‘ Les cinq prières, la prière du vendredi jusqu’à la suivante et le jeûne de Ramadan jusqu’au suivant expient les péchés commis entre-temps si on évite les péchés capitaux ’’[3].
Les savants ont donc appliqué cette restriction au hadith où il est dit que les péchés sont pardonnés dans l’absolu[4].
4. Comme le pardon des péchés est obtenu grâce aux ablutions, la prière et le trajet à pied menant à la mosquée font mériter une rétribution supplémentaire en plus du pardon des péchés. Par conséquent, le serviteur obtient grâce aux ablutions et à la prière le pardon des péchés et il obtient également une rétribution pour la prière et le trajet à pied menant à la mosquée sans que rien ne manque à cette rétribution. Ainsi, Allah ne se contente pas de pardonner les péchés du serviteur, mais Il le rétribue aussi pour la prière et la marche.
Comment appliquer ce hadith :
(1) La pudeur n’empêcha pas ‘Othmane, qu’Allah a agréé, bien que connu pour sa grande pudeur, de faire ses ablutions devant les gens afin de leur enseigner la manière de faire ses ablutions. Que la pudeur ne t’empêche pas d’acquérir la science, de la diffuser, de corriger une erreur, de commander quelque chose de convenable ou de défendre quelque chose de blâmable.
- (1) Apprends de ce hadith la manière de faire les ablutions prescrites par la Sounna et veille à t’y conformer.
- (1) Les meilleurs des ablutions sont celles où les gestes sont effectués trois fois. Accomplis-les de cette façon sans aller au-delà de trois fois.
- (1) Laver ses mains fait partie des Sounane des ablutions que le Prophète ﷺ veillait à effectuer même si elle n’a pas été mentionnée dans le Coran. Veille donc à effectuer toutes les Sounane et tous les gestes recommandés des ablutions que le Prophète ﷺ s’évertuait à effectuer.
- Se rincer la bouche, aspirer et expirer de l’eau par le nez et s’essuyer les oreilles sont des gestes obligatoires lors du bain rituel et des ablutions. En effet, comme le nez et la bouche font partie du visage, il est obligatoire de les laver, et comme les oreilles font partie de la tête il est obligatoire de les essuyer.
- (1) L’ordre des gestes obligatoires relevant de la Sounna est une obligation qui doit être observée.
- (1) Veille à ce que tes ablutions soient continues. Ne les interromps pas pour faire quelque chose d’autre et y revenir plus tard. Ainsi, si tu interromps tes ablutions un long moment au point que tes membres aient séché, recommence-les.
- (1) Les coudes et les chevilles sont concernés par les ablutions. Veille donc à les inclure dans le lavage.
- (1) La cheville désigne les deux os saillants en bas du tibia et non celui qui est à l’arrière du pied et auquel certains donnent le même nom. Cet os-là s’appelle le talon.
- (1) ‘Othmane ne formula pas l’intention de faire les ablutions, car l’intention a comme siège le cœur et la formuler est une innovation.
- (1) On déduit de ce que fit ‘Othmane, qu’Allah a agréé, que le Prophète ﷺ ne récitait pendant ses ablutions rien des formules que les gens récitent « et on n’a pas relevé de lui qu’il disait lors de ses ablutions autre chose que la proclamation du Nom d’Allah. Tout hadith qui rapporte de lui des évocations propres aux ablutions est mensonger et inventé, car le Messager d’Allah ﷺ n’a rien dit de cela ni ne l’a enseigné à sa communauté, et ces évocations ne sont pas établies de lui, excepté la proclamation du Nom d’Allah avant de commencer, et la formule « J’atteste qu’il n’existe pas de divinité excepté Allah, seul sans associé, et j’atteste que Mohammad est Son serviteur et Son associé. Ô, Allah, fais que je fasse partie de ceux qui se repentent souvent et de ceux qui se purifient
‘‘ à la fin ’’[5].
- (2) Il convient que l’enseignant, l’éducateur et le prédicateur recourent à la méthode d’enseignement pratique qui imprime les connaissances dans le cerveau et est accessible à la compréhension du plus grand nombre, en procédant de la même manière que ‘Othmane, qu’Allah a agréé.
- (3) ll convient à celui qui va débuter une adoration de chasser les pensées qui sont en rapport avec ce bas monde et de lutter contre son âme, car lorsque l’être humain est en prière il se met à avoir des pensées avec ce qui le préoccupe.
- (3) Ce qui est signifié par les pensées sortant de la prière, ce sont les pensées en rapport avec ce bas monde. Si en revanche on réfléchit à l’au-delà, à son supplice, à ses délices, à la Reddition des Comptes, au Pont Sirât et à d’autres choses similaires, cela ne fait pas partie de ce qui est défendu[6].
- (3) Si ta pensée est attachée à quelque chose appartenant à ce bas monde alors que tu es en prière, alors cesse d’y penser et concentre-toi sur ta prière, médite les sens des versets que tu récites ou que tu écoutes l’imam réciter. Si tu réagis de cette manière, tu ne subiras aucun préjudice et ta prière ne sera pas diminuée.
- (3) C’est une occasion immanquable de se voir pardonner ses péchés juste parce qu’on fait ses
ablutions et qu’on accomplit deux unités de prière légères ! Y a-t-il des gens prêts à l’action ? - (3) Prends l’initiative de faire les ablutions de la manière la plus complète,
car le Prophète ﷺ a dit :
‘‘ Voulez-vous que je vous indique ce avec quoi Allah efface les fautes et élève les degrés ? ’’. On lui répondit : ‘‘ Oui, ô Messager d’Allah ’’. Il dit alors : ‘‘ En effectuant les ablutions de la manière la plus complète lorsque les conditions sont défavorables, en marchant de nombreux pas vers les mosquées, en attendant une prière après une autre. C’est cela monter la garde ’’[7].
- (3) L’Islam est la religion de la pureté, de la propreté et de la beauté, au point qu’il fit de la purification, une des adorations les plus majestueuses et un des moyens les plus efficaces pour le serviteur de se rapprocher de Son Créateur. De plus, la validité de nombreuses adorations en dépend.
- (4) Un impur n’entrera pas au Paradis et le Paradis ne contient rien d’impur. Ainsi, celui qui se purifie dans ce bas monde et rencontre Allah en étant purifié de ses souillures entrera au Paradis sans obstacle, tandis que celui qui ne se purifie pas dans ce bas monde obéit à deux cas ; si son impureté concerne son être, comme cela est le cas pour le mécréant, alors il n’y entrera en aucune manière ; et si son impureté est passagère il y entrera après avoir été purifié de l’impureté dans le Feu puis il en sortira. Par ailleurs, lorsque les adeptes de la foi traverseront le Pont Sirat, ils seront retenus sur une passerelle entre le Paradis et l’Enfer. Ils y seront alors nettoyés et purifiés des parcelles d’impuretés qui sont restées sur eux et qui les ont empêchés d’entrer au Paradis, mais qui n’étaient pas assez graves pour les faire entrer en Enfer. Ainsi, dès qu’ils seront nettoyés et purifiés, on leur permettra d’entrer au Paradis[8].
- (4) Allah fait la faveur à Ses serviteurs de leur pardonner leurs péchés et de les récompenser pour leur prière et la marche qu’ils ont effectuées pour accomplir celle-ci. Comment quelqu’un de raisonnable peut-il repousser cette faveur ?
Références
- Voir Zad Al-Ma’ad d’Ibn Al-Qayyim (1/187, 188).
- Abou Dawoud (135), An-Nassa’i (140) et Ibn Maja (422).
- Moslim (233).
- Voir Ihkam Al-Ahkam Charh ‘Oumdate Al-Ahkam d’Ibn Daqiq Al-‘Id (1/87).
- Voir Zad Al-Ma’ad d’Ibn Al-Qayyim (1/187, 188).
- Voir ‘Oumdate Al-Qari Charh Sahih Al-Boukhari de Badr Ad-Din Al-’Ayni (3/7).
- Moslim (251).
- Voir Ighathat Al-Lahfane Min Massayid ach-Chaytane d’Ibn Al-Qayyim (1/56).
Les ablutions sèches sont une dispense prescrite par Allah à Ses serviteurs qui ne trouvent pas d’eau ou sont dans l’incapacité de s’en servir, afin de leur faciliter la purification.
Le Prophète ﷺ dit à ce sujet :
‘‘ Allah aime que l’on utilise Ses dispenses autant qu’Il déteste qu’on Lui désobéisse ’’[1].
Les savants ont défini les ablutions sèches comme l’acte de recourir à de la poussière que l’on passe sur le visage et les mains avec l’intention d’être en mesure d’accomplir la prière ou une autre adoration[2]. Elles sont prescrites et établies par le Coran, la Sounna et le consensus des musulmans. De plus, elles sont une spécificité accordée par Allah à cette communauté[3]. Ce hadith décrit la manière dont on les effectue.
1.‘Ammar, qu’Allah a agréé, raconte que le Prophète ﷺ l’envoya pour l’une de ses affaires et qu’il eut un rêve érotique qui lui causa une souillure majeure. Il se mit alors à rouler tout son corps dans la poussière pure dont les particules collent aux mains et au corps, jusqu’à ce que son corps tout entier fût recouvert de poussière afin de pouvoir être en mesure de prier, de lire le Coran, etc. Puis lorsqu’il retourna auprès du Prophète ﷺ, il lui raconta ce qu’il avait fait afin de savoir s’il avait bien ou mal agi.‘Ammar ne fit cela que parce qu’il considérait que la poussière est une alternative à l’eau et que, de la même façon que l’eau doit atteindre toutes les parties du corps lors du bain rituel, il devait en être de même pour la poussière. Ceci fut son avis et son interprétation.
2.Le Prophète ﷺ l’informa alors qu’il lui suffisait de frapper le sol une fois avec ses deux mains, puisde passer ses mains l’une sur l’autre, puis de les passer sur le visage, en raison des paroles d’Allah :
﴾mais si vous êtes malades, ou en voyage, ou si l’un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins ou si vous avez touché aux femmes et que vous ne trouviez pas d’eau, alors recourez à la terre pure, passez-en sur vos visages et vos mains. ﴿
[Sourate Al-Ma`ida : 6].
Comment appliquer ce hadith :
1.(1) L’action de ‘Ammar, qu’Allah a agréé, démontre qu’il incombe au musulman, lorsqu’il ignore le jugement relatif à une problématique et l’avis des gens de science à son sujet et qu’il n’a pas le loisir de consulter quelqu’un d’autre ou bien qu’il est en voyage et ne dispose de personne pour lui donner une fatwa, de s’efforcer dans la mesure de sa capacité de déduire un jugement. Puis lorsqu’il a la possibilité de consulter quelqu’un, qu’il le fasse afin d’obtenir le jugement valide concernant cette problématique.
2.(1) Ce hadith démontre que celui qui, concernant une problématique, déduit un jugement erroné, alors qu’il fait partie des gens qualifiés pour effectuer ces déductions de jugements, n’a pas à refaire l’acte d’adoration si une partie de son jugement est plus ou moins correcte. En effet, le Prophète ﷺ n’ordonna pas à ‘Ammar de refaire sa prière pour s’être trompé dans la manière prescrite de se purifier, car son intention était de se purifier même si la manière n’y était pas[4].
3.(2) Ce hadith démontre que ce qui a été prescrit par l’Islam comporte du bien et de la facilité. L’Islam ne charge pas l’être humain de ce dont il n’a pas la capacité. Il lui a donc prescrit les ablutions sèches qui sont très faciles à effectuer, il suffit en effet pour les accomplir, de s’essuyer les mains et le visage.
references
- Rapporté par Ahmad (5866).
- Voir Nayl Al-Aoutar d’Ach-Chawkani (1/319).
- Voir Nayl Al-Aoutar d’Ach-Chawkani (1/319).
- Voir Ikmal Al-Mou’lim Bi Fawa’id Moslim d’Al-Qadi ‘Iyad (2/223).
La prière qui est le deuxième des piliers de l’Islam après les deux attestations de foi est la colonne centrale sur laquelle est bâti l’Islam.
Le Prophète a dit :
‘‘ Au-dessus de tout il y a l’ Islam qui a pour colonne la prière et a pour cime, le jihad ’’[1].
La prière est aussi l’œuvre la plus aimée d’Allah.
On rapporte en effet que ‘AbdAllah Ibn Mas’oud, qu’Allah a agréé, a dit :
‘‘ Je demandai au Prophète : Quelle est l’œuvre la plus aimée par Allah? Il répondit : ‘‘ La prière accomplie dans son temps ’’[2].
C’est pourquoi la prière est le signe distinctif des musulmans. L’hypocrite traîne les pieds pour l’accomplir et ne le fait que de la manière décrite par Allah:
﴾gLes hypocrites cherchent à tromper Allah, mais Allah retourne leur tromperie (contre eux-mêmes). Et lorsqu’ils se lèvent pour la prière, ils se lèvent avec paresseg .﴿
[Sourate An-Nissa : 142]
Le mécréant pour sa part ne la reconnaît pas comme étant une obligation et la délaisse totalement.
Allah menaça celui qui délaisse la prière en disant :
﴾gToute âme est l’ otage de ce qu’ elle a acquis. Sauf les gens de la droite (les élus) : dans des Jardins, ils s’interrogeront au sujet des criminels : ‘‘ Qu’est-ce qui vous a acheminés à Saqar ? ’’. Ils diront : Nous n’étions pas de ceux qui faisaient la prièreg .﴿
[Sourate Al-Mouddaththir : 38-43]
Allah dit au sujet de Saqar :
﴾gJe vais le brûler dans le Feu intense (Saqar). Et qui te dira ce qu’est Saqar ? Il ne laisse rien et n’épargne rien ; il brûle la peau et la noircit. Ils sont dix-neuf à y veiller.g .﴿
[Sourate Al-Mouddaththir : 26-30]
Par ailleurs, le Prophète ﷺ nous informe dans ce hadith du jugement relatif à celui qui délaisse la prière en nous rappelant qu’elle est ce qui distingue le musulman du mécréant. En effet, ce qui sépare l’homme de l’associationnisme et de la mécréance, c’est le délaissement de la prière.
Dans un autre hadith, le Prophète ﷺ dit :
‘‘ L’engagement qui nous différencie d’eux [les non-musulmans] est la prière, quiconque la délaisse est donc mécréant ’’[3].
De plus, ‘Omar, qu’Allah a agréé, a dit : ‘‘ Celui qui délaisse la prière n’appartient en rien à l’Islam ’’[4]. Pour sa part, ‘Abd Allah Ibn Chaqiq – qu’Allah lui fasse miséricorde – disait : ‘‘ Les Compagnons de Mohammed – qu’Allah le couvre d’éloges et le protège – ne considéraient le délaissement d’aucune œuvre comme de la mécréance, excepté la prière
’’[5].
Comment appliquer ce hadith :
1. Les juristes affirment unanimement que celui qui délaisse la prière par rejet est un mécréant et un apostat, mais divergent au sujet de celui qui la délaisse par paresse et négligence. Une partie d’entre eux sont d’avis qu’il est mécréant, d’autres sont d’avis qu’il est un pervers dont on doit exiger qu’il se repente et sinon il est tué, d’autres encore sont d’avis qu’il est un pervers, mais qu’il ne doit pas être tué. Le musulman authentique est celui qui connaît son Seigneur – exalté soit-Il – et croit en Son Prophète ﷺ. Il ne se permet pas de choir dans une bassesse telle que les juristes divergent à son sujet : est-il un mécréant ou un pervers ? Au contraire, il s’empresse de satisfaire Allah et de se rapprocher de lui par des actes surérogatoires après s’être acquitté des obligations.
2. Lorsque ‘Omar, qu’Allah a agréé, fut poignardé et qu’on le ramena chez lui, on tenta de le réanimer de son évanouissement et quelqu’un dit : Rien d’autre que la prière ne le réanimera. On cria alors : ‘‘ La prière, ô Commandeur des croyants ! » et il dit : ‘‘ Oui, celui qui délaisse la prière n’appartient en rien à l’Islam ’’. Puis il pria alors que sa blessure saignait. Vois donc à quel point les Compagnons se préoccupaient de la prière[6].
3.
On rapporte de ‘Abd Allah Ibn ‘Amr Ibn Al-‘Ass – qu’Allah a agréé – que le Prophète ﷺ parla de la prière un jour en disant :
‘‘ Celui qui l’accomplit assidûment, elle sera pour lui une lumière, une preuve éclatante et un salut le Jour de la Résurrection, alors que celui qui ne l’accomplit pas assidûment n’aura ni lumière, ni preuve éclatante, ni salut, et il sera le Jour de la Résurrection avec Qaroune, Pharaon, Hamane et Oubayy Ibn Khalaf. ’’[7]
Ibn Al-Qayyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : Le Prophète ﷺ mentionna spécifiquement ces quatre hommes parce que ce sont des mécréants notoires. De plus, on décèle dans ce hadith une subtilité remarquable. En effet, celui qui s’abstient d’être assidu dans la prière est distrait soit par sa richesse, soit par son trône, soit par sa fonction prestigieuse, soit par son négoce. Ainsi, celui qui en est distrait à cause de sa richesse sera avec Qaroune, celui qui en est distrait à cause du pouvoir sera avec Pharaon, celui qui en est distrait à cause d’une fonction prestigieuse sera avec Hamane et celui qui en est distrait à cause de son négoce sera avec Oubayy Ibn Khalaf[8].
4. Comment quelqu’un pourrait-il délaisser la prière alors qu’Allah en fit une expiation des péchés et des fautes du serviteur ?
Le Messager d’Allah ﷺ a dit :
‘‘ Que diriez-vous si un fleuve coulait à la porte de l’un de vous, et qu’il prenne de celui-ci de l’eau pour se laver cinq fois par jour resterait-il quelque chose de sa saleté ? ’’. Les présents répondirent : ‘‘ Il ne resterait rien de sa saleté ’’. Il dit alors : ‘‘ Telles sont les cinq prières avec lesquelles Allah efface les fautes ’’[9].
5. Ibn Mas’oud, qu’Allah a agréé, dit au sujet de la prière en groupe : ‘‘ S’agissant de nous, seul un hypocrite démasqué n’y participait pas. Sinon, il arrivait qu’on amène un homme souffrant porté par deux hommes qui le plaçaient dans le rang ’’[10]. Comment donc est-il possible qu’un musulman délaisse la prière sciemment et délibérément ?!
6. Un poète a dit :
L’appel à la prière a retenti du haut des minarets, dans la lueur du matin et dans la quiétude de la
nuit.
Cet appel apporte la vie à l’univers et aux habitants de ses villes et de ses campagnes.
Il est aussi un appel provenant du ciel s’adressant à ceux qui sont au-dessus et en dessous de la Terre. Cet appel est une rencontre entre les anges, la foi et les gens sans que personne ne l’ait commandé. Il est aussi un départ vers la réussite, le bien, le vrai, la guidée et tout ce qui est agréable.
7- Un autre poète a dit :
Celui qui entre en prière, oublie le bas monde et voit son âme telle qu’elle est.
Les flancs des vertueux se séparent des couches et ils passent leurs nuits debout et prosternés.
Ils se rendent à la prière dans l’obscurité qui les environne de toutes parts, mués par une passion qui donne de l’entrain aux plus forts et aux plus faibles.
Ils récitent les versets d’Allah dans les mihrabs, alors que la lumière de l’aube est sur le point d’apparaître.
Puis lorsque l’appel retentit, qu’ils entrent en prière et qu’ils s’adressent à Allah seul,
Tu vois la scène la plus magnifique qui soit en un instant et tu t’arrêtes pour l’admirer.
Tu les vois alignés en un seul rang, les cœurs unis, leurs langues proclamant tout l’amour qu’ils ont
pour la Paix (Allah).
المراجع
- At-Tirmidhi (2616) et An-Nassa`i (11330).
- Al-Boukhari (527) et Moslim (85).
- At-Tirmidhi (2621), An-Nassa`i (463) et Ibn Maja (1079).
- Malik dans le Mouwatta (1/39) et Ad-Daraqoutni (1750).
- At-Tirmidhi (2622).
- Malik dans le Mouwatta (1/39) et Ad-Daraqoutni (1750).
- Ahmad (6576) et Cho’ayb Al-Arna’out dit à son sujet : Sa chaîne de narration est bonne.
- Voir As-Salat Wa Ahkam Tarikiha d’Ibn Al-Qayyim (p.51).
- Al-Boukhari (528) et Moslim (667).
- Moslim (654).
1. Malik Ibn Al-Houwayrith, qu’Allah a agréé, se rendit avec un groupe de ses compagnons de la tribu des Banou Al-Layth auprès du Prophète C’ était tous des jeunes hommes du même âge. Ils séjournèrent chez lui vingt nuits durant pendant lesquelles ils apprirent la religion d’Allah et s’y instruisirent, puis lorsque le Prophète ressentit que leurs familles leur manquaient, il leur demanda qui ils avaient laissé derrière eux et ils lui apprirent qui ils avaient lassé derrière eux.
2. Suite à cela, il leur ordonna de retourner auprès de leurs familles, et cela fait partie de la compassion et de la miséricorde du Prophète envers les croyants, comme Allah a dit à son sujet :
﴾gCertes, un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants g﴿
[Sourate At-Tawba : 128]
.Aussi, le Prophète leur ordonna de retourner auprès de leurs familles uniquement car cela eut lieu après la prise de La Mecque qui marqua la fin de la migration [vers Médine]. En effet, le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Nulle migration après la prise [de La Mecque] ’’[1]. Résider à Médine devint donc une option : celui qui voulait y rester le pouvait, sinon, après avoir appris ce dont il avait besoin comme science et religion, il retournait auprès des siens et l’enseignait ensuite aux siens[2].Le Prophète autorisa donc ces jeunes gens à rentrer chez eux et leur ordonna même cela, car il sut qu’ils avaient appris en religion, en jurisprudence et en monothéisme ce qui leur suffisait. Dans le cas contraire, il ne les aurait pas autorisés à partir ni, à plus forte raison, d’instruire les leurs.
3. C’est pourquoi il leur ordonna d’enseigner à leur peuple ce qu’ils savaient au sujet de la religion d’Allah et les a même informés que l’enseignement seul n’est pas suffisant. En effet, chacun doit ordonner aux membres de sa famille [d’accomplir ce qui doit être accompli] et les surveiller, car il est responsable d’eux et doit rendre des comptes à leur sujet.
Allah dit :
﴾Et commande à ta famille la prière, et fais-la avec persévérance﴿
[Sourate Taha : 132].
Pour sa part, le Prophète a dit :‘‘ Chacun de vous est un berger et chacun de vous est responsable de son troupeau ’’[3]. Ainsi, tout comme l’enseignement est obligatoire, les injonctions et le suivi sont obligatoires[4].
4. Ensuite le Prophète énonça la règle importante au sujet de la religion et de ses jugements : celle du suivi et de l’imitation du Prophète dans la prière, ses positions, ce qui est en rapport dans ses jugements, ce qu’on dit alors qu’on l’accomplit, ce qui l’invalide et ce qui requiert que l’on effectue une prosternation de l’oubli. En effet, les actions du Prophète explicitent ce qui est énoncé globalement dans le Noble Coran, puisqu’il n’y a pas dans le Coran un seul verset détaillant les jugements en rapport avec la prière, le nombre d’unités de prières, les horaires, les piliers, les Sounnane et les positions. Les versets du Coran ordonnent plutôt d’être assidu dans sa prière et de l’accomplir dans son temps, laissant le soin à la Sounna orale et gestuelle du Prophète de préciser tout cela. Voici pourquoi le Prophète a dit : ‘‘ Priez comme vous m’avez vu le faire ’’.Il en est de même pour le reste des lois et des jugements. Ainsi, le Prophète dit au sujet du pèlerinage : ‘‘ Prenez [exemple sur moi pour] vos rites, car il se peut que je n’accomplisse pas d’autre pèlerinage après celui-ci. ’’[5] En outre, les savants s’accordent à affirmer que lorsque les actes du Prophète sont une explicitation de ce qui a été ordonné globalement [dans le Coran], à l’image de la prière, du jeûne et du pèlerinage, ils doivent être considérés comme obligatoires à moins qu’une preuve spécifique démontre qu’ils ne le sont pas[6].Par ailleurs, le caractère obligatoire de ces actes concerne toute la communauté, à condition qu’il soit établi que le Prophète avait persisté à effectuer tel acte. Dans ce cas, il devient obligatoire pour sa communauté, sinon il ne l’est pas[7].
5. Puis le Prophète ﷺ leur enseigna que lorsqu’il est l’heure de prier, l’un d’eux doit faire l’appel à la prière et que c’est le plus âgé parmi eux qui doit diriger la prière.Pour ce qui est de l’imam qui dirige la prière, c’est celui qui mémorise la plus grande partie du Coran qui doit être mis en avant, conformément au hadith d’Abou Mas’oud Al-Ansari, qu’Allah a agréé, selon lequel le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Dirige la prière d’un groupe, celui qui mémorise la plus grande partie du Coran. S’ils mémorisent la même partie du Coran, c’est celui qui connaît le mieux la Sounna. S’ils ont la même connaissance de la Sounna, c’est celui dont la migration est la plus ancienne. S’ils sont égaux concernant leurs migrations, alors c’est celui dont la conversion à l’Islam est la plus ancienne ’’[8]. En outre, ‘Amr Ibn Salama – qu’Allah lui fasse miséricorde – dirigea la prière des siens du vivant du Prophète ﷺ alors qu’il n’avait que six ans, car c’est lui qui mémorisait la plus grande partie du Coran [9]. Le Prophète ﷺ ne leur a ordonné de mettre en avant le plus âgé d’entre eux que parce qu’il savait qu’ils mémorisaient approximativement le même nombre de versets du Coran, la preuve étant qu’il est dit dans la version de Moslim : ‘‘ nous mémorisions presque la même chose du Coran ’’ [10]. De plus, ils embrassèrent l’Islam en même temps et comme il était très probable que leur connaissance de la Sounna fût la même, c’est la raison pour laquelle le Prophète ﷺ demanda de mettre en avant le plus âgé.
Comment appliquer ce hadith :
1. (1) Ce hadith souligne l’intérêt qu’avaient les Compagnons – qu’Allah a agréés – pour l’étude de la science et la connaissance de jugements religieux, laissant pour cela derrière eux leurs familles et leurs pays. La raison est que leurs âmes étaient convaincues du mérite de la science et de son immense importance. L’être humain ne doit donc pas manquer cette rétribution, particulièrement lorsqu’on sait que l’étude et l’acquisition de la science sont devenues plus faciles de nos jours et ne requièrent plus autant d’efforts ni de pénibles voyages.
2. (1) Le Prophète ﷺ accordait de l’intérêt aux jeunes et veillait à les instruire puis à les envoyer en tant qu’ambassadeurs et prédicateurs auprès des leurs. En effet, la jeunesse est la colonne vertébrale de la communauté et elle est garante de son progrès. Il convient donc d’orienter l’intérêt des jeunes vers les œuvres, la prédication et l’amélioration des choses.
3. (1) Le Prophète ﷺ comprenait les spécificités psychologiques des jeunes et était conscient de leurs besoins affectifs. C’est pourquoi il les autorisa à retourner auprès de leurs familles. Il convient donc de tenir compte de leurs nécessités et de leurs situations et de leur consacrer une attention particulière.
4. (2) Le prédicateur, l’enseignant et l’éducateur doivent être doux et miséricordieux, de manière à ce que sa mission n’entre pas en conflit avec les besoins essentiels des gens. Il doit plutôt les accompagner avec douceur du mieux qu’il peut, veiller à tirer profit du temps où ils sont actifs et attentifs et leur accorder le repos et les loisirs adaptés à leurs corps et à leurs esprits.
5. (2) Un des signes de maturité du prédicateur et de l’éducateur est qu’il ne charge personne de ce qui n’est pas dans ses capacités. Il doit plutôt tenir compte de la force et de l’aptitude de chacun à réaliser ce qu’il lui ordonne et à procéder par étapes.
6. (2) Il convient que l’être humain demeure parmi les siens tant que cela est possible et il ne lui a pas indiqué de s’exiler ou de s’éloigner d’eux, au point que le Messager d’Allah ﷺ ordonna au voyageur de retourner auprès de sa famille après avoir réalisé le but de son voyage [11].
7. (3) Le Prophète ﷺ recommanda dans ce hadith et dans d’autres, de transmettre la religion et de répandre la prédication, d’où ses paroles : ‘‘ Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset ’’ [12]. Le prédicateur transmet donc d’Allah et de Son Messager ﷺ et est le remplaçant du Prophète ﷺ auprès des gens en ce qui concerne le fait de les appeler à faire le bien, leur défendre de faire le mal, leur expliquer les lois de la religion et leur faire comprendre ses jugements. Qui donc refuserait d’atteindre ce rang ?
8. (3) Le Prophète ﷺ affirma que la prédication nécessite de l’autorité et une patience continue dans la mise en pratique, elle ne consiste pas seulement à expliquer les commandements et les interdits. D’ailleurs, le Prophète ﷺ endura de grandes souffrances en transmettant la Législation d’Allah. Les prédicateurs et les savants doivent donc s’armer de patience et faire preuve d’une patience continue afin que la religion d’Allah soit mise en pratique.
9. (4) Expliquer les jugements de la religion est la prérogative du Prophète ﷺ seul et n’est pas laissée à l’appréciation des gens, de leurs raisons ou de leurs passions. L’adoration doit donc être accomplie selon les actes et les paroles du Prophète ﷺ et on ne doit rien ajouter à ce qu’il a prescrit ni rien en déduire.
10. (4) Suivre les Sounane du Prophète ﷺ est le moyen de mener une bonne vie et de connaître le salut. C’est en effet grâce à elles, que le musulman sait comment prier et quels sont les temps des prières, ses jugements, ses piliers et ses positions. C’est aussi grâce à elles qu’il connaît les jugements relatifs au reste des adorations, comme l’aumône légale, le pèlerinage, etc. Par conséquent, si le musulman s’abstenait de suivre la Sounna du Prophète ﷺ, il finirait désemparé et égaré, ne sachant quelle voie suivre.
11. (4) L’imitation du Prophète ﷺ inclut son imitation dans le recours aux dispenses. Ainsi, c’est prendre convenablement exemple sur lui lorsqu’un malade prie assis ou adossé, selon ce que requière son état de santé, lorsqu’un voyageur ou un malade ne jeûne pas quand le jeûne lui est préjudiciable, qu’un voyageur réunit et raccourcit les prières et qu’un musulman recourt aux autres dispenses auxquelles le Prophète ﷺ a eu recours de son vivant et au sujet desquelles il dit : ‘‘ Allah aime que l’on utilise Ses dispenses autant qu’Il déteste qu’on Lui désobéisse ’’[13].
12. (5) Ce hadith enseigne de respecter les plus âgés et de les privilégier dans des situations religieusement définies, pourvu que cela ne conduise pas à contrevenir à un commandement de la religion. Ainsi, le Prophète ﷺ fit le l’âge un critère de désignation de l’imam d’une prière, si tous les membres du groupe sont égaux en mémorisation du Coran, en science et en ancienneté dans l’Islam.
Références
- Al-Boukhari (2783) et Moslim (1353).
- Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (13/236).
- Al-Boukhari (2409) et Moslim (1829).
- Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (4/148).
- Moslim (1297).
- Voir le commentaire du Sahih d’Al-Boukhari d’Ibn Battal (10/345) et Riyad Al-Afham Fi Charh ‘Umdat Al-Ahkam d’Al-Fakihani (2/167).
- Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (13/237).
- Moslim (673).
- Al-Boukhari (4302).
- Moslim (674).
- Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (4/147).
- Al-Boukhari (3461).
- Ahmad (5866).
Ce hadith fait partie des hadiths les plus importants relatifs à la jurisprudence de la prière, puisqu’il renferme les principaux piliers et obligations de la prière. Les juristes lui accordent une attention particulière et l’utilisent souvent comme argument dans les problématiques juridiques. Il est célèbre dans le milieu savant sous le nom de « hadith de celui qui a mal accompli sa prière ‘‘.
1. Un homme entra dans la mosquée et pria alors que le Prophète ﷺ l’observait. Après avoir terminé sa prière, l’homme se dirigea vers le Prophète ﷺ afin de le saluer. Le Prophète ﷺ répondit à son salut puis lui ordonna de refaire la prière et l’informa que sa prière n’est pas acceptée ni prise en compte. En effet, si sa prière avait été prise en compte, le Prophète ﷺ ne lui aurait pas demandé de la refaire et se serait juste contenté d’attirer son attention sur les erreurs qu’il a commises afin qu’il les évite à l’avenir.
2. L’homme retourna prier, mais il pria comme la première fois. C’est pourquoi, lorsqu’il revint auprès du Prophète ﷺ, il lui ordonna de nouveau de refaire sa prière et l’homme persista à prier de la même manière. Le Prophète ﷺ lui ordonna encore une fois de refaire sa prière et l’homme l’informa qu’il ne savait faire la prière que de cette manière-là, puis demanda au Prophète ﷺ de lui enseigner comment bien prier et de lui dire quelles sont les erreurs qu’il a commises et qui ont invalidé sa prière. Le Prophète ﷺ ne lui a pas expliqué dès le début quelles étaient ses erreurs, car il croyait que l’homme connaissait les jugements relatifs à la prière ainsi que ses piliers et ses obligations, mais qu’il y a vait contrevenu. C’est pourquoi il lui demanda de refaire sa prière, mais lorsque l’homme l’informa qu’il ne savait comment prier correctement, le Prophète ﷺ lui expliqua les jugements relatifs à la prière. Une autre hypothèse est qu’en demandant plusieurs fois à l’homme de refaire sa prière puis en lui expliquant la raison pour laquelle il devait la refaire, cela l’aiderait à comprendre et à mémoriser plus efficacement et donc à ne plus commettre les mêmes erreurs[1].
3. Le Prophète ﷺ l’informa alors que lorsqu’il veut prier, qu’il commence par le takbir d’entrée en prière, ce qui signifie que ce takbir est un pilier sans lequel la prière n’est pas valide. Le Prophète ﷺ enseigna donc à cet homme ce qui rend sa prière valide et comme le contexte est un contexte d’apprentissage, il ne convient pas d’ajouter à la mention des piliers, l’explication des Sounane et autre[2].
Le Prophète ﷺ ne mentionna pas non plus l’intention, car l’homme la connaissait, puisque l’un des fondements de la religion que personne n’ignore est que les œuvres sont rétribuées en fonction des intentions, qu’il s’agisse de prière, d’aumône légale ou de toute autre adoration.
4. Le Prophète ﷺ lui ordonna ensuite de réciter de ce qu’il mémorise du Coran. Cela ne signifie pas qu’il lui est permis de réciter ce qu’il veut, mais il est plutôt rapporté dans d’autres hadiths complémentaires qu’il est obligatoire de réciter la sourate Al-Fatiha et que ‘‘ La prière de celui qui ne récite pas la sourate Al-Fatiha est nulle ’’[3]. Ce qui serait donc signifié par ‘‘ de ce qu’il mémorise du Coran » est la sourate Al-Fatiha, car Allah facilita sa mémorisation aux hommes, aux femmes et aux enfants, ou bien d’autres parties du Coran après la sourate Al-Fatiha puisqu’il est probable que l’homme savait que cette sourate est un pilier de la prière et que le Prophète ﷺ lui indiqua de réciter d’autres parties du Coran s’il en mémorise[4].
5. Ensuite le Prophète ﷺ lui ordonna de s’incliner et de rester quelques instants ainsi, puis de se relever et de rester debout, le dos droit, pendant quelques instants, puis de se prosterner et de rester quelques instants ainsi. Cela signifie qu’on ne doit pas se hâter lorsqu’on s’acquitte d’un pilier de la prière sans lequel la prière ne serait pas valide, et c’est la raison pour laquelle le Prophète ﷺ ordonna à cet homme de refaire sa prière. De plus, le Prophète ﷺ réprouva la prière qui n’est pas faite sereinement et dit :‘‘ C’est la prière de l’hypocrite. Il observe le soleil, puis lorsqu’elle est entre les deux cornes de Satan, il se lève et la fait en becquetant quatre fois en n’évoquant Allah que très peu ’’[5]. Le ‘‘ becquetage ’’ désigne les mouvements faits rapidement sans sérénité et qui ressemblent au becquetage des coqs.Dans ce hadith, le Prophète ﷺ mentionne certains piliers sans lesquels la prière serait invalide et n’en mentionna pas d’autres, comme l’intention, la position assise, la salutation finale et le salut, car cet homme les connaissait et le Prophète ﷺ l’a vu les accomplir. Le Prophète ﷺ ne lui a donc indiqué que ceux qu’il ignorait[6].
Comment appliquer ce hadith :
1. (1) Ce hadith indique que lorsqu’un musulman entre dans une mosquée où il y a des gens assis, il lui est recommandé d’accomplir la prière dite de salutation de la mosquée avant tout, puis de saluer les personnes présentes.
2. (1) Le musulman doit acquérir la science qui lui permet d’accomplir des adorations valides afinque ses adorations ne soient pas invalides.
3. (1) Il est recommandé au savant, au juriste et au prédicateur de s’asseoir à la mosquée pour que les gens se regroupent autour de lui et qu’il les exhorte, qu’il les incite à faire le bien et qu’il leur décrive la manière dont le Prophète ﷺ faisait la prière.
4. (1) Il est requis, pour qu’une œuvre soit acceptée, qu’elle soit exclusivement dédiée à Allah et qu’elle soit conforme à la Sounna. Tout comme l’absence de la condition d’exclusivité à Allah invalide l’œuvre, il en est de même lorsqu’une œuvre contrevient à la Sounna et elle ne devient pas valide simplement parce que l’intention était bonne.
5. (1) Il est permis au prédicateur et au juriste de reporter l’explication d’une chose lorsque cela est nécessaire, comme rendre l’auditoire désireux d’entendre le jugement religieux, attendre que les gens soient plus nombreux pour qu’un plus grand nombre profite de ce qu’il va leur dire, etc.
6. (2) Ce hadith démontre qu’il est recommandé de saluer les gens autour de soi et qu’il est obligatoire d’y répondre. Il démontre aussi qu’il est recommandé de réitérer les saluts, et ce même si les rencontres sont rapprochées et que l’on s’était déjà salué peu de temps avant, et qu’il est obligatoire d’y répondre à chaque fois.
7. (2) Il y a dans ce hadith la recommandation d’être compréhensif avec l’interlocuteur instruit comme avec l’interlocuteur ignorant, d’être aimable avec lui, de lui clarifier la problématique, de résumer les finalités et de se restreindre à ce qui est important pour lui sans entrer dans des détails complémentaires qu’il est peu susceptible de mémoriser et de mettre en pratique[7].
8. (3) La clé de la prière est le takbir, qui signifie dire : Allahou Akbar (Allah est le Plus Grand) pour entrer en prière. Cette clé mérite donc que tu la considères plus importante que le bas monde et ce qu’il contient et aucune des distractions ne doit t’empêcher de te recueillir et d’être serein.
9. (4) Ce hadith démontre que la religion a été facilitée aux musulmans et qu’ils n’ont pas été chargés de ce qui leur est pénible. Ainsi, l’ordre du Prophète ﷺ à cet homme de réciter de ce qu’il mémorise du Coran, est contraire à l’habitude qu’ont certains imams à réciter de longues sourates pendant la prière, rendant celle-ci difficile pour les gens. Le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Lorsque l’un de vous dirige la prière des gens, qu’il l’allège, car il y a parmi eux des faibles, des malades et des vieux. Si en revanche l’un d’eux prie seul, qu’il fasse durer la prière autant qu’il le veut ’’[8].
10. (5) La sérénité est un pilier de la prière sans lequel elle n’est pas valide. Sa finalité est de vivre consciemment sa prière et de méditer les évocations et les invocations récitées. En effet, la prière ne consiste pas seulement en des mouvements que le musulman effectue, se levant et se baissant.
11. Une des manières de s’enjoindre mutuellement le vrai, d’ordonner ce qui est convenable et de défendre ce qui est blâmable, est d’attirer l’attention des ignorants sur leurs fautes et de les instruire.On rapporte que Zayd Ibn Wahb – qu’Allah lui fasse miséricorde – dit : Hodhayfa – qu’Allah a agréé – vit un homme qui n’avait pas complété son inclinaison et sa prosternation. Il lui dit : ‘‘ Tu n’as pas prié et si tu mourrais maintenant, tu mourrais sur autre que la nature originelle qu’Allah a créée en Mohammed ﷺ ’’. Or ces paroles sont très sévères.[9]
12. Un poète a dit :Tu pries sans présence du cœur et une telle prière accomplie par un enfant mériterait une punition. Malheur à toi ! Sais-tu à qui tu te confies en étant distant et face à qui tu t’inclines, en n’étant pas recueilli ?Tu Lui dis ‘‘ C’est Toi que nous adorons ’’ en étant distrait par autre chose, sans qu’une nécessité ne t’amène à cela.Or, toi-même, si quelqu’un se confiait à toi en regardant autrui, tu te consumerais d’obfuscation et de jalousie.
Références
- Voir Al-Kâchif ‘an Haqâ`iq As-Sounane d’At-Tîbî (3/977), At-Tawdîh li-Charhh Jâmi’ As-Sahih d’Ibn Al-Mulaqqin (30/313) et Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (2/281).
- Voir Ikmal Al-Mou’lim Bi Fawa’id Moslim d’Al-Qadi ‘Iyad (2/282).
- Al-Boukhari (756) et Moslim (394).
- Voir Ma’alim As-Sounane d’Al-Khattabi (1/210), Ikmal Al-Mou’lim Bi Fawa’id Moslim d’Al-Qadi ‘Iyad (2/282) et Al-Moufhim Li-ma Achkal Min Talkhisse Kitab Moslim d’Abou Al-’Abbass Al-Qourtoubi (2/29).
- Moslim (622)
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (4/107).
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (4/108, 109).
- Al-Boukhari (703) Moslim (467) d’après Abou Hourayra, qu’Allah a agréé.
- Al-Boukhari (791).
1. Le Prophète ﷺ affirme que celui qui accomplit une prière sans y avoir récité la sourate Al-Fatiha, sa prière est incomplète et n’est pas achevée.Elle est incomplète à un point tel que sa validité est remise en cause, en raison des paroles du Prophète ﷺ: ’’ La prière de celui qui ne récite pas la sourate Al-Fatiha est nulle ’’[1].Par ailleurs, la sourate Al-Fatiha est surnommée la Mère du Coran (Oum Al-Qour’ane), car elle en est l’origine et tous les concepts contenus dans toutes les sourates du Coran – comme l’éloge d’Allah, Son adoration, la séduction et la menace et les récits des anciens – se retrouvent en elle, tout comme La Mecque est surnommée la Mère des Cités (Oum Al-Qoura), car elle en est l’origine[2].
2. Ensuite on demande à Abou Hourayra, le narrateur de ce hadith, si le fidèle qui prie en groupe derrière un imam doit réciter cette sourate ou pas et il lui répond qu’il doit la réciter dans son for intérieur. Même si cet avis provient d’Abou Hourayra, c’est cependant comme s’il l’attribuait au Prophète ﷺ. On rapporte en effet que ‘Obada Ibn As-Samit, qu’Allah a agréé, a dit : « Nous accomplissions la prière de l’aube derrière le Messager d’Allah ﷺ et alors qu’il récitait, la récitation semblait lui être pénible. Après avoir terminé, il dit : ‘‘ Vous récitez sans doute avec votre imam ? ’’. Ils répondirent : « Oui, de manière rapide, ô Messager d’Allah ’’. Il dit alors : ‘‘ Ne le faites pas, sauf pour la sourate Al-Fatiha, car la prière de celui qui ne la récite pas est nulle ’’[3].
3. Puis Abou Hourayra justifie son affirmation : Allah nous informe dans un hadith qoudsi qu’Il adivisé la récitation entre Lui et Son serviteur en deux moitiés.La division ici est celle des concepts, c’est-à-dire qu’Allah répond à un terme par ce qui lui est égal. Ainsi, lorsque le serviteur dit : {Louange à Allah, Seigneur de l’univers}, Allah dit : ‘‘ Mon serviteur M’a loué ’’...Ce qui est probablement signifié par la division en deux moitiés, c’est aussi que la moitié de la sourate est adoration, éloge et glorification d’Allah et son autre moitié est demande et invocation, sachant qu’Allah promit d’exaucer cette invocation. L’emplacement de la division en deux moitiés est le verset : {C’est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous implorons secours}. Ainsi, ce verset avec ce qui le précède est éloge, glorification et adoration d’Allah, alors que ce qui suit est imploration de l’aide et de la guidée d’Allah[4].Le fait que la récitation de la sourate Al-Fatiha soit qualifiée de prière, est une figure de style qui consiste à se servir d’un mot désignant une chose pour qualifier sa partie la plus importante, comme dans les paroles d’Allah :
﴾Et ne prie pas à voix haute ni à voix trop basse, mais cherche le juste milieu entre les deux﴿
[Sourate Al-Isra’ : 110].
La signification est : Ne récite pas à voix haute[5].
4. Puis le Prophète ﷺ nous informe que lorsque le serviteur dit : {Louange à Allah, Seigneur de l’univers}, Allah dit : ‘‘ Mon serviteur M’a loué ’’. Lorsqu’il dit : {Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux}, Allah dit : ‘‘ Mon serviteur a fait Mon éloge ’’. Lorsqu’il dit : {Maître du Jour de la rétribution}, Allah dit : ‘‘ Mon serviteur M’a glorifié ‘‘.
La louange, l’éloge et la glorification sont des termes de signification proche et tous appartiennent au champ lexical de l’apologie et de la mention des attributs positifs. Toutefois, la louange n’est pas liée à un acte et c’est la raison pour laquelle Allah dit : {Louange à Allah, Seigneur de l’univers}. Nous Le louons donc parce qu’Il est le Seigneur de l’Univers. L’éloge est quant à lui la mention des attributs positifs qui méritent que l’on fasse l’éloge de celui qui les possède et c’est pourquoi Allah les mentionna dans le verset : {Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux}. Lorsque Allah mentionna l’éloge, Il l’associa à la miséricorde et lorsqu’Il parla du Jour Dernier et qu’Il affirma qu’Il en est le Possesseur et Celui qui en dispose, Il associa à cela la glorification qui consiste à expliciter l’élévation et l’éminence[6].
5. Lorsque le serviteur dit : {C’est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous implorons secours}, Allah dit : ‘‘ Ceci est entre moi et Mon serviteur et Mon serviteur a obtenu ce qu’il demande ’’. Ainsi, ce verset renferme l’humilité devant Allah, le besoin que l’on a de Lui, Son adoration exclusive et la sollicitation de Son aide. L’adoration est un terme qui regroupe tout ce qu’Allah aime et agrée comme paroles et actes secrets et apparents, et ceci inclut la proclamation de l’éminence d’Allah et la reconnaissance qu’Il a le pouvoir d’exaucer[7].
6. Lorsque le serviteur dit : {Guide-nous dans le droit chemin, Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés}, Allah dit : ‘‘ Ceci est pour Mon serviteur et mon serviteur a obtenu ce qu’il demande ’’. Cela signifie qu’Allah exauce son invocation et lui donne ce qu’il désire.Ceux qui ont encouru la colère d’Allah sont les juifs. Ils ont encouru Sa colère lorsqu’ils connurent le vrai, mais s’y opposèrent et s’en détournèrent. Les égarés sont les chrétiens, puisqu’ils se débattent dans l’ignorance et l’innovation en religion, instituées sur la base d’aucune science[8].
Comment appliquer ce hadith :
1. (1) La sourate Al-Fatiha est la Mère du Coran et son origine, et tous les concepts contenus dans les autres sourates se retrouvent en elle. L’intelligent est donc celui qui connaît les concepts qu’elle renferme, extrait les jugements qu’elle contient et identifie les raisons profondes de son statut privilégié.
2. (1) Nous pouvons déduire de cette sourate toutes les connaissances de ce bas monde et de l’au- delà. En effet, il est dit : Il y a dans cette sourate la connaissance de la louange, la connaissance de la divinité, la connaissance de la seigneurie, la connaissance de l’univers, la connaissance de la miséricorde, la connaissance de la souveraineté, la connaissance de la religion, la connaissance de l’adoration, la connaissance de l’imploration de l’aide, la connaissance de la guidée, la connaissance du droit chemin, la connaissance de la droiture, la connaissance du bienfait, la connaissance de ce qui est requis pour éviter la colère [d’Allah], ainsi que la connaissance de ce qui est requis pour éviter l’égarement[9].
3. (1) Ce hadith démontre qu’il est obligatoire de réciter la sourate Al-Fatiha dans chaque rak’a [unité de prière]. Il n’est donc pas permis au musulman de réciter autre chose qu’elle [à sa place].
4. (1) Le Prophète ﷺ répéta les paroles : ‘‘ elle est tronquée » à trois reprises, afin qu’on le comprenne bien et qu’on mémorise ses paroles et afin d’insister auprès de son auditoire sur ce jugement, sachant que la répétition est une figure de style souvent utilisée par le Prophète ﷺ. Il appartient donc au prédicateur, à l’enseignant et à l’éducateur de s’y intéresser et d’y recourir souvent.
5. (2) Les gens interrogèrent Abou Hourayra concernant le jugement relatif à la lecture par le fidèle priant derrière un imam, de la sourate Al-Fatiha, dans l’éventualité où ce cas de figure aurait un jugement distinct. C’est pourquoi Abou Hourayra ne réprouva pas leur question. Un musulman ne doit donc pas avoir honte de poser des questions concernant ce qu’il ignore, et le juriste et le prédicateur ne doivent pas s’impatienter lorsque leur auditoire leur pose des questions auxquelles il a déjà répondu explicitement ou implicitement.
6. (3) Allah qualifia la sourate Al-Fatiha de prière, car elle en est la partie la plus importante. Il convient donc que le musulman ne soit pas inattentif à cette partie, la plus importante, en la récitant précipitamment sans réflexion ni méditation.
7. (3) Alors que tu récites la sourate Al-Fatiha lors de la prière, médite le dialogue et la conversation intime entre l’être humain et son Seigneur – exalté soit-Il. Notre devoir est donc que nos cœurs soient présents lors de la prière, afin que nous nous en acquittions consciencieusement et afin que nous en tirions profit, car on ne récolte des avantages que de la prière accomplie d’un recueillement complet[10].
8. (4) Allah montre fièrement Ses serviteurs croyants et est réjoui par eux. Ainsi, lorsqu’ils disent :{Louange à Allah, Seigneur de l’univers}, Allah dit : ‘‘ Mon serviteur M’a loué ’’, avec fierté et joie. Quelle œuvre est donc plus éminente et plus susceptible d’être immensément rétribuée qu’une œuvre par laquelle Allah est réjoui ?
9. (5) Le musulman gagnerait à méditer les paroles d’Allah : {C’est Toi [Seul] que nous adorons, et c’est Toi [Seul] dont nous implorons secours}, car on dit qu’elles rassemblent les secrets de tous les livres révélés du ciel. Les créatures n’ont, en effet, été créées que pour adorer Allah, conformément aux paroles d’Allah :
﴾Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent﴿
[Sourate Adh-Dhariyatte : 56].
Par ailleurs, l’adoration est un droit d’Allah sur Ses serviteurs et les serviteurs n’ont aucun pouvoir de l’accomplir sans l’aide d’Allah. C’est pourquoi cette phrase est entre Allah et Son serviteur, car l’adoration est un droit d’Allah sur Son serviteur et l’aide est une faveur qu’Allah fait à Son serviteur[11].
10. (6) Allah ordonna à Ses serviteurs de Lui demander de les guider dans le droit chemin emprunté par les prophètes, les véridiques et les martyrs. Celui qui se tient sur ce chemin connaît le bonheur dans ce bas monde et dans l’au-delà et son parcours sur le Pont Sirat sera droit le Jour de la Résurrection. Quant à celui qui en sort, soit il encourt la colère [d’Allah], pour avoir bien identifié la voie de la guidée, mais ne pas l’avoir emprunté à l’image des juifs, soit il s’égare de la voie de la guidée, à l’image des chrétiens et autres polythéistes[12].
11. (6) Allah recommanda à Ses serviteurs de Lui demander de les guider dans le droit chemin et de les sauver de la voie des juifs et des chrétiens. Ceci impose que l’on s’abstienne de les suivre et de les imiter. Nous devons plutôt faire le contraire de ce qu’ils font dans la mesure du possibl e.
12. (6) Lorsque le fidèle termine la récitation de la sourate Al-Fatiha, Allah exauce son invocation en disant : ‘‘ Ceci est pour Mon serviteur et mon serviteur a obtenu ce qu’il demande ’’. À ce moment- là, les anges disent : ‘‘ Amine ’’ en réponse à l’invocation du fidèle et il est alors prescrit à ceux qui prient derrière de dire : ‘‘ Amine ’’ en même temps qu’eux. En effet, dire ‘‘ Amine ’’ est une des raisons pour lesquelles l’invocation est exaucée[13].
13. Un poète a dit :Tu pries sans présence du cœur et une telle prière accomplie par un enfant mériterait une punition. Malheur à toi ! Sais-tu à qui tu te confies en étant distant et face à qui tu t’inclines, en n’étant pas recueilli ?Tu Lui dis ‘‘ C’est Toi que nous adorons ’’ en étant distrait par autre chose, sans qu’une nécessité ne t’amène à cela.Or, toi-même, si quelqu’un se confiait à toi en regardant autrui, tu te consumerais d’obfuscation et de jalousie.
Références
- Al-Boukhari (756) et Moslim (394).
- Voir Ikmal Al-Mou’lim Bi Fawa’id Moslim d’Al-Qadi ‘Iyad (2/272), Al-Moufhim Li-ma Achkal Mine Talkhisse Kitab Moslim d’Abou Al-’Abbass Al-Qourtoubi (2/25) et Touhfat Al-Abrar Charh Massabih As-Sounna d’Al-Baydawi (1/286).
- Abou Dawoud (823) et At-Tirmidhi (311).
- Voir Ma’alim As-Sounane d’Al-Khattabi (1/204), Al-Massalik Fi Charh Mouwatta Malik d’Ibn Al-’Arabi (2/375).
- Voir Ma’alim As-Sounane d’Al-Khattabi (1/203), Al-Massalik Fi Charh Mouwatta Malik d’Ibn Al-’Arabi (1/239).
- Voir Al-Massalik Fi Charh Mouwatta Malik d’Ibn Al-’Arabi (2/376) et le commentaire du Sahih de Moslim par An- Nawawi (4/104).
- Voir Al-Moufhim Li-ma Achkal Min Talkhisse Kitab Moslim d’Abou Al-’Abbass Al-Qourtoubi (2/27) et Majmou’ Al-Fatawa d’Ibn Taymiyya (10/149).
- Voir l’exégèse du Coran par Ibn Kathir (1/140)
- Voir Al-Ifsah ‘Ane Ma’ani As-Sihah d’Ibn Houbayra (8/157).
- Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (1/355).
- Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (7/102, 103).
- Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (7/102, 103).
- Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (7/102, 103).
Il y a dans ce hadith que la prière du vendredi est obligatoire pour tous les musulmans et qu’il est mis en garde contre le fait de la délaisser. De plus, il annonce la punition sévère dans ce bas monde que mérite le serviteur pour avoir délaissé la prière du vendredi.
Ce hadith signifie que l’une de deux choses se produira incontestablement : soit les gens arrêtent de délaisser la prière du vendredi, soit Allah scellera leurs cœurs et les voilera, les rendant incapables d’identifier le vrai, d’approuver ce qui est convenable et de réprouver ce qui est blâmable, au point de finir par faire partie des distraits. D’où les paroles d’Allah :
﴾Allah a scellé leurs cœurs et leurs oreilles ; et un voile épais leur couvre la vue ; et pour eux il y aura un grand châtiment.﴿
[Sourate Al-Baqara : 7].
Par ailleurs, ce hadith en confirme un autre dans lequel le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Celui qui délaisse trois prières du vendredi par négligence, Alla scellera son cœur ’’[1].
La prière du vendredi est une obligation individuelle pour tout homme musulman libre.
Allah dit :
﴾Ô vous qui avez cru ! Quand on appelle à la prière du jour du vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez !﴿
[Sourate Al- Joumou’a : 9].
Le Prophète ﷺ dit pour sa part : ‘‘ Tout homme pubère doit se rendre à la prière du vendredi et chacun se rendant à la prière du vendredi doit se laver ’’[2].
Comment appliquer ce hadith :
Le musulman qui invoque Allah de le guider et de lui accorder la pertinence dans les actes, ne s’exposera pas à la colère et à la punition d’Allah ni ne s’abaissera au point de mériter que son cœur soit scellé et qu’il soit distrait de l’obéissance à Allah.
- Les choses importantes imposent qu’on les ordonne ou qu’on les défende publiquement. C’est pourquoi la défense de participer à la prière en groupe et à la prière du vendredi a été prononcée du haut du minbar face à un rassemblement de gens, afin que son importance soit perçue par tous. Il convient donc que le prédicateur, l’enseignant, le juriste et l’éducateur donnent à chaque chose le contexte qui s’impose. Ainsi, faire des cours d’exhortation est différent d’un sermon du vendredi, etc.
- La sévérité du style du prédicateur, de l’enseignant et de l’éducateur doit dépendre de la situation. Certaines situations ne méritent que des allusions bienveillantes, d’autres méritent des conseils, d’autres encore méritent un blâme et une réprobation, d’autres enfin méritent colère et dureté.
- Lorsqu’on prodigue un conseil, il n’est pas permis de mentionner les noms des personnes visées publiquement, car ils seraient dévoilés et ce qui était censé être la défense d’une chose blâmable finirait par devenir une chose plus blâmable encore. En effet, le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Que des gens cessent ’’ et ne mentionna personne nominativement.
- La prière du vendredi est obligatoire à l’unanimité, et Allah menaça celui qui la délaisse de lui faire subir toute sorte de supplices et de punitions. Prenons donc garde à ne pas encourir la colère et le châtiment d’Allah !
- Le vendredi est le meilleur jour sur lequel le soleil se lève. Le Messager d’Allah ﷺ dit en effet :‘‘ Le meilleur jour sur lequel le soleil se lève est le vendredi. C’est un vendredi qu’Adam fut créé, qu’on le fit entrer au Paradis et qu’on l’en fit sortir ’’[3]. Veille donc à ce que ce jour témoigne en ta faveur et non en ta défaveur.
- Le musulman doit veiller à se rendre à la prière du vendredi en avance, se laver et mettre ses plus beaux habits, car la rétribution méritée pour tout cela est immense. Le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Quiconque, le vendredi, effectue le bain rituel prescrit pour se purifier d’une souillure majeure, puis se rend à la prière [à la première heure], est tel celui qui fait l’aumône d’une chamelle. Quiconque s’y rend à la deuxième heure sera tel celui qui fait l’aumône d’une vache. Quiconque s’y rend à la troisième heure est tel celui qui fait l’aumône d’un bélier cornu. Quiconque s’y rend à la quatrième heure est tel celui qui fait l’aumône d’une poule. Quiconque s’y rend à la cinquième heure est tel celui qui fait l’aumône d’un œuf. Puis lorsque l’imam sort, les anges viennent écouter l’évocation d’Allah ’’ référencé par Al-Boukhari et Moslim[4].
8. Un poète a dit :
Ô quel agréable jour et qu’il resplendit de toutes les lumières de la guidée.
C’est un jour dont Allah a tracé un programme bien défini et que l’on doit suivre.
Allah a réalisé par ce jour notre unité dans un magnifique rassemblement général.
Chaque semaine un sermon différent y est prononcé par un imam et ce sermon a guidé bon nombre
de gens l’ayant écouté.Un tel jour qui est bien dans sa totalité est le jour de la communauté rassemblée. Aucun autre jour n’est meilleur que lui, car le meilleur jour est le vendredi.L’unité de la communauté annonce que celle-ci chemine vers le sommet.
Références
- Abou Dawoud (1052), At-Tirmidhi (500), An-Nassa`i dans As-Sounane Al-Koubra (1668) et Ibn Maja (1125).
- Abou Dawoud (342) et An-Nassa`i (1371).
- Moslim (854).
- Al-Boukhari (881) et Moslim (850).
Lorsque le Prophète[1]. Le Prophète réprouva la célébration de ces deux jours et on l’ informa qu’ ils faisaient partie des fêtes de l’ époque préislamique qu’ils avaient l’habitude de célébrer etau cours desquels ils se divertissaient. Il leur interdit alors de continuer de les célébrer et les informa qu’Allah avait remplacé ces deux jours festifs par deux meilleurs autres jours festifs : l’Aïd el -Fitr et l’Aïd el -Ad’ha.Ce hadith démontre qu’il est illicite de célébrer les fêtes des mécréants, des polythéistes, des Gens du Livre ou autres, et que ceci est un des principes du Al-Wala Wa Al-Bara [l’alliance et le désaveu]. Le Prophète ﷺ a en effet affirmé qu’Allah avait remplacé ces deux jours de fête par deux autres meilleurs. Or il y a remplacement, que quand on délaisse ce qui a été remplacé.L’illicéité de célébrer de telles fêtes est corroborée par le fait qu’elles ont été totalement oubliées après la venue de l’Islam et qu’elles n’ont plus été mentionnées du temps du Prophète ﷺ ni du temps des Califes Bien Guidés – qu’Allah a agréés. Ajoutons que si le Prophète ﷺ n’avait pas défendu aux gens de se divertir lors de ces fêtes et de procéder aux autres célébrations, ils auraient gardé cette coutume, puisque les coutumes ne disparaissent que si on les abolit, particulièrement lorsqu’on sait que les femmes, les enfants et de nombreuses personnes attendent avec impatience les jours d’inactivité et de liesse[2].
Comment appliquer ce hadith :
1. On déduit de ce hadith qu’il n’est pas religieusement permis de célébrer les fêtes et les jours de commémoration des non musulmans. Il n’est donc pas permis au musulman de célébrer ces fêtes ni de ressembler aux non musulmans en mangeant et en buvant ce jour-là, ce qu’ils mangent et ce qu’ils boivent.
2. Sachant qu’il est défendu de célébrer les fêtes des non-musulmans dont les rites ont disparu et que le temps a effacées, il est encore plus illicite de célébrer les fêtes des juifs et des chrétiens, car le Prophète ﷺ nous a informés que nous allions vouloir les imiter, ce qu’il défendit et contre quoi il mit en garde.
3. Ce hadith démontre qu’il est prescrit de s’amuser et de se divertir les jours de fête que le Prophète ﷺ a substitués aux fêtes préislamiques au cours desquels ils avaient coutume de se divertir. En outre, le Prophète ﷺ laissa les abyssins se divertir avec leurs lances un jour de fête [institué par le Prophète ﷺ] et laissa la Mère des Croyants – qu’Allah a agréée – les regarder jusqu’à ce qu’elle en eût assez[3].
4. Il est permis au musulman de se réjouir et de se divertir durant les jours de fête [musulmanes], à condition qu’il n’y ait rien d’illicite dans ses réjouissances, comme les jeux de hasard, les jeux de dés et la mixité entre hommes et femmes et à condition qu’elles ne le distraient pas de l’évocation d’Allah.
5. Manifester de la joie et de la réjouissance durant les fêtes [musulmanes] fait partie des rites de l’Islam. Il est donc prescrit de se divertir, de s’amuser, de se rendre visite, d’entretenir ses liens de parenté et d’être généreux avec ses proches. Ceci, de manière à procurer de la sérénité à l’âme et du confort au corps.
6. Le musulman doit avoir à l’esprit l’intention de faire renaître le rite de la joie durant les fêtes. Ainsi, il sera rétribué pour son divertissement, son amusement, sa nourriture et sa boisson.
7. L’imam et le prédicateur doivent s’enquérir des situations des gens, de leurs coutumes et des transactions qu’ils pratiquent puis d’expliciter ce qui en est licite et ce qui en est illicite. Il se peut en effet que les gens s’habituent à une coutume alors que son origine la rend illicite ou détestable sans que les gens ne le sachent. Ainsi, lorsque la chose devient claire pour l’imam ou le prédicateur, il informe les gens du jugement d’Allah et de Son Messager et ils s’y soumettent.
8. Offrir une alternative est le meilleur moyen de délaisser ce qui est défendu. En effet, lorsqu’un éducateur veut que ses enfants ou ses élèves renoncent à certaines habitudes ou à certains mauvais actes, il doit leur offrir une alternative qui soit meilleure et qui les rassure, à l’image de ce que fit Allah en offrant aux musulmans l’Aïd el-Fitr et l’Aïd el-Ad’ha comme alternatives à leurs anciennes fêtes.
9. Couper court aux prétextes est un des fondements de la religion, c’est pourquoi le Prophète ﷺ défendit de se divertir lors des fêtes polythéistes, de crainte que leurs rituels et leurs cultes finissent par être pratiqués. Il convient donc que le juriste et le savant tiennent compte de ce fondement dans leurs décisions et leurs fatwas. Il se pourrait en effet qu’il voie un intérêt à déclarer une chose illicite,non pas pour elle-même, mais en raison des actes de désobéissance et de la mécréance auxquels elle pourrait conduire.
10. Un poète a dit :Voici la fête, que les âmes s’y préparent, et tes dépenses vertueuses ce jour-là sont ce que tu fais de meilleur.Ces jours sont des occasions de semer le bien et c’est auprès de mon Seigneur que l’individu récolte ce qu’il a semé.Enquérez-vous donc des situations des gens, de ceux que les aléas de la vie ont touchés et de ceux qui sont à votre service,Et dissipez la mélancolie présente autour de vos proches, car ceci a été demandé par Allah et Son Messager.Consolez les gens et illuminez leurs ténèbres, telle la pleine lune qui fait fuir l’obscurité de la nuit.
Références
- Voir Al-Mafatih Fi Charh Al-Massabih d’Al -Moud’hiri (2/342).
- Voir Iqtidâ` As-Sirât Al-Moustaqim li-Moukhâlafat As’hab Al-Jahim d’Ibn Taymiyyah (1/488).
- Al-Boukhari (949, 950) et Moslim (829).
Ce hadith met en évidence le mérite de la prière en groupe et la rétribution immense que l’on mérite, puisqu’elle est supérieure à la prière individuelle de ving-tsept degrés.
D’autres hadiths rapportent un degré de supériorité différent comme celui où le Prophètea dit :« La prière d’un homme au sein d’un groupe est doublement supérieure à sa prière chez lui, et supérieure de vingt-cinq fois à sa prière dans sa boutique. En effet, lorsqu’il fait ses ablutions comme il se doit, puis sort en direction de la mosquée uniquement dans l’intention d’accomplir la prière, il ne fait pas un pas, sans qu’il ne soit élevé d’un degré et qu’une faute ne lui soit effaceé. Puis après avoir prié, les anges ne cessent de le couvrir d’élogesjusqu’ à ce qu’il quitte son lieu de prière et disent : Ô Allah, couvre-le d’éloges, ô Allah, fais-lui miséricorde. De plus, l’un de vous est considéré comme étant en prière aussi longtemps qu’il attend la prière ». Hadith rapporté par Al-Boukhari et Moslim[1].Il n’y a pas de contradiction entre les deux nombres, car le plus petit n’exclut pas le plus grand et il est possible que le plus petit soit venu en premier puis qu’Allah ait ajouté de Sa grâce en l’augmentant, le faisant passer de vingt-cinq à vingt-sept. Il est également possible que la différence de deux degrés dépende de la perfection de la prière, de la conformité aux positions prescrites, du recueillement, du nombre de personnes participant à la prière en groupe, la sainteté du lieu, etc.[2].Par ailleurs, les savants ont étudié les raisons pour lesquelles la prière en groupe a un mérite différent selon les hadiths et ont abouti aux raisons suivantes : celles évoquées dans le hadith précédent, la réponse à l’appel à la prière avec l’intention de participer à la prière en groupe, le fait de se rendre à la prière en avance, la marche en toute sérénité en direction de la mosquée, l’entrée dans la mosquée en invoquant Allah, l’accomplissement de la prière dite de la salutation de la mosquée, l’attente de la prière en groupe, l’invocation par les anges pour qu’Allah fasse des éloges et pardonne au fidèle, le témoignage des anges en sa faveur, la réponse à l’iqama, le fait de ne pas subir les maux de Satan qui fuit lorsque l’iqama est récitée, le fait de rester debout à attendre l’imam prononcer le takbir d’entrée en prière ou de l’imiter quelle que soit la position qu’il prend, le fait d’être présent lorsque le takbir d’entrée en prière est prononcé, le fait d’aligner les rangs et de combler les espaces vides[3].
Comment appliquer ce hadith :
1. Il convient que le musulman veille à participer à la prière en groupe, car elle est meilleure que la prière de l’individu seul et elle fait mériter une récompense et une grâce qu’il n’est pas raisonnable de délaisser.
2. Le musulman doit veiller à accomplir la prière au sein d’un groupe afin de remporter ce qu’Allah réserve aux gens qui accomplissent la prière en groupe. En effet, Allah a préparé un lieu de séjour au Paradis à celui qui se rend à la mosquée à l’aube ou au crépuscule. On rapporte d’Abou Hourayra que le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui se rend à la mosquée le matin et le soir, Allah lui prépare un lieu de séjour au Paradis à chaque fois qu’il se rend à la mosquée à l’aube ou au crépuscule »[4].
3. Celui qui désire expier ses péchés, que ses fautes soient effacées et que ses degrés soient élevés au Paradis, doit veiller à participer aux prières en groupe. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Voulez-vous que je vous indique ce par quoi Alllah efface les fautes et élève les degrés ? ». Ils répondirent : « Oui, ô Messager d’Allah ﷺ ». Il dit : « Effectuer les ablutions de la manière la plus complète lorsque les conditions sont défavorables, marcher le plus souvent possible vers les mosquées et y attendre après chaque prière la suivante. Voilà ce qu’on appelle « se consacrer entièrement [à Allah] » »[5].
4. Le bienheureux est celui qui profite de la rétribution méritée pour la prière en groupe à la mosquée. Ainsi, parmi ce qu’Allah lui prépare, il y a le fait que la prière en groupe fait mériter la rétribution d’un pèlerinage. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Celui qui sort de chez lui après s’être purifié pour accomplir une prière obligatoire, sa rétribution est celle d’un pèlerin sacralisé. Celui qui sort pour accomplir la prière du matin en ne sortant que pour cette raison-là, sa rétribution est celle de quelqu’un qui accomplit une Omra. Lorsqu’une prière est suivie d’une autre sans prononcer de paroles futiles entre les deux, elles sont écrites dans le ‘Illiyoune. »[6]
5. Les anges assistent à la prière en groupe. Ne veux-tu pas être de ceux dont les anges font l’éloge et de ceux dont ils attestent auprès du Seigneur de l’univers, qu’ils ont prié ? Le Prophète ﷺ a dit : « Des anges se succèdent parmi vous de jour et de nuit et ils se rassemblent lors de la prière de l’aube et de la prière de l’après-midi. Ensuite ceux qui ont passé la nuit parmi vous remontent au ciel et Allah leur demande – bien qu’Il soit plus connaisseur qu’eux : Dans quel état avez-vous laissé Mes serviteurs ? Ils répondent : Nous les avons laissés en prière et nous sommes arrivés auprès d’eux alors qu’ils étaient en prière »[7].
6. Ibn Mas’oud a dit : « Celui qui se réjouit de rencontrer Allah demain en étant musulman, qu’il accomplisse assidûment ces prières à l’heure où on y appelle, car Allah a prescrit à votre Prophète ﷺ les Sounane de la guidée et ces prières font partie des Sounane de la guidée. Si vous priez dans vos demeures, tel cet homme qui n’a pas participé à la prière en groupe et qui prie chez lui, vous délaissez alors la Sounna de votre Prophète ﷺ. Or si vous délaissez la Sounna de votre Prophète ﷺ, vous vous égarerez. Il n’y a pas d’homme qui se purifie comme il se doit, puis se rend dans une mosquée, sans qu’Allah ne lui écrive pour chaque pas fait une bonne action, l’élève d’un degré et lui efface une mauvaise action. S’agissant de nous, seul un hypocrite démasqué n’y participait pas. Sinon, il arrivait qu’on amène un homme souffrant porté par deux hommes qui le plaçaient dans le rang »[8].
7. ‘Abd Allah Ibn ‘Omar Al-Qawariri – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Jamais je n’avais manqué la prière du soir en groupe et un jour, un hôte vint m’en distraire. Je sortis alors accomplir la prière chez les tribus de Bassora, mais j’ai trouvé [en arrivant] que les gens avaient déjà prié et que les tribus s’étaient dispersées. Je me dis en moi-même : Il est rapporté que le Prophète ﷺ a dit : « La prière en groupe est supérieure à la prière d’un individu seul de vingt-cinq degrés » ou dans une autre narration « de vingt-sept degrés ». Je retournai alors chez moi et j’ai accompli la prière de la nuit à vingt-sept reprises puis je m’endormis. Je me vis en rêve avec des gens montés à cheval et moi- même j’étais sur un cheval ressemblant aux leurs, eux et moi faisions la course. Je me tournai vers l’un d’eux et il me dit : « Ne fatigue pas ton cheval, tu ne nous rattraperas pas ». Je lui demandai :
« Pourquoi ? ». Il me répondit : « Nous avons accompli la prière du soir en groupe » »[9].
8. Ce hadith démontre que retarder la prière pour attendre de l’accomplir en groupe est meilleur que de l’accomplir seul au début du temps qui lui est imparti, sauf si le musulman craint que cet horaire n’arrive à sa fin, dans ce cas il peut alors prier seul.
9. Un poète a dit :L’appel à la prière a retenti du haut des minarets, dans la lueur du matin et dans la quiétude de la nuit.Cet appel apporte la vie à l’univers et aux habitants de ses villes et de ses campagnes.Il est aussi un appel provenant du ciel s’adressant à ceux qui sont au-dessus et en dessous de la Terre. Cet appel est une rencontre entre les anges, la foi et les gens sans que personne ne l’ait commandé. Il est aussi un départ vers la réussite, le bien, le vrai, la guidée et tout ce qui est agréable.
Références
- Al-Boukhari (647) et Moslim (649).
- Voir Dalîl Al-Fâlihîn li-Touoruq Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Illân As-Siddiqî (6/548).
- Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (2/133, 134).
- Al-Boukhari (662) et Moslim (669).
- Moslim (251).
- Ahmad (22304) et Abou Dawoud (558).
- Al-Boukhari (555) et Moslim (632).
- Moslim (654).
- At-Tabsira d’Ibn Al-Jawzi (2/221).
1. Le Prophète ﷺ nous informe que les mosquées sont les lieux les plus aimés d’Allah, puisque la mosquée est la maison de l’obéissance, le fondement de la piété, le lieu où on évoque Allah, le berceau de la science et le point de départ de l’appel à adorer Allah.C’est pourquoi le Prophète ﷺ commença par bâtir la mosquée en arrivant à Médine, au point qu’il portait les pierres lui-même avec ses Compagnons – qu’Allah a agréés.
La mosquée est en effet la première brique de l’État islamique, c’est à partir de là que se diffuse la prédication et c’est dans son enceinte que sont enseignés les jugements et les lois de l’Islam. Le Prophète ﷺ y administrait également les affaires de l’État, y discutait avec ses Compagnons les stratégies des guerres et des batailles, y accueillait les délégations et les messagers, y décidait l’envoi de bataillons et d’ambassadeurs, y tranchait les différends qui opposaient des adversaires, etc.
Ceux qui se rendent à la mosquée sont les gens qui ont la foi et qui craignent Allah qui dit à leur sujet :
﴾Dans des maisons [des mosquées] qu’Allah a permis que l’on élève, et où Son Nom est invoqué ; Le glorifient en elles matin et après-midi, des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l’invocation d’Allah, de l’accomplissement de la prière et de l’acquittement de l’aumône légale, et qui redoutent un Jour où les cœurs seront bouleversés ainsi que les regards. ﴿
[Sourate An-Nour : 36-38].
Allah les décrit également comme ayant la foi dans Sa parole :
﴾Ne peupleront les mosquées d’Allah que ceux qui croient en Allah et au Jour Dernier, accomplissent la prière, acquittent l’aumône légale et ne craignent qu’Allah. Il se peut que ceux-là soient du nombre des biens guidés﴿
[Sourate At-Tawba : 18].
On comprend donc pourquoi les dépenses au profit des maisons d’Allah font partie des meilleures dépenses. Le Prophète ﷺ dit à ce sujet : ‘‘ Celui qui construit une mosquée en ayant comme intention de satisfaire Allah, Allah lui construira un édifice semblable dans le Paradis ’’[1].
2. Le Prophète ﷺ nous informe que les lieux les plus détestés par Allah sont les marchés, là où on entend beaucoup de paroles outrancières et futiles, et où sont légion la tromperie, la trahison, les serments mensongers, les transactions usurières, les fausses promesses, c’est l’endroit dans lequel on oublie d’évoquer Allah, etc. Voici pourquoi Salmane Al-Farissi, qu’Allah a agréé, nous informa que« le marché est le champ de bataille de Satan et que c’est là qu’il lève son étendard ’’[2].
Comment appliquer ce hadith :
1. (1) Le Prophète ﷺ nous informe que les mosquées sont les lieux les plus aimés d’Allah, et donc que l’adoration y est meilleure qu’accomplie dans un autre lieu. Ainsi, la prière accomplie à la mosquée est meilleure que la prière accomplie chez soi ou au marché, les assemblées de science tenues à la mosquée sont meilleures que celles qui sont tenues ailleurs et les dépenses pour construire des mosquées sont meilleures et plus récompensées que celles effectuées au profit d’autres bonnes œuvres.
2. (1) Ce qui explique l’essor de l’Islam et le progrès que cette religion a apporté, c’est le rôle pédagogique, religieux et éducatif de la mosquée. Lorsque ce rôle fut mis à mal, l’ignorance et l’insouciance se diffusèrent parmi les jeunes musulmans au point que beaucoup d’entre eux ne connaissent plus les piliers et les principaux jugements de l’Islam. Si nous voulons donc retrouver l’aura civilisationnelle d’antan, nous devons nous atteler à donner une éducation correcte aux jeunes générations et redonner à la mosquée le rôle qui était le sien dans ce domaine.
3. (1) Sachant que la mosquée est le lieu le plus aimé d’Allah, il ne fait pas de doute que le fait d’y rester pour adorer Allah et attendre la prière est généreusement rétribué et il ne convient donc pas que le musulman manque cela dans la mesure du possible.
4. Allah fit de l’allée régulière à la mosquée, une des œuvres qui rapprochent le plus le serviteur de Son Seigneur – exalté soit-Il – au point qu’elle est mentionnée parmi les œuvres accomplies par les sept personnes qu’Allah abritera sous Son ombre, le jour où il n’y aura pas d’autre ombre que la sienne. Le Prophète ﷺ dit en effet : ‘‘ et un homme dont le cœur est attaché aux mosquées ’’[3].
5. (1) Les mosquées sont les maisons d’Allah et y sont attachées des règles de bienséance auxquelles le musulman doit s’efforcer de se conformer, comme de se parer de ses plus beaux habits, s’embellir, se parfumer avec ce dont il dispose comme parfums, s’abstenir de manger des aliments donnant une mauvaise haleine tels que l’ail et l’oignon et s’abstenir en général de tout ce qui indispose les anges et les êtres humains.
6. (1) Il est recommandé que l’être humain entre à la mosquée en récitant les invocations rapportées du Prophète ﷺ lorsqu’il y entrait. Celui-ci dit en effet : ‘‘ Lorsque l’un d’entre vous entre à la mosquée, qu’il dise : Ô Allah, ouvre-moi les portes de Ta miséricorde. Puis lorsqu’il sort qu’il dise : Ô Allah, je Te demande de Ta grâce ’’[4].
7. (1) Il est recommandé à celui qui entre dans la mosquée de ne pas s’asseoir avant d’avoir accompli deux unités de prière dite de salutation de la mosquée. Le Prophète ﷺ dit en effet : ‘‘ Lorsque l’un de vous entre dans la mosquée, qu’il ne s’asseye pas avant d’avoir accompli deux unités de prière ’’[5].
8. (2) Les marchés sont les pires lieux, en raison des actes de désobéissance, de perversité, des polémiques et d’autres mauvaises choses qui s’y trouvent. Les lieux qui leur ressemblent en cela ont nécessairement le même statut. Ainsi, si on entend dans la demeure de quelqu’un et sur son lieu de travail, des serments mensongers, des insultes et de la perversité, ceux-ci font également partie des pires lieux pour Allah.
9. (2) Il est détestable que l’être humain aille au marché sans nécessité. Si en revanche il y va pour une nécessité, comme acheter ou vendre, alors cela n’est pas détestable, en raison des paroles d’Allah : ﴾Et Nous n’avons envoyé avant toi que des messagers qui mangeaient de la nourriture et circulaient dans les marchés﴿ [Sourate Al-Fourqane : 20].
10. (2) Il convient que celui qui se rend dans un marché par nécessité, ne soit pas le premier à y entrer ni le dernier à en sortir, en raison des paroles de Salmane Al-Farissi : ‘‘ Ne sois pas – si tu le peux – le premier à entrer dans un marché ni le dernier à en sortir, car il est le champ de bataille de Satan et c’est là qu’il lève son étendard ’’[6].
11. Un poète a dit :
Celui qui attache son cœur à la maison d’Allah et ne demande qu’au Généreux et Bienfaiteur de le
pourvoir
Fait partie de ceux qu’Allah abritera sous son ombre lorsqu’il n’y aura pas d’autre ombre que la
Sienne.
Combien de gens craignant les péchés sont venus tremblants et n’ont trouvé d’autre refuge que la maison d’Allah.
Il proclama la gloire et la majesté d’Allah, pria puis se leva en étant humble, dans la maison de Celui en dehors de qui rien ne mérite d’être adoré,
Jusqu’à ce que son esprit s’élevât et que son âme s’amendât. Tu ne vois alors plus d’injustice dans
son cœur ni d’envie.
Et combien de gens fourvoyés sont venus baignés d’illusion et sont retournés portant de la sagesse
entre leurs côtes.
Et combien d’ignorants sont venus couverts par l’obscurité et sont devenus telle une pleine lune grâce à la lumière de la science.
Références
- Al-Boukhari (439) et Moslim (533).
- Moslim (2451).
- Al-Boukhari (660) et Moslim (1031).
- Moslim (713).
- Al-Boukhari (444) et Moslim (714).
- Moslim (2451).
1. Le Prophète nous informe de trois adorations qui donnent et emplissent complètement de foi celui qui les accomplit. Il est question ici de goût alors que le sujet traité est moral et n’est pas matériel pouvant être goûté. C’est pour insister sur ce qui est dit et lceomparer à une nourriture délicieuse, dans le sens où le point commun entre les deux est d’éprouver duplaisir en les accomplissant et y être incité avec son cœu.
Le Coran utilise aussi cette figure de style lorsqu’il met en parallèle des termes ayant trait au goût avec le châtiment et le supplice, comme lorsqu’Allah dit :
﴾Certes, ceux qui ne croient pas à Nos Versets (le Coran) Nous les brûlerons bientôt dans le Feu. Chaque fois que leurs peaux auront été consumées, Nous leur donnerons d’autres peaux en échange afin qu’ils goûtent au châtiment. Allah est certes, Puissant et Sage !﴿
[Sourate An-Nissa : 56].
Le Prophète ﷺ l’utilise également dans un autre hadith où il dit : ‘‘ Goûte à la douceur de la foi celui qui se satisfait d’Allah comme Seigneur, de l’Islam comme religion et de Mohammad comme messager ’’[1].La douceur de la foi à laquelle le serviteur goûte est le fait d’endurer les peines pour satisfaire Allah, d’être satisfait de son décret et de son destin, de préférer l’au-delà a ce bas monde et que cela l’emplisse d’aise.
2. La première de ces choses est le monothéisme qui consiste à adorer Allah – exalté soit-Il – seul sans Lui attribuer d’associé. Ceci inclut tout ce qu’Allah aime comme paroles et actes visibles et intimes, tels que l’amour, l’espérance, la crainte, l’invocation, la demande d’aide, l’immolation de sacrifice, le vœu et toute œuvre surérogatoire qui permet de se rapprocher d’Allah, en ne dédiant rien de tout cela à autre qu’Allah.C’est pour prêcher cette première chose qu’Allah envoya tous les prophètes et messagers.
Allah dit en effet :
﴾Et Nous n’avons envoyé avant toi aucun Messager à qui Nous n’ayons révélé : ‘‘ Point de divinité en dehors de Moi. Adorez-Moi donc ’’﴿
[Sourate Al-Anbiya : 25].
C’est pourquoi Allah menaça celui qui s’abstient de lui vouer un monothéisme exclusif, quel qu’il soit, de le faire demeurer éternellement en Enfer et de rendre vaines ses œuvres. Allah dit à Son Prophète ﷺ :
﴾En effet, il t’a été révélé, ainsi qu’à ceux qui t’ont précédé : Si tu donnes des associés à Allah, ton œuvre sera certes vaine ; et tu seras très certainement du nombre des perdants. Tout au contraire, adore Allah seul et sois du nombre des reconnaissants﴿
[Sourate Az-Zoumar : 65-66].
3. La deuxième de ces choses est que le serviteur s’acquitte de l’aumône légale par obéissance et de sa propre initiative. Son âme doit en être réjouie et lui faciliter de s’en acquitter chaque année.Le Prophète ﷺ mentionna l’aumône légale sans mentionner le reste, car les âmes aiment la richesse et s’en montrent avares. Ainsi, lorsque l’âme l’offre généreusement, volontairement et avec obéissance, alors c’est un signe montrant la validité de sa foi. Seuls, en effet, les hypocrites dépensent à contrecœur et contraints. Allah dit en effet :
﴾Ce qui empêche leurs dons d’être agréés, c’est le fait qu’ils n’ont pas cru en Allah et Son messager, qu’ils ne se rendent à la prière que paresseusement, et qu’ils ne dépensent (dans les bonnes œuvres) qu’à contrecœur﴿
[Sourate At-Tawba : 54].
4. La dernière chose est liée à celle qui la précède : lorsque l’être humain compte s’acquitter de l’aumône légale, il ne doit pas sélectionner les plus mauvais de ses biens et ceux qui sont de moindre qualité. S’il doit s’acquitter de l’aumône légale sur son bétail, il ne doit pas sélectionner la bête vieille et faible, ni la bête galeuse, ni celle qui est malade, celle qu’il n’est pas permis d’immoler en offrande et de consommer sa chair, ni toutes les autres bêtes qui ont des tares comme la bête boiteuse, très maigre, trop petite, etc.
Cela ne signifie pas que si tout le cheptel d’un musulman est malade, il ne doit rien en prélever en guise d’aumône légale. La finalité ici est plutôt d’avertir contre le fait de sélectionner le plus mauvais de ses biens pour s’acquitter de l’aumône légale, afin de coïncider avec les paroles d’Allah suivantes :
﴾Ô les croyants ! Dépensez des meilleures choses que vous avez gagnées et des récoltes que Nous avons fait sortir de la terre pour vous. Et ne vous tournez pas vers ce qui est vil pour en faire dépense. Ne donnez pas ce que vous-mêmes n’accepteriez qu’en fermant les yeux ! Et sachez qu’Allah n’a besoin de rien et qu’Il est digne de louange﴿
[Sourate Al-Baqara : 267].
L’authentique croyant qui ressent la douceur de la foi dans son âme se conforme donc aux paroles d’Allah :
﴾Vous n’atteindrez la (vraie) piété, que si vous faites largesses de ce que vous chérissez. ﴿
[Sourate Al ‘Imrane : 92].
5. Ensuite le Prophète ﷺ affirme que ce qui est requis pour l’acquittement de l’aumône légale, c’est de prélever les biens intermédiaires, ni trop précieux ni n’ayant plus de valeur. Ainsi, le musulman ne doit pas prélever le meilleur de ses biens ni les plus mauvais. Par ailleurs, Abou Bakr As-Siddiq, qu’Allah a agréé, écrivit à Anas Ibn Malik, qu’Allah a agréé : ‘‘ On ne doit pas prélever en guise d’aumône légale la bête vieille ou borgne ou bien un mâle reproducteur, sauf si le propriétaire le veut ’’[2]. Le Prophète ﷺ dit également à Mo’adh Ibn Jabal, qu’Allah a agréé, lorsqu’il l’envoya au Yémen :‘‘ Évite de prendre le meilleur des biens des gens ’’[3]
Comment appliquer ce hadith :
1. (1) Le prédicateur et l’éducateur doivent utiliser les termes et les figures de style qui retiennent l’attention de l’auditoire et l’amènent à écouter et comprendre ce qui est dit. Dans ce hadith, le Prophète ﷺ utilise une phrase ayant un énoncé général dans laquelle il nous informe de trois choses qui indiquent que celui qui les pratique à une foi complète. Or un tel énoncé captive l’attention de l’auditoire, puis le Prophète ﷺ énumère ces choses une à une afin qu’il n’en manque pas une.
2. (2) La première chose est le fondement de toutes les autres mentionnées dans ce hadith et dans d’autres. Ainsi, lorsque l’être humain met en pratique le monothéisme, son âme se rassérène et devient plus disposée à accomplir des adorations et il se persuade que ce qu’il y a auprès d’Allah est meilleur et plus durable. En effet, lorsque la finalité est de satisfaire Allah, les charges religieuses et les peines deviennent plus supportables.
3. (3) Parmi les signes de la foi que le croyant peut déceler en lui-même, il y a le fait de scruter son amour pour l’acquittement de l’aumône légale et les œuvres de charité. En effet, comme les âmes aiment la richesse, le fait que le serviteur la dépense en étant satisfait et en mettant sa rétribution en dépôt auprès d’Allah est le signe d’une sincérité de la foi.
4. (4) Comment le croyant peut-il faire aumône d’une chose vile et mauvaise alors qu’il sait qu’elle va dans les mains d’Allah avant d’aller dans les mains du pauvre ?!
5. (5) Les prédécesseurs – qu’Allah a agréés – s’efforçaient de dépenser de ce qu’ils possédaient de meilleur. Ainsi, lorsqu’Abou Talha Al-Ansari, qu’Allah a agréé, entendit les paroles d’Allah :
﴾Vous n’atteindrez la (vraie) piété, que si vous faites largesses de ce que vous chérissez﴿
[Sourate Al ‘Imrane : 92],
il donna en aumône ce qu’il chérissait le plus parmi ses possessions, un verger appelé Bayrouha dans lequel le Prophète ﷺ avait l’habitude d’entrer et de boire de son eau[4]. D’autre part, Ar-Rabi’ Ibn Khouthaym – qu’Allah lui fasse miséricorde – aimait le sucre et par obéissance aux paroles d’Allah, il en faisait aumône aux gens :
﴾Vous n’atteindrez la (vraie) piété, que si vous faites largesses de ce que vous chérissez﴿
[Sourate Al ‘Imrane : 92]
[5].
6. Un poète a dit :Ô toi qui fais l’aumône, c’est de la richesse d’Allah que tu dépenses dans les bonnes œuvres et cettemrichesse ne diminue pas.Combien de richesses Allah a multipliées suite à la générosité de leurs propriétaires, la générosité est en effet agréée par Allah.L’avarice conduit à une maladie sans remède et la richesse de l’avare est héritée par les besogneux. L’aumône réjouit les gens qui endurent les privations, et lorsque tu as besoin des gens généreux tu les trouves.
Références
- Moslim (34).
- Al-Boukhari (1455).
- Al-Boukhari (1458) et Moslim (19) d’après Ibn ‘Abbass – Allah a agréé les deux hommes.
- Al-Boukhari (1461) et Moslim (998).
- Az-Zuhd d’Ahmad Ibn Hanbal (p.267).
1. Le Prophète ﷺ nous informe qu’Allah est bon et que Le concernant il n’y a ni manque ni déficience. Ce qui est bon est ce qui est pur, sain et exempt de souillure[1].Ainsi, Allah n’accepte que ce qui est bon comme œuvres et comme âmes. En effet, une personne ayant une mauvaise âme et portant en lui de la haine et de la rancune envers les gens ne l’approchera pas. Il en est de même pour celui qui se comporte avec les gens de manière obscène et de celui dont le corps se sustente de nourriture illicite.En outre, Allah n’accepte, parmi les œuvres, que ce qui est bon. Ainsi, il n’accepte pas une œuvre entachée d’associationnisme et d’ostentation ni une aumône faite avec ce qui a été usurpé sans droit. Le Prophète ﷺ dit à ce sujet : ‘‘ Un individu ne fait pas l’aumône de quelque chose de bon – sachant qu’Allah n’accepte que ce qui est bon – sans que le Tout Miséricordieux ne la prenne avec Sa main droite, même si ce n’est qu’une simple datte, et elle augmente dans la main du Tout Miséricordieux jusqu’à devenir aussi immense qu’une montagne, de la même façon que l’un de vous élève son poulain ou son chamelon ’’[2]. Le Prophète ﷺ dit également : ‘‘ Aucune prière n’est acceptée sans purification et aucune aumône, de ce qui a été usurpé, n’est acceptée ’’[3].Fait partie de la souillure qu’Allah n’accepte pas le fait qu’un homme prélève de ses biens la pire part en guise d’aumône légale.
Allah dit :
﴾Ô les croyants ! Dépensez des meilleures choses que vous avez gagnées et des récoltes que Nous avons fait sortir de la terre pour vous. Et ne vous tournez pas vers ce qui est vil pour en faire dépense. Ne donnez pas ce que vous-mêmes n’accepteriez qu’en fermant les yeux !﴿
[Sourate Al-Baqara : 267].
2. Le Prophète ﷺ affirme ensuite que l’obligation de se nourrir et de se vêtir de ce qui est bon touche aussi bien les prophètes et messagers que leurs disciples croyants. En effet, de la même façon qu’Allah a ordonné à tous les gens de manger les bonnes nourritures et d’accomplir des œuvres vertueuses, il a également ordonné cela à Ses prophètes et messagers. Il est donc ordonné à tous de rechercher ce qui est licite et de délaisser ce qui est illicite.
3. Puis le Prophète ﷺ nous informe que manger de ce qui est illicite est une des raisons pour lesquelles l’invocation n’est pas exaucée, même si les causes de l’exaucement sont présentes. Il arrive en effet qu’un homme parte voyager pour accomplir une bonne œuvre, comme le pèlerinage, le jihad, la prédication ou autre, au point que l’on décèle les effets du voyage et de la fatigue sur ses cheveux ébouriffés et non peignés et sur son visage et ses vêtements recouverts de poussière. Cet homme lève les mains vers le ciel en invoquant avec insistance Allah, lui demandant de l’exaucer, alors qu’il n’est environné que d’illicites : sa nourriture, sa boisson, ses vêtements et son alimentation sont illicites. Comment un tel homme pourrait-il être exaucé ?Les paroles du Prophète ﷺ ’’ Comment pourrait-il donc être exaucé ? ’’ sont une interrogation qui exprime l’étonnement et le fait qu’il est exclu qu’un tel homme puisse l’être, mais elles n’expriment pas l’impossibilité de cet exaucement. En effet, il est possible qu’Allah l’exauce par Sa grâce et Sa générosité, ou bien afin de lui accorder un délai et d’invalider tout argument qu’il pourrait opposer à Allah. On en déduit donc que le fait de se complaire dans l’illicite et de s’en nourrir fait partie des raisons qui empêchent d’être exaucé[4].
Comment appliquer ce hadith :
1. (1) Le croyant est bon dans sa totalité : son cœur, sa langue et le reste de son corps. Ceci, en raison de la foi qui siège dans son cœur et qui se manifeste dans les évocations prononcées par sa langue et les œuvres vertueuses accomplies par ses membres. Tout cela fait partie des fruits de sa foi et est inclus en elle et toutes ces bonnes choses sont acceptées par Allah[5]. Le musulman doit donc faire croître sa foi afin de devenir meilleur et plus pur.
2. (1) Allah aime voir Son serviteur prendre exemple sur lui en adoptant certains attributs qui ne Lui sont pas spécifiques, comme la miséricorde, la douceur, le pardon, etc. Il aime en effet voir Son serviteur prendre exemple sur Sa miséricorde, Sa douceur et Son pardon et Il aime aussi le voir bon, et qu’il ne s’adonne pas à faire preuve de bassesse et autres abjections.
3. (1) Le serviteur doit veiller à rendre bonnes sa nourriture, son âme et ses œuvres, afin qu’Allah l’aime et accepte ses œuvres. Wahb Ibn Al-Ward – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : ‘‘ Si tu restais en permanence à la mosquée tel ce pilier, cela ne te serait pas utile avant que tu ne scrutes ce qui entre dans ton ventre pour savoir si ce qui s’y trouve est licite ou illicite ’’[6].
4. (2) Lorsque l’enseignant et l’éducateur veulent que l’élève fasse quelque chose de déterminé, il doit lui servir d’exemple pour cette chose. Ainsi, lorsqu’il lui ordonne de s’efforcer à participer aux prières en groupe, il convient qu’il soit lui-même le premier arrivé aux prières en groupe. Lorsqu’il l’incite à accomplir des prières surérogatoires, son devoir est que son élève le voit accomplir des prières surérogatoires. C’est pourquoi le Prophète ﷺ nous informa qu’il est ordonné aux messagers de rechercher ce qui est licite et de délaisser ce qui est illicite, au même titre que les croyants et sur ce point il n’y a aucune différence entre eux.
5. (2) Il y a dans ce hadith une mise en valeur du statut du croyant, puisque Allah lui ordonne ce qu’Il ordonne aux messagers. Les croyants méritent cela en raison de la foi qu’ils ont et du haut rang qui est le leur[7].
6. (3) Le Prophète ﷺ nous informa que le voyage est une des raisons pour lesquelles l’invocation est exaucée. Le voyageur est, en effet, plus humble en raison de son éloignement de son pays et des peines qu’il endure, et l’humilité est une des principales raisons pour lesquelles une invocation est exaucée[8]. Le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Il y a trois invocations qui sont sans aucun doute exaucées : l’invocation du parent (père ou mère), l’invocation du voyageur et l’invocation de celui qui subit une injustice ’’[9]. Ainsi, lorsque le musulman est en voyage, qu’il invoque beaucoup Allah, car son invocation est plus susceptible d’être exaucée.
7. (3) Parmi les autres raisons d’exaucement, il y a le fait de lever les mains lorsqu’on invoque, en multipliant les demandes et en étant recueilli. Le Prophète ﷺ a dit : ‘‘ Votre Seigneur – Gloire et Majesté à Lui – est pudique et généreux et Sa pudeur à l’égard de Son serviteur fait que lorsque ce dernier lève les mains pour Lui demander, Il ne le laisse pas bredouille ’’[10]. Il est donc légiféré que le musulman lève les mains quand il invoque dans les moments où le Prophète ﷺ levait les mains en invoquant.
8. (3) Être insistant en sollicitant Allah est une des raisons pour lesquelles l’invocation est exaucée. Le musulman ne doit donc pas se hâter dans son invocation et n’invoquer qu’une seule fois. Il doit plutôt répéter son invocation et insister auprès de son généreux Seigneur. Le Prophète ﷺ a dit :‘‘ L’un de vous est exaucé s’il ne se hâte pas et qu’il ne dit pas : j’ai invoqué, mais je n’ai pas été exaucé ’’ Hadith rapporté par Al-Boukhari et Moslim[11].
9. (3) Consommer ce qui est licite fait partie des principales raisons pour lesquelles l’invocation est exaucée, et consommer ce qui est illicite fait partie de ce qui empêche l’invocation d’être exaucée. Voilà pourquoi Wahb Ibn Mounabbih – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : ‘‘ Celui qui veut se réjouir de l’exaucement de son invocation, qu’il mange de ce qui est bon ’’. Pour sa part, Youssouf Ibn As’bate – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : ‘‘ Il nous est parvenu que la consommation de nourriture illicite empêche l’invocation du serviteur de monter au ciel »[12].
10. (3) Lorsqu’un homme voyage pour un acte d’obéissance quelconque et qu’il s’y consacre sérieusement, et que son invocation n’est pas exaucée pour la seule raison que sa nourriture est de provenance illicite, que dire alors de celui n’est absorbé que par ce bas monde, de celui qui ne cesse de traiter injustement les gens ou de celui qui néglige d’accomplir les adorations et les bonnes œuvres ?[13].
11. Les prédécesseurs – qu’Allah a agréés – veillaient à ce que leur nourriture soit bonne et à s’éloigner de ce sur quoi ils doutaient de la licéité ou de l’illicéité. On rapporte que la Mère des Croyants ‘A’icha – qu’Allah a agréée – a dit : ‘‘ Abou Bakr avait un jeune esclave qui lui donnait une partie du fruit de son labeur et Abou Bakr en mangeait. Un jour, il apporta quelque chose et Abou Bakr en mangea. L’esclave lui demanda : Sais-tu ce que c’est ? Il demanda à son tour : Qu’est-ce donc ? L’esclave répondit : Avant d’être musulman, je me suis fait passer pour un devin et j’ai trompé un homme, alors que je ne connaissais rien à la divination. Il me paya pour cela et c’est de cela que tu manges. Abou introduisit alors la main dans la bouche et vomit tout ce qu’il avait dans le ventre[14]»
12. Un poète a dit :
Nous invoquons Allah dès que se déclare un malheur et nous L’oublions lorsque les malheurs se
dissipent.
Comment espérons-nous donc que nos invocations soient exaucées, alors que nous avons obstrué la voie par laquelle elles passent avec nos péchés ?!
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Références
- Voir Ikmal Al-Mou’lim Bi Fawa’id Moslim d’Al-Qadi ‘Iyad (3/535) et Al-Mouyassar Fi Charh Massabih As-Sounna d’At-Tawrabachti (2/655).
- Al-Boukhari (1410) et Moslim (1014).
- Moslim (224).
- Voir Al-Moufhim Li-ma Achkal Mine Talkhis Kitab Moslim d’Abou Al-’Abbass Al-Qourtoubi (3/60) et Jami’ Al- ’Ouloum Wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/275).
- Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/260).
- Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/263).
- Voir Charh Al-Arba’in An-Nawawiyya d’Ibn ‘Othaymine (p.142).
- Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/269).
- Abou Dawoud (1536), At-Tirmidhi (1905), et Ibn Majah (3862).
- Abou Dawoud (1488), At-Tirmidhi (3556) et Ibn Majah (3865).
- Al-Boukhari (6340) et Moslim (2735).
- Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/275).
- Commentaire de Al-Arba’oune An-Nawawiyya d’Ibn Daqiq Al-’Id (p.41, 42)
- Al-Boukhari (3842).