Le Prophète ﷺ envoya Mo’adh au Yémen en tant que prédicateur et dirigeant vers l’an 9 de l’Hégire :

1-   Il l’informa qu’il trouvera des juifs et des chrétiens qui avaient comme livres la Torah et l’Évangile afin qu’il se prépare à leur faire face, car c’était des gens qui possédaient dans l’ensemble une certaine science[1] .

2-   Ensuite, il lui recommanda de commencer à les appeler à attester de l’unicité d’Allah et du Message de Mohammad ﷺ. Ce sont certes les fondements de la religion sans lesquels aucune de ses subdivisions n’est valide. Il leur est donc demandé de réunir ces deux attestations[2]. Les juifs et les chrétiens n’assurèrent pas leur salut en refusant d’attester l’unicité d’Allah contenu dans le Message qui leur avait été révélé, puisqu’ils associèrent ‘Ouzayr et ‘Îssâ (Jésus) à Allah et traitèrent de mensonge la prédication du Messager ﷺ[3].

3-   Il lui recommanda ensuite, s’ils obéissent à ce qu’il leur ordonne, et donc prononcent les deux attestations de foi et reconnaissent ainsi l’unicité d’Allah et le Message du Prophète ﷺ, de les informer qu’Allah leur a imposé cinq prières de jour comme de nuit et qu’il leur apprenne à accomplir ces prières.

Les paroles du Prophète ﷺ « S’ils t’obéissent en cela » indiquent la soumission et l’action et non le simple fait de reconnaître l’obligation. Il est donc nécessaire qu’ils reconnaissent que la prière est obligatoire et qu’ils l’accomplissent à son heure[4].

4-   Puis, après avoir reconnu l'obligation de la prière et l’avoir accompli, il lui recommanda de les appeler à s’acquitter de l’aumône légale (Zakat). Il lui ordonna donc de les informer qu’Allah a imposé à leurs riches une aumône légale qui représente une petite part déterminée prélevée sur leurs richesses afin qu’elle soit redistribuée à leurs pauvres.

5-   Puis le Prophète ﷺ ordonna à Mo’adh, s’ils l’acceptent, de le laisser prélever l’aumône légale de leurs richesses, mais qu’il s’abstienne d’en prélever les biens qui sont les plus précieux aux yeux de leurs propriétaires, ceux qu’ils aiment et auxquels ils sont attachés, comme une brebis que son propriétaire aime et dont il prend soin, car elle lui donne beaucoup de lait ou pour une autre raison. Il n’est pas permis, eut égard à leurs propriétaires, de prélever ce type de bien pour que ceux-ci s’acquittent de l’aumône légale dont ils sont redevables. En effet, Allah n’a pas institué la solidarité avec les pauvres au détriment des riches. Maintenant, il est permis de le prendre, si le propriétaire du bien précieux décide de donner de son plein gré son bien en aumône.

Par ailleurs, ‘Omar ibn al-Khattab dit à un homme qu’il envoya collecter l‘aumône légale : « Ne prends pas la bête qu’on engraisse, l’animal de compagnie – qui est élevé à la maison et qu’on ne laisse pas brouter dehors en raison de sa valeur pour son propriétaire –, la bête qui est sur le point de mettre bas, ni le bélier reproducteur [5]».

6-   Puis, le Prophète ﷺ averti Mo‘adh contre les conséquences de l’injustice en prélevant l’aumône légale ou dans tout ce qui touche à l’exercice de l’autorité et de la gouvernance. Il signifiait en disant : « redouter l’invocation de l’opprimé », d’éviter ce qui la cause, car l’injustice est la cause de l’invocation prononcée contre l’injuste.

 Précisons que l’invocation de l’opprimé est entendue et exaucée, que les portes des sept cieux lui sont ouvertes et que rien ne s’interpose entre elle et son exaucement[6]. Il est dit en effet dans un hadith : « Les invocations de trois personnes ne restent pas inexaucées : le jeûneur jusqu’à ce qu’il rompe le jeûne, le dirigeant équitable et l’invocation de l’opprimé, celle-ci est élevée par Allah au- dessus des nuages et Il lui ouvre les portes du ciel. Le Seigneur dit alors : Par Ma puissance, Je te ferai triompher même si ce n’est pas tout de suite »[7].

Comment appliquer ce hadith 

1-   Le Prophète envoya Mo‘adh ibn Jabal au Yémen alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années. Il assuma cette responsabilité et supporta d’être loin de son pays et de ses proches pour la cause d’Allah et pour obéir à Son Messager. Et nous que supportons-nous donc pour la cause d’Allah et pour obéir à Son Messager ?

2-   Le Messager d‘Allah ﷺ confiait de grandes responsabilités à ses Compagnons de première jeunesse et ceux-ci ne se dérobaient pas. Il incombe donc au père, à l’enseignant et l’éducateur d’habituer ceux dont ils ont la charge à assumer des responsabilités et à ne pas les sous-estimer. Pour leur part, les jeunes en question doivent être à la hauteur de la responsabilité.

3-   Accepte tout hadith authentique du Messager d‘Allah ﷺ même s’il n’est rapporté que par une seule personne. En effet, le Prophète ﷺ envoya Mo’adh transmettre des choses d’une extrême importance touchant aux croyances et à la jurisprudence en lui donnant une autorité sur les biens des gens. Tout ceci démontre que le récit apporté par un seul narrateur doit être pris en considération.

4-   Identifie la nature de ceux que tu rencontres, car le Prophète ﷺ informa Mo‘adh qu’il allait se rendre chez des gens du Livre afin qu’il tienne compte de certains éléments lorsqu’il les appelle à l’Islam[8], comme les preuves à leur apporter, le style employé et d’autres choses encore parce qu’il se peut que ce soient des gens qui détiennent une science et sont habitués à argumenter. Veille donc à rassembler des renseignements appropriés avant de t’engager dans un projet.

5-   Le Prophète ﷺ prenait soin de faire des recommandations à ceux qu’ils chargeaient d’une mission et à les exhorter. Ainsi, il n’envoya pas Mo‘adh avant de lui avoir exposé la situation et de lui avoir tracé un programme. Il lui ordonna d’être équitable, le mit en garde contre l’injustice, malgré la maturité religieuse et savante de Mo‘adh. Ne néglige donc pas de faire des recommandations à ceux qui t’accompagnent et ceux à qui des recommandations sont faites ne doivent pas les rejeter par orgueil.

6-   Le Prophète ﷺ accordait de l’importance aux priorités et les classait par ordre d’importance. Ainsi, il n’ordonna pas à Mo‘adh de commencer par combattre certains péchés que tous les gens commettent dans leur comportement et qu’il est important d’éradiquer. Il commença plutôt par le fondement de la religion et la clé de la foi, à savoir les deux attestations de foi, puis la prière, puis l’aumône légale. Nous devons faire de même dans notre éducation, notre prédication et notre enseignement et même dans l’ensemble de nos projets : Nous devons procéder par ordre d’importance. ‘A’icha – qu’Allah a agréée – a dit : « Ce qui a été révélé au début fut une des sourates d’Al-Moufassal qui mentionne le Paradis et l’Enfer. Puis, lorsque les gens entrèrent dans l’Islam, ce furent les versets détaillant le licite et l’illicite qui furent révélés. Si la première chose à être révélée avait été : ne buvez pas de vin, ils auraient répondu : Nous ne délaisserons jamais le vin. Et si la première chose à être révélée avait été : ne forniquez pas, ils auraient répondu : Nous ne délaisserons jamais la fornication [9]».

7-   La foi, la prière et l’aumône légale sont les éminents fondements de la foi, ceux-ci sont d’ailleurs souvent mentionnés ensemble dans le Coran et la Sounna. Ces adorations comportent une rétribution et des effets spirituels que seul Allah connaît. Ainsi, même si toi-même et ceux qui sont avec toi, vous en acquittez, veillez à le faire de façon complète.

8-   Le Prophète ﷺ avertit Mo‘adh qu’il ne devait pas prélever les biens précieux auxquels s’attachent les âmes et lui ordonna d’être à ce sujet équitable. Ceci permet de ménager les sentiments et la compréhension des gens, et tout prédicateur, père, éducateur et responsable devraient faire de même et tenir compte de cela lorsqu’il ordonne quelque chose ou la défend.

9-   Veille, lorsque tu vas dormir, qu’aucun opprimé n’ait été attristé par tes propos ou par tes gestes, qu’il s’agisse de ton épouse, ton fils, un de tes élèves, un de tes employés, un vendeur ou un chauffeur. De plus, ne considère pas qu’il est normal d’être injuste avec ceux que tu considères comme étant inférieur à toi, même si ce sont des transgresseurs. En effet, le Prophète ﷺ fit redouter à Mo’adh au plus haut point d’être injuste, même dans ses interactions avec les mécréants des Gens du Livre dont certains allaient peut-être devenir croyants, mais d’autres pas.

10-   Un poète a dit :

Ne sois pas injuste lorsque tu en as le pouvoir, car l’injustice finit par t’apporter des regrets. Tes yeux succombent au sommeil et l’opprimé reste éveillé, invoquant Allah, Celui dont l’œil ne succombe pas au sommeil.

références

  1. Voir Fath al-Bârî Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar (3/358).
  2. Voir Kachf al-Lithâm Charh ‘Umdat al-Ahkâm d’As-Safârînî (3/400).
  3. Voir Ikmâl al-Mou’lim bi-Fawâ`id Moslim d’Al-Qâdî ‘Iyâd (1/239)
  4. Voir Al-‘Ouddah Fî Charh al-‘Oumda d‘Ibn al-‘Attâr (2/798).
  5. Malik (2/372) et At-Tabarânî dans Al-Mou‘jam al-Kabîr (6395). Ce récit a été déclaré authentique par An-Nawawî dans Al-Majmoû’ (5/427) et sa chaîne de narration a été déclarée bonne par Ibn Kathîr dans Irchâd al-Faqîh (1/248).
  6. Voir Fath al-Moun’im Charh Moslim de Moussâ Châhîn Lâchîn (1/70).
  7. At-Tirmidhî (3598) et Ibn Mâjah (1752) d’après Abou Hourayra. Ce hadith a été déclaré authentique par Ibn al- Moulaqqine dans Al-Badr al-Munîr (5/152).
  8. Voir Fath al-Bârî Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar (3/358).
  9. Al-Boukhari (4993).



  1.  Mo‘adh était monté derrière le Prophète ﷺ sur un âne :

  2. le Prophète ﷺ pour attiser l’ envie de Mo‘adh  d'apprendre, lui demanda : Sais-tu ce qu’ Allah est en droit d’exiger à Ses serviteurs et qu’il leur a rendu obligatoire, et sai-stu quel est le droit des serviteurs qu’Allah s’est rendu obligatoire à Lui-même ?

  3. Mo‘adh – qu’Allah a agréé – répondit par « Allah et Son Messager savent mieux », ce qui signifie : Je ne sais pas.On utilise cette expression dans les sujets qui ont trait à la religion. Si en revanche l’être humain est interrogé au sujet de choses de ce bas monde ou qui relèvent de l’Inconnaissable ou autre dont le Messager d’Allah ﷺ n’a pas connaissance, il dit alors : « Allah sait mieux (Allahou A’lam) ».

  4. Le Prophète ﷺ donna ensuite la réponse : il affirma que le droit d‘Allah – exalté soit-Il – sur Ses serviteurs est qu’ils L’adorent, l’adoration étant un terme qui désigne tout ce qu’Allah aime et agrée comme paroles et œuvres intimes ou publiques[1]. Elle correspond de plus à un état d’humilité, d’obéissance et d’orientation du cœur en direction de l’Adoré. Il est nécessaire, en plus d’adorer Allah[2], de ne Lui associer personne dans l’adoration – même s’il s’agit d’un prophète, d’un roi ou de quelqu’un de vertueux – quelle que soit l’association, même si elle est insignifiante – ne serait-ce qu’une parole. Ceci est donc le droit d’Allah :

    ﴾Et ton Seigneur a décrété : N’adorez que Lui﴿

    [Sourate Al-Isrâ` : 23].

    Allah dit également :

    ﴾Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent. Je ne cherche pas d’eux une subsistance ; et Je ne veux pas qu’ils me nourrissent. En vérité, c’est Allah qui est le Grand Pourvoyeur, Le Détenteur de la force, l’Inébranlable﴿

    [Sourate Adh-Dhâriyâtte : 56-58].

  5. Le droit des serviteurs sur Allah – qui est un droit qu’Allah s’est imposé à Lui-même par magnanimité et qui n’est pas une obligation qui Lui est imposée[3]– est que s’ils L’adorent et ne Lui associent rien, Il ne les fera pas entrer en Enfer. En effet, « Celui qui rencontre Allah sans Lui avoir rien associé entrera au Paradis, et celui qui rencontre Allah en Lui ayant associé [quelque chose] entrera en Enfer »[4].

﴾ Quiconque associe à Allah (d’autres divinités,) Allah lui interdit le Paradis ; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs ﴿

[Sourate Al-Mâ`ida : 72].

    Cela signifie que le musulman monothéiste ne demeurera jamais éternellement en Enfer. Si ses bonnes actions sont majoritaires, il entrera au Paradis et l’Enfer lui sera épargné et s’il fait partie des désobéissants et que ses mauvaises actions sont majoritaires, alors son cas sera tranché par Allah : s’Il le veut, Il le châtiera de la durée qu’il décidera puis le fera entrer au Paradis, et s’Il le décide, Il lui pardonnera et le fera entrer directement au Paradis. Quant à celui qui meurt polythéiste, il n’entrera pas au Paradis et demeurera éternellement en Enfer sans que son supplice ne soit interrompu :

﴾Certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelque associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelque associé commet un énorme péché﴿

[Sourate An-Nissâ` : 48].[5] 

  1. Lorsque Mo‘adh entendit cette bonne nouvelle de la part du Prophète ﷺ, il voulut la partager avec les gens et demanda conseil au Messager d‘Allah ﷺ à ce sujet qui lui demanda de ne pas le faire, car certains parmi eux risqueraient de ne se reposer alors que sur leur monothéisme et de délaisser, par paresse, les actes d’obéissance.Il est dit dans certaines autres narrations que Mo‘adh avait compris que cette interdiction était une recommandation prophétique ayant pour finalité que les gens ne se reposent pas que sur leur monothéisme, mais qu’il n’était pas défendu de rapporter ces paroles afin de sauvegarder la science ou autre. C’est la raison pour laquelle Mo’adh attendit pour nous en informer d’être sur le point de mourir de crainte de commettre un péché s’il taisait la science qu’il possédait.

Comment appliquer ce hadith 

  1. Ne rejette pas par dédain une monture non luxueuse et scrute ton âme lorsque tu dédaignes t’asseoir avec des gens de toutes conditions ou de manger avec eux. Cela pourrait être un signe d’orgueil apparent ou caché. Pour sa part, le Prophète ﷺ partagea un âne comme monture avec Mo’adh et il est pour nous un modèle de modestie et d’affabilité envers les gens.

  2. Ne t’interdis pas de tirer profit des bêtes qu’Allah a mises à notre disposition et utilise-les avec mesure, car le Prophète ﷺ et Mo’adh étaient montés sur la même bête.

  3. Le Prophète ﷺ questionna pour enseigner à Mo‘adh et l’inciter à utiliser sa raison et faire en sorte que la réponse, qu’il ne connaissait pas, se fixe dans son cœur. Il convient donc que le prédicateur choisisse le style adéquat qui amène à la réflexion et incite à écouter et à réfléchir.

4.   Ce n’est pas une honte d’ignorer des choses concernant ce bas monde ou la religion. En effet, Mo‘adh – qui était le plus connaisseur de ce qui est licite et de ce qui est illicite – n’a subi aucun préjudice à dire : « Allah sait mieux » au sujet de ce qu’il ne savait pas. Abstiens-toi donc de donner des avis religieux sans science par orgueil ou par honte :

﴾ ne suivez point les pas du Diable, car il est vraiment pour vous, un ennemi déclaré. Il ne vous commande que le mal et la turpitude et de dire contre Allah ce que vous ne savez pas﴿

[Sourate Al-Baqara : 168-169].

﴾Et ne dites pas, conformément aux mensonges proférés par vos langues : « Ceci est licite, et cela est illicite », pour forger le mensonge contre Allah. Certes, ceux qui forgent le mensonge contre Allah ne réussiront pas. Ce sera pour eux une piètre jouissance, mais un douloureux châtiment les attend﴿

[Sourate An-Nahl : 116-117].

5.   Au-dessus de chaque droit que tu réclames aux gens ou que les gens réclament de toi, il y a un droit suprême : c’est le droit que ton Seigneur a sur toi et qui est bien plus immense que la totalité des bienfaits dont Il te comble. Rappelle-toi constamment de ce droit et que ta vie soit axée autour de lui :

﴾Dis : « En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers. À Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre »﴿

[Sourate Al-An’âm : 162-163].

6.   Allah veut que tu ne Lui associes rien, rien du tout. Ainsi, de la même façon que tu évites l’associationnisme majeur, comme adorer des idoles, demander secours aux étoiles, supplier des forces occultes, évite également l’associationnisme mineur, comme de jurer par des créatures, même par le Prophète ﷺ, de porter des talismans qui éloignent prétendument le mauvais œil ou bien de tomber dans l’ostentation en améliorant ta prière pour le regard des gens, etc. Allah dit dans un hadith qoudsi : « Je suis l’associé qui se passe le plus de ce à quoi on M’associe. Ainsi, celui qui accomplit une œuvre dans laquelle il M‘associe quoi que ce soit, Je le délaisse avec son association»[6]

7.   Scrute ton cœur, résiste à chaque associationnisme qui l’assaillit et sois optimiste. Il est dit dans un hadith : « Allah choisira un homme de ma communauté le Jour de la Résurrection devant toutes les créatures et déroulera quatre-vingt-dix-neuf registres [remplis de ses péchés], chaque registre s’étendant à perte de vue, puis Il lui dira : Renies-tu quelque chose de tout cela ? Mes anges scribes ont-ils été injustes envers toi ? Il répondra : Non, Seigneur. Allah demandera ensuite : As-tu une excuse ? L’homme répondra : Non, Seigneur. Allah lui dira : Si, tu as une bonne action enregistrée chez nous et tu ne subiras pas d’injustice aujourd’hui. On sortira alors une carte sur laquelle est écrit : « J’atteste qu’il n'existe pas de divinité digne d’adoration qu’Allah et j’atteste que Mohammad est le Messager et le serviteur d’Allah ». Allah dira ensuite : Va donc assister à la pesée de tes œuvres. Le serviteur répondra : Seigneur, que pèse cette carte comparée à tous ces registres ? Allah répétera : Tu ne subiras pas d’injustice. On mettra alors les registres sur un plateau et la carte sur l’autre plateau. Les registres remonteront et la carte descendra, pesant plus lourd. En effet, rien ne pèse plus lourd que le Nom d’Allah »[7].

8.   Les hadiths énonçant des dispenses ne doivent pas être diffusés parmi les gens afin qu’ils ne les comprennent pas autrement que ce qu’ils signifient. Mo‘adh, après avoir entendu ce hadith,[8] redoubla d’efforts et la crainte qu’il avait d‘Allah s’accrut. Cependant, on ne peut garantir de ceux qui n’atteignent pas son rang en science qu’ils ne se reposeront pas uniquement sur ce qu’ils comprennent de ce hadith77. Ibn Mas’oud – qu’Allah a agréé – dit quelque chose de semblable :« Tu ne narres pas aux gens un hadith que leur raison ne peut appréhender sans qu’il ne provoque un trouble chez certains d’entre eux »[9].

Références

  1. Majmoû’ al-Fatâwâ (10/149,150).
  2. Voir Fath al-Bârî Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar (11/339).
  3. Voir Al-Kawthar al-Jârî Ilâ Riyâd Ahâdîth Al-Boukhari d’Al-Kourânî (5/438).
  4. Moslim (93) d’après Jâbir ibn ‘Abd Allah – qu‘Allah a agréés.
  5. Voir Al-Moufhim Li-mâ Achkal Min Talkhîs Kitâb Moslim d’Al-Qourtoubî (1/290).
  6. Moslim (2985) d’après Abou Hourayra – Allah l’a agréé.
  7. At-Tirmidhî (2639) et Ibn Mâjah (4300).
  8. Voir Fath al-Bârî Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar (11/340).
  9. Voir le Sahih de Moslim après le hadith numéro 5.

 1.   Le Prophète ﷺ nous informe que tous les membres de sa communauté entreront au Paradis, excepté ceux qui s’y refusent.

Le terme communauté (Oumma) désigne ici la communauté des humains et des djinns à qui la

prédication du Prophète

parvient. Par conséquent, tous ceux à qui les versets et la religion d’ Allah

sont parvenus font partie de la communauté vers qui le Prophète a été envoyé.


2.   Les Compagnons s’étonnèrent de cela: Comment quelqu’un de raisonnable peu-itl refuser d’entrer au Paradis qui contient des délices que nul œil n’a vus, nulle oreille n’a entendus et qu’aucun être humain n’a imaginés ? Leur question exprime donc désapprobation et étonnement.

3.   Le Prophète ﷺ leur expliqua alors ce qu’ il en est : celui qui le suit, se soumet à ses ordres et s’abstient de ses interditssera récompensé par l’entrée au Paradis et sera sauvé de l’Enfer. Quant à celui qui lui désobéit, contrevient à son ordre, s’oppose à sSaounna et s’en détourne,se refuse donc, par ses mauvaises actions et croyances, d’entrer au Paradis.

Une telle personne fait soit partie des mécréants qui ont rejeté l’Islam et par conséquent n’entrera jamais au Paradis, en raison des paroles d’Allah :

﴾Et quiconque désire une religion autre que l’Islam ne sera point agréé, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants﴿

[Sourate Âl-‘Imrâne : 85]

et de ces autres paroles d’Allah :

﴾Pour ceux qui traitent de mensonges Nos enseignements et qui s’en écartent par orgueil, les portes du ciel ne leur seront pas ouvertes, et ils n’entreront au Paradis que quand le chameau pénètre dans le chas de l’aiguille. Ainsi rétribuons-Nous les criminels.﴿

[Sourate Al-A’râf : 40].


Soit cette personne fait partie des musulmans qui ont suivi leurs désirs et ont délaissé ce qui leur a été ordonné, empruntant de ce fait les voies des pervers, ou bien ont innové des choses dans la religion qu’Allah n’a pas autorisées. Ceux-là ne demeureront pas éternellement en Enfer, puisque aucun musulman ne demeurera éternellement en Enfer. Par conséquent, le hadith signifie qu’ils n’entreront pas au Paradis avec les premiers croyants, mais après avoir été suppliciés ou avoir rendu des comptes et reçu des blâmes.

Comment appliquer ce hadith 

1.   Abou Hourayra, dont Allah est satisfait, rapporta des hadiths que personne d’autre que lui n’a rapporté en raison du fait qu’il veillait à collecter les hadiths du Messager d’Allah ﷺ et qu’il se consacrait pleinement à cette tâche, au point qu’il passait ses nuits avec les démunis d’As-Souffâ,mangeant leur nourriture et buvant leur boisson, sans que rien ne le détourne du Messager d’Allahﷺ . Ceci est un signe de sa grande implication et de son immense ambition. Il convient donc à celui qui a de l’ambition dans l’acquisition de la science ou se consacre à une tâche déterminée, de prendre pour modèle Abou Hourayra, sa patience et son accompagnement constant du Messager d’Allah ﷺ .

2.   Le Prophète ﷺ commença ses paroles par une phrase de portée générale qui mérite une explication détaillée, afin que les âmes écoutent attentivement et mémorisent ce qui est dit. C’est pourquoi les Compagnons s’empressèrent de l’interroger afin qu’il éclaircisse ce qui leur paraissait incompréhensible. Il convient donc que chaque enseignant, éducateur ou prédicateur, veille à user des styles qui captivent l’attention et aident à se concentrer et à mémoriser.

3.   Entrer au Paradis est une immense réussite qui nécessite peu de choses : seulement de suivre le

Prophète ﷺ et lui obéir. Celui qui manque cette offre allant à sa perte, est assurément quelqu’un qui

refuse d’entrer au Paradis.

4.   Que cette voie est claire et facile et qu’elle est éloignée de toute sophistication et artifice dansl’adoration ! Il s’agit d’obéir à Allah, en obéissant à Son Messager ﷺ . ‘Abd Allâh ibn Mas’oud a dit : « Nous imitons et nous n’initions pas, nous suivons et nous n’innovons pas et nous ne nous égarerons pas tant que nous suivons ses pas »[1].

5.   Un poète a dit :Si tu n’es pas un disciple de Mohammad, dis : Je n’ai pas été guidé. Qu’y a-t-il après ta vie ici-bas, puisque tu n’es pas éternel ?Cette demeure est-elle celle où nous vivrons pour toujours et jouirons de délices ? Renonces-y donc. Endure patiemment ses troubles et fais des efforts pour jouir le lendemain des délices.

Références

  1. Voir I’lâm al-Mouwaqqi’îne ‘an Rabb al-‘ lamîn (4/115).


Ce hadith fait partie de ce qui explique le mieux les degrés de la religion et réunit ses fondements. C’est pourquoi Al-Qâdî ‘Iyâd en a dit : « C’est un hadith éminent qui englobe toutes les œuvres apparentes et intimes et les sciences de la Législation se réfèrent toutes à lui et en sont imprégnées»[1].

‘Omar, dont Allah est satisfait, rapporte ce qui suit :

1- Alors qu’ils étaient assis en compagnie du Messager d’Allah ﷺ , un homme à l’allure extraordinaire vint à eux. C’était un jeune homme ayant des cheveux très noirs et qui ne figurait pas parmi les Compagnons connus. De plus, il ne paraissait pas avoir voyagé, puisqu’on ne décelait pas chez lui les traces d’un voyage que sont la chevelure hirsute et la poussière sur le visage et les vêtements.

2- Cet homme s’introduisit dans l’assemblée et s’assit face au Prophète ﷺ , colla ses genoux aux siens et posa les mains sur ses propres cuisses. Il s’assit de la sorte afin de se préparer à étudier la science et exprimer de la modestie à l’égard du Prophète ﷺ .

3- Cet homme dit ensuite : « Ô Mohammad, informe-moi de l’Islam ». Il appela le Prophète ﷺ par son prénom pour qu’on croie qu’il est un Bédouin, car ce sont les Bédouins qui appelaient le Prophète ﷺ par son prénom. Ils ne connaissaient en effet que peu de la bienséance et de la science des Compagnons Mouhajiroune et des Ansâr qui avaient entendu les paroles suivantes d’Allah et les avaient mises en pratique

: ﴾Ne considérez pas l’appel du messager comme un appel que vous vous adresseriez les uns aux autres. ﴿ .

[Sourate An-Nour : 63]

Cela signifie : Ne l’appelez pas comme certains d’entre vous appellent leur ami ou leur frère. Ne l’appelez donc pas « Ô Mohammad », mais dites plutôt « Ô Messager d’Allah »[2].

4- Le Prophète ﷺ lui expliqua alors ce qu’est l’Islam et lui dit qu’il est bâti sur les cinq piliers connus. Le premier est l’attestation qu’il n’existe pas de divinité excepté Allah qui est la formule du monothéisme par laquelle Allah envoya tous les prophètes et envoyés. Elle doit être prononcée avec la langue, on doit y croire avec le cœur et on doit mettre en pratique ce qu’elle implique avec les
membres. On ne doit alors adorer qu’Allah, ne craindre que Lui, n’implorer que Lui, n’invoquer que Lui, ne pas redouter dans l’intimité autre que lui et ne rien Lui associer dans l’amour, l’espoir, le vœu et l’ensemble des adorations. On doit également être convaincu qu’Il est le Nuisible et Bénéfique et que personne d’autre que Lui ne détient le pouvoir d’être utile ou de nuire à un serviteur. Il est donc le Vrai Adoré, tandis que ce qui est adoré en dehors de Lui est faux.

5- Fais également partie des implications de la formule du monothéisme, le fait de croire au Messager d’Allah ﷺ pour ce qu’il a apporté de la part d’Allah et croire qu’il a été envoyé par son Seigneur. Cela requiert de croire en ce qu’il a prescrit, d’obéir à ce qu’il a commandé, de s’abstenir de ce qu’il
a défendu, de le révérer, de le respecter, de le faire triompher, de le défendre et de lutter avec lui.

6- Le deuxième pilier de l’Islam est l’accomplissement de la prière qui consiste à l’accomplir comme il se doit, remplir ses conditions et s’acquitter de ses piliers. On se recueille donc durant la prière, on y prend conscience de l’éminence d’Allah. C’est pourquoi il n’est pas dit « faire la prière ».

7- Le troisième pilier est l’acquittement de l’aumône légale qui est la part que l’être humain doit prélever de sa richesse qu’Allah lui a octroyée, en se conformant aux modalités prescrites expliquées par la sainte religion. L’être humain doit donc prélever l’aumône légale de bon cœur, en ayant la certitude qu’elle est obligatoire le concernant, en mettant en dépôt sa rétribution auprès d’Allah et en

ne choisissant pas les moins bons de ses biens en guise d’aumône légale. Il doit plutôt préférer l’agrément et la récompense d’Allah.

8- Le quatrième pilier de l’Islam est le jeûne qui consiste à s’abstenir de nourriture, de boisson et de rapports intimes durant le mois de Ramadan, depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil, conformément à ce qui a été détaillé dans les livres de jurisprudence. L’être humain doit donc jeûner, en étant croyant, en mettant sa rétribution auprès d’Allah, en étant obéissant et non par contrainte ou à contrecœur.

9- Le cinquième pilier, est le pèlerinage à la Maison Sacrée d’Allah à La Mecque et ce qui lui est attaché comme rites et adorations ayant des jugements spécifiques. Le pèlerinage est obligatoire une fois dans la vie, à condition d’en avoir la capacité physique et financière.
Il est à relever que le Prophète ﷺ a réuni dans la définition de l’Islam les cinq piliers sur lesquels l’Islam est bâti,

tout comme dans le hadith de ‘Abd Allah ibn ‘Omar – qu’Allah a agréés – qui rapporte que le Messager d’Allah ﷺ a dit :

« L’Islam est bâti sur cinq piliers : l’attestation qu’il n’existe pas de divinité excepté Allah et que Mohammad est Son serviteur et Son Messager, l’accomplissement de la prière, l’acquittement de l’aumône légale, le pèlerinage à la Maison [sacrée] et le jeûne du mois de Ramadan »[3] .


Cela ne signifie pas que l’Islam se résume à ces adorations seulement, mais que ce sont ses piliers sans lesquels il ne peut exister. Les adorations restantes complètent l’édifice de l’Islam et leur absence peut le mettre à mal sans toutefois le détruire, contrairement aux piliers qui, en leur absence, suscitent l’effondrement de l’édifice.

10- Lorsque le Prophète ﷺ finit de répondre, l’homme lui dit : « Tu as dit vrai ». Les Compagnons s’étonnèrent : « Comment un homme qui lui pose une question lui dit en entendant la réponse qu’il a dit vrai ». En effet, celui qui valide une réponse est plus susceptible d’être un savant qui connaît la réponse, qu’un ignorant qui la recherche.

11- L’homme l’interrogea ensuite sur la foi qui est le second degré de la religion après l’Islam. Le
Prophète ﷺ répondit : « La foi consiste à croire en Allah », c’est-à-dire de croire en Lui en tant que Seigneur, Créateur, Pourvoyeur, Possesseur et Gestionnaire, de croire en Lui en tant que dieu adoré et obéi et de croire qu’Il a les Plus Beaux Noms et qu’Il détient les attributs les plus suprêmes.

12- Croire aux anges signifie croire en leur existence, qu’ils sont créés de lumière, qu’ils ne désobéissent jamais à ce qu’Allah leur ordonne et qu’ils exécutent ce qui leur est commandé. Il faut également croire en ce qu’Allah a mentionné de leurs noms et de leurs œuvres. Ainsi, Jibrîl est le chargé de la Révélation et le maître des anges, Mikâ`îl est chargé de la pluie et des plantes, Isrâfîl est chargé de souffler dans la trompe, Mâlik est le gardien de l’Enfer, etc.

13- Croire aux livres signifie croire qu’ils ont été révélés par Allah et cela implique de croire à ce qu’ils contiennent et à œuvrer conformément à leurs préceptes. Cependant, le Coran est venu abroger toutes les religions précédentes et de plus, les livres révélés tels que la Torah et l’Évangile ont été sujets à des altérations et des modifications.

14- Croire aux messagers signifie croire à ce qu’ils ont apporté, croire qu’Allah leur a révélé Ses commandements et qu’ils sont les meilleures créatures d’Allah. Nous croyons en eux tous, ceux qui ont été mentionnés dans le Coran et la Sounna et dont nous connaissons les récits, ainsi que ceux dont nous ne savons rien. Nous ne faisons donc pas de différence entre ceux-ci et ceux-là.

Allah dit :

﴾Certes ceux qui mécroient en Allah et en Ses messagers, et qui veulent faire la distinction entre Allah et Ses messagers et qui disent : « Nous croyons en certains et nous mécroyons en d’autres » et qui veulent prendre entre cela un sentier, ceux-là, sont les vrais mécréants ! Et Nous avons préparé pour les mécréants un châtiment avilissant. Et ceux qui ont cru en Allah et en Ses messagers et qui ne font aucune distinction parmi eux, à ceux-là Il donnera leurs récompenses. Et Allah est Pardonneur, Très Miséricordieux﴿ .

[Sourate An-Nissâ` : 150-152]

15- Croire au Jour Dernier signifie croire à la ressuscitation, à la Reddition des Comptes, au Paradis et à l’Enfer, au Pont Sirât, à la Balance, à l’intercession, au Bassin de l’Abondance et à tout ce qui a été rapporté de manière authentique à ce sujet.

16- Croire au destin signifie croire qu’Allah – exalté soit-Il – connaissait préalablement les actes des serviteurs et ce qui leur arrivera, qu’Il a écrit tout cela auprès de Lui dans la Tablette Préservée avant de les avoir créés, que les œuvres des serviteurs se produisent selon la connaissance qu’en a Allah et l’écriture qu’Il en a faite et que les actes de tous les serviteurs ont été créés par Allah : la mécréance, la foi, l’obéissance et la désobéissance[4].

17- L’homme l’interrogea par la suite sur l’excellence qui est le troisième des degrés de la religion. Le Prophète ﷺ lui répondit que l’excellence consiste à ce que l’être humain adore son Seigneur de la manière la plus complète, comme s’il voyait son Seigneur face à lui. Si l’être humain ne parvient
pas à être conscient à ce point, qu’Allah l’observe et à Le craindre, alors qu’il soit au moins juste
conscient, qu’Allah l’observe et qu’Il le voit.

Allah dit :

﴾Et place ta confiance dans le Tout Puissant, le Très Miséricordieux, qui te voit quand tu te lèves, et (voit) tes gestes parmi ceux qui se prosternent. C’est Lui vraiment, l’Audient, l’Omniscient﴿.

[Sourate Ach-Chou’arâ` : 217-220]

Par ailleurs, les degrés de la religion s’entremêlent. Ainsi, l’Islam est plus général que la foi et l’excellence. Les deux étant inclus dans l’Islam. De la même manière, la foi est plus générale que l’excellence. Ainsi par exemple, celui qui sort du cercle de la foi peut rester dans l’Islam et est donc musulman et celui qui sort du cercle de l’excellence peut se retrouver malgré tout dans le cercle de la foi.

Allah dit :

﴾Les Bédouins ont dit : Nous avons la foi. Dis : Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt : Nous nous sommes simplement soumis, car la foi n’a pas encore pénétré dans vos cœurs) .

[Sourate Al-Houjourate : 14]

18- L’homme l’interrogea ensuite sur l’Heure, quand surviendra-t-elle ? Le Prophète ﷺ   lui répondit :
« Celui qui est interrogé n’en sait pas plus que celui qui l’interroge ». Cela signifie : Ma connaissance à son sujet n’est pas plus grande que la tienne, car seul Allah sait quand elle aura lieu.

﴾La connaissance de l’Heure est auprès d’Allah﴿ .

[Sourate Louqmâne : 34]

19- L’homme remplaça cette question par une autre et interrogea le Prophète ﷺ sur les signes de l’Heure et il lui répondit que ses signes sont lorsque l’esclave mettra au monde sa maîtresse. Cela signifie que les esclaves seront de plus en plus nombreux, au point qu’une esclave mettra au monde la fille de son maître, cette fille étant libre et sa mère une esclave. On dit aussi que c’est lorsque les esclaves mettront au monde des rois ou bien lorsque des non Arabes mettront au monde des Arabes,
les Arabes étant les maîtres et les plus nobles des gens [5].

20- Parmi les signes de l’Heure, il y a le fait que les pauvres qui marchaient pieds nus sans sandales et nus sans vêtements pour les couvrir, les nécessiteux sans nourriture parmi les Bédouins éleveurs de moutons, deviendront des gens riches et aisés, au point qu’ils rivaliseront dans la construction de
hauts édifices. Ceci peut être lié au hadith dans lequel le Prophète ﷺ a dit : « Lorsqu’une chose est confiée à celui qui n’en est pas digne, alors attends la survenue de l’Heure » [6]. Or il est arrivé que des choses aient été confiées à des gens qui n’en étaient pas dignes, au point que des Bédouins ignorants et rudes, mais riches et prestigieux devinrent des chefs [7].

21- Puis l’homme se remit en chemin et peu de temps après, le Prophète ﷺ dit à ‘Omar : « Sais-tu
qui est cet homme ? ». ‘Omar répondit : « Allah et Son Messager savent mieux ». Le Prophète ﷺ dit alors : « C’est Jibrîl qui est venu vous enseigner votre religion ».
En effet, Allah donna aux anges le pouvoir de prendre l’apparence des humains et d’autres créatures
et Jibrîl est venu plusieurs fois au Prophète ﷺ sous l’apparence du Compagnon Dihya Al-Kalbî, dont Allah est satisfait.

Comment appliquer ce hadith 

1. Lorsque Jibrîl – qu’Allah le protège – entra auprès du Prophète ﷺ , il s’assit face à lui tel un étudiant en science écoutant attentivement et prêt à accepter la science qu’on allait lui enseigner, sans manifester d’orgueil en raison de son rang et de son mérite, lui le chargé de la révélation et l’Esprit Sain. C’est une règle de bienséance à observer par tous ceux qui recherchent la science : ils doivent s’asseoir avec politesse et ne pas interroger en prenant une posture arrogante, comme s’adosser d’une
manière qui ne convient pas ou en utilisant un ton inapproprié.

2. Les piliers de l’Islam doivent être les questions qui figurent en tête des préoccupations des programmes annuels et quotidiens du musulman, en faisant régulièrement un examen de conscience à leur sujet, en réalisant chacun d’eux avec excellence et en ajoutant un surplus d’adoration surérogatoire de même nature. On examine par exemple la force de son attestation pour Allah et on la parachève avec des évocations abondantes ; on accomplit convenablement les obligations de la prière et on les complète avec des prières surérogatoires comme le witr, les prières continuelles de la Sounna et les invocations de la prière ; on s’acquitte de l’aumône légale de bon cœur, et on ajoute des aumônes de temps en temps ; on jeûne le mois de Ramadan sans l’entacher de péchés et on jeûne le nombre de jours de jeûne volontaire que l’on veut ; on accomplit une fois le grand pèlerinage à la Maison [sacrée] d’Allah et on ajoute autant de grands et de petits pèlerinages que l’on veut.

3. Arrête-toi à chaque pilier de la foi et vois ce qui s’est produit dans ton cœur. Quelle est ta foi en Allah pour ce qui est de Sa seigneurie, de Sa divinité, de Ses Noms et de Ses attributs ? À quel point es-tu conscient de l’effet des anges et à quel point les estimes-tu ? As quel point es-tu heureux des livres qu’Allah a révélés aux gens et à quel point les révères-tu, particulièrement le Coran qui est le dernier d’entre eux et celui qui a abrogé les précédents ? À quel point révères-tu les messagers d’Allah et les aimes-tu d’un amour qui te conduit à vouloir en savoir plus sur les détails de leurs vies et à t’intéresser à leur guidée ? Quelle importance donnes-tu au Jour Dernier et à quelle fréquence t’en rappelles-tu ? Quelle est la force de ta foi au destin d’Allah et de ta satisfaction de ce que tu en subis ?

4. Le degré le plus élevé de la religion est le degré de l’excellence. As-tu tenté de t’exercer à adorer Allah comme si tu le voyais ? Si tu ne peux pas, fais au moins en sorte de L’adorer en étant conscient qu’Il te voit. Ceci aura assurément plus d’effet que les yeux des gens ou des caméras. Qu’Allah ne soit surtout pas celui à qui tu accordes le moins d’importance parmi ceux qui te voient.

5- Lorsque l’être humain est conscient qu’Allah est avec lui, qu’Il le voit et qu’Il le surveille, il a honte qu’Allah le voie accomplir des actes d’obéissance avec paresse, et à plus forte raison commettre un acte de désobéissance.

Allah dit :

﴾Et place ta confiance dans le Tout Puissant, le Très Miséricordieux, qui te voit quand tu te lèves, et (voit) tes gestes parmi ceux qui se prosternent. C’est Lui vraiment, l’Audient, l’Omniscient).

[Sourate Ach-Chou’arâ` : 217-220]

6- L’Islam donne une immense importance au Jour Dernier et même s’il n’a pas annoncé quand il aura lieu, il nous énuméra ses signes qui, entre autres choses, nous incitent à nous rappeler constamment de ce jour. Quand allons-nous donc prendre un moment avec nous-mêmes pour nous imaginer ce jour qui aura indubitablement lieu ? 

Références

  1. Voir Ikmâl al-Mou’lim d’Al-Qâdî ‘Iyâd (1/204).
  2. Voir le commentaire de Riyâd as-Sâlihîn par Ibn ‘Othaymîne (1/347).
  3. Al-Boukhârî (8) et Moslim (16).
  4. Voir Jâmi’ al-‘Ouloum wa al-Hikam d’Ibn Rajab Al-Hanbalî (1/103).
  5.  Voir Jâmi’ al-‘Ouloum wa al-Hikam d’Ibn Rajab (1/136-137).
  6. Al-Boukhârî (59) d’après Abou Hourayra, dont Allah est satisfait.
  7. Voir Jâmi’ al-‘Ouloum wa al-Hikam d’Ibn Rajab (1/139). 



1.  Le Prophète ﷺ nous informe que la religion c’ est le bon conseil, le bon conseil étant une expression générale qui signifie que l’être humain doit faire tous les efforts de bien envers les autres tout comme il purifierait le miel de ce qu’il contient comme saleté[1].Le fait de réduire toute la religion au bon conseil, bien qu’il existe d’autres qualités dans la religion, indique le haut statut du bon conseil. Ceci est semblable à une expression connue chez les Arabes : La richesse ce sont les dromadaires[2]

2.  Les Compagnons demandèrent ensuite envers qui ce bon conseil doit-il être prodigué et le Prophète ﷺ expliqua cela en disant :

3.  Envers Allah. Cela consiste à s’efforcer de dédier exclusivement à Allah les œuvres qu’Il demande que l’on accomplisse et les croyances qu’Il veut que l’on ait.

4.  Envers Son Livre. Cela consiste à s’efforcer de dédier exclusivement à Allah les œuvres qui consistent à révérer ce Livre, à suivre ses enseignements et à l’aimer.

5.  Envers Son Messager ﷺ . Cela consiste à s’efforcer de dédier exclusivement à Allah les œuvres

qui consistent à révérer ce Messager ﷺ , à suivre ses enseignements et à l’aimer.

Une des manières de prodiguer le bon conseil envers le Prophète ﷺ est de le rendre prioritaire aux membres de sa famille et à ses Compagnons.

6.  Quant aux chefs des musulmans, ce sont les dirigeants et les savants. Prodiguer le bon conseil

envers eux consiste à fournir le maximum d’effort pour faire ce qu’Allah a ordonné à leur sujet, dont le fait de leur obéir lorsqu’ils ordonnent quelque chose de convenable, les aider à faire le bien, prier derrière eux, lutter pour la cause d’Allah sous leur commandement, ne pas se rebeller contre eux, ne pas être à l’affût de leurs fautes et de leurs erreurs et les défendre en disant ce qui est vrai à leur propos[3].

7.  Pour ce qui est de la masse des musulmans, prodiguer le bon conseil envers eux consiste à fournir le maximum d’effort pour faire ce qu’Allah a ordonné à leur sujet et assurer leurs intérêts religieux et terrestres.

Le bon conseil est donc un concept exhaustif et c’est la raison pour laquelle le Prophète ﷺ reçut l’allégeance de ses Compagnons qui se sont engagés à prodiguer le bon conseil. On rapporte en effet que Jarîr ibn ‘Abd Allâh Al-Bajalî, dont Allah est satisfait, a dit : « J’ai prêté allégeance au Prophète

ﷺ   en m’engageant à lui écouter et à lui obéir puis il me demanda de répéter : « dans la mesure de ce

que je peux et je m’engage à être de bon conseil envers tout musulman » »[4].

En vérité, le bon conseil est du ressort du serviteur pour tous ces cas, car c’est lui qui reçoit la

rétribution pour le conseil et Allah se passe du bon conseil de tous[5].

Comment appliquer ce hadith 

  1. Tamîm Ad-Dârî, dont Allah est satisfait, était chrétien et il embrassa l’Islam à la fin de la vie du Prophète ﷺ . Il participa à des batailles à ses côtés et il devint un fervent croyant qui priait souvent et récitait le Coran. Si cela a été possible à quelqu’un qui était chrétien, ne désespère pas de ton amélioration et de l’amélioration d’autrui.

2.  Assume ta responsabilité avec sincérité, car l’une des significations du bon conseil est que l’on assume sa responsabilité devant Allah, Son Livre, Son Messager ﷺ , les chefs des musulmans et la masse des musulmans avec fidélité et en faisant de son mieux.

3.  As-tu fourni un maximum d’efforts envers Allah ? Demande des comptes à toi-même et rappelle-

toi des droits qu’Il a sur toi, parmi lesquels : croire en Lui, ne rien Lui associer, Lui obéir, s’empresser d’aller prier lorsque tu entends l’appel à la prière, Lui dédier exclusivement les œuvres qu’il a ordonné d’accomplir et accorder de l’importance au fait de L’aimer et de se soumettre à Lui.

4.  As-tu fourni un maximum d’efforts envers le Livre d’Allah ? Demande des comptes à toi-même et rappelle-toi des droits qu’il a sur toi, parmi lesquels : accorder de l’importance au fait de croire en lui, le réciter souvent, le méditer, appeler les gens à croire en lui et à le réciter, le défendre contre

ceux qui veulent altérer ses mots et ses significations, respecter sa sainteté en ne faisant en sorte de le toucher que lorsqu’on est pur des souillures majeures et mineures, sauf si on se sert de quelque chose pour le porter, et ne pas le laisser là où il est exposé à des atteintes[6].

5.  As-tu fourni un maximum d’efforts envers le Messager d’Allah ? Demande des comptes à toi- même et rappelle-toi des droits qu’il a sur toi, parmi lesquels : Croire en lui, lui obéir dans ce qu’il a prescrit, ne pas se mettre devant lorsqu’il est présent, accorder de l’importance à son droit, le soutenir, le respecter, le faire triompher, faire revivre sa tradition en diffusant la prédication, en faisant connaître la Sounna et éloigner tout ce qui remet en cause ce qu’il a dit[7], respecter ses Compagnons, les révérer et les aimer, car les compagnons d’un homme sont les personnes les plus proches de lui parmi les gens.

6.  As-tu fourni un maximum d’efforts envers les chefs musulmans que sont les dirigeants, les savants et ceux qui sont responsables de toi ? Rappelle-toi des droits qu’ils ont sur toi, parmi lesquels : leur obéir lorsqu’ils sont dans le vrai, les aider pour réaliser les intérêts religieux et terrestres, leur rappeler ce à quoi ils sont inattentifs ou ce dont ils sont ignorants et invoquer Allah pour qu’Il les améliore. D’autre part, ce n’est pas prodiguer le bon conseil envers eux que de leur mentir, faire exagérément leur éloge et leur embellir le faux[8].

7.  As-tu fourni un maximum d’efforts envers les musulmans ordinaires ? Rappelle-toi des droits qu’ils ont sur toi, parmi lesquels : leur montrer où sont leurs intérêts, les aider dans leurs affaires religieuses et terrestres par les paroles et les actes, faire des rappels à ceux parmi eux qui sont inattentifs, instruire ceux parmi eux qui sont ignorants, soutenir ceux parmi eux qui sont dans le besoin, dissimuler leurs points faibles, éloigner d’eux les nuisances, leur apporter les bienfaits religieux et terrestres, leur vouloir du bien dans ce bas monde et dans l’au-delà, ne pas leur causer de préjudice et leur vouloir le bien que l’on veut pour soi-même[9].

8.  L’une des significations du bon conseil est d’attirer l’attention d’autrui sur une erreur qu’il a commise. S’il s’agit de quelque chose de blâmable, on doit le réprouver en proportion de sa gravité et de l’intérêt, même si on doit pour cela soumettre son cas au détenteur de l’autorité ou autre, car cela est également inclus dans le fait de prodiguer le bon conseil envers Allah[10]. De même, concernant

le bon conseil, fait partie de la tradition du Prophète ﷺ et de ses Compagnons – qu’Allah a agréés – le fait de conseiller un homme dans l’intimité, car faire cela publiquement revient à le réprimander. C’est pourquoi Al-Foudayl ibn ‘Iyâd a dit : « Le croyant dissimule et conseille alors que le pervers dévoile et dénigre »[11].

9.  Conseiller les détenteurs d’autorité et les gens de pouvoir se fait selon la capacité. Si on s’estime

à l’abri de leur nuisance alors on doit les conseiller, mais si on craint d’en faire les frais alors il suffit de le désapprouver avec son cœur. De plus, lorsqu’on sait qu’on ne peut pas les conseiller, on ne doit pas agir de manière à les conforter dans leur erreur, car en faisant cela on les trompe et on aggrave leur trouble en plus de corrompre sa propre pratique religieuse et la leur.

10.  Un des signes de sagesse de celui qui prodigue un conseil est qu’il recourt à l’allusion et n’est pas explicite, sauf si son interlocuteur ne comprend pas les allusions, et qu’il prodigue son conseil sans exiger que son interlocuteur l’accepte. Il doit plutôt prodiguer son conseil et s’acquitter de ce qu’il doit. Si son interlocuteur suit son conseil alors tant mieux, sinon il est rétribué pour son conseil et sa sincérité envers son frère.

11.  Parmi ce qui relève du conseil, il y a le fait d’expliquer aux gens quels sont les hadiths authentiques et quels sont ceux qui ne le sont pas et de leur expliquer – en connaissance de cause – les degrés de fiabilité des narrateurs, c’est-à-dire, qui parmi eux mérite que l’on rapporte de lui et qui ne le mérite pas. On demanda à Ahmad ibn Hanbal : « Préfères-tu un homme qui jeûne, prie et fait des retraites spirituelles ou bien un homme qui démasque les innovateurs ? ». Il répondit : « Celui qui veille la nuit, prie et fait des retraites spirituelles est bénéfique à lui-même, alors que celui qui démasque les innovateurs est bénéfique aux musulmans et ceci est préférable »[12]. Il convient donc que le prédicateur et le juriste abordent ces sujets en ayant l’intention exclusive de satisfaire Allah et de considérer cela comme prodiguer le bon conseil envers Allah et Son Messager.

12. Lorsque Jarîr ibn ‘Abd Allâh, dont Allah est satisfait, exposait une marchandise, il disait à l’acheteur quels sont ses défauts puis il lui disait : « Si tu veux achète-la et si tu veux  ne l’achète pas ». On lui objecta alors : « Si tu fais cela, tu ne vendras rien ». Il répondit : « Nous avons fait allégeance au Messager d’Allah en nous engageant à prodiguer le bon conseil à tout musulman » [13]. Le bon conseil ne se limite donc pas à exprimer son avis, à se concerter et à faire triompher la religion. Il s’étend plutôt à tous les aspects de la vie. Ainsi, l’employé prodigue le bon conseil dans son travail en l’accomplissant comme il se doit, le médecin prodigue le bon conseil en faisant correctement son travail et en prescrivant des médicaments efficaces même s’ils ne coûtent pas cher et l’étudiant en étant sérieux dans ses études et en aidant ses camarades dans la finalité d’être utile à lui-même et à sa communauté, etc.

13.  Un poète a dit :Conseille-moi en privé et évite de me conseiller dans un groupe de gens,Car le conseil prodigué en public est une forme de réprimande que je n’accepte pas. Si tu t’opposes à cela et que tu me désobéis, ne sois pas affligé si je ne t’obéis pas.

Références

  1. Voir A’lâm al -Hadîth d’Al -Khattâbî (1/189) et Al-Mou’lim bi -Fawâ`id Moslim d’Al-Mâzirî (1/293).
  2. Voir Kachf al-Mouchkil Min Hadîth as-Sahihayn d’Ibn al-Jawzî (4/219) et Riyâd al-Afhâm Fî Charh ‘Omdat al- Ahkâm d’Al-Fâkihânî (1/346).
  3. Voir le commentaire de Riyâd as-Sâlihîne par Ibn ‘Othaymîne (2/393).
  4. Moslim (56).
  5. Voir A’lâm al-Hadîth d’Al-Khattâbî (1/191).
  6. Voir Al-Moufhim d’Al-Qourtoubî (1/243) et le commentaire de Riyâd as-Sâlihîn par Ibn ‘Othaymîne (2/388).
  7. Voir A’lâm al-Hadîth (commentaire du Sahîh d’Al-Boukhârî) d’Al-Khattâbî (1/192).
  8. Voir A’lâm al-Hadîth (commentaire du Sahîh d’Al-Boukhârî) d’Al-Khattâbî (1/193) et Al-Moufhim Li-mâ Achkal min Talkhîs Kitâb Moslim d’Al-Qourtoubî (1/244).
  9. Voir Ikmâl al-Mou’lim bi-Fawâ`id Moslim d’Al-Qâdî ‘Iyâd (1/307) et Al-Kawâkib ad-Darârî d’Al-Karmânî (1/218).
  10. Voir le commentaire de Riyâd as-Sâlihîn par Ibn ‘Othaymîne (2/384).
  11. Voir Jâmi’ al-‘Ouloum wa al-Hikam d’Ibn Rajab Al-Hanbalî (1/225).
  12. Majmou’ al-Fatâwâ d’Ibn Taymiyyah (28/231).
  13. Voir le commentaire du Sahih d’Al-Boukhârî d’Ibn Battâl (1/131).


Al-’Abbass – qu’Allah a agréé – nous informe de ce hadith qu’il a rapporté du Prophèt–equ’Allah le couvre d’éloges et le protège– et dans lequel il est dit :

  1. Que la foi a un goût, qu’elle procure du plaisir et qu’elle est douce. Le Prophète   utilise l’expression percevoir le goût pour parler de la foi et l’expliquer, bien que la foi ne soit pas quelque chose de concret. Ainsi, de la même façon que l’être humain perçoit le goût de la nourriture et de la boisson et les trouve délicieux, il perçoit dans son âme l’effet de la foi que connaissent ceux qui l’ont expérimenté.[1] Parmi les significations de ce plaisir, il y a l’aise, la tranquillité d’esprit et le sentiment d’intimité avec Allah. C’est la raison pour laquelle les actes de désobéissance deviennent vils pour l’être humain et il les délaisse alors. Les obligations deviennent plus faciles à remplir pour lui et il supporte leur peine. De plus, il ne désespère pas de la miséricorde d’Allah et il accepte Son décret. Ce plaisir n’est ressenti que sous certaines conditions :

  2. La première condition est de se satisfaire d’Allah comme Seigneur, la satisfaction étant d’être convaincu par une chose et de s’en contenter. L’une des expressions du fait d’être satisfait par Allah est de croire les récits qui proviennent de Lui, de se soumettre à Ses jugements religieux et d’endurer patiemment Ses jugements relatifs au destin.
  3. La satisfaction ne signifie pas reconnaître l’existence d’Allah ou Sa seigneurie, puisque cela est une condition de validité de l’Islam et d’ailleurs, de nombreux mécréants les reconnaissent. Ce qui est signifié c’est plutôt la satisfaction spécifique qui est de Le reconnaître comme Gestionnaire, Créateur et Législateur. On accepte ainsi Son jugement et on adopte Ses lois, puis on L’adore, on L’aime, on L’agrée, on s’en remet à Lui, on se repent à Lui sincèrement, on ne redoute rien d’autre que Lui dans son cœur et on se résigne à Son décret et à Sa prédestination. Cela aboutit à ne pas exprimer ce qui provoque Sa colère.[2]
  4. La deuxième condition est de se satisfaire de l’Islam comme religion, ce qui signifie qu’on l’accepte comme confession puis que l’on obéit à ses commandements, que l’on s’abstient de ses interdits, qu’on le préfère aux autres religions, qu’on en fait le pilier auquel on se réfère. C’est donc lui que l’on prend comme critère pour s’allier à quelqu’un ou s’en désavouer et on sacrifie pour lui tout ce qu’on possède de précieux.
  5. La troisième condition est de se satisfaire de Mohammad – qu’Allah le couvre d’éloges et le protège – comme Prophète et Messager. Ceci englobe le fait de reconnaître et de croire qu’il est un messager envoyé par Allah, d’accepter les commandements et les interdits qu’il a apportés de la part d’Allah ainsi qu’adopter sa religion et s’y soumettre. Ceci est la satisfaction de ceux qui l’aiment, le suivent, suivent sa guidée, imitent son exemple, lui obéissent, sacrifient ce qu’ils ont de plus cher pour défendre sa Sounna et attendent avec impatience de le rencontrer.  Il apparaît ainsi que le concept de la foi n’est pas présent chez une personne avant qu’elle n’ait réuni
    les trois fondements de la religion : la foi en Allah, en Son Prophète et en Sa religion.

Comment appliquer ce hadith 

  1. Al-‘Abbass ibn ‘Abd al-Mouttalib – qu’Allah a agréé – crut en son neveu (fils de son frère) alors qu’il était bien plus âgé que lui et il endura pour cela l’hostilité de sa famille et de sa tribu. Cet exemple amène l’être humain raisonnable à accepter le vrai d’où qu’il provienne : d’un jeune, d’un vieux, d’un fort, d’un faible, d’un riche ou d’un pauvre.

  2. Al-‘Abbass – qu’Allah a agréé – resta auprès du Prophète   – qu’Allah le couvre d’éloges et le protège – lors de la bataille de Hounayne lorsque la plupart de ses Compagnons fuirent. Cela démontre la sincérité de son Islam et le fait qu’il avait perçu le goût de la foi malgré sa conversion récente. Qu’en est-il de celui qui est né musulman et qui pratique l’Islam depuis de nombreuses années, mais qui persiste à adorer marginalement Allah ? Il est nécessaire que la foi se réalise en nous afin que nous devenions tels qu’Allah dit :

    ﴾Il est, parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. ﴿

    [Sourate Al-Ahzâb : 23].

  3. La foi a un goût qui peut ne pas être perçu par celui qui a longtemps vécu en son sein, car certaines de ses vérités ne se retrouvent pas en lui ou bien parce qu’il n’a pas eu le loisir de comparer cette foi à la mécréance. Par conséquent, à chaque fois que tu sens que ton âme préfère les plaisirs de ce bas monde aux plaisirs de la foi, rappelle-lui de rechercher le plaisir de la foi et encourage-la à cela.

  4. Recherche à te satisfaire d’Allah comme Seigneur en te rappelant qu’il est le Tout Miséricordieux et le Très Miséricordieux, le Puissant, le Sage et l’Omniscient. Rappelle-toi aussi Ses autres attributs qui rassurent l’âme et la conduisent à croire à Ses récits, à se soumettre à Ses commandements et à Ses interdits, à être réconforté par Ses décrets, à te rappeler Ses bienfaits apparents et cachés et à être conscient que ce que nous ne connaissons pas de Ses bienfaits, est bien plus immense que ce que nous en connaissons et que ce que nous ne connaissons pas de Sa création et de Sa sagesse dans Sa gestion, est bien plus immense que ce que nous en connaissons.

  5. Recherche à te satisfaire de l’Islam comme religion en te rappelant que c’est la religion d’Allah et il n’existe aucun être plus savant, plus sage, ni plus miséricordieux que Lui. L’être humain raisonnable sait déceler les aspects de perfection de cette religion qui le convainquent de la perfection des autres aspects qu’il ne connaît pas.

  6. Recherche à te satisfaire du Prophète – qu’Allah le couvre d’éloges et le protège – comme Messager en te rappelant sa perfection dans tous les attributs humains, parmi lesquels la perfection de sa science et de son esprit et le soutien et la protection que lui accordait Allah. Rappelle-toi aussi ses grands sacrifices pour la communauté et sa compassion pour elle et le fait que si on le comparait à n’importe quelle créature, toutes paraîtraient déficientes en comparaison avec lui.

  7. Ce bas monde et ce qu’il contient comme épreuves, peines et maux, devient un paradis pour le croyant lorsqu’il est satisfait et résigné et qu’il a la foi. C’est pourquoi il a été dit : « La satisfaction est le paradis du croyant et le repos des connaisseurs ». Faisons donc pousser notre paradis dans ce bas monde avec les mains de la satisfaction ! Lorsque le musulman est atteint par un malheur ou qu’il manque une source de subsistance, il doit soumettre son affaire à Allah et il est convaincu que seul ce qu’Allah a décrété, nous atteint. C’est seulement alors que la sérénité s’introduit dans son cœur et qu’il cesse de désespérer et de se lamenter sur le passé.

  8. Le Commandeur des Croyants, ‘Omar ibn ‘Abd al-‘Azîz, récitait cette invocation : « Ô Allah, rends-moi satisfait de Ton décret et bénis pour moi Ta prédestination afin que je ne veuille pas précipiter ce que Tu as reporté ni reporter ce que Tu as précipité »[3].

  9. On demanda à Yahyâ ibn Mou’âdh : « Quand le serviteur atteint-il le degré de la satisfaction ? ». Il répondit : « Lorsqu’il se conforme à quatre fondements dans sa relation avec son Seigneur à qui il dit : « J’accepte ce que Tu me donnes, je suis satisfait lorsque Tu me prives, je T’adore lorsque Tu me laisses et je Te réponds lorsque Tu m’appelles »[4]. Nous devons donc scruter nos âmes pour savoir si ces attributs se retrouvent en nous. Chaque fois que nous en trouvons une, nous nous rapprochons un peu plus de la satisfaction.

10.  Un poète a dit :Ta satisfaction est meilleure que le monde et ce qu’il contient, ô Toi qui possèdes complètement mon âme.L’esprit n’a pas d’autre souhait que d’obtenir Ta satisfaction, c’est en effet cela son souhait suprême.Un regard de Toi, ô mon dessein, ô mon espoir, vaut pour moi plus que le monde et ce qu’il contient.

Références

  1. Voir le commentaire de Michkât al-Masâbîh par At-Tîbî (2/446).
  2. Voir Al-Moufhim Li-mâ Achkal min Talkhîs Kitâb Moslim d’Al-Qourtoubî (1/210) et Al-Fatâwâ al-Kubrâ d’Ibn Taymiyyah (2/393).
  3. Voir Adab al-Mourta’î Fî ‘Ilm ad-Dou’â d’Ibn ‘Abd al-Hâdî (p.164).
  4. Voir Lawâmi’ al-Anwâr al-Bahiya d’As-Safârînî (1/359).

  1. Un savant juif – à savoir Ka’b Al -Ahbar qui embrassa l’Islam plus tard[1] – alla auprès de ‘Omar Ibn Al-Khattab, qu’Allah a agréé, pour l’informer qu’il enviait les musulmans pour un verset du Noble Coran révélé et que l’ensemble des juifs souhaitaient qu’un verset semblable leur ait été révélé. Ils auraient en effet révéré le jour de sa révélation et en auraient fait un jour de fête.

2.  ‘Omar interrogea l’homme au sujet de ce verset et il répondit qu’il s’agit des paroleds’Allah 

﴾Aujourd’ hui, J’ ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’ agrée l’Islam comme religion pour vous﴿

[Sourate Al-Ma’ ida : 3].

Les juifs ne s’enthousiasmaient pour ce verset que parce que cel-ucii informe du parachèvement de la religion. Celui-ci eut lieu suite aux faits suivants : la finalisation de la prescription des lois, des peines et des obligations ; l’expulsion des associationnistes de la Mosquée Sacrée et l’interdiction de les y laisser entrer ; la puissance et le triomphe de l’Islam; l’humiliation de l’associationnisme et de ses adeptes ; la disparition de la crainte de l’ennemi;la fin de l’abrogation des jugements de la religion puisque rien ne sera dorénavant révélé abrogeant les jugements et aucune religion future ne viendra l’abroger, car il est le sceau des religions ; ainsi que la prise de La Mecque[2]. Un des autres signes du parachèvement de l’Islam est qu’il n’y a pas de contradiction entre ses textes et la saine raison, qu’il est une religion convenant aux humains et aux djinns en tout lieu et en toute époque et que ses lois tiennent compte des besoins de l’être humain, répond à ses demandes et instaure sécurité et ordre au sein de la société.

Par ailleurs, l’accomplissement du bienfait se manifeste par le triomphe de la religion, l’instauration de la sécurité, la diffusion de la religion partout sur terre, la déclaration de l’agrément divin pour la religion de l’Islam qui ne comportera dorénavant plus aucune abrogation et qui ne sera pas abrogé par une autre religion, car il est le sceau des religions[3].

3.   ‘Omar, qu’Allah a agréé, informa alors ce juif que les musulmans accordent plus d’intérêt à la révélation qu’eux, puisque nous connaissons le moment et le lieu où a été révélé ce verset et que nous honorons ce moment et ce lieu. En effet, il a été révélé au Prophète ﷺ alors qu’il était stationné à ‘Arafa et ce jour était un vendredi. Ce sont donc pour nous, deux fêtes et non une seule :la fête hebdomadaire du vendredi et le jour de ‘Arafa qui est également un jour de fête pour les musulmans. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Le jour de ‘Arafa, le jour de l’Abattage et les jours dits At-Tachrîq sont nos fêtes nous adeptes de l’Islam et ce sont des jours où on mange et on boit »[4].

Comment appliquer ce hadith 

  1. (1) Les ennemis de l’Islam étudient scrupuleusement l’Islam dans le but d’y déceler et lui imputer des ambiguïtés. Chaque étudiant en science doit donc se préparer à défendre l’Islam et réfuter les ambiguïtés de ceux qui veulent faire douter ses adeptes.

  2. (1) Ne sois pas trompé par le pacifisme des mécréants, car ils sont ceux qui détestent le plus les musulmans pour ce qui leur a été donné.

  3. (1) Les non musulmans nous jalousent pour le bienfait de la révélation qu’Allah nous a accordé,

alors que toi tu es inattentif à la réciter et à comprendre ses significations !

4.   (2) Sache que l’Islam est une religion complète qui ne comporte aucun défaut ni aucune contradiction dans ses textes ou entre les textes et la saine raison. Si tu crois y déceler une contradiction ou un défaut, tu dois te référer aux gens de science qui résolvent les problèmes pour toi, t’expliquent ce qui te paraît vague et obscur et font disparaître la contradiction que tu as cru déceler.

5.   (3) Les fêtes ne sont pas déterminées par l’avis et la réflexion, mais uniquement par les textes. Ne célèbre donc aucune fête des communautés précédentes non prescrite par la religion.

6.   (3) Le musulman doit être fier de sa religion, acquérir la science religieuse et éviter qu’un mécréant le fasse paraître comme quelqu’un qui ne connaît pas sa religion ou est ignorant de sa propre religion.

7.   Un poète a dit :

Le Coran fut révélé pour construire une communauté jusqu’à ce que la religion et le bienfait fussent complétés.

Ô maître des gens libres, ô exemple d’abnégation, ô miséricorde permanente pour les mondes, tu t’es acquitté seul de l’affaire d’Allah en portant une charge que les montagnes peinent à porter.

8.   Un autre poète a dit :

Les prophètes ont apporté des signes qui se sont effacés, alors que toi tu nous as apporté [un livre] sage qui ne s’efface pas.

Plus le temps passe plus ses versets restent d’actualité et ils sont de surcroît embellis par la majesté de la vieillesse et de l’ancienneté.

Presque chacun de ses nobles mots recommande le vrai, la piété et l’entretien des liens de parenté.

Références

  1. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Hajar (8/270).
  2. Voir Zad Al-Massir Fi ‘Ilm At-Tafsir d’Ibn Al-Jawzi (1/513), Al-Moufhim Lima Achkal Min Talkhisse Kitab Mouslim d’Abou Al-’Abbass Al-Qourtoubi (7/339) et Tafsir Ibn Rajab Al-Hanbali (1/384).
  3. Voir Al-Moufhim Lima Achkal Min Talkhisse Kitab Mouslim d’Abou Al-’Abbass Al-Qourtoubi (7/339).
  4. Abou Dawoud (2419), At-Tirmidhi (773) et An-Nassa’i (4186).

Le Prophète nous informe que la foi est tel un arbre ayant des branches dont certaines sontmeilleures que d’autre.s Le Prophète affirma que ces branches sont au nombre de soixante-dix et quelques parties et vertus, « et quelques » signifiant entre trois et neuf. C’est donc comme s’il avait dit que la foi comporte entre soixante-treize et soixante-dix-neuf vertus. Les paroles « soixante et quelques » sont un doute du narrateur et les différences de nombres dans les narrations ne causent pas de préjudice, car la finalité du hadith est de souligner la pluralité des branches de la foi. Par ailleurs, certains savants ont tenté de déterminer ces branches en relevant les œuvres vertueuses dans le Livre d’Allah et la Sounna de Son Prophète . Ce sont là des efforts intellectuels qui visent à expliquer le hadith.

  1. Ensuite, le Prophète ﷺ explique que la meilleure de ces branches est la réalisation du monothéisme qui consiste à dire : « il n’existe pas de divinité excepté Allah ». Cela ne signifie pas de ne dire cette formule qu’avec la langue, mais plutôt la faire sienne et s’approprier ce qu’elle implique comme science, certitude, véracité, exclusivité du culte, amour, soumission, acceptation de ses conséquences, mécréance aux autres divinités que l’on prend [en disant : « excepté Allah »] et refus des opposés de cette formule que sont le polythéisme majeur, le polythéisme mineur et le polythéisme caché.Cette branche est le fondement de la science, puisque aucune autre branche n’est acceptée sans elle. Allah dit :

    ﴾Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, ne sera point agréé, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants﴿

     [Sourate Âl-‘Imrâne : 85].

  2. La branche de moindre mérite est d’éloigner ce qui est nuisible du chemin des gens, comme les épines, les pierres, les détritus, les clous, les pneus usagers et autre.S’il est ordonné au musulman d’éloigner ce qui est nuisible du chemin même s’il n’est pas à l’origine de cette nuisance, il lui est ordonné à plus forte raison, de ne pas être l’auteur de nuisances.

  3. Parmi les branches de la foi, il y a la pudeur qui est une vertu de l’âme incitant celle-ci à faire ce qui est méritoire et à s’abstenir de ce qui est abject, que cette vertu soit innée chez l’être humain et qu’il l’entretienne ou bien qu’il l’acquière après avoir accompli des efforts. Par ailleurs, la pudeur est un sentiment que l’être humain expérimente spontanément au moins lors de certaines situations et ses fruits peuvent être résumés ainsi : Qu’Allah ne te voie pas là où Il t’a défendu d’être et qu’Il ne te trouve pas absent de là où Il t’a ordonné d’être.Ce qui précède démontre que la foi est faite de paroles, d’œuvres et de croyances. Ainsi, les paroles « Il n’existe pas de divinité excepté Allah » doivent être dites avec la langue et le cœur et suivies par des œuvres accomplies par les membres. Or ôter ce qui est nuisible du chemin est une œuvre accomplie par les membres et la pudeur est une œuvre du cœur, bien que ses effets se manifestent sur la langue et les membres.


Comment appliquer ce hadith 

  1. Abou Hourayra – qu’Allah a agréé – était un Compagnon du Messager d’Allah ﷺ et un grand savant qui fut également le gouverneur de cités majeures. Malgré cela, il faisait partie des gens modestes et doux, assidus dans leurs adorations. À quel point sommes-nous donc modestes, comparés à ce qu’Allah nous a facilité comme science, prestige et richesse ?

2.  La foi est ce qu’il y a de plus important et c’est ce qu’Allah veut de Ses créatures, mais elle est malgré cela vaste et elle comporte de nombreuses branches. À quel point nous sommes-nous instruits à ce sujet et à quel point nous sommes-nous efforcés de compléter les branches qu’Allah veut que nous complétions ou bien nous contentons-nous de certaines et en négligeons-nous d’autres ?

3.  Il arrive que quelqu’un critique d’autres personnes pour avoir négligé certaines branches de la foi, mais oublie que lui-même néglige d’autres branches, comme celui qui prie et jeûne assidûment alors qu’il néglige d’avoir un bon comportement et d’assumer les charges de sa famille, ou bien accorde de l’importance à acquérir un bon comportement, mais néglige l’obligation d’ordonner le convenable et de défendre le blâmable. Tout ceci nous incite à être tolérants avec les autres et à les juger selon les critères de la Législation et non selon les critères auxquels nous sommes habitués.

4.  La foi est faite de degrés et elle a un degré supérieur et un degré inférieur qui font, tous les deux, partie de la foi qu’Allah aime, mais il ne convient pas de se consacrer au degré inférieur au détriment du degré supérieur, car soixante-dix degrés séparent les deux. Par conséquent, il est prioritaire et meilleur d’accomplir des efforts et de dépenser pour atteindre le degré supérieur. Soyons donc conscients de notre besoin pour les savants et accroissons notre connaissance du Livre d’Allah et de

5.  La meilleure branche de la foi est de dire : « Il n’existe pas de divinité excepté Allah ». Que notre besoin est grand d’apprendre ses significations, la manière de nous acquitter complètement de ce qu’elle implique et de la prononcer le cœur emplit d’amour pour elle, avec soumission et acceptation de ce qu’elle implique comme croyances, paroles et œuvres.

6.  Ôter du chemin ce qui est nuisible inclut une multitude de gestes dans la vie quotidienne, comme enlever les pierres, les clous et les restes de pneus qui gênent les passants et les véhicules, que l’on fasse cela soi-même ou que l’on appelle les services concernés.

7.  Si ôter ce qui est nuisible du chemin et d’autres actions font partie des branches de la foi, alors s’abstenir d’être l’auteur de nuisance fait partie des meilleures œuvres, tandis que nuire aux musulmans fait partie des pires œuvres. Par ailleurs, la nuisance est un terme général qui a une dimension physique et morale et elle inclut des méfaits comme jeter des détritus, faire du tapage, dégager de mauvaises odeurs, conduire de manière dangereuse ou mal se garer. À l’inverse, s’il est défendu d’être l’auteur de nuisance sur le chemin des gens, il est prescrit de faciliter le passage des gens en leur fournissant des moyens de confort et de loisir sur la route, comme des surfaces à l’ombre et des aires de repos. Parmi les exemples de textes encourageants à cela, il y a le hadith où le Prophètela Sounna de Son Messager ﷺ pour savoir ce qui est prioritaire dans la Législation. ﷺ  dit : « Prenez garde à vous asseoir sur les chemins ». On lui répondit : « Nous ne pouvons faire autrement, ce sont nos assemblées où nous discutons ». Le Prophète ﷺ dit alors : « Si vous ne pouvez faire autrement que vous asseoir [sur les chemins], donnez au chemin son droit ». On lui demanda : « Et quel est le droit du chemin ? ». Il répondit : « Baisser le regard, s’abstenir de nuire, répondre au salut, ordonner ce qui est convenable et défendre ce qui est blâmable »[1].

8.  Il y a une rétribution prévue pour ôter ce qui est nuisible du chemin, bien que les gens n’habitent pas les chemins et qu’un chemin ne soit que rarement et furtivement fréquenté. Il est donc à plus forte raison requis d’ôter ce qui est nuisible des lieux de rassemblement et de résidence des gens, comme les lieux de travail et d’apprentissage ainsi que les maisons. On se montre bienfaisant en faisant l’entretien de la demeure de sa famille, car cela permet de renforcer les liens avec eux et de s’acquitter de leurs droits. De même, on se montre plus bienfaisant encore en participant à l’entretien des mosquées qui sont les maisons d’Allah qu’Il permit d’ériger. Gardons donc à l’esprit cet enseignement lors de nos interactions journalières.

9.  Si ôter ce qui est nuisible du chemin fait partie de la foi, alors ôter ce qui est nuisible des cœurs des gens fait partie à plus forte raison de la foi. On accomplit cela en les libérant de l’ignorance, des ambiguïtés, des insufflations de Satan et de ce qui provoque l’inquiétude et la mélancolie.

10.  La pudeur est une branche de la foi qui est spécifiquement mentionnée en raison de son influence

sur l’âme. C’est donc une vertu qui, lorsqu’elle est présente dans l’âme, mène à acquérir de nombreuses qualités et dissuade de se rendre coupable de vices. Il se peut que cette vertu soit présente chez l’être humain sans qu’il ne s’en rende compte et il se peut qu’il la perde sans qu’il ne s’en rende compte non plus, particulièrement lorsque cela a lieu progressivement sous l’effet des assauts répétés de la perversité et de la rudesse. Allons-nous scruter la présence de ce sentiment en nous-mêmes ? et allons-nous faire en sorte qu’il s’accroisse ?

11.  La pudeur n’est pas un acte négatif consistant à avoir honte d’œuvrer, mais plutôt une vertu positive poussant à délaisser ce qui est hideux et à faire ce qui est beau, comme cela est le cas pour celui qui ressent de la pudeur à l’égard d’Allah qui lui a accordé le bienfait de la science qu’il ne diffuse pas, ou bien le bienfait de la richesse qu’il ne dépense pas, ou bien le bienfait de la belle voix ou de l’éloquence dont il ne se sert pas pour prêcher. C’est aussi le cas pour celui qui a honte de découvrir sa zone intime, de commettre un péché ou être coupable d’un vice, comme la lâcheté, l’avarice ou la paresse.

12.  La meilleure pudeur est la pudeur à l’égard d’Allah et si tu veux en avoir une idée pour la concrétiser dans ta vie, rappelle-toi de ces paroles : « Je te recommande d’avoir autant de pudeur à l’égard d’Allah qu’à l’égard d’un homme vertueux de ton peuple »[2].


Références

  1. Al-Boukhârî (2645) et Moslim (2121) d’après Abou Sa’îd A-Khoudrî, dont Allah est satisfait.
  2. Ahmad dans Az-Zouhd (46), Al-Bayhaqî dans Chou’ab al-Îmâne (6/145) avec une chaîne de narration remontant juqu’au Prophète ﷺ, d’après le hadith de Sa’îd ibn Yazîd, dont Allah est satisfait.



  1. ‘Imrâne ibn al-Hossaine, dont Allah est satisfait, entra auprès du Prophète et il attacha la patte avant à la patte arrière de son chameau afin qu’il ne s’égare pas ou qu’il ne s’échappe.

  2. Alors qu’il était assis auprès du Prophète , une délégation de la tribu des Banou Tamîm entra et le Prophète leur dit : « Réjouissez-vous ». Il était requis d’eux qu’ils acceptent la bonne nouvelle annoncée par le Messager d’Allah , quelle qu’elle soit, particulièrement s’il leur annonce que celui qui embrasse l’Islam échappe à un séjour éternel dans le Feu[1].

  3. Lorsque les Banou Tamîm entendirent parler de la bonne annonce, ils préférèrent demander quelque chose de ce bas monde et ils dirent : « Tu nous as déjà annoncé la bonne nouvelle, fais-nous donc un don ». Il se mit alors en colère contre eux parce qu’ils n’ont pas accordé d’importance à la bonne nouvelle, ont limité leur espoir à ce bas monde éphémère et n’ont compris de la bonne annonce que le don matériel.

  4. Puis des gens du Yémen entrèrent auprès de lui après cela, à savoir les Ach’arites qui sont la tribu d’Abou Moussa Al-Ach’arî, dont Allah est satisfait, et il leur dit : « Acceptez la bonne nouvelle, puisque les Banou Tamîm ne l’ont pas acceptée ». Même si les Banou Tamîm venaient d’embrasser l’Islam, ils n’ont pas, en raison de leur conversion récente, accepté la bonne nouvelle comme il se doit et l’ont associée à une demande de biens. C’était donc comme s’ils ne l’avaient pas acceptée[2]. 

  5.  Les gens du Yémen étaient plus savants que les Banou Tamîm, puisqu’ils ont accepté la bonne nouvelle sans condition ni exigences et c’est la raison pour laquelle le Prophète a dit : « La foi est yéménite et la sagesse est yéménite »[3].

  6. Puis après avoir accepté la bonne nouvelle, ils interrogèrent le Messager d’Allah au sujet de cet univers ou de la création qu’ils observent. La question ne mentionnait pas explicitement cela, c’est plutôt dans la réponse que l’on apprend qu’il s’agit de cela.

7.   Le Prophète répondit à leur question en disant qu’Allah existait et rien de ce monde visible n’existait avec Lui, ni les cieux ni la Terre. Cela n’exclut pas qu’Il ait créé d’autres choses, puisque le Trône a été créé avant cela et existe comme le démontre ce hadith et Allah crée ce qu’Il veut[4].

8.   Ensuite le Prophète les informa que Son Trône était sur l’eau avant qu’Il ne crée les cieux et la Terre.

Allah dit :

﴾Et c’est Lui qui a créé les cieux et la terre en six jours, alors que Son Trône était sur l’eau﴿

[Sourate Houd : 7].

Puis après avoir créé les cieux et la Terre, Il s’établit sur le Trône au- dessus des cieux. Allah dit à propos de cela :

﴾Votre Seigneur, c’est Allah, qui a créé les cieux et la terre en six jours, puis S’est établi sur le Trône﴿

[Sourate Al-A’râf : 54].

Le Trône du Tout Miséricordieux est la créature la plus éminente et la plus immense, le mot trône désignant le mobilier à partir duquel est exercée la souveraineté.

9.   Le Prophète expliqua ensuite qu’Allah écrivit les prédestinations des serviteurs et ce qui se produira dans tout l’univers dans la Tablette Préservée. On rapporte que ‘Abd Allah ibn ‘Amr ibn al- ‘Âsse a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah dire : « Allah écrivit les prédestinations des créatures cinquante mille ans avant de créer les cieux et la Terre ». Puis il dit : « Son Trône était alors sur l’eau »[5].

10.   Puis le Prophète ﷺ nous informa qu’Allah créa les cieux et la Terre après avoir créé l’eau et le Trône et écrit la prédestination des serviteurs dans la Tablette Préservée. Allah détailla une part de la création des cieux et de la Terre lorsqu’Il dit :

﴾Dis : « Renierez-vous [l’existence] de celui qui a créé la terre en deux jours et Lui donnerez-vous des égaux ? Tel est le Seigneur de l’univers, c’est Lui qui a fermement fixé des montagnes au-dessus d’elle, l’a bénie et lui assigna ses ressources alimentaires en quatre jours d’égale durée. [Telle est la réponse] à ceux qui t’interrogent. Il S’est ensuite adressé au ciel qui était alors fumée et lui dit, ainsi qu’à la terre : « Venez tous deux, bon gré, mal gré ». Tous deux dirent : « Nous venons obéissants ». Il décréta d’en faire sept cieux en deux jours et révéla à chaque ciel sa fonction. Et Nous avons décoré le ciel le plus proche de lampes (étoiles) et l’avons protégé. Tel est l’Ordre établi par le Puissant, l’Omniscient﴿

[Sourate Fussilate : 9-12].

11.   Ensuite quelqu’un informa ‘Imrâne que sa chamelle s’était libérée de son lien et qu’elle s’était enfuie. Il sortit pour s’assurer qu’elle était encore là, mais il ne la trouva pas et le mirage, c’est-à-dire l’eau qui semble sortir du sol que l’on voit dans le désert lorsqu’il fait très chaud, s’interposa entre elle et lui.

12.   ‘Imrâne regretta alors d’être sorti de chez le Messager d’Allah , puisque sa sortie le priva

d’écouter la fin des propos du Prophète .

Comment appliquer ce hadith 

  1. ‘Imrâne ibn Hossaine attacha sa chamelle à la porte de la Mosquée du Prophète et ceci est une expression du fait de s’en remettre à Allah : on recourt aux causes puis on confie son affaire à Allah. En effet, ‘Imrâne ne s’est pas dit : Je la laisse livrée à elle-même et je m’en remets à Allah.

  2. Le Prophète aimait annoncer de bonnes nouvelles à ses Compagnons. Embellis donc tes paroles en l’agrémentant de toutes sortes de bonnes nouvelles, comme la bonne annonce du paradis immédiat et futur qu’a préparé Allah à l’attention des gens qui ont la foi et font preuve de patience, ou la bonne annonce de la dissipation des peines et de la disparition des craintes. Pour leur part, les enseignants ne doivent pas se contenter d’expliquer les jugements relatifs à la jurisprudence, au dogme et autre sans s’adresser aux âmes de leurs élèves.

  3. Le succès dans l’au-delà n’est égalé par aucun autre succès. C’est la raison pour laquelle le Prophète fut en colère contre les Banou Tamîm lorsqu’ils ne se contentèrent pas de la bonne annonce et qu’ils réclamèrent des dons. Vois à quel point nous sommes perdants lorsque nous aspirons à être rétribués dans ce bas monde, que nous appelons à jouir de ce bas monde et que nous sommes inattentifs au monde de l’au-delà qui est bien plus éminent.

  4. N’aie pas honte de questionner sur un aspect de la religion, qu’il s’agisse de jugements législatifs qui concernent le licite et l’illicite, ou bien qu’il s’agisse de ce qui se passera lors de la Résurrection ou des récits des peuples du passé.

  5. Entretiens un bon soupçon à l’égard de ton Seigneur, car Il a le pouvoir de réaliser ce que tu souhaites. Celui qui a été capable de créer un univers aussi vaste et de l’administrer n’est-il pas capable d’exaucer ton invocation ?

6- Sachant qu’Allah a écrit les prédestinations des créatures avant d’avoir créé les cieux et la Terre, il ne convient pas qu’un serviteur regrette le bien dont il n’a pas bénéficié ni qu’il soit affligé par le mal dont il est atteint, car cela signifierait que le serviteur est mécontent du destin d’Allah.

7. ‘Imrâne ibn Hossaine, dont Allah est satisfait, regretta d’être sorti pour s’assurer de la présence de sa chamelle et d’avoir pour cela délaissé le Prophète qui parlait. Ceci démontre le mérite de la science religieuse et le fait qu’il est meilleur de l’acquérir et de la comprendre plutôt que de se préoccuper de ce bas monde et ce qu’il contient. Il ne convient donc pas qu’un être humain raisonnable soit inattentif à un tel mérite.

Références

  1. Voir Fath al-Bârî d’Ibn Hajar (13/409).
  2. Voir Fath al-Bârî d’Ibn Hajar (13/409).
  3. Al-Boukhari (3499) et Moslim (52).
  4. Majmou’ al-Fatâwâ d’Ibn Taymiyya, à comparer avec Fath al-Bârî d’Ibn Hajar (6/289).
  5. Moslim (2653).


Le Prophète ﷺ rapporte de son Seigneur – Gloire et Majesté à Lui – un hadith qoudsi. Un hadith qoudsi étant des paroles d’Allah qui ne font pas partie du Coran. Ses termes proviennent du Prophète ﷺ et sa signification provient d’Allah, alors que les termes et les significations du Coran, proviennent d’Allah.

  1. Allah appelle Ses serviteurs par miséricorde envers eux en disant : « Ô Mes serviteurs » et les informe qu’Il S’est interdit l’injustice bien qu’Il ait le pouvoir d’être injuste.

    Allah dit :

    ﴾Certes, Allah ne lèse (personne), fût-ce du poids d’un atome. S’il est une bonne action, Il la double, et accorde une grosse récompense de Sa part﴿

    [Sourate An-Nissa : 40].

    Par ailleurs, Allah possède la souveraineté, la création et toute chose, mais Il S’est, malgré cela, interdit l’injustice. Ceci est un préambule avant qu’Il nous informe qu’Il déclara l’injustice illicite pour les gens et qu’Il leur défendit d’être injustes les uns envers les autres.

L’injustice consiste à ne pas mettre une chose à la place où elle doit être, c’est pourquoi Allah déclara l’associationnisme illicite et le qualifia d’immense injustice. Toute injustice entre les serviteurs, qu’elle concerne l’atteinte à la vie, aux biens ou à l’honneur est vigoureusement illicite, même s’il ne s’agit que d’un empan de terre. Allah menaça celui qui commet une injustice en disant :

﴾Et ne pense point qu’Allah soit inattentif à ce que font les injustes.﴿

[Sourate Ibrahim : 42]

et ordonna d’être équitables, même avec l’ennemi :

﴾ Ô les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété﴿

[Sourate Al-Ma’ida : 8].

2.   Ensuite Allah réitère Son appel à Ses serviteurs et les informe que tous les gens sont dans un égarement total, sauf ceux à qui Allah montre le vrai et facilite d’y accéder, car les gens sont sortis des ventres de leurs mères en ne sachant rien et l’être humain, de par son pouvoir limité, n’a pas la capacité de trancher de la justesse d’une chose en ne se basant que sur son simple avis. Ses connaissances et son pouvoir ne peuvent lui en donner la possibilité. Les gens ont fini par diverger et fonder plusieurs écoles de pensée, les ambiguïtés sont devenues nombreuses et les désirs ont fini par prendre le dessus. L’intelligence n’est pas en cause, car nombreux sont les gens intelligents qui commettent des fautes, mais l’être humain bien guidé est celui qu’Allah a guidé et raffermi sur le vrai. Voici pourquoi Allah ordonna à Ses serviteurs de Lui demander de les guider[1].

En outre, la guidée ne se limite pas à ce qu’accepter et embrasser l’Islam soit facilité, mais englobe la connaissance de ses jugements et de ses lois et la soumission aux commandements et aux interdits apportés par le Prophète ﷺ. Voilà pourquoi Allah ordonna à Ses serviteurs croyants de répéter dans leurs prières :

﴾Guide-nous dans le droit chemin﴿

[2].[Sourate Al-Fatiha : 6]

3.   Puis Allah réitère une deuxième fois Son appel à Ses serviteurs et les informe que tous les gens sont affamés, excepté ceux qu’Allah nourrit. Les gens ont donc besoin de Lui demander de les nourrir,car s’Il le voulait, Il rendrait la nourriture de la Terre inconsommable, Il rendrait l’être humain pauvre ou bien Il l’empêcherait de se nourrir à cause d’une maladie, d’un emprisonnement ou d’une autre raison. L’être humain ne se nourrit donc que grâce à Allah.

4.   Allah réitère une troisième fois Son appel à Ses serviteurs et les informe que tous les gens sont nus et n’ont pas de vêtements, excepté ceux qu’Allah habille. Les gens ont donc besoin de demander leurs vêtements à Allah, car s’Il le voulait Il les empêcherait, de la manière qu’Il le veut, de s’habiller.

La nourriture et les habits sont des exemples de subsistance, les créatures ayant besoin d’Allah pour obtenir leur subsistance tout comme elles ont besoin de Lui pour être guidées :

﴾En vérité, c'est Allah qui est le Grand Pourvoyeur, Le Détenteur de la force, l'Inébranlable﴿

[Sourate Adh-Dhariyate : 58].

5.   Puis Allah réitère une quatrième fois Son appel à Ses serviteurs et leur rappelle leur déficience permanente qui se manifeste par les péchés qu’ils commettent de nuit et de jour. Malgré cela, Il pardonne tous les péchés, aussi nombreux et aussi immenses soient-ils et eux, pour leur part, ont besoin d’implorer Son pardon :

﴾Dis : Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux﴿

[Sourate Az-Zoumar : 53]

. Par ailleurs, le Prophète ﷺ nous informa qu’Allah tend Sa main la nuit pour que le fautif du jour se repente et tend Sa main le jour pour que le fautif de la nuit se repente, jusqu’au jour où le soleil se lèvera de son Couchant[3].

6.   Ensuite Allah réitère une cinquième fois Son appel à Ses serviteurs et les informe qu’ils ne sont rien comparés à Allah. Ils ne lui causent aucun préjudice en mécroyant en Lui, en Le combattant ou en commettant d’autres actes contre Lui, car ils sont impuissants et ils vivent dans Son Royaume. À l’inverse, ils ne Lui sont d’aucune utilité lorsqu’Ils croient en Lui, font triompher Sa religion ou accomplissent d’autres actes en Sa faveur, car il se passe d’eux et de ce qu’ils font. Puis Il donna des exemples illustrant le fait qu’Il se passe d’eux.

7.   Allah réitère une sixième fois Son appel à Ses serviteurs et les informe que l’obéissance de tous les serviteurs ne Lui est aucunement utile. Ainsi, si la foi de tous les êtres humains et les djinns était aussi forte que celle du Prophète ﷺ, cela n’ajouterait rien à Son Royaume.

Allah dit :

﴾Et quiconque lutte, ne lutte que pour lui-même, car Allah peut Se passer de tout l’univers﴿

[Sourate Al- ‘An’kaboute : 6].

8.   Puis Allah réitère une septième fois Son appel à Ses serviteurs et les informe que la désobéissance de tous les serviteurs ne Lui est pas préjudiciable. Ainsi, si leur mécréance et leur perversité étaient aussi fortes que celles d’Iblîs, cela n’enlèverait rien à Son Royaume.

Allah dit :

﴾N’aie (ô Mohammad) aucun chagrin pour ceux qui se jettent rapidement dans la mécréance. En vérité, ils ne nuiront en rien à Allah. Allah tient à ne leur assigner aucune part de biens dans l’au-delà. Et pour eux il y aura un énorme châtiment. Ceux qui auront troqué la croyance contre la mécréance ne nuiront en rien à Allah. Et pour eux un châtiment douloureux.﴿

[Sourate Âl-’Imrane : 176-177]. 

9. Ensuite Allah mentionne l’immensité de Sa grâce et de Ses bienfaits qui ne peuvent être ni dénombrés ni comptés. Il affirme ainsi que si toutes les créatures qui ont existé depuis la création des cieux et de la Terre se tenaient dans un même terrain et que chacune d’elles invoquait Allah pour qu’Il lui accorde des dons et une subsistance puis qu’Allah lui donnait ce qu’Il veut, cela ne changerait en rien Son Royaume et ne diminuerait en rien Sa grâce et Son bien. Il énonça pour cela une métaphore, celle d’une aiguille qui est introduite dans la mer : celle-ci diminuerait-elle de son eau ? Il en est de même pour la grâce d’Allah qui est infinie.

10- Puis Allah nous informe que le sort de l’être humain dépend de ses œuvres, car Allah écrit nos œuvres et nous rétribue en conséquence. Ainsi, celui qui trouve le Jour de la Résurrection du bien qu’Allah a apprêté pour lui, qu’il Le loue pour l’avoir guidé vers la foi et lui avoir facilité de faire le bien. S’il trouve au contraire quelque chose de mal, ce n’est alors que le résultat de ses œuvres et il ne doit s’en prendre qu’à lui-même.

Comment appliquer ce hadith :

  1. Prends garde à l’injustice, car elle est le pire des péchés et réfléchis à cela afin de ne pas commettre d’injustice. En effet, l’associationnisme fait partie des injustices et il consiste à attribuer un associé à Allah dans ce qui n’est réservé qu’à Allah, même s’il s’agit d’associationnisme mineur, comme l’ostentation à l’égard des créatures dans la prière, la science et autre. Violer les droits d’autrui fait aussi partie de l’injustice, qu’il s’agisse de priver sans droit un employé de son salaire, de prendre à quelqu’un sa place de parking ou de proférer des moqueries. L’une des pires formes d’injustice est que l’être humain soit injuste à l’égard de lui-même et entre en Enfer pour un plaisir éphémère.

  2. Réfléchis aux différents résultats qui pourraient survenir après chaque œuvre que tu accomplis et rappelle-toi toujours de demander à ton Seigneur la guidée et la subsistance, car ceci n’est du ressort que d’Allah seul et Il aime entendre l’invocation de Son serviteur.

  3. Ne te limite pas à solliciter Allah pour tes besoins de l’au-delà, car nous avons besoin d’Allah à tout instant et nous sommes nus, affamés et égarés lorsque nous sommes privés de Sa grâce.

4.   Allah nous a créés afin que nous Lui obéissions et Il mit à notre disposition la nuit et le jour afin que nous L’adorions. Malgré cela nous commettons de nombreux péchés dans la clarté du jour ou l’intimité de la nuit. Réparons donc cela en implorant constamment Son pardon et en L’adorant, particulièrement au début et à la fin du jour.

5.   Lorsque tu accomplis un acte d’obéissance, ne considère pas avoir fait une faveur à Allah et ne crois pas que pour cela tu as acquis le droit que ton invocation soit exaucée ou que ton rang soit élevé, car Allah se passe de toi alors que toi tu as besoin de Lui.

6.   Ne sois pas triste lorsque tu vois un acte de désobéissance ou de la mécréance, car ceci ne cause aucun préjudice à Allah et si Allah l’avait voulu, ils n’auraient pas commis cela. Accomplis donc des adorations et prodigue des conseils tel que cela t’a été ordonné et ne sois pas triste.

7.   Ne pense jamais que tu invoques trop Allah, ni qu’Allah peut penser que ce qu’Il t’a donné est immense.

Allah dit en effet :

﴾Ceux qui sont dans les cieux et la terre L’implorent. Chaque jour, Il accomplit une œuvre nouvelle﴿

[Sourate Ar-Rahmane : 29]

. Le Prophète ﷺ dit pour sa part : « La main d’Allah est pleine et aucune dépense ne peut la rendre vide. Il dépense le jour et la nuit, pouvez- vous imaginer ce qu’il a dépensé depuis qu’Il a créé les cieux et la Terre ? Et bien cela n’a rien réduit de ce qu’Il a dans Sa main droite »[4].

8.    Énoncer des paraboles est un style efficace d’enseignement qui crée un véritable effet. Vois comment la représentation de l’aiguille qui est introduite dans la mer s’imprime dans l’esprit et est claire. Veille donc à rendre les concepts accessibles aux esprits des gens en énonçant des paraboles concrètes et faciles à comprendre[5].

9.    Un poète a dit :Par Allah, l’injustice est une bassesse, mais le pécheur est le pire injuste qui soit. Nous irons auprès du Juge le Jour du Jugement et c’est auprès d’Allah que les adversaires seront réunis.

10.   Un autre a dit : Ne sollicite les enfants d’Adam pour aucun besoin, mais sollicite plutôt Celui dont les portes ne sont jamais fermées. Allah est en colère lorsque tu t’abstiens de Le solliciter, alors que c’est lorsque tu le sollicites que l’enfant d’Adam est en colère.

Références

  1. Voir Al-Moufhim Li-mâ Achkal Min Talkhîs Kitâb Moslim d’Al-Qourtoubî (6/552-553).
  2. Voir Jâmi’ al-Ouloum wa al-Hikam d’Ibn Rajab Al-Hanbalî (2/40).
  3. Moslim (2759) d’après Abou Moussa Al-Ach’arî, qu’Allah a agréé.
  4. Al-Boukhari (7419) et Moslim (993).
  5. Voir le commentaire de Riyâd as-Sâlihine par Ibn ‘Othaymine (2/433).


Ce hadith est un des hadiths fondamentaux concernant les Plus Beaux Noms d’Allah – exalté soit-Il :

  1. Le Prophète ﷺ   affirme qu’Allah a quatre-vingt-dix-neuf Noms. Les savants se sont accordés sur le fait que ce hadith ne restreint pas les Noms d’Allah au nombre de quatre-vingt-dix-neuf, mais que sa finalité est de nous apprendre que celui qui les met en pratique entrera au Paradis[1]. En effet, Allah a d’innombrables Noms et attributs suprêmes, conformément à l’invocation du Prophète ﷺ : « Je Te sollicite par tout Nom qui T’appartient, par lequel Tu T’es nommé, que Tu as révélé dans Ton Livre, que Tu as appris à l’une de Tes créatures ou que Tu as gardé dans les connaissances inconnaissables que Tu détiens auprès de Toi »[2].

2.   Ces Noms dont il est question ici sont au nombre de cent moins un, ce qui est une manière d’insister sur le nombre voulu, afin d’éviter que l’auditeur ou le lecteur soit sujet à une confusion.

3.   Allah –exalté soit-Il – fit à Ses créatures la faveur de leur accorder comme rétribution pour ceux qui cernent ces Noms, l’entrée au Paradis, et il suffit de cela comme récompense et mérite. En outre, l’action de cerner qui permet au serviteur d’entrer au Paradis a de nombreuses significations démontrées par le Coran et les paroles des Arabes, parmi lesquelles : la mémorisation et l’énumération, et par voie de conséquence, acquérir la force de les mettre en pratique et de réciter la totalité du Coran, car celui-ci contient l’ensemble de ces Noms[3].

Ainsi, la signification recherchée est donc : celui qui croit, les dénombre, les mémorise et les met en pratique entrera au Paradis[4]. Par ailleurs, le Prophète ﷺ n'a pas spécifié ces beaux noms, afin de laisser les esprits méditer sur le Coran et la Sounna, et vivre une vie de recherche pour qu'ils réalisent leur demande, et augmentent leur connaissance du Livre d’Allah et de ses significations. Allah laissa ces Noms indéterminés, tout comme Il laissa indéterminées l’heure du vendredi durant laquelle l’invocation est exaucée et la Nuit du Destin.

4.   Le Prophète ﷺ nous informe ensuite, d’un Nom éminent faisant partie des Noms d’Allah et qui est Al-Witr (l’Impair) qui signifie l’Unique. En effet, Allah n’a ni associé ni égal et c’est pourquoi Il aime ce qui est impair et a fait en sorte que tes œuvres soient en nombre impair : les prières sont au nombre de cinq, la pureté est composée d’actes répétés à trois reprises, les circumambulations sont au nombre de sept, les jours dits At-Tachrîq sont au nombre de trois et les cieux et les terres sont au nombre de sept[5].

Comment suivre ce hadith 

  1. Allah fit la faveur à Ses serviteurs de leur expliquer les Noms par lesquels Il aime être invoqué et il dit :

﴾C’est à Allah qu’appartiennent les noms les plus beaux. Invoquez-Le donc par ces noms﴿

[Sourate Al-A’râf : 180]

Le Prophète ﷺ affirma que celui qui invoque Allah par ces Noms, entrera au Paradis. Il ne convient donc pas que le musulman raisonnable, sachant qu’Allah aime être invoqué par ces Noms et fait entrer au Paradis celui qui les utilise, néglige de le faire.

2.   Le bienheureux est celui qui se sert de sa raison et médite le Livre d’Allah et la Sounna de Son Prophète ﷺ pour en extraire Ses Plus Beaux Noms, comprendre leurs significations, œuvre selon leur implication et L’invoque en les utilisant, afin de gagner son entrée au Paradis.

3.   Une des manières de cerner les Noms d’Allah consiste à invoquer en les utilisant. On implore ainsi beaucoup Allah par Son Nom Allah et on L’invoque en utilisant les autres Noms selon ce que requiert la situation. On dit ainsi par exemple : Ô Tout Miséricordieux, fais-moi miséricorde. Ô Pardonneur, pardonne-moi. Ô Pourvoyeur, pourvoie-moi…

4.    Parmi les manières de cerner les Noms d’Allah, il y a la capacité du serviteur à s’acquitter du droit de ces noms et d’œuvrer selon leur implication. Par exemple, si le musulman est persuadé qu’Allah est le Pourvoyeur (Ar-Razzâq), il est certain qu’Il le pourvoira. Cerner le Nom d’Allah le Très Miséricordieux (Ar-Rahîm) signifie espérer Sa miséricorde et être miséricordieux envers les créatures afin de bénéficier de la miséricorde de leur Créateur. Cerner le Nom le Pourvoyeur (Ar-Razzâq) implique d’aimer Allah pour Sa grâce et ne pas demander à être pourvu dans ce qu’Il a déclaré illicite, car la subsistance provient de Lui et Ses dons sont immenses, et ainsi de suite.

5.   Lorsque tu subis un malheur qui touche les bienfaits dont tu disposes ou autre chose, ou bien lorsque tu fais face à quelque chose qui requiert de la réflexion, aie alors à l’esprit les Noms d’Allah, prend connaissance de l’implication de chaque Nom selon ce qui convient à ta situation et invoque Allah en l’utilisant. Tu ressentiras alors la quiétude procurée par la certitude et la tranquillité du cœur.

 6.   Médite les Noms d’Allah et distingue ceux sur lesquels l’être humain peut prendre exemple comme le Très Miséricordieux (Ar-Rahîm), le Généreux (Al-Karîm), l’Absolveur (Al-‘Afouww), le Pardonneur (Al-Ghafour) ou le Reconnaissant (Ach-Chakour), de ceux sur lesquels tu ne peux pas prendre exemple comme l’Éminent (Al-‘Adhîm), l’Orgueilleux (Al-Moutakabbir), etc. Laisse ces derniers à Celui qui les mérite, soit humble lorsque tu t’en rappelles et redoute-les.

7.   Prévois des séances régulières de rappel avec toi-même, ta famille ou tes amis durant lesquelles vous parlez d’un Nom d’Allah, vous vivez avec et vous prenez connaissance de ses significations et de ses effets spirituels qui découlent de sa connaissance, en vous aidant des livres de confiance qui traitent des significations des Noms d’Allah et qui reposent sur les dires du Messager d’Allah ﷺ et des premiers savants, non pas sur de simples conjectures.

8.   Un poète a dit :

Je T’invoque par les Plus Beaux Noms, exauce-moi donc. Je les ai cernés afin de bénéficier de Son bienfait.

Au nombre de quatre-vingt-dix auxquels s’ajoutent neuf, ils sont gravés dans mon cœur et le Nom

Allah je lui sacrifie ma vie.

Je les murmure en les recherchant et en acquérant la science, tel un oiseau qui recherche de l’eau en s’égosillant.

Est-il privé de Ta générosité celui qui T’espère et Te supplie, et qui depuis le début du matin T’implore, ô Allah ?


Références

  1. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawî (17/5).
  2. Référencé par Ahmad (4318) et Ibn Hibbane (972) d’après Ibn Mas’oud, dont Allah est satisfait. Ce hadith a été déclaré authentique par Al-Haythamî dans Majma’ az-Zawâ`id (10/136).
  3. Voir A’lâm al-Hadîth (commentaire du Sahih d’Al-Boukhârî) d’Al-Khattâbî (2/1342), le commentaire du Sahih d’Al- Boukhârî d’Ibn Battâl (10/420) et Al-Masâlik Fî Charh Muwatta`Mâlik d’Ibn al-‘Arabî (3/493).
  4. Voir At-Tawdîh li-Charh Al-Jâmi’ as-Sahih d’Ibn al-Moulaqqine (33/230).
  5. Voir Ikmâl al-Mou’lim bi-Fawâ`id Moslim d’Al-Qâdî ‘Iyâd (8/177) et le commentaire du Sahih de Moslim par An- Nawawî (17/6).


Le Prophète se leva pour prononcer un discours aux gens dans lequel il énonça cinq phrases concernant Allah :

  1. La première est qu’Allah – exalté soit-Il – ne dort pas, car le sommeil est une déficience et il ne convient pas d’attribuer à Allah une déficience. En effet, une créature a besoin de sommeil en raison de la fatigue et de l’épuisement, mais Allah se passe de sommeil, puisqu’Il créa les cieux et la Terre sans ressentir de fatigue ni d’épuisement.

    C’est pourquoi Allah dit :

    ﴾Allah ! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même (Al-Qayyoum). Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent﴿

    [Sourate Al-Baqara : 255].

  2. La deuxième comporte une confirmation de cet attribut. Le Prophète nous informe ainsi qu’il est impossible qu’Allah dorme. La première phrase affirme donc qu’Allah ne dort pas et la deuxième est que cela est impossible Le concernant[1].

La raison pour laquelle il est impossible qu’Allah dorme est que le sommeil est une forme d’absence, ce qui contredit Sa proximité ainsi que le fait qu’Il cerne l’ensemble de ses créatures et qu’Il tient les cieux dans Sa main. Or s’Il dormait, le ciel tomberait sur la Terre et l’organisation de l’univers serait perturbée.

3.   La troisième comporte un autre attribut qui est qu’Allah administre les affaires avec équité. Il se peut qu’Il diminue la part de subsistance de certains et qu’Il augmente la part d’autres personnes, qu’Il humilie certains et qu’Il rende certains puissants, mais c’est toujours par sagesse et par équité. De même, Il juge les œuvres qui montent vers Lui avec équité, élevant ainsi les œuvres vertueuses et refusant les autres.

Allah dit :

﴾vers Lui monte la bonne parole, et Il élève haut la bonne action﴿

[Sourate Fâtir : 10].

4.   La quatrième est que chaque jour montent vers Lui les œuvres de tous les serviteurs. Ainsi, les anges chargés d’enregistrer les œuvres font monter les œuvres du jour à Allah avant le début de la nuit et les œuvres de la nuit avant le début du jour, sans retard ni lenteur. Le Prophète a dit : « Se succèdent parmi vous des anges la nuit et des anges le jour et ils se réunissent lors de la prière de l’aube et lors de la prière de l’après-midi. Ensuite, ceux qui ont passé la nuit parmi vous montent. Il leur demande – bien qu’Il connaisse mieux qu’eux la réponse : Comment avez-vous laissé Mes serviteurs ? Ils répondent : Nous les avons laissés en prière et nous nous sommes rendus auprès d’eux et ceux-ci se trouvaient en prière »[2].

5.   La cinquième est qu’Allah est dissimulé à Ses créatures par un obstacle fait de lumière ou de feu selon une autre narration, car

﴾Les regards ne peuvent l’atteindre, cependant qu’Il saisit tous les regards. Et Il est le Doux, le Parfaitement Connaisseur﴿

[Sourate Al-An’âm : 103].

Il n’y a pas de contradiction entre la narration où il est dit que le voile est fait de lumière et celle où il est dit qu’il fait de feu, car le feu a deux attributs : l’illumination et la consumation. Or il est possible qu’Allah ait ôté à ce feu l’attribut de consumation et lui ait laissé l’attribut d’illumination, contrairement au feu de l’Enfer qui consume, mais qui n’illumine pas et contrairement aux feux du bas monde, comme le soleil et les lampes, qui illuminent et consument[3].

6.  Si Allah levait ce voile, la beauté de Son visage, Sa splendeur et Sa lumière brûleraient tout ce qu’Allah voit ou tout ce qui voit Allah. Cela implique que toutes les créatures seraient brûlées. En effet, lorsque Allah se manifesta à la montagne, celle-ci – qui est pourtant inerte et solide – ne put supporter Sa vue :

﴾Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, Il le pulvérisa, et Moïse s’effondra foudroyé﴿

[Sourate Al-A’râf : 143].

Comment l’être humain le pourrait-il alors ?

Comment appliquer ce hadith :

  1. La meilleure chose que peuvent faire ceux qui parlent, c’est de parler d’Allah. Que tes paroles soient donc embellies par Sa mention : parfois en enseignant des choses au sujet de Ses Noms et de Ses attributs, parfois au sujet de Ses commandements et de Ses interdictions, parfois au sujet de Ses exhortations, des récits des anciens dont Il nous a informés et du devenir des dernières générations.

  2. Les attributs d’Allah font partie de ce qui relève de l’Inconnaissable. Tu dois donc les connaître à partir des paroles d’Allah et des paroles de Son Prophète . Arrête-toi pour méditer ce qui est dit à leur sujet même si tu penses que le passage est trop court et crois-y sans en nier la signification, et sans les assimiler aux attributs des créatures.

    ﴾Il n’y a rien qui Lui ressemble ; et c’est Lui l’Audient, le Clairvoyant﴿

    [Sourate Ach-Chourâ : 11].

  3. Lorsque tu vas te coucher, soumets ton affaire à Allah puis dors sereinement, car Allah ne dort pas et il ne convient pas qu’Il dorme. De plus, Il est le meilleur des protecteurs et le plus miséricordieux des miséricordieux. C’est pourquoi il existe une évocation qui dit : « Ô Allah, j’ai tourné mon visage vers Toi, je T’ai soumis toutes mes affaires, j’ai appuyé mon dos contre Toi. Je m’en suis remis à Toi en toute chose, par amour et par crainte. Nul refuge contre Toi sauf auprès de Toi »[4].

4.   Rappelle-toi toujours qu’Allah est proche et qu’Il assiste à tout, car Allah ne dort pas lorsque l’injuste dort, Il ne dort pas lorsque le garde dort et que certaines âmes tendent à désobéir et Il ne dort pas lorsqu’Il te voit parmi ceux qui se prosternent, L’invoquant afin qu’Il te fasse miséricorde et qu’Il te donne ce que tu veux.

5.  Sois satisfait du décret d’Allah lorsque Allah décide de lever ou de baisser quelque chose, qu’il s’agisse de subsistance ou de privation, de puissance ou d’humiliation ou bien qu’il s’agisse d’études, de richesse, d’éloges des gens ou de fonction. Il est en effet Celui qui distribue à chacun sa part et son dû avec sagesse et équité. Efforce-toi donc de faire ce qui satisfait Allah.

6.   Le serviteur doit s’empresser de se repentir et de prendre l’initiative de solliciter le pardon d’Allah pour ses erreurs avant que les œuvres ne montent vers Allah, car « on Lui monte l’œuvre de la nuit avant l’œuvre du jour et on lui monte l’œuvre du jour avant l’œuvre de la nuit ».

7.   Prends l’initiative d’accomplir des œuvres pieuses de nuit et de jour. Dawoud At-Tâ`î – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « La nuit et le jour ne sont que des étapes par lesquelles les gens passent jusqu’à la fin de leur voyage. Si tu peux te charger en provisions à chaque étape, fais-le, car la fin du voyage est imminente et plus proche que ce que l’on pense. Fais donc des provisions pour ton voyage et accomplis ce que tu peux accomplir comme si tu allais mourir à l’instant »[5].

8.   Les âmes sont attachées à la beauté de toute chose, la beauté de l’être comme la beauté des attributs. Or il n’y a pas plus beau qu’Allah et Son voile de lumière, attache-toi donc à Lui.

9.   Admets les nouvelles et les jugements d’Allah, car il y a des choses dont nous ne connaissons pas les raisons, mais qu’Allah a tranchées avec sagesse. L’un de nous pourrait se demander pourquoi ne voyons-nous pas Allah dans ce bas monde sans savoir que la raison est notre faiblesse et notre incapacité à soutenir ce regard. En effet, le voile qui dissimule Allah est fait de lumière et s’Il levait ce voile, la beauté et la lumière de Son visage brûleraient toute chose qu’Allah voit ou qui voit Allah.

10.   Un poète a dit :Gloire et Majesté à Celui qui a empli l’existence de preuves qui démontrent ce qu’Il a dissimulé par ce qu’Il a laissé paraître. Gloire et Majesté à Celui qui a fait vivre les cœurs de Ses serviteurs par des cascades de lumière de Sa guidée. Après la connaissance de Dieu, y a-t-il quelque chose qui mérite d’être connu, si ce n’est ce qui permet de Le satisfaire continuellement ? Par Allah, je ne me réfugierai pas auprès d’autre que Toi, car est privé de guidée, celui dont Tu n’es pas le refuge.

Références

  1. Kifâyat al-Hâjah Fî Charh Sounane Ibn Mâjah d’As-Sindî (1/85).
  2. Al-Boukhari (555) et Moslim (632).
  3. Majmou’ al-Fatâwâ d’Ibn Taymiyya (6/387).
  4. Al-Boukhari (247) et Moslim (2710).
  5. Voir Jâmi’ al-‘Ouloum wa al-Hikam d’Ibn Rajab (2/382).



  1. Le Prophète affirma qu’ Allah a créé les anges de lumière, les anges étant des créatures d’ Allah de nature lumineuse et légère, qui ont le pouvoir de prendre l’apparence d’êtres nobles. Ils sont dotés d’une grande force et de la faculté de se déplacer très rapidemenLte.ur nombre est très grand et seul Allah le connaît. Allah les a choisis pour qu’ils L’adorent et qu’ils s’acquittent de missions qu’Il leur confie. En effet, ils ne désobéissent pas à ce qu’Allah leur ordonne et ils font ce qui leur est ordonn[1]é

2.   Ensuite le Prophète nous informe qu’ Allah – Gloire et Majesté à Lui – créa les djinns, qui sont

des créatures invisibles que les gens ne voient pas, de flammes mêlées à la noirceur du feu.

3.   Puis le Prophète ﷺ affirma qu’Allah a créé Adam, le père des êtres humains, de ce qui nous a été décrit dans le Coran et annoncé dans la Sounna. Ceci est de la concision et de la brièveté, puisqu’il a été donné au Prophète ﷺ la synthèse dans les paroles.

En effet, la description de la création d’Adam se trouve à plusieurs reprises dans le Livre d’Allah : Allah le créa de poussière à laquelle il ajouta de l’eau pour en faire de l’argile malléable, c’est-à-dire qui colle comme une pâte et qui peut être façonnée. Ensuite, cette argile est laissée jusqu’à ce qu’elle noircisse et qu’elle devienne malodorante. Puis cette boue malléable est cuite au feu jusqu’à ce qu’elle durcisse et qu’elle devienne telle de la céramique[2]. En outre, le Prophète ﷺ nous informe qu’Allah prit plusieurs poignées de différentes poussières de la terre pour créer Adam et c’est la raison pour laquelle les gens appartiennent à des races et à des natures différentes. On rapporte d’Abou Moussa Al-Ach’arî – qu’Allah a agréé – que le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Allah créa Adam d’une poignée qu’Il préleva de toute la Terre et c’est ainsi que les descendants d’Adam ressemblent à la terre dont ils sont issus : certains sont rouges, certains sont blancs, certains sont noirs et certains sont de couleurs intermédiaires. C’est aussi pour la même raison que certains sont doux, d’autres sont durs, d’autres sont mauvais et d’autres sont agréables»[3]. Par ailleurs, la création de l’être humain diffère selon les types : la création d’Adam ne ressemble pas à celle d’Ève, la création de ‘Îssa est différente de la leur, et la création du reste des êtres humains est différente de la création des trois premiers.

Comment appliquer ce hadith 

  1. Croire aux anges et aux djinns fait partie à la croyance en ce qui est invisible. Or croire en Allah et en Son Messager ﷺ implique de croire à ce qu’Ils nous rapportent. En effet, Allah fit l’éloge des croyants en disant :

    ﴾ qui croient à l’invisible﴿

    [Sourate Al-Baqara : 3].

    Il n’est donc pas demandé au musulman de rechercher la preuve de l’existence des anges ou des djinns en faisant des analyses et des études, puisqu’il croit à ce qui lui a été annoncé par Allah dont la véracité et celle de Son Messager ﷺ sont démontrées par les preuves les plus éminentes.

  2. Ce hadith démontre l’immensité du pouvoir d’Allah, puisqu’Il créa trois créatures à partir de trois matières différentes et chacune avec des attributs qui lui sont propres. Réfléchir à la création d’Allah procure la foi, la piété et la crainte d’Allah dans le cœur. C’est pourquoi Allah ordonna dans de nombreux versets de réfléchir à la création d’Allah.

  3. Allah montra qu’Il a honoré les anges lorsqu’Il les a créés de lumière. Comme le musulman doit les honorer et les aimer, il est nécessaire qu’il évite ce qui va à l’encontre de cela, comme laisser un chien ou des représentations imagées à la maison – car ce sont des choses qui empêchent la présence des anges – ou de persister à commettre des péchés en sachant que les anges les enregistrent.

  4. L’enseignant et le prédicateur doivent expliquer avec détail ce qui n’est pas connu par les gens et résumer ce qu’ils connaissent, ce qu’ils ont déjà vu et auquel ils sont habitués. Sinon, s’étendre sur ces sujets connus devient du bavardage inutile.

  5. Un poète a dit :

Allah a des signes dispersés dans les horizons, les moindres d’entre eux sont peut-être ceux auxquels Il t’a guidé.

Il se peut que les signes qu’il y a dans l’âme soient les plus extraordinaires si tu prenais le temps de les regarder.

L’univers est plein de mystères et si tu essaies de les expliquer, tu échoueras.

Références

  1. Voir ‘ lam al -Malâ`ika d’Al -Achqar (dans plusieurs emplacements du livre) et Fath al-Bârî d’Ibn Hajar ( 6/450).
  2. Voir At-Tafsîr al-Wasît d’Al-Wâhidî (3/44) et l’exégèse d’An-Nasafî (3/411).
  3. Ahmad (19582), Abou Dawoud (4693) et At-Tirmidhî (2955).



  1. ‘Â`icha – qu’Allah a agréée – nous informe que la première manifestation de la Prophétie du Messager d’Allah ﷺ fut des visions véridiques. Ainsi, chaque fois qu’il voyait une chose en rêve, elle se réalisait dans la réalité fidèlement à ce qu’il avait vu et aussi claire que le matin et sa lumière.Ces visions ne comportaient pas de rêves confus que les gens voient habituellement, mais étaient plutôt toutes véridiques, comme si elles servaient à préparer quelque chose d’éminent.En effet, la Révélation commença par ces prémices – comme les visions pieuses, le fait qu’il entende la glorification des cailloux à La Mecque avant sa prédication, le salut que les pierres lui adressaient en le qualifiant de Prophète et d’autres choses encore – afin de le préparer, lui faire prendre conscience de ce à quoi on le destinait et l’apprêter à ce qui l’attend, de manière à ce que l’ange ne le surprenne pas avec quelque chose que l’être humain ne peut supporter sans ces prémices qui raffermissent son cœur[1].

2.   Ensuite, il se mit à apprécier la retraite pieuse, à s’isoler et à s’éloigner de la fréquentation des gens. De plus, la retraite pieuse a parfois comme effet de vider le cœur des préoccupations de ce bas monde et de ce fait, la réflexion de l’être humain devient plus saine et son comportement s’améliore.

3.   Le Prophète ﷺ   se retirait donc dans une grotte située dans le mont Hirâ`, à La Mecque, où il restait de nombreuses nuits à adorer Allah. Lorsqu’il voulait se retirer, il partait à la montagne en prenant avec lui des provisions suffisantes et lorsqu’elles s’épuisaient, il revenait auprès de sa famille et prenait la même quantité de provisions que les jours précédents.

4.    Alors qu’un jour le Prophète était en train d’adorer Allah, il reçut la Révélation explicitement et un ange descendit à lui : l’ange Jibrîl chargé de la Révélation qui lui dit : « Lis ». Le Prophète ﷺ lui répondit : « Je ne sais pas lire ». En effet, le Prophète était illettré et il ne savait ni lire ni écrire,conformément aux paroles d’Allah :

﴾ Croyez donc en Allah, en Son messager, le Prophète illettré ﴿

[Sourate Al-A’râf : 158].

5.   Lorsque le Prophète ﷺ lui dit cela, il le serra et le pressa au point que cela l’épuisa et lui fut pénible, puis il le lâcha et lui dit de nouveau : « Lis ». Le Prophète ﷺ lui donna la même réponse.L’ange le saisit et le serra de nouveau et lui demanda la même chose mais le Prophète ﷺ lui donna la même réponse. L’ange le saisit et le serra une troisième fois puis le lâcha et dit :

﴾Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [le calame], a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas﴿

[Sourate Al- ‘Alaq : 1-5]

Ce furent ainsi les premiers versets révélés du Coran.

6.    Suite à cela, le Prophète ﷺ retourna auprès de son épouse Khadîja, totalement apeuré, tremblant, et le cœur battant la chamade. Il entra auprès d’elle et lui demanda de le couvrir, car celui qui a peur a l’impression d’avoir très froid à ses articulations et ses membres. Elle le couvrit donc et l’enveloppa jusqu’à ce que sa peur intense se dissipe.

7.   Ensuite, il lui raconta son histoire et ce qui lui arriva dans la grotte et il ajouta : « J’ai eu peur pour ma vie ». Cela signifie qu’il a eu peur, en voyant l’ange et l’effroi que cela suscita, que son cœur s’arrête[2].

8.   Khadîja – qu’Allah a agréée – lui dit alors afin de le rassurer : Par Allah, Allah ne te fera jamais de mal et ce que tu as vécu n’est pas un malheur causé par un démon ou autre, car les bonnes actions protègent contre les malheurs. Puis elle se mit à énumérer ses nobles vertus :

9.   Son entretien des liens de parenté en leur rendant visite et en demandant de leurs nouvelles.

10.   En se chargeant des affaires de ceux qui ne peuvent se charger de leurs affaires, comme le faible,l’orphelin, etc.

11.   En donnant de l’argent à celui qui n’en a pas.

12.   En honorant ses hôtes et en leur servant à manger et à boire.

13.   En aidant les gens lorsqu’ils subissent des calamités indépendantes de leur volonté – non pas ceux dont les calamités sont causées par leurs transgressions et leur désobéissance à Allah.

14.   Ensuite, Khadîja, qu’Allah a agréée, l’emmena chez son cousin (fils de son oncle paternel) Waraqa ibn Nawfal qui avait délaissé l’adoration des idoles et avait embrassé le christianisme. Il connaissait la Torah et l’Évangile et il parlait et savait écrire l’hébreu qui est la langue des juifs, au point qu’il écrivait l’Évangile en hébreu ce qu’Allah en a voulu. Waraqa était si vieux qu’il devint aveugle.

15.   Lorsque le Prophète ﷺ raconta à Waraqa ce qu’il avait vu, Waraqa l’informa que c’était le Confident qu’Allah fit descendre auprès de Moussâ, signifiant par cela l’ange Jibrîl – qu’Allah le protège. Il ne le qualifia ainsi que parce qu’il était, parmi tous les anges, spécifiquement chargé de la Révélation. Les paroles de Waraqa impliquaient que Mohammad ﷺ est devenu un prophète envoyé par Allah à son peuple, tout comme Moussâ a été envoyé aux israélites.

16.   Ensuite, Waraqa affirma que les siens le traiteront de menteur et le combattront jusqu’à ce qu’ils le bannissent de son pays. Puis Waraqa regretta de ne plus être jeune et aurait aimé être un jeune homme solide pouvant défendre le Prophète et luttant avec lui et être encore vivant quand cela arrivera.

17.   Le Prophète ﷺ s’étonna des paroles de Waraqa et fut surpris de savoir que les siens allaient le bannir de La Mecque lorsqu’il les appellera au salut et à proclamer l’unicité d’Allah, alors que les Qouraychites connaissaient la véracité et la loyauté qui était la sienne avant cela. Waraqa l’informa alors que cela est le cas de tous les prophètes et qu’aucun prophète n’a échappé à l’hostilité et à la persécution.

18.   Puis Waraqa informa le Prophète ﷺ que s’il est encore en vie « lorsque sa Prophétie se manifestera et que sa religion se diffusera », ou peut-être voulait-il dire « lorsque les tiens te banniront et te démentiront », il le ferait triompher en le soutenant de toutes ses forces, en apportant les preuves et les arguments de sa véracité et de sa Prophétie, afin que sa victoire soit claire et explicite.

19.   Peu de temps après, Waraqa mourut et la Révélation cessa de descendre quelque temps.

Comment appliquer ce hadith :

1. Le Prophète ﷺ épousa ‘Â`icha alors qu’elle était encore jeune, puis lorsque furent révélées les paroles d’Allah :

﴾Ô Prophète ! Dis à tes épouses : Si c’est la vie présente que vous désirez et sa parure, alors venez ! Je vous donnerai [les moyens] d’en jouir et vous libérerai [par un divorce] sans préjudice. Mais si c’est Allah que vous voulez et Son messager ainsi que la Demeure dernière, Allah a préparé pour les bienfaisantes parmi vous une énorme récompense﴿

[Sourate Al-Ahzâb : 28-29]

 Suite à ce verset, il lui ordonna de demander conseil à ses parents, mais elle refusa et lui répondit : « Pourquoi demanderais-je conseil à mes parents à ce sujet ? Je veux assurément Allah et Son Messager ainsi que la Demeure Dernière »[3]. Elle était alors une adolescente et est donc un exemple pour nous s’agissant de donner la préférence à Allah et à Son Messager ﷺ .

2.   ‘Â`icha – qu’Allah a agréée – narre ce hadith qui comporte les mérites de Khadîja au sujet de laquelle elle dit à une autre occasion : « Je n’ai jamais été jalouse d’une épouse du Prophète ﷺ comme j’ai été jalouse de Khadîja »[4]. Cependant, sa jalousie naturelle qu’Allah rend innée chez les femmes, ne l’a pas empêchée de narrer ce hadith. Il ne convient donc pas qu’un être humain passe sous silence le mérite de quelqu’un ou lui renie un droit, à cause d’une rivalité ou d’un différend, que ce soit professionnellement ou dans la vie quotidienne.

3.   Le fait que Jibrîl – qu’Allah le protège – ait serré le Prophète et qu’il lui ait demandé à plusieurs reprises de dire : « Lis », démontre qu’il est recommandé de répéter les paroles jusqu’à ce que l’interlocuteur les comprenne et à le mettre en condition pour qu’il n’accorde aucune attention à ce qui pourrait le distraire et le préoccuper. Ceci, afin que son esprit soit concentré et plus réceptif à ce qu’il va écouter. C’est là un enseignement utile aux prédicateurs, aux enseignants et aux éducateurs qui permet d’éviter à leur public d’être distrait par des parasites sonores et visuels lorsqu’ils acquièrent la science.

4.   Lorsque le Prophète ﷺ   retourna auprès de Khadîja, terrifié par ce qu’il venait de vivre, et qu’il le lui raconta, elle ne paniqua pas et garda la tête froide. Elle ne le harcela pas non plus de questions à propos de ce qui venait de se produire, mais s’empressa plutôt de le couvrir avec des vêtements jusqu’à ce que sa terreur s’apaise. Par ailleurs, elle ne douta pas ni ne le soupçonna d’avoir perdu la raison, mais elle le crut et lui annonça qu’Allah n’infligera jamais d’affronts à celui qui possède ses

belles qualités, et insista sur cette idée en utilisant des expressions telles que « pas du tout », « par Allah », « jamais »… De plus, elle le rassura en lui rappelant ses attributs agréables et elle ne se contenta pas de cela puisqu’elle l’emmena chez son cousin qui saurait interpréter ce qui lui était arrivé et fut, suite à cela, la première à croire en lui. Elle est le modèle d’épouse vertueuse qui assiste son époux et allège ses peines et la dureté de sa vie.

5.   Khadîja comprit que la loi établie par Allah veut qu’Allah aide celui qui aide les gens et ne lui inflige pas d’affronts. Ne crois donc pas que tes efforts physiques, ton temps, tes dépenses ou tes réflexions sont vains et offre aux gens ce qui est convenable de bon cœur, avec conviction et en mettant en dépôt ta rétribution auprès d’Allah et dépense dans l’aisance pour récolter les résultats dans l’adversité.

6.   Inspire-toi de ces attributs dont se parait le meilleur des êtres humains. Ce n’est pas une mission qui se réalise en une seule fois, mais plutôt un exercice qui doit être répété une multitude de fois pour acquérir chaque attribut. On entretient ainsi les liens de parenté grâce aux visites, aux appels, à l’aide qu’on apporte à ses proches et à tout beau geste envers eux. On devient serviable en aidant toute personne n’étant pas capable d’assumer toutes ses responsabilités, comme les gens physiquement faibles ou ceux qui ont peu d’expérience dans la vie, ou bien en étant financièrement généreux ou en facilitant d’avoir des revenus ou un travail à quelqu’un qui peine à en trouver, ou bien en accueillant quelqu’un de passage chez soi ou sur son lieu de travail, ou bien en prodiguant de l’aide à ceux qui subissent des calamités.

7.   Il convient par défaut de ne pas faire l’éloge de quelqu’un en sa présence, en raison de l’orgueil que cela peut lui inspirer et de l’influence que cela peut avoir sur l’intention de ses œuvres. Cependant, l’exemple de Khadîja, qu’Allah a agréée, démontre qu’il est permis à l’être humain de faire l’éloge de son frère en sa présence si cela a un intérêt, comme vouloir le raffermir lorsqu’il est sujet à un trouble ou lui annoncer le bon dénouement de sa patience, ou pour une raison semblable, particulièrement lorsqu’on sait pertinemment que cet éloge ne conduira pas la personne en question à ressentir de l’orgueil[5].

8.   Les paroles de Waraqa ibn Nawfal : « jamais un homme n’a apporté ce que tu apportes sans avoir été persécuté » démontrent que l’hostilité des gens envers les vertueux et les prédicateurs qui appellent au vrai, n’est pas chose nouvelle. C’est au contraire ce à quoi font habituellement face les prophètes et ceux qui suivent leur voie dans la prédication. Il convient donc que le prédicateur ne soit pas détourné de sa mission à cause des gens corrompus qui le harcèlent.

9.   Le Prophète ﷺ aimait se retirer afin d’adorer Allah et se couper des humains, des plaisirs du bas monde et de ce qui s’y passait. Se retirer est parfois bénéfique sans que cela ne porte atteinte aux intérêts des gens, comme lorsque quelqu’un délaisse son travail et ses responsabilités sous prétexte de se retirer comme le font les adeptes des religions déviantes, ou bien se retirer pour accomplir des adorations qui n’en sont en réalité pas.

Références

  1. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawî (2/197,198).
  2. Voir Ikmâl Al-Mou’lim bi-Fawâ`id Moslim d’Al-Qâdî ‘Iyâd (1/484,485).
  3. Al-Boukhârî (4785) et Moslim (1475).
  4. Al-Boukhârî (3816) et Moslim (2435).
  5. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawî (2/202).


  1. Le Prophète affirme qu’ il est le plus proche de ‘ Issa ibn Maryam (Jésus fils de Marie) et celui qui mérite le plus de se réclamer de lui dans ce bas monde et dans l’au-delà. Il ne mentionna ‘Issa parmi tous les prophètes que pour certaines raisons, parmi lesquelles :-

- Il n’y a pas d’autre prophète entre les deux, puisque‘Issa annonça la Prophétie de Mohammad et prépara le terrain à son Message : Et quand Jésus fils de Marie dit :

﴾Ô Enfants d’ Israël, je suis vraiment le Messager d’Allah [envoyé] à vous, confirmateur de ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et annonciateur d’un Messager à venir après moi, dont le nom sera Ahmad﴿

[Sourate As- Saff : 6].

- À la Fin des Temps, ‘Issa (Jésus) descendra en tant que disciple du Prophète ﷺ et gouverneur avec sa Législation, pour combattre l’Antéchrist, et sera à la tête d’une armée de musulmans[1].

2.   Puis le Prophète ﷺ compara la relation entre les prophètes à celle entre des frères issus de coépouses, ayant un même père, mais dont les mères sont différentes. En effet, la religion qui les rassemble ressemble beaucoup au père, alors que leurs lois juridiques qui diffèrent sont comparablesà des mères. Cette même religion qui les rend tous proches les uns des autres est l’Islam, qui est monothéisme et obéissance à Allah.

Allah dit :

﴾Certes, la religion acceptée d’Allah, c’est l’Islam﴿

[Sourate Al- ‘Imrane : 19].

Par ailleurs, les prophètes ordonnaient d’embrasser l’Islam et s’affiliaient à cette religion, parce que sa réalité est la soumission à ce que rapporte et ordonne Allah. Pour ce qui est des jugements secondaires, ils diffèrent selon les législations des prophètes.

Allah dit :

﴾À chacun de vous Nous avons assigné une législation et un plan à suivre﴿

[Sourate Al-Ma’ida : 48][2]

3.   Dans une narration de Moslim, le Prophète ﷺ justifia pourquoi, parmi tous les autres prophètes, il est le plus en droit de se réclamer de ‘Issa ibn Mariam : parce qu’aucun prophète n’a été envoyé entre eux, et qu’il est celui qui a annoncé sa venue et a préparé les gens à l’accueillir.

Comment appliquer ce hadith 

  1. Lorsque tu veux expliquer quelque chose d’important à tes enfants, à tes élèves ou aux gens, fais usage de métaphores connues ou bien utilise un exemple qui te vient à l’esprit, car ceci rend plus accessible à la compréhension ce que l’on veut expliquer et l’enracine dans l’esprit, comme lorsque le Prophète ﷺ compara la relation entre les prophètes avec celle qui réunit des frères issus d’un même père et de mères différentes.

2.   Le Prophète ﷺ expliqua que s’il mérite le plus de se réclamer de ‘Issa, c’est à cause de l’origine commune de leur religion et de leur succession dans la Prophétie. Ne néglige donc pas lorsque cela est nécessaire – comme lorsque cela paraît étrange – d’expliquer les décisions que tu prends à tes enfants, à tes élèves ou à tes employés. En effet, lorsqu’ils connaissent la raison pour laquelle tu as ordonné, défendu ou affirmé une chose, ils comprennent la finalité voulue et ce qui leur est imposé leur paraît plus léger.

3.   Sachant que tu appartiens à une Histoire et à une communauté, rappelle-toi que ton Histoire remonte à l’ensemble des prophètes qui sont les frères de ton Prophète ﷺ auquel tu crois et alors, tu ressentiras du respect et de l’amour pour eux :

﴾Le Messager a cru en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur, et aussi les croyants : tous ont cru en Allah, en Ses anges, à Ses livreset en Ses messagers ; (en disant) : « Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers »﴿ .

[Sourate Al-Baqara : 285]

Prends donc leur guidée pour exemple et discute de leurs vies avec les membres de ta famille et tes amis.

4.   Le monothéisme fait partie de ce qui doit être inculqué par les parents, le prédicateur, l’enseignant, le chargé de mettre en place les programmes sociaux et autres, en priorité et de manière complète à l’enfant, car il est le fondement sur lequel s’accordent tous les prophètes. Apprends donc les significations de la foi, accorde de l’attention à leurs points de détail, explique-les et utilise des métaphores pour les rendre plus accessibles.

5.   Que la solidarité entre les prophètes est belle ! Ce sont des frères, sois donc solidaire avec tes frères croyants, particulièrement ceux qui ne sont pas éloignés de toi, comme tes parents proches et tes collègues de travail.

6.   Une manière plaisante de prêcher, les chrétiens en particulier, est de rappeler à l’auditoire le lien de fraternité entre les prophètes et que celui qui mérite le plus de se réclamer de ‘Issa parmi les gens est Mohammad, puisque les deux ont apporté de la part d’Allah la science et les œuvres qu’ils ont enseignées aux gens.

Références

  1. Voir Al-Ifsah ‘An Ma’ani as-Sihah d’Ibn Houbayra (6/184) et Tarh at-Tathrib Fi Charh at-Taqrib d’Al-‘Iraqi (6/243).
  2. Voir Majmou’ al-Fatawa d’Ibn Taymiya (15/159).

L’Islam repose sur l’attestation qu’il n’existe pas de divinité digne d’adoration en dehors d’Allah et que Mohammad est le Messager d’Allah. Or connaître le Messager ﷺ aide à correctement croire en lui, comment peut-il en être autrement alors qu’il est le plus parfait et le plus digne des gens ? Dans ce hadith, Ibn ‘Abbâs – qu’Allah a agréés– nous informe des étapes les plus importantes de la vie du Messager d’Allah ﷺ. Il rapporte ainsi :

  1. que Jibrîl (Gabriel) – qu’Allah le protège – descendit sur le Messager d’Allah ﷺ avec la Révélation et lui ordonna de transmettre le Message alors qu’il avait atteint l’âge de quarante ans. Cela signifie qu’il est né en l’an 53 avant l’Hégire, l’année appelée année de l’Éléphant, et qu’il a été envoyé [en tant que prophète] en l’an 13 avant l’Hégire.Allah choisit La Mecque comme lieu de naissance de Son Messager et lieu où se déroulera son enfance. C’est là qu’il est né, issu d’une noble lignée. En effet, son père est ‘Abd Allah ibn ‘Abd al- Mouttalib Al-Hâchimî Al-Qourachi et sa mère est Âminah fille de ‘Abd Manâf ibn Zouhrah Al- Qourachiyyah[1]. Il est donc issu de la plus noble lignée arabe et il dit à ce propos : « Allah a élu Kinâna parmi les descendants d’Ismâ’îl, puis il a élu Qouraych de Kinâna, puis il a élu les Banou Hâchim de Qouraych, puis il m’a élu des Banou Hâchim »[2]. Son père est mort alors qu’il était un fœtus dans le ventre de sa mère. Il est donc né orphelin et a grandi sous l’aile de sa mère qui est morte à son tour alors qu’il était âgé de six ans. Ce fut son grand-père qui le prit en charge et celui- ci est mort à son tour alors qu’il avait huit ans. Il passa alors sous la garde de son oncle paternel Abou Tâlib[3].Il resta à La Mecque durant les quarante premières années de sa vie durant lesquelles Allah – exalté soit-Il – l’éduqua et le prépara comme il se doit à mener à bien la mission pour laquelle Il l’avait élu :

    ﴾Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin ? Alors Il t’a accueilli ! Ne t’a-t-Il pas trouvé égaré ? Alors Il t’a guidé. Ne t’a-t-Il pas trouvé pauvre ? Alors Il t’a enrichi﴿

    [Sourate Ad-Douhâ : 6-8]

    . Il vécut donc parmi les siens en étant de bonne fréquentation, en ayant un bon comportement, en prenant part avec eux à tout ce qui était bénéfique et en s’éloignant de tout ce qui était néfaste.Par ailleurs, le Prophète épousa Khadija fille de Khowailid qui mit au monde tous ses enfants, à savoir : Al-Qâssim, ‘Abd Allah, Zaynab, Roqaya, Oum Koulthoum et Fatima, excepté Ibrahim qui est né à Médine et dont la mère était Maria la Copte[4]. Ensuite, Jibrîl – qu’Allah le protège – descendit à lui alors qu’il était dans la grotte Hira’ et lui révéla :

    ﴾ Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [le calame], a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas﴿

    [Sourate Al-‘Alaq : 1-5]

    Il assuma alors à partir de là les charges de la Prophétie.

2.   Après le début de la Révélation, le Messager d’Allah ﷺ resta treize ans à La Mecque à recevoir la Révélation et à appeler les gens à la suivre. Durant ces années, il endura une persécution et une répression que peu auraient pu supporter et les croyants qui étaient avec lui subirent également des persécutions. Lorsque celles-ci devinrent trop intenses, il leur ordonna de migrer en Abyssinie cinq ans après le début de la révélation et les musulmans y migrèrent à plusieurs reprises[5], tandis qu’il resta lui-même à La Mecque pour appeler à Allah. Allah le soutint par le biais de son oncle paternel et de son épouse, la Mère des Croyants, Khadija. Ceux-ci le soutinrent jusqu’à la dixième année de son envoi, année à laquelle ils décédèrent. Il dut alors se mettre à rechercher à Taëf et ailleurs des soutiens pour faire triompher sa religion, particulièrement lors des rites du pèlerinage, mais celui-ci subissait toujours des persécutions[6].

3.   Après avoir achevé sa treizième année à La Mecque, Allah lui choisit Médine comme demeure de migration. Il y migra donc en compagnie  d'Abou Bakr, dont Allah est satisfait, afin de rejoindre les compagnons qui y avaient déjà migré. Les autres – ceux qui ont eu par la suite la possibilité de migrer – le rejoignirent plus tard. De Médine, il continua à appeler à Allah, à combattre pour la cause d’Allah et à être au service des gens dix années durant jusqu’à ce qu’Allah parachevât le bienfait [qu’est l’Islam] et que les gens furent entrés en masse dans la religion d’Allah.

4.   Ensuite, Ibn ‘Abbâs – qu’Allah a agréé – nous informe que le Prophète ﷺ est mort à l’âge de soixante-trois ans, après avoir passé vingt-trois années à appeler les gens à Allah, treize à La Mecque et dix à Médine. Son décès eut lieu dans l’appartement de ‘A’icha – qu’Allah a agréée – le lundi 12 du mois de Rabî’ al-Awwal de la onzième année de l’Hégire.

Comment appliquer ce hadith :

  1. Aie confiance dans la seigneurie et la miséricorde d’Allah et sollicite Son aide. Le Prophète ﷺ est né orphelin de père, puis sa mère et son grand-père sont morts alors qu’il était encore jeune. Il fut alors pris en charge par son oncle paternel malgré sa pauvreté et le grand nombre de ses enfants.Habituellement, un orphelin ayant vécu dans de telles circonstances aurait grandi en étant affectivement dévasté et manquant de soins, mais Allah, Celui entre les mains duquel sont les prédestinations des choses, fit de cet orphelin, plusieurs années plus tard, le maître des mondes. L’être humain ne doit donc pas désespérer de la miséricorde d’Allah, quelle que soit la dureté des circonstances et être persuadé qu’il a un Seigneur qui administre les affaires et qui, lorsqu’Il veut quelque chose, dit « Sois » et alors cette chose « est » aussitôt.

2.   Le Prophète ﷺ resta treize ans à La Mecque à appeler les gens à Allah. Il se rendait dans les marchés et les réunions publiques pour s’adresser aux gens, sans se décourager, ni s’abattre, ni désespérer de la foi des siens, ni se soucier qu’ils le traitaient de menteur, des accusations qu’ils faisaient à son encontre. Il restait doux dans ses paroles et plein de compassion pour les siens, il demandait à Allah de les guider et continuait à être au service des gens en protégeant leurs dépôts et autres comme actions. Ni la mort de son oncle paternel qui le protégeait contre les persécutions ne l’affligea ni celle de son épouse et bien-aimée Khadija qui le soutenait par sa personne et sa richesse dans sa prédication ne l’abattit. Ne mérite-t-il donc pas d’être un exemple pour les prédicateurs, les étudiants en science et ceux qui exhortent les gens afin qu’ils apprennent à être patients dans leur appel à Allah et à supporter les offenses des gens, sachant qu’ils n’endureront jamais qu’une infime partie de ce qu’il a enduré ?

3.   Lorsque le Prophète ﷺ reçut l’ordre d’Allah de migrer, l’idée de délaisser sa famille, ses biens, sa demeure et son pays ne l’attrista pas. Il ne fit qu’obéir à l’ordre d’Allah malgré les peines qu’il allait devoir supporter. Cela doit être le cas du croyant pour qui toute peine doit être négligeable en comparaison de l’agrément d’Allah.

4.   La migration est un vaste concept et cela ne signifie pas forcément quitter un pays pour un autre. Elle peut signifier également, quitter un travail et son environnement pour un autre qui satisfait plus Allah.

5.   La vie du Prophète ﷺ passa par des étapes diverses et des circonstances différentes, oscillant entre, facilité et difficulté, aisance et adversité, guerre et paix, clandestinité et affichage public, faiblesse et puissance. Sa vie connut donc toutes les circonstances et les étapes que peut connaître une vie humaine et est donc en cela un modèle parfait à prendre en exemple et un modèle de résignation devant les décrets d’Allah quelle que soit la situation.

6.   La mort est une fin obligatoire, même pour la plus noble des créatures, celui doté de la force et de l’esprit les plus parfaits, celui qui protégeait le mieux sa santé de ce qui pouvait lui nuire, celui qui invoquait le plus son Seigneur de lui pardonner et de lui donner la santé et celui qui était le plus bénéfique aux gens. Il ne convient donc pas à l’être humain raisonnable de se désintéresser de la mort, de ne pas en tenir compte dans ses projets ou que la mort d’un proche, d’un bien-aimé, d’un savant ou d’un réformateur ne l’accable plus que de raison.

7.   Un poète a dit :

L’orphelin est né et il acquit les plus magnifiques attributs de la création, que le nécessiteux et les orphelins soient fiers. 

Telle l’aube qui perce la sombre obscurité, tel l’esprit qui fait revivre le mort alors qu’il est un tas d’ossements défraîchis. Que le monde est heureux et que sa joie est grande, tant que l’Islam illumine sa surface !

8.   Hassan ibn Thâbit a dit[7] :

Les miens sont ceux qui ont abrité leur Prophète et ont cru en lui alors que le reste des gens étaient mécréants, Excepté quelques personnes qui furent les prédécesseurs des vertueux et des auxiliaires des Ansâr. Réjouis par ce qu’Allah leur avait accordé, ils dirent lorsque est venu à eux l’Élu issu d’une noble lignée :

Bienvenue, tu jouiras de sécurité et d’abondance. Quel excellent prophète, et quel excellent protégé et voisin tu es ! Ils l’installèrent dans une demeure où celui qui est leur protégé ne craint rien et cette demeure est devenue la sienne.

Références

  1. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya d’Ibn Hichâm (1/110).
  2. Moslim (2276) d’après Wâthila ibn al-Asqa’ – qu’Allah a agréé.
  3. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya d’Ibn Hichâm (1/168-179).
  4. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya d’Ibn Hichâm (1/187).
  5. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya : ‘Ard Waqâ`i’ wa Tahlîl Ahdâth (p.191).
  6. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya : ‘Ard Waqâ`i’ wa Tahlîl Ahdâth (p.207).
  7. Voir Sîrat Ibn Hichâm (1/664).


  1. Le Prophète avertit sa communauté de se prononcer en religion sur la base des avis personnels et du suivi des passions, au point qu’un homme ignorant parmi eux ne portant aucun intérêt à la science et aux savants, n’assistant pas aux assemblées où est enseignée la science et préférant le repos et la paresse, dira en étant accoudé à son lit ou son oreiller : Nous devons nous contenter des commandements et des interdits contenus dans le Coran, car le licite est ce qui a été déclaré licite par le Coran et l’illicite est ce qui a été déclaré illicite par le Coran.Ceci se réalisa véritablement dans la communauté du Prophète ﷺ et apparurent des sectes, telles que les kharidjites, les chiites, les coranistes, les laïcs et d’autres encore qui s’attachent aux significations apparentes des versets du Coran, se détournent de la Sounna du Prophète ﷺ et refusent de se conformer aux hadiths authentiques à cause de l’ignorance et de l’arrogance qui ont aveuglé leurs cœurs et leur clairvoyance[1].

  2. Le Prophète ﷺ désapprouva cette attitude qui est la leur et expliqua que les commandements et les interdits du Prophète ﷺ ordonnant de se soumettre et d’obéir, sont comme les commandements et les interdits d’Allah, car le Prophète ﷺ ne parle pas sous l’effet de la passion et sa Sounna fait partie de la religion qu’il est obligatoire de suivre.

    Allah dit en effet :

    ﴾Prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en ; et craignez Allah, car Allah est dur en punition﴿

    [Sourate Al-Hachr : 7].

  3. Le Prophète ﷺ nous informe ensuite qu’Allah lui donna le Coran, le livre qui lui a été révélé par l’intermédiaire de Jibrîl le dépositaire de la révélation, qu’on récite pour adorer Allah, celui dont chaque sourate est un défi et dont le texte est transmis par un grand nombre de narrateurs à chaque génération. Il lui donna également la Sounna qui explique le Coran et explicite ses jugements et ses limites.

    C’est pourquoi Allah dit :

    ﴾Et vers toi, Nous avons fait descendre le Dhikr, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux﴿

    [Sourate An-Nahl : 44].

    Allah qualifia donc la Sounna de Dhikr et nous informa qu’Il l’a révélée à Son Prophète ﷺ.Par ailleurs, la Sounna se distingue par le fait qu’elle apporte des jugements supplémentaires par rapport à ceux du Coran, comme déclarer illicite l’or pour les hommes, la prescription des différentes options possibles entre le vendeur et l’acheteur, la défense d’avoir pour épouses simultanées une femme et sa tante maternelle ou paternelle, l’illicéité de consommer la chair des ânes domestiques, la licéité de consommer les poissons et les sauterelles morts, etc.
    Rien de tout cela n’a été apporté par le Prophète ﷺ de lui-même, mais cela lui a été révélé par Allah. La différence entre la Sounna et le Coran est que dans le cas de la Sounna, c’est la signification d’un jugement qui est révélée et que le Prophète ﷺ l’exprime avec les termes qu’il veut. Allah dit en effet :

    ﴾et il ne prononce rien sous l’effet de la passion ; ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée﴿

    [Sourate An-Najm : 3-4].

Comment appliquer ce hadith 

  1. (1) Prends garde d’être ignorant, de refuser d’étudier la science et de dédaigner fréquenter les assemblées des savants, car cela est la cause des innovations et du suivi de celles-ci.

  2. (1) Le Prophète ﷺ averti contre le fait de se détourner de sa Sounna, prends donc garde de faire partie de ceux qui s’en détournent.

3.   (1) Il y a dans ce hadith une réprimande et une admonestation adressées à ceux qui repoussent la Sounna et prétendent s’en passer et se contenter du Livre. Que dire alors de celui qui préfère l’avis de quelqu’un, à un hadith et qui dit lorsqu’il entend un hadith authentique : Je n’ai pas à le mettre en pratique, car je suis l’avis de telle école juridique[2].

4.   (2) Prends garde de mépriser ce que le Prophète ﷺ a déclaré illicite ou obligatoire, car la punition méritée est la même que lorsque l’on méprise ce qui a été déclaré illicite par Allah. Il en est de même pour la négation de ce qui a été prescrit par le Prophète ﷺ.

5.   (2) Celui qui repousse les paroles du Prophète ﷺ est tel celui qui repousse les paroles d’Allah et

s’abstient de se soumettre à Ses commandements et interdits. Prends donc garde à cela.

6.   (3) La Sounna fait partie de la révélation au même titre que le Coran. Ainsi, il est obligatoire de se conformer à celle qui nous a été transmise de manière authentique, de lui accorder du crédit et d’y croire.

7.   (3) Comment est-il permis à un croyant prétendant croire au Prophète ﷺ de refuser de le suivre ?!

8.   (3) Pour qu’un hadith authentique soit accepté, il n’est pas exigé qu’il soit identique au Coran. En effet, de nombreux hadiths contiennent des ajouts par rapport au Coran et par conséquent, lorsqu’un hadith authentique dont la chaîne de narration remonte au Prophète ﷺ te parvient, mets-le en pratique.

9.   (3) Si on ne devait pas obéir au Messager d’Allah ﷺ pour ce qu’il apporte en plus du Coran, lui obéir n’aurait aucun sens et l’obéissance qui lui est spécifiquement due serait abrogée. En effet, s’il n’était obligatoire de lui obéir que pour ce qu’il a apporté d’identique au Coran, il n’y aurait pas d’obéissance spécifique qui lui serait due. Or

Allah dit :

﴾Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah﴿

[Sourate An-Nissa : 80][3].

10.   Un poète a dit :

Sois un adepte de la Sounna de la meilleure des créatures, car elle est le slogan du salut du serviteur.

Il est celui dont les bienfaits ont atteint tous les gens et dont la bienfaisance les a englobés dans les deux demeures.

Depuis qu’il est venu, les cœurs aveugles se sont mis à voir les voies de la guidée et les oreilles sont devenues réceptives au vrai.

Ô Seigneur, couvre-le d’éloges tant que la pluie tombe et donne naissance à des feuilles et à des bourgeons.

Et couvre-le d’une protection pure, bien odorante et éternelle, lui ainsi que les membres de sa famille et ses Compagnons.

Références

  1. Voir Ma’alim As-Sounane d’Al-Khattabi (4/298) et Charh Al-Michkate Al-Kachif ‘An Haqa`iq As-Sounane d’At- Tibi (2/630).
  2. Voir les annotations d’As-Sindi en marge des Sounane d’Ibn Maja (1/4).
  3. Voir I’lam Al-Mouwaqqi’ine ‘Ane Rabb Al-’Alamine d’Ibn Al-Qayyim (2/220).

  1. Le Prophète fait serment d’ une chose éminente et en faisant ce serment par Allah, il veut insister sur cette chose. Il dit ainsi : Par Allah, Celui qui me détient moi et ma vie dans Sa main, s’Il veut Il me fait mourir et s’Il veut Il me laisse vivre .

  2. Le contenu du serment adresse cette obligation à tous ceux à qui est parvenue la prédication du Prophète  et qui appartiennent aux peuples auxquels le Prophète a été envoyé, c’ est-à-dire les humains et les djinns, les Arabes et les non Arabes,  depuis son époque jusqu’au Jour de la Résurrection. Il sous-entend par l’atteinte de la prédication, le fait qu’un être humain juridiquement apte comprenne qu’il existe un messager venant de la part d’Allah qui appelle à proclamer Son unicité, défend de Lui associer quoi que ce soit, explique tout cela et ainsi de suite, que cet être humain soit convaincu de sa véracité ou non. Il suffit qu’on lui oppose comme argument le fait qu’il a correctement compris l’existence d’un messager dont les attributs sont ceux-là. Quant à ceux à qui cette prédication ne parvient pas de manière correcte, on ne peut affirmer que le bon argument leur a été opposé, en raison des paroles d’Allah :

    ﴾Et Nous n’avons jamais puni [un peuple] avant de [lui] avoir envoyé un Messager.﴿

    [Sourate Al-Isra : 15].

3.   Le Prophète mentionna les juifs et les chrétiens, car ils sont les gens qui le connaissent le mieux, et parce que les annonces de sa Prophétie leur sont parvenues. De plus, les mentionner spécifiquement démontre que rien ne dispense de croire au Message du Prophète , même dire que l’on pratique une religion révélée. Par conséquent, les idolâtres et les athées sont encore moins susceptibles qu’eux de pouvoir être dispensés de croire à son Message et donc la preuve est faite que toutes les religions ont été abrogées par la sienne[1].

4.   Ainsi, toute personne saine d’esprit et pubère à qui est parvenue la prédication et qui meurt sans croire au Prophète et sans se conformer à sa législation, fait partie des gens de l’Enfer où ils demeureront éternellement ; rien ne pourra lui être d’aucune utilité : ni œuvre, ni parenté, ni noblesse, ni rang :

﴾ Et quiconque désire une religion autre que l’Islam ne sera point agréé, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants.﴿

[Sourate Âl-‘Imrâne : 85].

Comment appliquer ce hadith :

1. Abou Hourayra, dont Allah est satisfait, parcourut une longue distance depuis son pays et il accepta de migrer et de s’expatrier pour Allah et Son Messager, ne se contentant pas d’embrasser l’Islam dans son pays et d’y rester. Mieux encore, il devint le Compagnon ayant rapporté le plus de hadiths malgré sa conversion tardive. Que chacun de nous s’interroge : qu’a-t-il accompli pour la cause d’Allah ? À quel point veille-t-il à être proche de la Sounna qui est l’héritage laissé par Mohammad ?C

2.   onsidérons la foi comme une chose extrêmement importante et soumettons-nous à ce que dit le Messager d’Allah , que ses paroles conviennent à notre passion ou qu’elles s’y opposent. Vois donc le Prophète faire serment par Celui qui décide de sa vie et de sa mort pour une problématique relative à la foi.

3.   Celui qui a un proche ou un ami juif ou chrétien, qu’il soit bienfaisant envers lui en l’invitant convenablement à embrasser l’Islam, car sa religion ne lui sera d’aucun secours. S’il se convertit, lui et toi aurez deux rétributions, car le Prophète ﷺ a dit « Trois personnes obtiennent deux rétributions : un homme des Gens du Livre qui croit en son prophète et croit en Mohammad … »[2]

4.   Le musulman doit être fier de sa religion plus que n’importe qui pourrait être fier de sa civilisation. En effet, tous les adeptes des autres religions iront vers une perte immense s’ils ne suivent pas la religion de l’Islam quand elle leur parvient. Louange donc à Allah d’avoir fait de nous des musulmans et de nous avoir guidés avec Sa permission vers le vrai à propos duquel les gens divergent..

5.   La plus grande miséricorde consiste à ce que l’être humain sauve sa propre personne, sa famille et le reste des gens, du châtiment éternel, car personne n’entrera au Paradis tant qu’il n’aura pas cru au Prophète et à son Message et ne l’aura pas suivi. De ce fait, les prédicateurs qui appellent à Allah sont les plus miséricordieux envers les gens, puisqu’ils luttent avec la parole, avec la richesse et avec leur science pour les sauver du châtiment d’Allah. Ceci est un rang éminent que tout musulman doit s’efforcer d’atteindre pour rejoindre la cohorte des prédicateurs qui appellent à Allah.

6.    Un poète a dit :

Sois un adepte de la Sounna de la meilleure des créatures, car elle est ce qui conduit au salut du serviteur.

Il est celui dont les bienfaits profitent à tous les gens et celui qui englobera par sa bienfaisance dans les deux demeures.

Depuis qu’il est venu, les cœurs aveugles se sont mis à voir, grâce à lui, les voies de la guidée et les

oreilles se sont mises à comprendre ce qu’est le vrai.

Ô Seigneur, couvre-le d’éloges tant qu’il y aura de la pluie qui tombe et fait pousser des branches et des feuilles,

Et envoie-lui un salut pur et bien odorant ainsi qu’à sa famille et ses Compagnons, un salut qui ne disparaîtra pas dans le temps.











Références

  1. Voir Touhfat al-Abrâr d’Al-Baydâwî (1/43), Al-Mafâtîh Fî Charh Al-Masâbîh d’Al-Mudhirî (1/72).
  2. Al-Boukhârî (97) et Moslim (154) d’après Abou Moussâ Al-Ach’arî, dont Allah est satisfait.


Anas ibn Mâlik, dont Allah est satisfait, nous informe qu’alors qu’il sortait de la mosquée avec le Prophète  un homme les rencontra à la sortie de la mosquée sous les toitures qui entourent la mosquée et interrogea le Prophète au sujet de la survenue de l’ Heure.On dit que cet homme est le Bédouin qui auparavant urina dans la mosquée, à savoir Dhou al- Khouwaysira Al-Yamânî[1].

  1. Le Prophète ﷺ le détourna alors de cette question vers une question plus importante qui est : Qu’as-tu préparé en prévision de la survenue de l’Heure ? As-tu préparé pour cela beaucoup d’adorations et d’actes d’obéissance ?Le Prophète ﷺ voulait attirer l’attention de l’homme vers ce qui est obligatoire pour lui et requis de lui, qui est de se préparer à rendre des comptes et à œuvrer pour entrer au Paradis, puisqu’il ne lui est pas demandé de connaître quand aura lieu le Jour de la Résurrection et d’ailleurs, seul Allah sait cela.
  2.  Lorsque l’homme entendit la question du Prophète, il fut embarrassé, car ses œuvres étaient modestes. Il reconnut ainsi ses manquements et s’excusa du fait que sa question ait été déplacée

4.   Ensuite il affirma qu’il ne s’y préparait pas en accomplissant des œuvres immenses. Ainsi, il n’avait pas effectué beaucoup d’adorations surérogatoires ni d’actes d’obéissance qui le rapprochent du Paradis et le sauvent de l’Enfer, mais il se contentait des obligations dont le musulman doit s’acquitter. Il se peut également qu’il ait dit ces paroles par modestie, afin de sous-estimer son mérite, ou bien parce qu’il croyait que ce qu’il avait accompli comme œuvres n’était pas énorme, ou parce qu’il croyait que toutes les œuvres ne sont rien, comparées à la force qu’est l’amour sincère pour Allah et Son Messager[2].

5.   Au regard de cet homme, la plus éminente de ses œuvres, celle qui lui sera le plus bénéfique le Jour de la Résurrection est l’amour d’Allah et de Son Messager. Lorsque cet amour est sincère, il implique d’obéir à Allah et à Son Messager et d’autres choses encore.

6.C’est pourquoi le Prophète ﷺ l’informa que s’il est sincère dans son amour et qu’il remplit ses conditions, il rejoindra alors ceux qu’il aime et il accompagnera le Prophète ﷺ et ses Compagnons dans le plus haut degré du Paradis.

Allah dit en effet :

﴾Quiconque obéit à Allah et au Messager... ceux-là seront avec ceux qu’Allah a comblés de Ses bienfaits : les prophètes, les véridiques, les martyrs, et les vertueux. Et quels bons compagnons que ceux-là !)﴿

[Sourate An-Nissâ` : 69].

C’est aussi la raison pour laquelle, Anas, dont Allah est satisfait, a dit : « Et moi j’aime Allah, Son Messager ﷺ , Abou Bakr et ‘Omar. J’espère être avec eux [dans l’au-delà] en raison de mon amour pour eux, même si je n’accomplis pas les mêmes œuvres qu’eux »[3].

Comment appliquer ce hadith :

  1. La famille d’Anas et Anas, dont Allah est satisfait, lui-même, n’avaient aucun problème avec le fait qu’il soit au service du Prophète ﷺ alors qu’il était libre et pas un esclave. En effet, servir était réservé aux esclaves, pas aux enfants de chefs. Sa mère l’emmena donc chez le Prophète ﷺ afin qu’il soit à son service. Le musulman peut tenir compte des coutumes et des ragots, mais ceux-ci ne doivent pas l’empêcher de remporter le bien dans les deux demeures.

  2. Anas, dont Allah est satisfait, veilla à être constamment en compagnie du Prophète ﷺ et à être à son service depuis son plus jeune âge, à un âge où certains hadiths racontent qu’il lui arrivait de jouer avec d’autres enfants[4]. Éduquer un enfant à des fins vertueuses n’implique donc pas nécessairement qu’on doive lui interdire des activités de son âge, comme jouer ou autre.

  3. L’homme interrogea le Prophète ﷺ   au sujet du moment de la survenue de l’Heure, mais le Prophèteﷺ ne répondit pas à cette question et le détourna vers une autre question liée à l’intérêt de celui qui a posé la question et les gens en général : il s’agit des œuvres que l’on accomplit pour préparer la survenue de l’Heure. Chez les spécialistes de l’éloquence, ce style est connu sous le nom de style du sage. Il consiste à ce que celui à qui est adressée la question donne une réponse plus étendue et plus importante que le contenu de la question, afin de souligner une sagesse à laquelle celui qui a posé la question n’a pas pensé. Cela est le cas par exemple de la réponse à celui qui lui a demandé s’il est permis de faire ses ablutions avec de l’eau de mer, la réponse du Prophète ﷺ fut : « Son eau est pure et purifiante et les animaux morts qu’on y trouve sont licites à la consommation »[5]. Le Prophète ﷺ répondit donc en disant que l’eau de mer est pure en général puis ajouta que les animaux morts que l’on trouve dans la mer sont licites à la consommation[6]. Le prédicateur et l’enseignant doivent donc anticiper les besoins des gens, être sages dans leurs paroles et leurs réponses et ne pas s’engouffrer dans les pièges de leurs questions. Ils doivent plutôt dire aux gens ce qui leur est bénéfique pour leur pratique religieuse et leur vie terrestre, sans aborder ce qui cause des troubles ou est inutile à connaître.

  4. Le Prophète ﷺ dévia la réflexion de celui qui a posé la question des questions qui ne le concernent pas ou qui n’ont pas de réponse, le faisant passer de « Quand l’Heure surviendra-t-elle » à « Qu’as- tu préparé en prévision de sa survenue ? ». C’est pourquoi l’imam Mâlik détestait parler de choses qui n’étaient pas suivies d’actions et il rapporta des savants qui l’ont précédé qu’ils pensaient de même[7]. En effet, la plupart des polémiques qui surgissent parmi les gens ou parmi les partenairesd’un projet n’aboutissent à aucune action. Essaie donc de te poser cette question utile : « Puis quoi ensuite ? ».

  5. Le musulman doit avoir constamment à l’esprit la question : « Qu’ai-je préparé en prévision de sa survenue ? » et en faire un mode de vie, en se demandant des comptes à soi-même chaque jour pour savoir dans quel état on ira à la rencontre d’Allah ? Sera-t-Il satisfait de nous ou bien en colère contre nous ?

  6. L’amour d’Allah et de Son Messager ﷺ ne sont pas de simples paroles et un penchant de l’âme, c’est plutôt un sentiment qui emplit le cœur et qui est suivi du désir de satisfaire l’être aimé et de lui obéir en proportion de ce sentiment, au point d’accorder la priorité à cela au détriment de la famille, des richesses, de la progéniture et de tous les gens. Ainsi, que celui qui prétend aimer quelqu’un recherche la preuve de son amour en lui-même. Al-Hassane Al-Basrî a dit : « Des gens prétendirent aimer Allah – exalté soit-Il –, Il les éprouva alors avec ce verset :

    ﴾Dis : Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors[8] et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux﴿

    [Sourate Âl-‘Imrâne : 31].

  7. Quelle que soit l’emprise des actes de désobéissance sur ton cœur et sur ton temps, prends garde à porter atteinte à ta vénération d’Allah et à ton amour pour Lui et pour Son Messager ﷺ . Nous tous n’atteindrons jamais le rang des prophètes d’Allah – qu’Allah les couvre d’éloges et les protège – au Paradis, en raison de leur immense mérite, de leurs nombreuses œuvres, de la sincérité de leur foi et leur suivi [de ce qui leur a été révélé], malgré les épreuves qu’ils subissaient[9]. Néanmoins, nous pouvons être avec eux dans l’au-delà grâce à notre bel amour pour eux, à notre respect pour eux, à notre suivi de leur Sounna, au fait de les aimer plus que toute autre personne. Aussi quelle belle nouvelle pour celui qui s’évertue [dans cette voie] ! C’est d’ailleurs à ce titre qu’Anas, dont Allah est satisfait, dit : Je n’ai pas voulu les musulmans se réjouir d’une chose après la venue de l’Islam comme ils se sont réjouis de la venue de l’Islam.

  8.  Essaie d’accroître ton amour pour Allah et Son Messager ﷺ en recherchant à atteindre les causes et les manières d’exprimer cet amour, comme évoquer abondamment Allah, invoquer Ses éloges sur le Prophète ﷺ , rappeler constamment à son cœur le mérite de les aimer, se remémorer leurs bienfaits et être déterminé à leur obéir en priorité. De plus, chaque fois que tu vois un amoureux rechercher àsatisfaire son ou sa bienaimée, fais en sorte que ton amour pour Allah et Son Messager ﷺ soit supérieur :

    ﴾Parmi les hommes, il en est qui prennent, en dehors d’Allah, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allah. Or les croyants sont les plus ardents en l’amour d’Allah﴿

    [Sourate Al-Baqara : 165].

Références

  1. Voir Fath al-Bârî Sahih Al-Boukhârî d’Ibn Hajar (10/555).
  2. Voir Al-Moufhim d’Al-Qourtoubî (6/646).
  3. Al-Boukhârî (3688) Moslim (2639).
  4. Moslim (2604).
  5. At-Tirmidhî (69).
  6. Voir Al-Kawâkib ad-Darârî d’Al-Karmânî (22/35).
  7. Voir Jâmi’ Bayân al-‘Ilm wa Fadlih (2/95).
  8. Exégèse du Coran par Ibn Kathîr (2/32) où c’est la partie du verset s’arrêtant ici qui est mentionnée ici.
  9. Ahmad (12032).


  1. Le Prophète ﷺ défend d’insulter ses Compagnons qui sont les personnes l’ayant rencontré, ayant cru en lui et sont morts fidèles à l’Islam. Ce sont donc les meilleurs des gens après les prophètes – qu’Allah les couvre d’éloges – puisqu’ils se sont acquittés de la charge de diffuser l’Islam dans les contrées de la terre, ont défendu le Prophète ﷺ, ont affronté pour lui leurs tribus et ont été hostiles à tous ceux qui lui ont été hostiles parmi les gens proches ou éloignés. De plus, Allah les a choisis pour être les compagnons de Son Prophète ﷺ de la même façon qu’Il a choisi le Prophète ﷺ pour porter la prophétie. Ibn Mas’oud, qu’Allah a agréé, a dit : « Allah regarda les cœurs des serviteurs et vit que le cœur de Mohammad – qu’Allah le couvre d’éloges et le protège – est le meilleur cœur des serviteurs. Il le choisit donc pour Lui-même et le consacra à Son Message. Puis Il regarda les cœurs des serviteurs autres que le cœur de Mohammed et Il trouva que les cœurs de ses Compagnons sont les meilleurs cœurs des serviteurs. Il en fit alors les aides de Son Prophète ﷺ qui combattent pour Sa religion »[1].Par ailleurs, Allah fit l’éloge des Compagnons de Son Prophète ﷺ dans plusieurs passages du Coran. Il affirma qu’ils sont meilleurs que le reste des gens et nous informa qu’Il est satisfait d’eux et qu’Il leur a pardonné. C’est pourquoi les insulter et les dénigrer est illicite et est un péché immense qui démontre l’hypocrisie et la perversité de celui qui le commet. En effet, ne déteste les Compagnons qu’un pervers dont l’hypocrisie est avérée ou bien un mécréant qui dissimule sa mécréance et fait croire qu’il est musulman. C’est pour cette raison que certains juristes sont d’avis qu’il faut tuer celui qui dénigre les Compagnons[2].

2.   Le Prophète ﷺ justifie ensuite sa défense de ne pas insulter ses Compagnons en mentionnant leur mérite et leur degré éminent. Il fait ainsi serment par Allah, Celui qui détient l’âme du Prophète ﷺ dans Sa main et qu’Il saisit s’Il le veut ou la laisse s’Il le veut, qu’Il éprouve s’Il le veut ou l’épargne, que les rétributions des œuvres accomplies par les serviteurs ne sont égalées par les rétributions d’aucune œuvre accomplies par d’autres gens. Ainsi, si quelqu’un d’autre que les Compagnons dépensait une montagne d’or aussi immense que le mont Ouhoud, sa rétribution n’atteindrait pas celle d’un Compagnon qui dépense une quantité de nourriture suffisante à remplir le creux des deux mains jointes, ni même la moitié de cela, soit la quantité suffisante à remplir le creux d’une seule main.

Ce mérite est justifié par le fait qu’ils dépensaient malgré leur précarité et leur extrême situation de nécessité, par le fait qu’ils sont les premiers pionniers qui ont diffusé l’Islam et ont supporté la charge de la prédication sur leurs épaules et parce qu’ils ont combattu et ont été tués, ont été témoins de la descente de la Révélation et ont été les Compagnons du Prophète ﷺ lors de sa résidence et lors de ses voyages. C’est donc pour ces raisons et pour d’autres qu’ils méritent la rétribution la plus éminente. Allah – exalté soit-Il – fit leur éloge en disant :

﴾[Il appartient aussi] aux émigrés besogneux qui ont été expulsés de leurs demeures et de leurs biens, tandis qu’ils recherchaient une grâce et un agrément d’Allah, et qu’ils portaient secours à (la cause d’) Allah et à Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent﴿

[Sourate Al-Hachr : 8-9].

Comment mettre en pratique ce hadith :

  1. (1) Prends garde d’insulter les Compagnons du Prophète ﷺ ou de les dénigrer, car ceci contrevient à l’ordre d’Allah et de Son Messager ﷺ.

2.   (1) Comment pourrais-tu insulter ceux dont Allah fit l’éloge et qu’Il a choisis comme compagnons pour Son Prophète ﷺ ?!

3.   (1) Il ne convient pas que les musulmans s’attardent sur les troubles qui se sont produits entre les Compagnons, car ceux-ci ont suivi des interprétations et n’avaient que l’intention de faire le bien. Ceux parmi eux qui ont bien agi, comme ceux qui ont mal agi, sont pardonnés et ont obtenu l’agrément d’Allah.

4.   (1) Il convient que chaque musulman éduque les membres de sa famille en leur inculquant l’amour et le respect des Compagnons – qu’Allah a agréés.

5.   (2) Sachant que les Compagnons sont les meilleurs des gens après les prophètes et que ce sont eux qui ont été témoins de la descente de la Révélation et ont véritablement connu ce qu’elle a déclaré licite ou illicite, il convient que nous les prenions comme modèles et que nous suivions leur tradition. ‘Abd Allah Ibn ‘Omar – Allah a agréé les deux hommes – a dit : « Que celui qui veut suivre une tradition suive la tradition de ceux qui sont morts. Il s’agit des Compagnons de Mohammad ﷺ, les meilleurs de cette communauté, ceux dont les cœurs étaient les plus emplis de bonté, ceux dont la science était la plus étendue et ceux qui s’encombraient le moins d’artifice. Ce sont des gens qu’Allah a choisis pour être les compagnons de Son Prophète ﷺ et transmettre sa religion. Imitez-les donc dans leurs vertus et leurs manières de faire, car ce sont les Compagnons de Mohammad qui étaient sur la droite guidée »[3].

6.   (2) Il convient que chaque musulman lise les biographies des Compagnons et voie comment ils vivaient, quelles étaient leurs vertus et comment leurs degrés ont été élevés. Certains dirent à Al- Hassan Al-Basri – qu’Allah lui fasse miséricorde : « Donne-nous la description des Compagnons du Messager d’Allah ﷺ ». Il pleura et répondit : « Les signes du bien se sont manifestés en eux dans leur apparence, leur tenue, leur suivi de la guidée, leur véracité, la rugosité de leurs vêtements par souci de sobriété, leur démarche modeste, leurs paroles lorsqu’ils œuvraient, leur nourriture et leur boisson acquises grâce à des revenus licites, leur soumission par leur obéissance à leur Seigneur, leur reconnaissance du vrai qu’il soit en leur faveur ou en leur défaveur et leur restitution des droits d’autrui même à leur détriment. Ils endurèrent la soif, leurs corps devinrent faibles et peu leur importait de provoquer la colère des créatures lorsqu’ils voulaient satisfaire le Créateur. Ils ne furent coupables d’aucun manquement par une colère déplacée, ne commirent aucune injustice et ne contrevinrent à aucun jugement d’Allah dans le Coran. Leurs langues étaient occupées à évoquer Allah, ils sacrifièrent leurs vies lorsque le Prophète ﷺ sollicita leur aide et ils dépensèrent leurs richesses lorsqu’il leur demanda de lui faire un prêt. La crainte des créatures ne les dissuada pas de suivre le Prophète ﷺ, leurs vertus étaient raffinées, leurs besoins étaient minimes et le peu de choses qu’ils ont pris du bas monde leur a assuré le succès dans l’au-delà »[4].

7.   (2) Il est permis à un homme de faire serment sur quelque chose sans que personne ne le lui demande, dans la finalité d’appuyer ses dires.

8.   (2) Ce n’est pas la quantité qui donne du mérite, mais plutôt la certitude et la foi. Il se peut en effet qu’un seul dirham vaille plus que mille. Ne sois donc pas trompé par les grandes dépenses des gens et que cela ne te décourage pas de dépenser le peu que tu possèdes et que tu prélèves de ce qui te sert à payer ta nourriture.

9.   (2) Même si tu dépensais tous les trésors de la terre, tu ne recevrais la rétribution de la plus insignifiante œuvre que ces gens-là ont accomplie. Comment pourrais-tu donc parler en mal d’eux ou les dénigrer ?!

Références

  1. Ahmad (3600).
  2. Voir le commentaire du Sahih de Mouslim par An-Nawawi (16/93).
  3. Abou Nou’aym dans Hilyat Al-Awliya (1/305-306).
  4. Abou Nou’aym dans Hilyat Al-Awliya (2/150).