1- Le Prophète ﷺ informe ‘ Oqba ibn ‘ Âmir, dont Allah est satisfait, que lui ont été révélées deux sourates qui n’ont pas de semblable parmi ce qui a été révélé, particulièrement en ce qui concerne la recherche de protection auprès d’Allah, puisque tous les versets de ces deux sourates sont des recherches de protection auprès d’Allah pour celui qui les récite. De plus, elles contiennent des formules permettant de se prémunir contre l’envie et de repousser le mal de l’envieux que l’on ne retrouve pas dans d’autres sourates. [1]
Ces deux sourates sont les sourates Al-Falaq et An-Nâsse et le Prophète en parle en citant leur début, car elles sont connues par cela. Elles sont également connues sous le nom d’-Al Mou’awwidhatâne (les deux formules de recherche de la protection d’Allah), car elles commencent par « Dis : Je cherche protection ». Al-Falaq désigne tout ce qui sort de quelque chose, comme l’aube [sortant de la nuit], le grain [qui germe] et le noyau [qui sort d’un fruit.]
Chercher protection signifie se réfugier auprès d’Allah et s’attacher à Lui afin d’obtenir sa protection contre le mal, le stratagème et les insufflations de Satan et afin d’être prémuni contre le mal provenant de toute source [2]
Par ailleurs, des hadiths ont été rapportés au sujet de la recherche de la protection d’Allah et de la rouqya à l’aide d’Al-Mou’awwidhattâne, parmi lesquels ce qui a été rapporté par Abou Sa’îd Al- Khoudrî, dont Allah est satisfait, qui dit : « Le Messager d’Allah ﷺ cherchait refuge auprès d’Allah contre les djinns et le mauvais œil des êtres humains jusqu’à la révélation d’Al-Mou’awwidhatâne. Lorsqu’elles furent révélées, il les adopta et délaissa les autres formules » [3] . Le Prophète ﷺ n’adopta ces deux sourates et ne délaissa les autres rouqya et invocations que parce qu’elles font partie de ce qu’il y a de plus exhaustif concernant la recherche de protection d’Allah et c’est donc la raison pour laquelle il s’en contenta [4].
1. Le Prophète ﷺ utilisa une des figures de style de l’étonnement ayant cours chez les Arabes et qui consiste à dire « N’as-tu pas vu ». D’ailleurs, cette figure de style abonde dans le Coran, car elle attire l’attention et elle est appréciée par les âmes, ce qui la rend efficace en termes d’acquisition de la science. C’est la raison pour laquelle il convient que les savants, les prédicateurs et les éducateurs utilisent souvent les figures de style éloquentes avec lesquelles ils introduisent les propos qu’ils vont dire, afin d’obtenir une certaine concentration de leur auditoire et attirer l’attention des esprits et des ouïes.
2. Ce hadith démontre qu’Al-Mou’awwidhatâne sont ce que le musulman peut réciter de meilleur pour chercher la protection d’Allah et faire la rouqya, mais cela n’empêche pas de recourir à d’autres invocations et évocations prescrites ni de mobiliser les moyens terrestres qui préservent l’être humain contre les maux. Toutefois, ces deux sourates sont les plus éminentes et celles qui permettent d’atteindre le plus efficacement ses fins.
3. Dans la sourate An-Nâsse, Satan est qualifié de khannâsse (furtif), c’est-à-dire qu’il se dérobe et fuit lorsque le serviteur évoque son Seigneur. Ainsi, lorsque l’être humain évoque et invoque régulièrement son Seigneur, il est hors de portée de Satan. Il convient donc que nous veillions à évoquer Allah à tout moment et que nous prenions l’initiative de chercher la protection d’Allah contre lui dès que nous sommes sujets à une insufflation ou que nous comptons commettre un péché.
4. Accorde de l’importance aux sourates qu’Allah a déclaré imminentes en les mémorisant, en les apprenant, en méditant leurs versets et en les enseignant, que cela ait lieu à la maison, à l’école ou dans le cadre des études réalisées par les gens de science. En effet, ces sourates ont la priorité sur toutes les autres.
5. Ce hadith et ces versets démontrent qu’il n’est possible de repousser le mal des envieux et de neutraliser les méfaits des sorciers corrupteurs qu’en sollicitant l’aide d’Allah, car Il est le seul Seigneur des gens, leur Créateur, Celui qui décide de leur sort et Celui dans le Royaume duquel rien ne se produit sans Sa permission.
Références
1. Voir At-Tanwîr Charh al-Jâmi’ as-Saghîr d’Al -Amîr As-San’ânî (4/280) et Al -Bahr al-Mouhît ath-Thajjâj d’Al - Ithyoubî (16/426).
2. Voir l’exégèse du Coran par Ibn Kathîr (1/114).
3. An-Nassâ`î (7804) et At-Tirmidhî (2058).
4. Voir Al-Kâchif ‘an Haqâ`iq as-Sounane d’At-Tîbî (5/1650).
1- Le noble Compagnon ‘Âmir ibn Wâthila raconte que Nâfi’ ibn ‘Abd al-Hârith avait été nommé par ‘Omar gouverneur de La Mecque et qu’il quitta celle-ci pour une affaire. Croisant ‘Omar à ‘Osfâne, une ville située à 80 kilomètres de La Mecque, celui-ci lui demanda qui il avait laissé comme remplaçant à La Mecque afin de répondre aux besoins des gens, diriger leurs prières et accomplir d’autres tâches.
2- Nâfi’ l’informa qu’il a laissé à sa place un homme nommé Ibn Abzâ [1] que ‘Omar ne connaissait pas. Il l’interrogea donc à son propos et il lui répondit : Lui ou l’un de ses ancêtres était notre esclave et nous l’avons affranchi.
3- ‘Omar réprouva le fait que son gouverneur ait laissé comme remplaçant un esclave ou un descendant d’esclave affranchi, alors qu’il avait à sa disposition des hommes libres et des nobles parmi les Compagnons du Prophète ﷺ et leurs successeurs qui méritaient de le remplacer. Cela ne signifie pas qu’il n’est pas permis de confier des responsabilités à des esclaves affranchis ni que ‘Omar méprisait les esclaves ou les esclaves affranchis et les considérait inférieurs aux personnes libres. Sa réaction était plutôt motivée dans un souci de préserver les intérêts des gens et d’éviter les troubles, puisque la finalité des postes à responsabilités est de mener à bien les affaires des gens et de préserver leurs intérêts. Or ceci requiert un homme raisonnable, sévère, respecté et à qui personne n’ose porter atteinte, ce qui implique qu’il soit libre, noble et ayant du prestige. Sinon, les gens ne le prennent pas au sérieux et ne lui obéissent pas.
4- Nâfi’ répondit à ‘Omar qu’il n’a choisi ce remplaçant que parce qu’il a mémorisé le Livre d’Allah et qu’il connaît la jurisprudence et les problématiques d’héritage et qu’Allah a élevé cet esclave affranchi grâce à ces qualités. Comme il est connu des gens par cela, ils le respectent et lui obéissent, ce qui est bénéfique pour leurs affaires et leur stabilité [2]
5- Lorsqu’il dit cela à ‘Omar, celui-ci approuva et valida son choix en avançant des paroles du Prophète ﷺ qui nous informe que ce Coran honore des gens et élève leur rang dans ce bas monde et dans l’au-delà et que sans lui, ils seraient simples. À l’inverse, il humilie ceux qui mécroient en lui et refuse de le mettre en pratique même si ce sont des chefs puissants.
1. Celui qui assume une responsabilité doit y prendre garde et être attentif au moindre détail. Ainsi, lorsque ‘Omar vit celui qu’il avait nommé, il lui demanda : Qui as-tu laissé comme remplaçant ? De qui s’agit-il ? Pourquoi a-t-il fait cela et n’a-t-il pas fait cela ?
2. L’être humain doit choisir comme remplaçant celui qui est à la hauteur de sa mission et prendre en considération, dans son choix, les critères permettant de mener à bien cette mission et les implications de ces critères. Lorsqu’un père, un propriétaire de société, un entrepreneur ou autre, souhaite envoyer un de ses employés accomplir quelque chose, il doit prendre en considération sa loyauté, la qualité de son travail et d’autres critères. De même, lorsqu’un souverain ou un ministre désire déléguer quelqu’un, il est requis que ce délégué soit habile en gestion et qu’il soit capable de répondre aux attentes des gens.
3. Ce hadith démontre que celui qui connaît les jugements du Livre d’Allah et de la Sounna de Son Messager ﷺ a la priorité pour administrer les affaires des musulmans dès lors qu’il est apte à assumer en considération l’intérêt des musulmans et d’éviter ce qui cause des troubles, car ‘Omar a destitué certains Compagnons majeurs de certains postes par égard pour l’intérêt général, comme cela fut le cas avec Sa’d ibn Abî Waqqâs, Khâlid ibn al-Walîd et d’autres.
54. Que chacun s’interroge : comment il est vis-à-vis du Coran ? Y croit-il, y accorde-t-il du crédit et le récite-t-il régulièrement au point qu’Allah l’ait élevé grâce à cela ou bien le néglige-t-il au point qu’Allah l’ait abaissé ? Seule une de ces options est vraie, il n’en existe pas de troisième. Qatâda – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Personne ne s’assied en compagnie de ce Coran sans le quitter en ayant quelque chose de plus ou de moins en lui » [3].
5. La valeur de l’être humain se mesure à ce qu’il porte comme science. Celui qui étudie la science doit donc se préoccuper d’acquérir la science bénéfique, car elle est son honneur dans le bas monde et dans l’au-delà.
6. Sachant que le Coran élève le statut de l’individu dans ce bas monde en faisant de lui un chef et un guide pour les gens, l’élévation suprême de son statut aura lieu dans l’au-delà. On rapporte de ‘Abd Allah ibn ‘Amr – qu’Allah a agréés – que le Messager d’Allah ﷺ a dit : « On dira à l’adepte du Coran : lis, élève-toi et récite tel que tu le faisais dans le bas monde, car ton rang sera là où tu liras le dernier verset » [4].
7. Un poète a dit :
Ô âme, sois une abeille qui ne cède pas au sommeil et à sa tentation.
Tu as meilleur que cela : le Coran ressemblant à des vergers verdoyants, lape ce que tu veux de sa rosée.
Produis à l’univers à partir de ses fleurs, le meilleur miel et le plus sucré.
Ne butine pas de fleurs hors de ses vergers, car tout arôme qui n’est pas le sien m’insupporte.
La guidée se trouve dans sa méthode et le succès dans sa voie et on atteint la gloire lorsqu’on le lève
haut.
Références
1. Il s’agit de ‘Abd ar-Rahman ibn Abzâ Al-Khouzâ’î. Il y a divergence sur son statut de Compagnon mais la majorité des historiens voient que c’est un Companon qui a rencontré le Prophète ﷺ, prié derrière lui et rapporté de lui des hadiths. Voir Tahdhîb Al-Kamâl d’Al-Mizzî (16/501) et Siyar A’lâm an-Nubalâ’ d’Adh-Dhahabî (3/201).
2. Voir Al-Bahr al-Mouhît ath-Thajjâj de Mohammad ibn ‘Alî Al-Ithyoubî (16/458).
3. Voir Akhlâq Hamalat al-Qur`ân d’Al-Âjurrî (p.73).
4. Abou Dawoud (1464) et At-Tirmidhî (2914).
1- Notre Seigneur – exalté soit-Il – nous informe qu’Il défend Ses serviteurs croyants. Ainsi, quiconque dispute et offense un des alliés d’ Allah – qui sont ses serviteurs vertueux ayant parachevé leur foi grâce aux œuvres d’obéissance et dont Allah s’est chargé des affaires – alors, Allah lui déclare la guerre pour venger et défendre Ses alliés. Or qui a le pouvoir de faire la guerre à Allah ?
2- Allah affirme ensuite que la meilleure façon dont un serviteur peut se rapprocher de son Seigneur est de s’acquitter des obligations qu’Il lui a imposées, car Allah ne lui a imposé les actes d’obéissance et ne lui a interdit les actes de désobéissance, qu’afin qu’il se rapproche de Lui.
3- Ainsi, lorsque le serviteur s’efforce de s’acquitter des obligations puis se rapproche de son Seigneur par des adorations qu’Il n’a que recommandées et pas imposées, comme les prières relevant de la Sounna, le jeûne [surérogatoire], les aumônes, les évocations régulières d’Allah, la lecture du Coran, le fait d’être au service des gens et autres actes adorations, Allah se met à l’aimer.
4- Dès qu’Allah l’aime, Il préserve pour lui ses sens. De ce fait, il n’entend que ce qui satisfait Allah, ne pose pas sa vue sur ce qui est illicite, ne tend pas la main vers ce que la religion n’autorise pas et ne prend donc pas ce qui ne lui appartient pas, ne frappe avec sa main que lorsqu’il en a le droit, et son pied ne le mène pas vers les actes de désobéissance. Ce hadith est similaire dans le sens à celui où le Prophète ﷺ dit : « Préserve [les commandements d’]Allah et Il te préservera. Préserve [les commandements d’]Allah et tu Le trouveras devant toi »[1].
5- De plus, l’une des composantes de l’éminente rétribution accordée par Allah à Ses alliés qu’Il aime et qui L’aiment est que lorsqu’ils L’invoquent, Il exauce leur invocation et leur accorde ce qu’ils Lui demandent, quelles que soient ces demandes. S’ils se réfugient auprès de lui parce qu’ils redoutent un mal ou un préjudice, il fait disparaître ce qu’ils redoutent et les prend sous Sa protection. Le Prophète ﷺ a dit : « Il y a parmi les serviteurs d’Allah certains qui, s’ils juraient par Allah, Il les affranchirait de leur serment et les exaucerait » [2]
6- Puis le Prophète ﷺ nous informe qu’Allah aime ce que le croyant aime et qu’Il déteste qu’il soit atteint par une chose qui lui fasse du mal, même la mort qu’Il a décrétée et voulue pour toutes Ses créatures. Il déteste en effet qu’elle atteigne Son serviteur croyant, car celui-ci ne l’aime pas et en a peur. Par conséquent, la mort est d’une part voulue par Allah et d’autre part détestée par Lui. C’est cela même l’hésitation, car Allah décrète la mort du serviteur alors qu’Il aime ce dernier et déteste lui faire du mal, contrairement au mécréant qu’Allah déteste et auquel Il veut faire du mal [3]
Par ailleurs, l’aversion pour la mort que ressent le serviteur vertueux est instinctive et est la même que celle présente chez tous les gens. En effet, ils redoutent la mort et ne l’aiment pas, mais lorsque le terme du croyant échoit, Allah le réjouit en lui annonçant quels sont les délices qui l’attendent dans l’au-delà. Dès lors, rien ne lui est plus cher que la mort. Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui aime à rencontrer Allah, Allah aime à le rencontrer. Celui qui à en détestation de rencontrer Allah, Allah à en détestation de le rencontrer ». ‘A’icha ou une autre de ses épouses lui dit : « Mais nous détestons la mort ». Le Prophète ﷺ dit alors : « Ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais lorsque le croyant est sur le point de mourir, on lui annonce l’agrément d’Allah et l’honneur qu’Il lui fera. Dès lors, rien ne lui sera plus cher que ce qui va lui arriver. Il a alors hâte de rencontrer Allah et Allah a hâte de le rencontrer. Lorsque le mécréant est sur le point de mourir, on lui annonce le supplice et le châtiment d’Allah qu’il subira. Dès lors, rien ne lui est plus détestable que ce qui va lui arriver. Il aura donc en détestation de rencontrer Allah et Allah aura en détestation de le rencontrer »[4].
1. (1) Celui qui voudrait se réfugier dans un lieu imprenable pensant qu’ainsi aucun mal ne pourra l’atteindre, qu’il se cramponne au câble d’Allah, car c’est le Dominateur qui se charge de défendre Ses alliés.
2. (1) Si Allah est avec toi, qui pourrait être contre toi et qui aurait la force de faire la guerre à Allah ?
3. (1) Il ne suffit pas de revendiquer être l’allié d’Allah pour l’être vraiment. On devient plutôt l’allié d’Allah en ayant la foi, en étant pieux et en s’en remettant comme il se doit à Allah. Sinon, on ne compte plus les malheureux qui prétendent être des alliés d’Allah.
4. (1) La voie unique pour devenir un allié d’Allah est de se conformer à Sa religion, celle révélée à Son Messager ﷺ. Les juifs et les chrétiens prétendent être les alliés d’Allah et ses bien-aimés alors qu’ils mécroient en Son Messager ﷺ et se détournent de Sa religion.
5. (1) Prends grandement garde de combattre les alliés d’Allah, car tu n’as pas du tout le pouvoir de combattre Allah.
6. (2) Si tu veux te rapprocher d’Allah et gagner Son amour, exécute ce qu’Il t’a ordonné d’accomplir et abstiens-toi de ce qu’Il t’a défendu, car l’amour authentique est d’être en phase avec le bien-aimé et de se soumettre à Ses ordres.
7. (2) Prends garde de prétendre aimer Allah alors que tu es distrait et que tu négliges d’obéir à ton bien-aimé. En effet, l’amoureux n’accepte que ce que son bien-aimé aime et agrée.
8. (2) ‘Omar Ibn ‘Abd Al-‘Aziz – qu’Allah lui fasse miséricorde – dit dans son discours : « La meilleure adoration est de s’acquitter des obligations et de s’abstenir des choses illicites, car Allah n’a imposé ces obligations à Ses serviteurs que pour les rapprocher de Lui et les faire bénéficier de Son agrément et de Sa miséricorde » [5].
9. (3) Rapproche-toi d’Allah en accomplissant diverses adorations surérogatoires et Sounane recommandées, car celui qui s’acquitte des obligations s’abstient des actes de désobéissance, et s’empresse d’accomplir ce qu’Allah ne lui a pas imposé, mais qu’Il aime, s’attire nécessairement Son amour.
10. (3) Ne néglige pas les adorations surérogatoires, car Allah fit l’éloge de Ses prophètes et de Ses alliés en disant :
Nous l’exauçâmes, lui donnâmes Yahya et guérîmes son épouse. Ils concouraient au bien et Nous invoquaient par amour et par crainte. Et ils étaient humbles devant Nous .
[Sourate Al-Anebiya : 90]
11. (3) Choisis pour toi-même un rang intermédiaire : entre celui des minimalistes qui ne se contentent que de s’acquitter des obligations et de s’abstenir de ce qui est défendu, et celui des précurseurs et pionniers qui atteignent le rang des alliés d’Allah aimés par Lui grâce à leur accomplissement assidu des adorations surérogatoires et à leur renoncement par précaution de ce qui est détestable et de ce qui les distrait de l’obéissance à Allah.
12. (3) Prends garde de croire que les adorations surérogatoires seules te seront bénéfiques et te rapprocheront de ton Seigneur alors que tu délaisses les adorations obligatoires. Au contraire, les adorations obligatoires sont nécessaires. En effet, Abou Bakr dit à ‘Omar Ibn Al-Khattab : « Allah – exalté soit-Il – n’accepte pas d’adoration surérogatoire avant que l’on se soit acquitté de l’adoration obligatoire » [6].
13. (4) Aimer Allah est ce dont le serviteur peut bénéficier de plus éminent. Dawoud – qu’Allah le protège – disait dans son invocation : « Ô Allah, je Te demande de T’aimer, d’aimer ceux qui T’aiment et d’aimer les œuvres qui me font aimer de Toi. Ô Allah, fais que l’amour que je Te voue soit plus intense que l’amour que je voue à moi-même, ma famille, ma richesse et l’eau fraîche » [7].
14. (4) Lorsque ton âme te vainc et te fait commettre un acte de désobéissance, rapproche-toi plus d’Allah en t’acquittant des adorations obligatoires et en accomplissant des adorations surérogatoires. Ainsi, il préservera ton âme et tes membres de commettre l’illicite. Tu ne seras alors tenté par aucun péché ni ne faibliras au point de commettre un acte de désobéissance.
15. (4) La rétribution est de même nature que l’œuvre rétribuée. Lorsque tu respectes les limites d’Allah et que tu exécutes ce qu’Il t’a ordonné, Il préservera pour toi tes sens. Si en revanche tu négliges Sa religion, Il te négligera à Son tour et t’abandonnera à toi-même et à ta passion.
16. (4) L’un des plus flagrants résultats de l’amour d’Allah pour le serviteur est qu’Il ordonne à toutes les créatures de l’aimer. Le Prophète ﷺ a dit : « Lorsque Allah aime un serviteur, Il appelle Jibril en disant : « Allah aime Untel, aime-le donc ». Jibril se met alors à l’aimer puis il appelle dans le ciel en disant : « Allah aime Untel, aimez-le donc ». Les habitants du ciel se mettent alors à l’aimer et on inspirera aux habitants de la terre de l’accepter » [8].
17. (5) Si tu veux que ton invocation soit exaucée, recours donc à la cause la plus efficace pour cela : mériter l’amour d’Allah en te rapprochant de Lui par des actes d’obéissance.
18. (5) Si tu t’aperçois que ton invocation est suspendue et n’est pas acceptée malgré ton insistance auprès de ton Seigneur, mets plus de chance de ton côté en te rapprochant de Lui davantage et sache que tu n’as pas encore atteint le rang des alliés d’Allah.
19. (5) Celui qui recourt à Allah et se prémunit en Lui obéissant et en se rapprochant de Lui, Allah lui accorde Sa protection contre tout préjudice et le défait de tout mal.
20. (5) Allah dit :
En vérité, les bien-aimés d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés .
[Sourate Younous : 62]
Qu’est-ce qui attristerait celui qui a Allah avec lui et qu’est- ce qui pourrait lui fairer peur ? N’as-tu pas en effet entendu les paroles du Prophète ﷺ à son Compagnon Abou Bakr :
Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous.
[Sourate At-Tawba : 40]
21. (6) Allah – exalté soit-Il – déteste faire du mal à Son serviteur croyant. Comment celui-ci se permettrait-il donc de montrer à son Seigneur les actes de désobéissance qu’Il déteste ?
22. (6) L’hésitation est une déficience qu’on ne doit pas attribuer à Allah. Sa signification dans ce hadith est qu’Allah veut une chose et la déteste en même temps sans que cela ne soit accompagné de perplexité comme cela est le cas chez l’être humain hésitant. Exclus donc qu’Allah possède des attributs de déficience.
23. Il y a dans ce hadith l’affirmation que l’amour et la détestation sont des attributs d’Allah. Nous les reconnaissons donc sans chercher à en définir le comment, à les interpréter ou à les nier.
24. Un poète a dit : Tu désobéis au Seigneur alors que tu manifestes de l’amour pour Lui, ceci est impensable et aucune analogie ne peut l’expliquer. Si ton amour était sincère, tu Lui aurais obéi, car l’amoureux obéit à son bien-aimé. Chaque jour Il commence par te gratifier d’un bienfait et toi tu négliges d’être reconnaissant.
Références
1. Ahmad (2669) et At-Tirmidhi (2516).
2. Al-Boukhari (2703) et Moslim (1675).
3. Voir Majmou’ Al-Fatawa d’Ibn Taymiyya (18/130).
4. Al-Boukhari (6507) et Moslim (2683).
5. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/336).
6. Voir Az-Zuhd de Hannad Ibn As-Sari (1/284).
7. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/340).
8. Al-Boukhari (7485) et Moslim (2637).
1- Ibn Mas’oud demande au Prophète quelle est l’ œuvre la plus aimée d’ Allah afin qu’ il l’accomplisse souvent et qu’il lui donne la priorité par rapport aux autres œuvres et actes qui permettent au serviteur de se rapprocher d’Allah. Le Prophète l’ informa que la meilleure de ces œuvres est d’accomplir la prière à l’heure. En effet, la prière estun pilier de l’Islam et c’ est le fondement de la relation entre le serviteur et son Seigneur, ainsi que le deuxième des piliers de la religion. C’est pourquoi l’accomplir dans le temps qui est imposé par Allah est l’œuvre qu’Il aime le
lus. Par ailleurs, Allah fit l’éloge de Ses serviteurs croyants en disant d’eux qu’ils sont assidus dans leur prière et l’accomplissent comme il se doit.
Allah dit :
﴾Bienheureux sont certes les croyants, ceux qui sont humbles dans leur prière, qui se détournent des futilités, qui s’acquittent de l’aumône légale, et qui préservent leurs sexes [de tout rapport], si ce n’est qu’avec leurs épouses ou les esclaves qu’ils possèdent, car là vraiment, on ne peut les blâmer ; alors que ceux qui cherchent au- delà de ces limites sont des transgresseurs ; et qui veillent à la sauvegarde des dépôts confiés à eux et honorent leurs engagements, et qui observent strictement leur prière. Ce sont eux les héritiers, qui hériteront le Paradis pour y demeurer éternellement﴿
[Sourate Al-Mou’minoune : 1-11].
Allah les qualifie ainsi de personnes qui se recueillent dans la prière et qui l’accomplissent avec assiduité. À l’inverse, Allah menaça celui qui néglige sa prière et l’accomplit en retard lorsqu’Il dit :
﴾Puis leur succédèrent des générations qui délaissèrent la prière et suivirent leurs passions. Ils se trouveront en perdition﴿
[Sourate Maryam : 59]
. Les exégèses dirent : Ils négligèrent les horaires des prières, car s’ils avaient complètement délaissé la prière, ils seraient devenus mécréants [1].
2- Puis Ibn Mas’oud demanda quelle est la meilleure œuvre après l’accomplissement de la prière en son temps et le Prophète ﷺ lui répondit que c’est la piété filiale. En effet, Allah donna une importance appuyée aux parents et associa la bienfaisance envers eux à Son adoration et à la proclamation de Son unicité dans plus d’un passage du Coran, comme dans Ses paroles :
﴾Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère ﴿
[Sourate An-Nissa : 36]
et Ses paroles :
﴾Dis : Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos père et mère﴿
[Sourate Al- An’ame : 151].
La piété filiale consiste à être bienfaisant envers ses parents, à vivre convenablement avec eux, à leur être de bon conseil, à être à leur service et à ne pas leur désobéir.
Allah dit :
﴾Et ton Seigneur a décrété : « N’adorez que Lui ; et (marquez) de la bonté envers les père et mère : si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point : « Fi ! » et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses et par miséricorde, abaisse pour eux l’aile de l’humilité, et dis : « Ô mon Seigneur, fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit »﴿ .
[Sourate Al-Isra : 23-24]
Par ailleurs, le Prophète ﷺ nous informa que l’impiété filiale fait partie des péchés capitaux. Il demanda une fois à trois reprises : « Voulez-vous que je vous informe des péchés capitaux les plus graves ? ». On lui répondit : « Oui, ô Messager d’Allah ». Il dit alors : « Associer une divinité à Allah, l’impiété filiale… ». Puis il se mit en position assise après avoir été adossé et dit : « …et proférer des faussetés ». Il ne cessa de répéter cela au point que nous dîmes : Si seulement il arrêtait [2].
3- Ibn Mas’oud demanda ensuite quelle est l’œuvre la plus aimée d’Allah après la prière en son temps puis la piété filiale et le Prophète ﷺ lui répondit que c’est la lutte pour la cause d’Allah. La lutte (jihad) pour la cause d’Allah consiste à combattre les mécréants pour lever haut la parole d’Allah et pour que les rites de l’Islam soient accomplis ostensiblement, en dépensant de sa personne et de ses richesses. Elle est le sommet de la bosse de l’Islam, c’est grâce à elle que l’étendard de la religion est levé et que la parole est hissée haut jusqu’à la survenue de l’Heure, et c’est par son moyen qu’Allah rend les croyants puissants et humilie Ses ennemis. Allah fit l’éloges de ceux qui luttent pour la cause d’Allah en disant :
﴾Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d’Allah ; ils tuent, et ils se font tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l’Évangile et le Coran. Et qui est plus fidèle qu’Allah à son engagement ? Réjouissez-vous donc de l’échange que vous avez fait : Et c’est là le très grand succès﴿
[Sourate At-Tawba : 111]
Pour sa part, le Prophète ﷺ nous informa qu’aucune œuvre n’est aussi bien rétribuée que la lutte pour la cause d’Allah. Un homme se rendit auprès du Messager d’Allah ﷺ et lui demanda : « Indique-moi
une œuvre qui est équivalente à la lutte pour la cause d’Allah ? ». Le Prophète ﷺ répondit : « Je n’en connais pas ». Puis il lui dit : « Peux-tu, lorsqu’un combattant part combattre, entrer dans ton lieu de prière et prier sans interruption, et jeûner sans rompre ton jeûne ? ». L’homme s’étonna : « Et qui pourrait faire cela ? » [3].
4- Puis ‘Abd Allah Ibn Mas’oud affirme qu’il s’est contenté de ces œuvres dont l’a informé le Messager d’Allah ﷺ et que s’il avait continué de lui poser des questions, il l’aurait informé d’autres œuvres, mais il ne s’est arrêté que pour ne pas importuner le Prophète ﷺ.
1. (1) Les Compagnons – qu’Allah a agréés – s’efforçaient d’exploiter leur temps pour accomplir des actes d’obéissance et ils se souciaient d’interroger le Prophète ﷺ sur les adorations aimées et préférées d’Allah et celles qui font mériter le plus de rétributions et de récompenses. Chaque musulman gagnerait à prendre exemple sur eux.
2. (1) Plus d’un Compagnon interrogea le Prophète ﷺ sur les œuvres les plus aimées d’Allah et à chacun d’entre eux il donnait une réponse différente en raison de la diversité des situations et des personnes. En effet, il répondait à chacun selon ce qu’il nécessite et ce qui lui est adapté. Les prédicateurs, les savants et les éducateurs doivent tenir compte des situations des gens et de leurs natures lorsqu’ils émettent des fatwas et délivrent des exhortations.
3. (1) Le Prophète ﷺ veillait à accomplir la prière en son temps, au point que lorsque les polythéistes l’assiégèrent lors de la bataille du Fossé, il dit : « Qu’Allah remplisse leurs demeures et leurs tombes de feu, ils nous ont distraits de la prière médiane jusqu’à ce que le soleil se lève » [4]. Et pourtant, il avait une excuse pour retarder l’accomplissement de la prière. Que dire donc de ceux qui négligent la prière sans excuse religieusement valide ?
4. (1) Ibn Mas’oud posa plusieurs questions au Prophète ﷺ en une seule séance et le Prophète ﷺ ne lui manifesta ni impatience ni exaspération. Il convient donc que les prédicateurs et les savants se parent de patience et d’indulgence lorsqu’ils ont affaire aux gens.
5. (2) La piété filiale fait partie des plus importants actes qui permettent de se rapprocher d’Allah. Que celui dont les deux parents sont en vie ou même un seul, profite de cela et se rapproche d’Allah en étant bon envers eux.
6. (2) La piété filiale expie les péchés. Ibn ‘Omar – Allah a agréé les deux hommes – rapporte qu’un homme se rendit auprès du Prophète ﷺ et lui dit : « Ô Messager d’Allah, j’ai commis un immense péché. Ai-je la possibilité de me repentir ? ». Le Prophète ﷺ lui demanda : « Ta mère est-elle en vie ? » Non, répondit l’homme. Le Prophète ﷺ lui demanda ensuite : « As-tu une tante maternelle vivante ? ». Oui, répondit l’homme. Le Prophète lui dit alors : « Sois bon envers elle » [5].
7. (3) La lutte pour la cause d’Allah fait partie des œuvres et actes qui permettent de se rapprocher d’Allah et aucune œuvre ne lui est semblable. On demanda au Prophète ﷺ : « Qui est le meilleur des gens ? ». Il répondit : « Un croyant qui lutte pour la cause d’Allah avec sa vie et ses biens » [6].
8. (3) Fournir des efforts et dépenser pour diffuser la religion d’Allah, transmettre l’appel d’Allah aux gens, ainsi qu’ordonner le convenable et défendre le blâmable font partie de la lutte pour la cause d’Allah.
9. (4) Il convient que chacun ait de l’égard pour les juristes et les gens de science en ne les accablant pas de questions et en ne les exténuant pas à force d’interrogations. On doit plutôt être concis et tenir compte des moments où ils sont fatigués, peu actifs, etc.
Références
1. Voir l’exégèse du Coran par Ibn Kathir (5/243).
2. Al-Boukhari (2654) et Moslim (87).
3. Al-Boukhari (2785) et Moslim (1878).
4. Al-Boukhari (2931) et Moslim (627).
5. At-Tirmidhi (1904).
6.Al-Boukhari (2786) et Moslim (1888).
1- Le Prophète ﷺ mentionne quelle est la rétribution méritée pour aider les gens à satisfaire leurs besoins et alléger leurs peines. Il affirme ainsi que celui qui décharge un croyant d’une immense détresse, Allah le déchargera d’une terreur du Jour de la Résurrection. Allah dit :
﴾Ô hommes ! Craignez votre Seigneur. Le séisme [qui précédera] l’Heure est une chose terrible. Le jour où vous le verrez, toute nourrice oubliera ce qu’elle allaitait, et toute femelle enceinte avortera de ce qu’elle portait. Et tu verras les gens ivres, alors qu’ils ne le sont pas. Mais le châtiment d’Allah est dur﴿
[Sourate Fatir : 1-2]
2- Celui qui accorde une facilité à un débiteur incapable de rembourser sa dette en lui concédant un délai supplémentaire, en effaçant sa dette en totalité ou en partie, ou en lui donnant ce qui le sort de sa difficulté, sa rétribution sera qu’Allah lui facilite ses affaires. Ainsi, il ne passe pas par une difficulté ni ne fait face à une adversité dans le bas monde sans qu’Allah ne la lui facilite. De plus, Allah facilitera également sa reddition des comptes, et lui fera alors miséricorde et lui pardonnera. Allah dit :
﴾A celui qui est dans la gêne, accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance. Mais il est mieux pour vous de faire remise de la dette par charité ! Si vous saviez !﴿
[Sourate Al- Baqara : 280]
. Le Prophète ﷺ a, pour sa part, dit : « Il y avait un commerçant qui faisait crédit aux gens et lorsqu’il voyait un client en difficulté, il disait à ses employés : Effacez sa dette, puisse Allah effacer nos péchés. Et Allah effaça effectivement ses péchés » [1].
3- Celui qui couvre un musulman, Allah le couvrira dans ce bas monde en ne le démasquant pas devant les gens et en ne leur dévoilant pas ses faiblesses ni ses péchés et méfaits. Puis dans l’au-delà, Il l’abritera de Sa protection (c’est-à-dire de Son voile et Sa miséricorde) de manière à ce que personne n’entende rien de sa reddition des comptes. Le Prophète ﷺ a dit : « Allah rapprochera le croyant et l’abritera de Sa protection et le couvrira. Il lui demandera : Reconnais-tu tel péché ? Reconnais-tu tel autre péché ? Le serviteur répondra : Oui Seigneur. Puis lorsqu’Il lui fera avouer ses péchés et que le serviteur croira qu’il est perdu, Allah dira : Je les ai couverts pour toi dans le bas monde et Je te les pardonne aujourd’hui. On lui remettra alors le livre de ses bonnes actions. Quant aux mécréants et aux hypocrites, les témoins diront à leur sujet :
﴾« Voilà ceux qui ont menti contre leur Seigneur ». Que la malédiction d’Allah (frappe) les injustes﴿.
[Sourate Houd : 18] » [2]
Par ailleurs, couvrir son frère musulman correspond à deux catégories. La première est de couvrir sa nudité physique en lui donnant ce dont il se vêtit et couvre son corps. La seconde est de couvrir sa nudité morale qui désigne les péchés. Ainsi, lorsqu’un musulman voit son frère commettre un péché, il doit lui signifier sa désapprobation et le conseiller pour satisfaire Allah. Puis après cela, il ne lui est pas permis de le dévoiler et de crier sur les toits qu’il a commis un péché. Il doit plutôt le couvrir et invoquer qu’Allah le guide. Allah dit :
﴾Ceux qui aiment que la turpitude se propage parmi les croyants auront un châtiment douloureux, ici-bas comme dans l’au-delà﴿.
[Sourate An-Nour : 19]
Pour sa part, le Prophète ﷺ a dit : « Ô ensemble de ceux qui ont cru par la parole et dont la foi ne s’est pas introduite dans les cœurs, ne médisez pas des musulmans et ne soyez pas à l’affût de leurs faiblesses, car celui qui est à l’affût de leurs faiblesses, Allah sera à l’affût de sa faiblesse. Or celui dont Allah est à l’affût des faiblesses, Allah le démasque fut-il à l’abri dans sa demeure » [3].
En outre, les pécheurs appartiennent à deux catégories. La première est celle du pécheur couvert dont on ne connaît pas le péché et qui ne s’en vante pas, c’est celui-là qu’il est obligatoire de couvrir. C’est pourquoi le Prophète ﷺ refusa d’exécuter une peine sur un homme qui lui dit : J’ai transgressé une limite, exécute sur moi la peine prévue. Le Prophète ﷺ ne lui demanda pas quel péché il avait commis, mais lui demanda plutôt : « Ne pries-tu pas avec nous ? ». Oui, répondit l’homme. Le Prophète ﷺ lui dit : « Allah t’a alors pardonné ton péché – ou bien : ta transgression »[4].
La deuxième catégorie est celle du pécheur qui se vante de ses péchés et qui ne se soucie pas de la gravité des péchés qu’il commet. Ce pécheur ne doit pas être couvert, mais son cas doit plutôt être soumis au dirigeant afin de faire cesser son mal et de dissuader ses semblables [5].
4. Puis le Prophète ﷺ nous informe qu’Allah aide le musulman tant que celui-ci s’efforce d’aider son frère. Le Prophète ﷺ dit dans un autre hadith : « Celui qui satisfait le besoin de son frère, Allah satisfait son besoin »[6]. Il dit également : « Celui qu’Allah aime le plus parmi les gens est celui qui est le plus bénéfique aux gens, et l’œuvre la plus aimée par Allah – exalté soit-Il – c’est de réjouir un musulman en le soulageant d’un malheur, en remboursant sa dette ou en apaisant sa faim. Il est préférable pour moi d’aller avec un frère pour satisfaire l’un de ses besoins plutôt que de me retirer dans cette mosquée – soit la Mosquée de Médine –un mois durant… et celui qui va avec son frère pour satisfaire un de ses besoins jusqu’à effectivement le satisfaire, Allah raffermira ses pieds le jour où les pieds flancheront »[7].
5- Le Prophète ﷺ explicite ensuite le mérite de celui qui étudie la science et nous informe que lorsque le serviteur emprunte un chemin par lequel il recherche une science, Allah lui facilite pour cela un chemin qui le mènera au Paradis. En effet, la science fait prendre conscience au cœur de l’éminence et du pouvoir d’Allah et lui fait comprendre les jugements religieux relatifs au licite et à l’illicite. Il se met alors à les mettre en pratique, espérant ainsi le pardon et l’agrément d’Allah. Le mot chemin est indéterminé, car il englobe tous les chemins concrets qui consistent à se déplacer de la demeure vers la mosquée, l’école, l’université, le centre ou autre ainsi que le voyage effectué pour acquérir la science auprès des savants, de même qu’il englobe les chemins abstraits qui consistent à effectuer des recherches dans les livres, consulter des sites internet et les pages des savants, ainsi que le fait d’étudier et de réviser la science à partir de ses sources. Tous ces chemins font partie des voies par lesquelles on emprunte le chemin de la science [8].
De même, le mot science est indéterminé, car il englobe toutes les subdivisions de la science sans qu’il ne soit limité à l’étude de la science religieuse, même si elle est supérieure et fait mériter une plus grande rétribution, et englobe la petite quantité de science comme la grande quantité de science. Ainsi, celui qui emprunte un chemin par lequel il recherche le jugement relatif à une seule problématique obtiendra la rétribution mentionnée [9].
6. Puis le Prophète ﷺ nous informe du mérite de se réunir dans les mosquées pour réciter et réviser le Coran, car la sérénité descend sur ceux qui s’y réunissent, la miséricorde les englobe, les anges les entourent de toutes parts afin de préserver leur assemblée contre les démons et Allah les mentionne parmi les habitants du ciel avec les anges. Allah dit à ce propos :
﴾Dans des maisons [des mosquées] qu’Allah a permis que l’on élève, et où Son Nom est invoqué ; Le glorifient en elles matin et après- midi, des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l’invocation d’Allah, de l’accomplissement de la prière et de l’acquittement de l’aumône légale, et qui redoutent un Jour où les cœurs seront bouleversés ainsi que les regards. Afin qu’Allah les récompense de la meilleure façon pour ce qu’ils ont fait [de bien]. Et Il leur ajoutera de Sa grâce. Allah attribue à qui Il veut sans compter﴿ .
[Sourate An-Nour : 36-38]
7. Enfin, le Prophète ﷺ affirme que ce sont les œuvres dont il sera tenu compte et non des lignées le Jour de la Résurrection. Ainsi, celui dont les œuvres ne suffisent pas pour échapper au Feu et entrer au Paradis, sa lignée ne lui sera d’aucune utilité, même s’il est le descendant d’un prophète. Sinon, la lignée aurait été bénéfique au père d’Ibrahim Al-Khalil, au fils et à l’épouse du premier des messagers Nouh, à l’épouse de Lot, aux parents du Prophète ﷺ et à son oncle partenel Abou Talib ainsi qu’à d’autres personnes. Allah dit :
﴾Puis quand on soufflera dans la Trompe, il n’y aura plus de parenté entre eux ce jour-là, et ils ne se poseront pas de questions. Ceux dont la balance est lourde seront les bienheureux ; et ceux dont la balance est légère seront ceux qui ont ruiné leurs propres âmes et ils demeureront éternellement dans l’Enfer. Le feu brûlera leurs visages et ils auront les lèvres crispées﴿
[Sourate Al-Mou’minoune : 101-104].
1. (1) La rétribution est de même nature que l’œuvre rétribuée. Ainsi, celui qui soulage son frère d’un malheur, Allah le soulagera, celui qui fait miséricorde aux gens, Allah lui fera miséricorde, celui qui accable les gens, Allah l’accablera, et celui qui couvre les gens sera couvert. Choisis donc ce que tu veux pour toi-même.
2. (1) Que les malheurs seront nombreux le Jour de la Résurrection ! Le Pont Sirat, la Reddition des Comptes, l’éparpillement des feuillets, l’exposition au Feu, etc. Que notre besoin est grand de soulager les malheurs des gens dans l’espoir qu’Allah nous soulage de ces immenses détresses !
3. (2) Être conciliant avec les débiteurs en difficulté est une des bonnes œuvres qui sauvent le serviteur le Jour de la Résurrection. Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui aimerait être sauvé par Allah des malheurs du Jour de la Résurrection, qu’il facilite au débiteur en difficulté de payer sa dette ou qu’il en renonce à une partie » [10].
4. (2) Rembourser les dettes des débiteurs en difficulté et les en dégager est une cause de pardon des péchés. Le Prophète ﷺ a dit : « Un homme faisant partie des peuples qui vous ont précédés, rendit des comptes et on ne lui trouva aucune bonne œuvre si ce n’est qu’il était aimable avec les gens et conciliant dans ses transactions en ordonnant à ses employés d’effacer les dettes des débiteurs en difficulté. Allah – exalté soit-Il – dit : Nous sommes plus en droit d’effacer les péchés, effacez donc ses péchés »[11].
5. (3) Préserve ta langue et tes yeux de s’impliquer dans les défauts et les faiblesses des gens et Allah préservera tes faiblesses en ne permettant à personne de les dévoiler.
6. (3) Un prédécesseur a dit : « J’ai connu des gens qui n’avaient pas de défauts puis lorsqu’ils parlèrent des défauts des gens, les gens se mirent à parler des leurs. J’ai aussi connu des gens qui avaient des défauts puis qui s’abstinrent de parler de ceux des gens, et alors leurs défauts furent oubliés ».
7. (3) Il est obligatoire de couvrir les musulmans qui ne sont pas connus pour désobéir à Allah après les avoir conseillés et leur avoir signifié convenablement sa désapprobation. Un ministre vertueux dit à quelqu’un qui ordonnait ce qui est convenable : « Efforce-toi de couvrir les désobéissants, car divulguer leurs actes de désobéissance est un défaut qui entache les disciples de l’Islam. Ce qui est prioritaire est donc de couvrir les défauts d’autrui » [12].
8. (3) Lorsque le musulman commet abusivement des actes de désobéissance au point qu’il ne s’en soucie plus, il n’est pas permis de le couvrir, mais il est plutôt obligatoire de soumettre son cas au détenteur de l’autorité afin d’appliquer sur lui la peine qu’il mérite. Il débarrassera ainsi les gens de son mal et cela dissuadera ses semblables.
9. (3) Lorsque les gens ont besoin de dévoiler certains transgresseurs qui ne se vantent pas de leurs actes de désobéissance, alors cela leur est permis, comme dans le cas où le transgresseur est témoin dans une affaire, dépositaire d’un legs pieux, ou autre.
10. (3) Un poète a dit : Si tu veux vivre en gardant ta religion saine, ta part dans l’au-delà intacte et ton honneur sauf, Ne mentionne avec ta langue aucune faiblesse d’une personne, car toi aussi tu as des faiblesses et les gens ont aussi des langues. Et lorsque ton œil te fait voir les défauts des gens, dis : Ô mon œil, les gens ont aussi des yeux. Fréquente convenablement les gens et évite les transgresseurs et sépare-toi d’eux, mais de la meilleure des façons.
11. (4) Le Prophète ﷺ aimait satisfaire les besoins des gens et disait : « Que celui d’entre vous qui a la possibilité d’être bénéfique à son frère le fasse » [13]. Il arrivait qu’une petite fille le prenne par la main et l’emmène là où elle voulait [14] et ses Compagnons – qu’Allah a agréés – l’imitaient en cela. Ainsi, Abou Bakr dépensa sa richesse pour la cause d’Allah et ‘Omar s’enquérait de la situation des veuves la nuit. ‘Othmane pour sa part acheta le puits de Rouma et en fit un legs pieux mis à la disposition des musulmans. Que celui qui recherche des modèles prenne exemple sur le Prophète ﷺ et ses Compagnons.
12. (4) Al-Hasane Al-Basri – qu’Allah lui fasse miséricorde – envoya certains de ses amis satisfaire le besoin d’un homme et leur dit : « Passez chez Thabit Al-Bounani et prenez-le avec vous ». Arrivé chez Thabit, celui-ci leur dit : « Je suis en retraite spirituel ». Ils retournèrent donc auprès d’Al- Hasane et l’informèrent de cela. Il leur demanda de lui dire : « Ô A’mach, ne sais-tu pas que t’affairer pour satisfaire le besoin de ton frère est meilleur pour toi qu’un pèlerinage faisant suite à un autre pèlerinage ?! ». Ils retournèrent alors chez Thabit qui interrompit sa retraite spirituelle et les accompagna.
13. (5) Le Prophète ﷺ promit que l’entrée au Paradis sera facilitée à celui qui étudie la science. Ainsi, que celui qui veut entrer au Paradis emprunte la voie des savants.
14. (6) Allah accorda comme rétribution à ceux qui se réunissent dans Sa maison la quiétude qui descend sur eux. De plus, les anges les entourent, la miséricorde les englobe et Allah – exalté soit-Il – les mentionne parmi ceux qui sont auprès de Lui. Quelle rétribution est plus grandiose que celle- là ?
15. (6) Imagine que ton Seigneur te mentionne par ton nom et ta description et qu’Il te vante auprès des anges en disant : Mon serviteur Untel m’évoque. C’est un mérite immense et un rang élevé qui s’obtient en échange d’une œuvre facile à la portée de tout musulman.
16. Un poète a dit : Si la science ne t’est d’aucun avantage, alors il aurait été préférable que tu sois ignorant. Et si ta compréhension te jetait dans des abîmes, si seulement alors tu n’avais rien compris. L’impuissance te fera récolter l’ignorance et tu paraîtras petit aux yeux des autres bien que tu grandisses.
17. (7) Prends garde à croire que la noblesse de ta lignée t’avantagera dans l’au-delà. Soit tu accomplis de bonnes œuvres et tu seras sauvé, soit tu accomplis de mauvaises œuvres et tu seras perdu. Lorsque Allah révéla Ses paroles :
﴾Et avertis les gens qui te sont les plus proches﴿
[Sourate Ach-Chou’ara : 214]
, le Prophète ﷺ se leva et dit : « Ô ensemble des Qouraychites, rachetez vos âmes, car je ne peux rien pour vous auprès d’Allah. Ô les Banou ‘Abd Manaf, je ne peux rien pour vous auprès d’Allah. Ô ‘Abbass Ibn ‘Abd Al-Mouttalib, je ne peux rien pour toi auprès d’Allah. Ô Safiyya tante paternelle du Messager d’Allah, je ne peux rien pour toi auprès d’Allah. Ô Fatima, fille de Mohammad, demande-moi ce que tu veux de mes biens, mais je ne peux rien pour toi auprès d’Allah » [15].
18. (7) Un poète a dit : Je fais serment que l’être humain n’a de valeur que par sa religion, ne délaisse donc pas la piété pour t’en remettre à ta lignée. L’Islam a élevé Salmane le Perse, alors que l’associationnisme a rabaissé le damné Abou Lahab
Références
1. Al-Boukhari (2078) et Moslim (1562).
2. Al-Boukhari (2441) et Moslim (2768).
3. Ahmad (20014) et Abou Dawoud (4880).
4. Al-Boukhari (6823) et Moslim (2764).
5. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/291-293).
6. Al-Boukhari (2442) et Moslim (2580).
7. At-Tabarâni dans Al-Mou’jam Al-Awsat (6026).
8. Voir le commentaire de Riyâd As-Sâlihin d’Ibn ‘Outhaymin (5/433-434).
9. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Hajar Al-’Asqalani (1/160).
10. Moslim (1563).
11 Moslim (1561).
12. Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (2/291-293).
13 Moslim (2199).
14. Al-Boukhari (6072).
15. Al-Boukhari (2753) et Moslim (204).
1- Le Prophète assure que la purification, qui désigne en général l’ hygiène dont font partie les ablutions pour la prière et l’accomplissement des adorations, représente la moitié de la foi. Comme il est ordonné au musulman de purifier son corps et son for intérieur, la purification du corps est donc la moitié de cela. Il est aussi possible que le terme foi désigne la prière, comme lorsque Allah dit :
Et ce n’ est pas Allah qui vous fera perdre [la récompense de] votre foi
[Sourate Al-Baqara : 143]
le terme foi désignant ici la prière. La purification est la moitié de la prière, car elle est une condition sans laquelle la prière n’est pas valide.
2- Par ailleurs, la pureté est une des adorations les plus éminentes et un des actes les plus prestigieux permettant au serviteur de se rapprocher d’Allah.
Allah dit en effet :
﴾Allah aime ceux qui se repentent et Il aime ceux qui se purifient﴿
[Sourate Al-Baqara : 222]
. Ceci démontre que les œuvres sont inclues dans la foi et que celle-ci augmente lorsqu’on obéit à Allah et diminue lorsqu’on Lui désobéit. 2- Le Prophète ﷺ nous informe ensuite que lorsque le serviteur dit : « Louange à Allah » cela remplira sa balance le Jour de la Résurrection en raison de l’immensité de la récompense méritée pour cela, la louange étant de faire l’éloge d’Allah.
La balance est un objet qu’Allah a apprêté et qui servira à peser les œuvres des serviteurs le Jour de la Résurrection. Cette balance a deux plateaux : les bonnes actions du serviteur seront posées sur un des plateaux et ses mauvaises actions sur l’autre. Si c’est le plateau des bonnes actions qui descend, le serviteur fait partie de ceux qui auront réussi, sinon il sera déçu et perdant. Allah dit :
﴾Et la pesée, ce jour-là, sera équitable. Donc, celui dont les bonnes actions pèseront lourd... voilà ceux qui réussiront ! Et quant à celui dont les bonnes actions pèseront léger... voilà ceux qui auront causé la perte de leurs âmes parce qu’ils étaient injustes envers Nos enseignements﴿ .
[Sourate Al-A’raf : 8-9]
3- Il nous informe ensuite que lorsque le serviteur dit : « Gloire et Pureté à Allah » et « Louange à Allah » – la première formule signifiant que l’on exclut toute déficience et tout défaut concernant Allah – il mérite une récompense immense, au point que si cette récompense était un corps matériel, elle remplirait l’espace entre le ciel et la terre. Ainsi, la récompense méritée pour prononcer la formule « Louange à Allah » remplit la balance, maintenant si le serviteur la fait suivre de la formule « Gloire et Pureté à Allah », la récompense augmente au point de remplir l’espace entre le ciel et la terre. Ceci, car le serviteur fait l’éloge de son Seigneur comme Il le mérite et Lui exclut toute déficience et tout défaut [1].
4- Puis le Prophète ﷺ nous informe que la prière est une lumière qui guide le serviteur vers le vrai. Ainsi, le cœur de celui qui est assidu dans sa prière se remplit des lumières de la sagesse, de la guidée et de la connaissance et de ce fait, la prière et les turpitudes ne peuvent coexister chez une même personne.
Allah dit :
﴾En vérité la prière préserve de la turpitude et du blâmable﴿
[Sourate Al- ’Ane’kaboute : 45].
5- Faire l’aumône est une preuve de sincérité de la foi du serviteur, car l’amour de la richesse est inné chez l’être humain et lorsque son âme lui permet d’en faire don, c’est un signe de sa foi. C’est aussi une preuve et un argument en sa faveur lorsqu’il comparaîtra face à Allah le Jour de la Résurrection et qu’on lui demandera comment il a dépensé sa richesse [2].
6- La patience – sous toutes ses formes : dans l’obéissance à Allah, dans l’abstention de Lui désobéir, face à Ses décrets – est une clarté grâce à laquelle le serviteur distingue la voie de la droiture.
7- Le Coran est soit un argument en ta faveur qui te sera utile le Jour de la Résurrection lorsque tu comparaîtras face à Allah, car tu l’as lu, tu y as cru et tu as tiré profit de ce qu’il contient, soit un argument en ta défaveur, car tu t’en es détourné et tu as refusé de le mettre en pratique.
8- Le Prophète ﷺ conclut ensuite ses paroles en affirmant que les gens s’efforcent tous de réaliser leurs intérêts – en parlant ici du départ tôt le matin au moment où les gens partent rechercher leur subsistance. Soit les efforts de l’individu sont conformes à la religion et de ce fait, il vend son âme à Allah, la libère et la sauve du châtiment d’Allah. Allah dit :
﴾Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis﴿
[Sourate At-Tawba : 111]
Soit ses efforts sont conformes à sa passion et contreviennent à l’ordre d’Allah. De ce fait, il vend son âme à Satan, la mène à sa perte et lui fait mériter le châtiment.
Références
1. Voir Al-Moufhim Lima Achkal Mine Talkhisse Kitab Moslim d’Abou Al-’Abbas Al-Qourtoubi (3/102)
2. Voir Dalil Al-Falihine Li-Tourouq Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Illane (1/150).
3. Al-Boukhari (136) et Moslim (246).
4. Ahmad (6626).
1- Le Prophète ﷺ nous informe au sujet de sept catégories de croyants qui méritent qu’Allah les abrite sous Son ombre le Jour de la Résurrection, le jour où il n’y aura pas d’autre ombre ou abri protégeant le serviteur de la chaleur du soleil qui approchera des têtes des gens, que la sienne. Cela ne signifie pas qu’ils seront à l’ombre du Tout Miséricordieux au sens propre, car cela impliquerait que le soleil soit au-dessus du Seigneur de l’univers et ceci est faux. Cela signifie plutôt qu’Allah créera pour eux quelque chose sous lequel ils s’abriteront ou bien qu’ils seront à l’abri de Sa miséricorde, de Sa sécurité et de Sa sollicitude. Attribuer une ombre à Allah ou à Son Trône est une marque d’honneur, d’hommage le rapprochant de Lui [1]. En outre, ce hadith ne signifie pas non plus que ceux qui bénéficieront de l’ombre d’Allah seront restreints à ces catégories, puisqu’il existe de nombreux hadiths selon lesquels d’autres catégories que ces sept-là seront abritées par l’ombre du Tout Miséricordieux, comme le hadith dans lequel le Prophète ﷺ dit : « Celui qui accorde un délai supplémentaire à un débiteur en difficulté ou diminue de sa dette, Allah l’abritera sous Son ombre » [2]. La finalité du présent hadith est donc d’énumérer certaines de ces catégories et non leur totalité.
2- La première catégorie est celle du dirigeant équitable qui est celui qui tranche avec justice les affaires de ses sujets. Cette catégorie inclut le dirigeant, ses délégués dans l’autorité et la responsabilité, que celles-ci soient importantes ou minimes. Elle inclut même le juge qui tranche entre deux parties en toute équité ainsi que le chef de famille qui prend convenablement et équitablement soin des membres de sa famille.
Le Prophète ﷺ commença par le dirigeant équitable, car il mérite le plus qu’on commence par lui, puisqu’il sera le plus proche d’Allah le Jour de la Résurrection. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Certes les justes seront auprès d’Allah sur des minbars de lumière à la droite du Tout Miséricordieux, et chacune de ses deux mains est droite. Ce sont ceux qui sont justes dans leurs jugements, dans leurs familles et dans l’autorité qui leur a été donnée » [3] . Ceci est sa récompense pour s’être opposé à sa passion et s’être patiemment abstenu d’exécuter ce qui lui est dicté par ses désirs, sa convoitise et sa colère bien qu’il ait le pouvoir d’atteindre sa finalité. En effet, le dirigeant équitable est invité par le bas monde dans sa totalité à en jouir, mais il lui répond : Je crains Allah le Seigneur de l’univers. Par son attitude, il est le plus bénéfique des gens aux serviteurs d’Allah et lorsqu’il est vertueux tous ses sujets deviennent vertueux [4].
3- Puis le Prophète ﷺ mentionna le jeune qui grandit dans l’obéissance à Allah. Il mentionna spécifiquement ce jeune, car les jeunes sont susceptibles d’avoir des désirs et de commettre des actes de désobéissance, fourvoyés qu’ils sont par leur force, leur bonne santé et leur solide constitution. Ce sont en effet des motifs incitant l’âme à satisfaire ses désirs dans ce bas monde et à s’adonner aux plaisirs interdits [5]. Il en est autrement de la personne âgée qui voit ses cheveux blanchir, la faiblesse le gagner et la mort approcher, ce qui le rapproche de l’adoration et l’éloigne des actes de désobéissance. Ainsi, lorsque, par crainte, le jeune se détourne des tentations pour obéir à Allah, il atteint ce degré. C’est pourquoi le Prophète ﷺ dit dans un autre hadith : « Allah s’étonne assurément du jeune qui n’a pas de penchant pour le divertissement » [6].
4- La troisième catégorie est celle de l’homme dont le cœur est attaché aux maisons d’Allah et qui n’en sort que pour une nécessité. Puis lorsqu’il en sort, il est impatient d’y retourner. Ce sentiment est ressenti par celui qui est maître de son âme et la force à obéir à Allah alors elle se soumet à Lui en retour. En effet, la passion amène à aimer les lieux de jeu et de divertissement, qu’ils soient permis ou interdits, ainsi que les lieux où l’on commerce et dans lesquels on gagne de l’argent. Par conséquent, seul celui qui s’oppose à sa passion et lui préfère l’amour de son Seigneur, peut forcer son âme à aimer les lieux de culte [7].
5- La quatrième catégorie est celle des hommes qui s’aiment en Allah et qui ne sont réunis par aucun intérêt ni accord pour commettre un acte de désobéissance et ne sont pas liés par un lien de parenté, d’alliance ou d’appartenance tribale. Ils se réunissent plutôt dans l’obéissance à Allah et ont de l’affinité, s’aiment et entretiennent des liens de fraternité en Allah. Ainsi, l’amour ou la détestation qu’ils éprouvent ne sont motivés que par l’alliance et le désaveu : ils aiment et s’allient aux gens qui aiment Allah et détestent ceux qui détestent Allah et Lui sont hostiles et se désavouent d’eux, même s’il s’agit des gens qui leur sont les plus proches.
Allah dit en effet :
﴾Tu n’en trouveras pas, parmi les gens qui croient en Allah et au Jour dernier, qui prennent pour amis ceux qui s’opposent à Allah et à Son Messager, fussent-ils leurs pères, leurs fils, leurs frères ou les gens de leur tribu﴿
[Sourate Al-Moujadala : 22].
6- Ensuite vient la catégorie de l’homme qu’une femme de rang social élevé et de grande beauté invite à commettre la fornication et qui se rappelle son Seigneur et dit « Je crains Allah » puis se détourne d’elle. Le Prophète ﷺ mentionna spécifiquement la femme belle de haut rang social, car lorsque sont réunis la beauté, la noblesse et le prestige, toutes les conditions sont réunies pour qu’il soit épris de cette femme, et si en plus c’est elle qui l’invite à jouir d’elle, alors elle lui facilite la besogne puisqu’elle lui épargne de lui faire la cour. Refuser son invitation est donc la preuve que la crainte d’Allah est plus forte que la passion de l’âme et l’individu en question est concerné par les paroles d’Allah :
﴾Et pour celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur, et préservé son âme de la passion﴿ .
[Sourate An-Nazi’ate : 40]
Cette situation est celle que vécut Youssouf – qu’Allah le protège [8].
7- Puis vient la catégorie de l’homme qui dépense pour la cause d’Allah et qui dissimule sa dépense à tous les gens – les proches comme les étrangers. Le Prophète ﷺ illustra cela et exagéra la dissimulation en disant qu’il dissimule à la main gauche ce que la main droite dépense. Dissimuler une aumône est en effet recommandé afin que l’aumône soit faite exclusivement pour Allah et qu’il n’y ait pas de risque d’ostentation. C’est pourquoi Allah dit :
﴾Si vous donnez ouvertement vos aumônes, c’est bien ; c’est mieux encore, pour vous, si vous êtes discrets avec elles et vous les donniez aux indigents. Allah effacera une partie de vos méfaits. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites﴿
[Sourate Al-Baqara : 271]
. La plupart des gens de science sont d’avis que cela concerne les aumônes volontaires. Quant à l’aumône légale et à d’autres obligations, il convient de s’en acquitter ostensiblement afin de rendre manifestes les jugements de la religion et faire en sorte que les gens les mettent en pratique à l’unisson [9].
8- La septième catégorie est celle de l’homme qui évoque Allah en étant seul hors de la vue et de l’ouïe des gens, se rappelant qu’Allah l’observe et se rappelant de Son châtiment et des délices qu’Il réserve aux pieux. De ses yeux coulent alors des larmes de crainte et d’amour pour Allah. Le Prophète ﷺ parla spécifiquement de la solitude, car c’est un état où on est le moins susceptible d’ostentation et de recherche de prestige et où on est le plus susceptible d’être exclusif envers Allah et de L’aimer et de Le craindre avec sincérité.
﴾Ce sont des jeunes gens qui croyaient en leur Seigneur ; et Nous leur avons accordé les plus grands moyens de se diriger [dans la bonne voie]﴿
[Sourate Al-Kahf : 13].
Références
1. Voir le commentaire du Sahih de Mouslim par An-Nawawi (7/121).
2. Moslim (3006).
3. Moslim (1827).
4. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Rajab (6/46).
5. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Rajab (6/46).
6.Ahmad (17371).
7. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Rajab (6/47).
8. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Rajab (6/49) et Al-Kawakib ad-Darari d’Al-Karmani (5/46).
9. Voir Al-Moufhim Lima Achkal Min Talkhisse Kitab Mouslim d’Abou Al-’Abbass Al-Qourtoubi (3/76).
10. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Rajab (6/46).
11. Voir Touhfate Al-Ahwadhi d’Al-Moubarakfouri (7/58).
12. Voir Al-Ifsah Fi Ma’ani As-Sihah d’Ibn Houbayra (6/236).
13. Moslim (2567).
14. Voir Fath Al-Bari d’Ibn Rajab (6/48).
1- Des Compagnons pauvres se rendirent auprès du Prophète ﷺ pour se plaindre du fait que les riches possédant beaucoup de biens, avaient le monopôle des rétributions et des hauts degrés au Paradis, puisqu’ils ont en commun avec eux les adorations physiques comme la prière, le jeûne et le jihad et qu’ils sont les seuls à accomplir les adorations financières, comme les aumônes et les œuvres de bienfaisance. Ce n’était pas de l’envie adressée à l’encontre les riches ni une opposition au destin d’Allah. Les Compagnons ne se sont rendus auprès du Prophète ﷺ qu’afin qu’il leur trouve des œuvres faisant mériter la même rétribution que les aumônes afin de pouvoir rivaliser en œuvres vertueuses avec les riches [1].
2. Le Prophète ﷺ les orienta alors vers les œuvres vertueuses qui remplacent les aumônes et fait mériter les mêmes rétributions qu’elles.
3. Il les informa ainsi que les évocations ont le même statut que les aumônes. La proclamation de la grandeur d’Allah, de la louange, de la gloire et de la pureté d’Allah ainsi que de l’unicité d’Allah sont des aumônes pour lesquelles le serviteur obtient une rétribution. En effet, le Prophète ﷺ dit dans un autre hadith : « Ne voulez-vous pas que je vous informe de votre meilleure œuvre, celle que préfère votre Possesseur et qui élève le plus vos rangs, celle qui vaut mieux que de dépenser or et argent, celle qui est meilleure pour vous que d’affronter vos ennemis en frappant leurs cous pendant qu’eux- mêmes frappent les vôtres ? ». Ils répondirent : « Si, ô Messager d’Allah ». Il leur dit alors : « L’évocation d’Allah – exalté soit-Il » [2].
4- De même, ordonner aux gens ce qui est convenable et les orienter vers le vrai, est une aumône. Leur défendre ce qui est blâmable est également une aumône. C’est même un des actes majeurs qui permettent de se rapprocher d’Allah, puisque Allah a distingué notre communauté par cette caractéristique. Il dit : ﴾Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah.﴿ [Sourate Al-’Imrane : 110]. Par ailleurs, ordonner ce qui est convenable et défendre ce qui est blâmable est une obligation communautaire qui peut devenir individuelle, tandis que la proclamation de la gloire et de la pureté d’Allah, de la louange d’Allah et de l’unicité d’Allah sont des œuvres surérogatoires. Or il est connu que la rétribution pour une œuvre obligatoire est supérieure à celle d’une œuvre surérogatoire, en raison des paroles d’Allah dans un hadith qoudsi : « Mon serviteur ne peut pas se rapprocher de Moi par quelque chose que j’aime plus, que ce que Je lui ai rendu obligatoire » [3] [4].
En outre, l’aumône non matérielle est de deux types : l’aumône dont le bénéfice se limite à son auteur, comme évoquer Allah et accomplir des œuvres surérogatoires, et l’aumône dont le bénéfice profite aussi à d’autres personnes que son auteur, comme ordonner ce qui est convenable et défendre ce qui est blâmable. Ce deuxième type inclut aussi la diffusion de la science, être utile aux musulmans et repousser d’eux ce qui est nuisible. Ce type d’aumône est meilleur que le premier type, car il profite à plus de gens. L’aumône ne se résume pas aux œuvres vertueuses mentionnées. Au contraire, tout acte d’obéissance à Allah, accompli par le musulman est une aumône, conformément au hadith : « Toute action convenable est une aumône » [5].
5- Mieux encore, lorsqu’un homme a des rapports intimes avec son épouse, cela est compté comme une aumône lorsqu’il a l’intention par cela de se contenter lui-même et de contenter son épouse sur le plan charnel et de mener avec elle une vie commune convenable, ou bien d’avoir une progéniture vertueuse, ou en visant toute autre finalité vertueuse [6].
6- Les Compagnons s’étonnèrent de cela. En effet, comment concevoir qu’un homme prenne du plaisir et qu’il soit rétribué pour cela ? Il les informa alors que, de la même façon que l’être humain commet un péché en prenant du plaisir de manière illicite, il est rétribué lorsqu’il en prend de manière licite.
1. (1) Les Compagnons s’efforçaient à rivaliser en bonnes œuvres et à désirer accomplir les mêmes actes d’obéissance que leurs frères. C’est cela la rivalité authentique à laquelle doit aspirer tout musulman.
2. (1) Que le musulman souhaite obtenir le même bien que son frère et que le bien obtenu par son frère soit béni est un sentiment recommandé lorsqu’il s’agit d’actes d’obéissance à Allah, car le Prophète ﷺ a dit : « Il ne peut y avoir d’envie que dans deux choses : un homme à qui Allah a donné une richesse qu’il dépense comme il se doit et un homme à qui Allah a donné la sagesse qu’il enseigne et avec laquelle il juge ».
3. (2) Une des expressions de la miséricorde et de l’équité d’Allah est qu’il donna aux pauvres la possibilité d’œuvrer et d’atteindre le rang des riches. Que chaque musulman s’empresse d’obéir à Allah en usant des moyens dont il dispose.
4. (3) Évoquer régulièrement Allah fait partie des meilleures manières d’être rétribué. Un homme dit au Prophète ﷺ: « Ô Messager d’Allah, les lois de l’Islam sont devenues nombreuses pour moi, informe-moi de quelque chose auquel je dois m’accrocher ». Le Prophète ﷺ répondit : « Garde constamment ta langue humide par l’évocation d’Allah » [7].
5. (3) Les gens ne prennent pas de plaisir plus grand qu’en évoquant Allah. En effet, il n’existe pas d’œuvre plus légère, ni procurant plus de plaisir, de joie et de réjouissance au cœur, que l’évocation d’Allah [8].
6. (4) Préoccupe-toi d’ordonner ce qui est convenable et de défendre ce qui est blâmable, car cette mission est une faveur qu’Allah a accordée à l’élite de Ses créatures. Il fit l’éloge de la communauté qui s’en charge et la qualifia de meilleure des communautés pour cette raison.
7. (4) Ordonner ce qui est convenable inclut tous les actes d’obéissance qui bénéficient à d’autres personnes en plus de leurs auteurs, comme enseigner le Coran et les sciences utiles, faire des dons aux gens et éloigner d’eux ce qui est nuisible.
8. (5) C’est grâce à l’intention vertueuse que l’être humain est rétribué pour ses actes d’obéissance. Profite donc de cet enseignement dans tous les aspects de ta vie. Mange en ayant l’intention de prendre des forces pour accomplir des actes d’obéissance, dors en ayant l’intention de prendre du repos pour poursuivre tes adorations, prends du bon temps avec les membres de ta famille et tes enfants avec l’intention de leur donner leurs droits et de vivre avec eux de manière convenable, révise avec l’intention d’acquérir une science utile aux musulmans et travaille en ayant l’intention de faire progresser les musulmans. Aie la même attitude lorsque tu accomplis toute action permise afin de la transformer en acte d’obéissance pour lequel tu seras rétribué. Mo’adh Ibn Jabal a dit : « Je mets en dépôt auprès d’Allah la rétribution pour mon sommeil tout comme je le fais pour mon éveil » [9].
9. (6) Une des plus grandes manifestations de la générosité d’Allah est qu’Il rétribue le musulman pour toutes ses actions permises s’il s’abstient de commettre des actes de désobéissance. Ainsi, Il rétribue le musulman pour le fait de manger de la nourriture licite parce qu’il a délaissé la nourriture illicite, pour avoir pris du plaisir de manière licite et s’être abstenu d’en avoir pris de manière illicite, et pour avoir gagné des revenus licites et avoir refusé les revenus illicites.
10. (6) On déduit de ce hadith qu’il est permis de solliciter à celui qui émet une fatwa, des détails qui ne paraissent pas clairs au sujet de la preuve étayant le jugement qu’il donne, si on sait que celui qui émet la fatwa ne déteste pas qu’on lui pose des questions et que la question posée est exempte d’impolitesse [10].
11. Un poète a dit : Évoque Allah, ô toi qui recherches la rétribution et qui désires le bien, le mérite et la bonté. Évoque Allah et tu recevras tout ce que tu désires et tous les motifs d’angoisse et les maux te seront évités. Celui qui évoque le Tout Miséricordieux est tel celui qui s’assoit en Sa compagnie et celui qui évoque Allah, Allah le rétribuera en l’évoquant à son tour. Celui qui refuse d’évoquer Allah, alors il héberge Satan à l’intérieur de sa poitrine, Et celui qui oublie son Seigneur alors son Seigneur l’oubliera, et quoi de plus immense que cette perte !
Satan s’empare de lui et lui fait oublier l’évocation de celui qui l’a fait exister.
Références
1. Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (2/161).
2. Ahmad (21702) et At-Tirmidhi (3377).
3. Al-Boukhari (6502).
4. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (7/92).
5. Al-Boukhari (6021) et Moslim (1005).
6. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (7/92).
7. Ahmad (18167), Ibn Maja (3793) et At-Tirmidhi (3375).
8. Voir Al-Wabil As-Sayyib Mine Al-Kalam at-Tayyib d’Ibn Al-Qayyim (p.81).
9. Al-Boukhari (4341) et Moslim (1733).
10. Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (7/93).
1- Le Prophète nous informe qu’ Allah a préféré les dix premiers jours de Dhou Al-Hijjah par rapport aux autres jours de l’année. Ainsi, la rétribution de l’œuvre vertueuse est multipliée durant ces jours-là et aucune œuvre accomplie hors de ces jours ne l’égale.
2- Les Compagnons lui demandèrent : Le jihad (combat pour la cause d’Allah) n’égale pas non plus les œuvres vertueuses accomplies durant ces dix jour?s En effet, le jihad fait mériter une immense rétribution. Par conséquent, ces œuvres vertueuseraspportent-elles plus de mérite à leur auteur que le combat pour la cause d’Allah?
3- Le Prophète leur répondit que le jihad n’ égale pas en mérite les œuvres vertueuses accomplies durant ces dix jours, sauf si un homme prend sa richesse avec lui afin de prendre en charge les dépenses d’équipement de l’armée et faire le jiha,dpuis meurt au combat.
1. (1) Le musulman doit tirer profit des dix [premiers] jours [de Dhou Al-Hijja] afin d’obéir à Allah, car l’obéissance à Allah durant ces dix jours fait mériter une immense rétribution.
2. (1) Une des manifestations de la grâce d’Allah à notre égard est qu’Il nous a donné des jours méritoires dans l’année au cours desquels la rétribution est multipliée. Ainsi, jeûner le jour de ‘Arafa expie les péchés commis deux années durant ; jeûner le jour de ‘Achoura expie les péchés commis pendant une année ; le vendredi, il y a une heure où l’invocation est exaucée ; la Nuit du Destin est meilleure que mille mois ; et la rétribution des adorations accomplies pendant le mois de Dhou Al- Hijja est multipliée. Il ne convient donc pas que l’être humain raisonnable laisse passer de telles occasions sans accomplir plus d’actes d’obéissance que les jours ordinaires.
3. (1) Une manière de convenablement tirer profit de ces jours est que le serviteur s’empresse de se repentir, de revenir à Allah et de se désavouer de l’associationnisme et des actes de désobéissance.
4. (1) Une des meilleures adorations que le serviteur doit particulièrement veiller à accomplir durant les dix [premiers] jours [de Dhou Al-Hijja] est de jeûner le jour de ‘Arafa, jour au sujet duquel le Prophète ﷺ a dit : « J’attends d’Allah qu’Il expie les péchés de l’année passée et de l’année suivante
» [1]
5. (1) Il convient que le musulman proclame souvent, durant ces dix jours, la gloire, la pureté, la louange, la grandeur et l’unicité d’Allah.
Allah dit :
﴾et pour évoquer le nom d’Allah aux jours déterminés﴿
[Sourate Al-Hajj : 28]
Les jours déterminés étant les dix [premiers] jours [de Dhou Al- Hijja]. Pour sa part, le Prophète ﷺ a dit : « Il n’y a pas de jours plus éminents pour Allah ni de jours où Il aime plus que l’on accomplisse de bonnes œuvres que ces dix jours. Proclamez-y donc abondamment l’unicité, la grandeur et la louange d’Allah » [2].
6. (2) N’aie pas honte de poser des questions au sujet de ta religion, car les Compagnons n’eurent pas honte d’interroger le Prophète ﷺ au sujet de la comparaison entre le jihad et les œuvres accomplies au cours des dix jours [de Dhou Al-Hijjah].
7. (2) (3) Ce hadith démontre le mérite du jihad. En effet, le jihad était tellement important pour les Compagnons qu’ils le considéraient comme une norme permettant d’évaluer le reste des œuvres. Le musulman doit donc mentionner en lui-même le jihad, avoir l’intention de faire le jihad si l’occasion se présente et souhaiter tomber en martyr pour la cause d’Allah.
8. (3) Ne néglige d’adorer Allah et de Lui obéir durant ces jours bénis que celui qui est déçu. En effet, la rétribution des œuvres est multipliée à un point tel que ces œuvres n’ont pas d’égales parmi les œuvres accomplies hors de ces jours. Ainsi, une aumône modeste, deux unités de prière légères, le jeûne d’un seul jour ou bien évoquer Allah par la langue sans effort ni peine, toutes ces œuvres simples ne sont égalées par aucune autre, sauf si un homme part pour le jihad accompagné de sa richesse et tombe en martyr.
Références
- Moslim (1162).
- Ahmad (5446).
Le Prophète aimait utiliser la main droite et commencer par le côté droit pour toute action solennelle et positive. Ainsi, il commençait par le pied droit lorsqu’ilchaussait ses sandales et ses chaussons, il commençait par le côté droit de la tête lorsqu’isle peignait les cheveux, il commençait par les membres droits lorsqu’il faisait ses ablutions ou effectuait le bain rituel. Il lavait en effet le bras droit avant le bras gauche, le pied droit avant le pied gauche et la moitié droite avant la moitié gauche lorsqui’l effectuait le bain rituel.
Il procédait de même dans toutes ses actions solennelles et positives. Ainsi, il mangeait, buvait, saluait, prenait et donnait avec la main droite. Il entrait chez lui et dans la mosquée avec le pied droit, se taillait la moustache en commençant par le côté droit et lorsqu’il saluait des gens ou leur donnait quelque chose, il commençait par ceux qui étaient à sa droite. Pour les actions contraires à cela, il commençait par le côté gauche. Ainsi, il entrait dans les latrines avec le pied gauche, sortait de la mosquée avec le pied gauche, se nettoyait après avoir déféqué avec la main gauche, enlevait ses vêtements en commençant par le côté gauche, se mouchait le nez avec la main gauche et se déchaussait en commençant par le pied gauche avant le pied droit [1] .
1. Efforce-toi de te conformer le plus possible à la Sounna du Prophète ﷺ en commençant tes actions par le côté droit.
2. Prends garde d’utiliser la main gauche dans tes actions quotidiennes, car cela est l’habitude et la nature de Satan. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Lorsque l’un de vous mange, qu’il mange avec la main droite, car Satan mange et boit avec la main gauche » [2].
3. Commencer par le côté droit est une bénédiction dont le serviteur bénéficie pour avoir suivi son Prophète ﷺ.
4. Honore ta main droite en ne l’utilisant pas pour enlever des impuretés ou effectuer des actions dévalorisantes.
Références
1. Voir le commentaire du Sahîh de Moslim par An-Nawawi (3/160).
2. Moslim (2020).
1. Le Prophèteveillait à apprendre aux membres de sa communauté comment procéder à la consultation lorsqu’ils sont indécissur une affaire de ce bas monde et qu’ils ne savent pas quelle décision prendre. Le Prophète ﷺ veillait à ce qu’ils mémorisent l’invocation de la consultation avec autant d’insistance qu’il leur apprenait une sourate du Coran, car le musulman a grandement besoin de consulter son Seigneur tout comme il a grandement besoin du Coran pour sa prière, son évocation d’Allah et ses interactions avec les autres.
2- Lorsque le serviteur veut consulter son Seigneur, il doit accomplir deux unités de prière surérogatoires pour se rapprocher d’Allah, préparer le terrain à son invocation et rendre celle-ci plus susceptible d’être exaucée. Il est fait exception de la femme en période de menstrues et de lochies qui doit se limiter à l’invocation seule.
3- Il doit ensuite réciter l’invocation de la consultation dans laquelle il demande à son Seigneur de choisir pour lui, car Il est l’Omniscient et le Parfaitement Connaisseur. Puis il Lui demande de lui donner le pouvoir de faire ce qui est le plus dans son intérêt, car Il est l’Omnipotent à qui rien n’est impossible, et il espère que le Généreux lui fasse la faveur de lui accorder de Sa grâce étendue en disant que le Seigneur est Omnipotent et Omniscient, que rien ne Lui échappe et que rien n’est hors de Son Royaume.
4- Puis le serviteur s’adresse intimement à son Seigneur en disant : Ô Allah, si Tu sais que cette affaire – en nommant l’affaire en question, par exemple : mon mariage avec Unetelle, mon travail dans telle entreprise, ou quelque chose d’autre – est bonne pour moi dans ma religion, dans ma vie de ce bas monde, dans mon futur et dans mon au-delà, alors décide-la pour moi, facilite-moi sa réalisation et bénis-la pour moi.
5- Et il poursuit en disant : si Tu sais que cette affaire est un mal pour moi dans ma religion, dans ma vie de ce bas monde, dans mon futur et dans mon au-delà, alors éloigne-la de moi en ne me la destinant pas, et éloigne-la de mon cœur en faisant que celui-ci ne s’y attache pas et n’y aspire pas.
6- Puis décrète pour moi le bien où qu’il soit dans toutes mes affaires et fais que je sois satisfait de ce que Tu décrètes. En effet, il arrive que l’individu ne soit pas satisfait par le bien que décrète Allah et qu’il vive dans le chagrin et la mélancolie.
7- Celui qui effectue la consultation doit nommer son affaire dans l’invocation et dire : Ô Allah, si Tu sais que mon mariage, mon travail, mon achat, ma vente, etc.
1. (1) Le prédicateur et l’éducateur doivent se préoccuper d’enseigner aux musulmans ce dont ils ont besoin dans leur vie quotidienne, comme les jugements relatifs à la pureté, à la prière, au jeûne et autres ainsi que les invocations et les évocations, à l’image de l’évocation du matin et du soir, les règles de bienséance à observer au moment de manger, de boire et de s’habiller, l’invocation de la consultation et du besoin, etc.
2. (1) Efforce-toi de consulter ton Seigneur pour toute affaire, car le musulman nécessite au plus haut degré de demander à son Seigneur de faire des choix pour lui.
3. (1) Ne néglige aucune affaire pouvant paraître insignifiante ou futile et consulte Allah pour toute affaire qui survient à toi et dont tu ne sais pas quel sera son dénouement ni quels seront ses résultats. Il se peut que tu fasses un mauvais choix concernant une affaire peu importante qui provoque en toi de l’angoisse et de l’inquiétude. En effet, le Prophète ﷺ enseignait la consultation à ses Compagnons pour chacune de leurs affaires.
4. (1) Les Compagnons avaient l’habitude de consulter Allah pour toutes les affaires de leur vie par imitation du Prophète ﷺ. Par exemple, Abou Ayyoub voulut demander une femme en mariage et le Prophète ﷺ lui dit : « Ne parle à personne de ta demande en mariage, puis fais tes ablutions avec excellence, accomplis le nombre de prières qu’Allah veut que tu accomplisses, puis proclame la louange et la gloire d’Allah. Dis ensuite : Ô Allah, Tu peux et je ne peux pas, Tu sais et je ne sais pas, Tu es le Connaisseur des choses qui relèvent de l’Inconnaissable. Si Tu vois en Unetelle, en la nommant, un bien pour moi dans ma religion, ma vie de ce bas monde et mon au-delà, alors décide que je l’épouse et si Tu vois qu’une autre femme est meilleure qu’elle pour ma religion, ma vie de ce bas monde et mon au-delà, alors décide que je ne l’épouse pas – ou bien décrète que je ne l’épouse pas » [1]. Lorsque le Prophète ﷺ voulut épouser Zaynab bint Jahch – qu’Allah a agréée -, elle dit : « Je ne ferai rien avant d’avoir consulté mon Seigneur » [2].
Références
1. Ahmad (23994) et At-Tabarani dans Al-Mou’jam Al-Kabir (3901).
2. Moslim (1428).
1- An-Nawwasse Ibn Sam’ane, dont Allah est satisfait, interroge le Prophète sur la bonté – qui est un terme regroupant toutes les formes de bien et les types d’actes convenab–leest le péché – qui désigne tous les actes maléfiques et hideux, grands ou petits – afin qu’il l’informe de leur nature et des signes qui nous permettent de les reconnaître.
2- Le Prophète ﷺ l’ informe que la bonté, c’ est le bon comportement, celui-ci étant global. Il inclut le bon comportement à l’égard d’Allah en accueillant ses jugements religieux avec satisfaction et soumission et en ne ressentant aucune répulsion ni aucune gêne à les mettre en application. Ainsi, lorsque Allah t’ordonne d’accomplir la prière, de t’acquitter de l’aumône légale, de jeûner ou autre, tu dois accueillir ces ordres avec plaisir, puis exécuter ce qu’Il t’a ordonné et t’abtsenir de ce qu’il t’a défendu. Il y a aussi le bon comportement à l’égard des gens qui consiste à être bienfaisant, à s’abstenir de porter préjudice et à endurer patiemment les offenses et à avoir un visage avenant. [1] Par ailleurs, le Prophète ﷺ nous informa des mérites du bon comportement et nous dit que ce qui fait le plus entrer les gens au Paradis, c’est le bon comportement [2]. Il déclara que le croyant, grâce à son bon comportement, atteindra le degré de celui qui jeûne et veille la nuit pour prier [3].
3- Puis le Prophète ﷺ nous informe du péché, en disant que l’être humain ressent du doute et de la suspicion dans son cœur à son sujet. Il n’est donc pas rassuré lorsqu’il commet un péché. Il ressent du doute et du soupçon et craint que ce ne soit une faute. De plus, l’auteur d’un péché craint que les gens ne le voient commettre ce méfait. Ainsi, le présent hadith est semblable à celui où le Prophète ﷺ dit : « Délaisse ce qui te paraît suspect au profit de ce qui ne te paraît pas suspect, car la véracité est quiétude et le mensonge, suspicion »[4]. Ces sentiments créés par Allah sont présents dans les cœurs de Ses serviteurs : ceux-ci sont rassurés lorsqu’ils accomplissent des actes d’obéissance qui leur permettent de se rapprocher d’Allah et sont inquiets et circonspects lorsqu’ils commettent des actes de désobéissance. Ces sentiments sont spécifiques aux gens dont les cœurs sont purs, sains et n’ont pas été dénaturés par les nombreux actes de désobéissance et les fautes fréquentes, au point qu’Allah les scelle et ils deviennent de ce fait incapables d’approuver ce qui est convenable ni de désapprouver ce qui est blâmable. Au contraire, les personnes ayant ces cœurs-là se vantent de leurs actes de désobéissance et de leurs fautes et les commettent au vu et au su de tous. Ceci démontre que le vrai et le faux ne peuvent être confondus par le croyant clairvoyant. Celui-ci est plutôt capable d’identifier le vrai grâce à la lumière qu’il porte et son cœur l’accepte. À l’inverse, il est rebuté par le faux, il le renie et ne le reconnaît pas. C’est de cela que le Prophète ﷺ parla lorsqu’il dit : « Il y aura parmi les dernières générations de ma communauté des gens qui vous diront des choses que vous ne connaissez ni vous ni vos ancêtres. Prenez donc garde à eux » [5]. Cela signifie qu’ils apporteront des choses que les cœurs des croyants rejettent et ne reconnaissent pas.
1. (1) Efforce-toi de poser des questions, car poser des questions est la moitié de la science. De plus, les Compagnons du Prophète ﷺ n’éprouvaient pas de gêne à l’interroger.
2. (2) Quiconque veut être élevé en degrés au Paradis doit avoir un bon comportement. Le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Je garantis une maison à la périphérie du Paradis à quiconque délaisse la polémique, même lorsqu’il a raison ; une maison au milieu du Paradis à quiconque délaisse le mensonge même en plaisantant ; et une maison dans les plus hauts degrés du Paradis à quiconque parfait son comportement » [5]. Il dit également : « Parmi ceux qui me sont les plus chers et les plus proches de moi en position le Jour de la Résurrection, il y a ceux qui ont un bon comportement » [6].
3. (2) La religion n’est que comportement. Celui qui te surpasse donc en comportement te surpasse en religion [7].
4. (2) Alourdissez le plateau de vos bonnes œuvres grâce au bon comportement. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Rien ne pèse plus lourd sur la balance du croyant le Jour de la Résurrection que le bon comportement, et Allah déteste assurément l’individu grossier et obscène » [8].
5. (3) La sérénité et l’apaisement ne sont pas des règles de connaissance du licite et de l’illicite. Les références sont plutôt le Livre d’Allah et la Sounna. Seulement, le serviteur est rassuré par ces sentiments lorsque les avis divergent ou sont absents.
6. (3) Être rassuré ou pas par ses actes est un sentiment véridique lorsque le cœur est sain et sa nature est bonne. C’est ce cœur-là qui est tourmenté par le péché et déteste que les gens le voient le commettre. Quant à l’individu dont le cœur est corrompu ou dont la compréhension est faible, on doit
7. (3) La fatwa ne lève pas l’ambiguïté, lorsque celui qui la sollicite fait partie de ceux à qui Allah a accordé de bons sentiments concernant les actes perpétrés et lorsque le savant émet une fatwa sur la base d’un avis ou d’un penchant sans se baser sur une preuve religieuse. Quant à celui qui dispose d’une preuve religieuse appuyant la fatwa, alors celui qui a sollicité celle-ci doit l’accepter même si elle ne le rassure pas. Cela est par exemple le cas du raccourcissement de la prière en voyage ou lorsqu’il pleut, la réunion de deux prières pour le malade ou l’essuyage des chaussons qui est contesté par beaucoup d’ignorants [9] .
Références
1. At-Tirmidhi (2004).
2. Abou Dawoud (4798)
3. At-Tirmidhi (2518) et An-Nassa’i (5711).
4. Moslim (6).
5. Abou Dawoud (4800) et At-Tabarani dans Al-Mou’jam Al-Kabir (7488).
6. At-Tirmidhi (2018)
7. Voir Madarij As-Salikine d’Ibn Al-Qayyim (2/307).
8. At-Tirmidhi (2002).
9. Voir At-Touhfa Ar-Rabbaniyya Fi Charh Al-Arba’ine Hadithane An-Nawawiyya d’Isma’il Ibn Mohammed Al- Ane’sari (p.63).
1. Le Prophète ﷺ nous explique qu’ Allah a déterminé, il y a très longtemps, la rétribution pour les bonnes et les mauvaises actions conformément à Sa connaissance puis qu’Il a informé les anges scribes de la manière de les enregistrer, ou qu’Il ordonne aux anges scribes d’enregistrer les bonnes et les mauvaises actions des serviteurs puis nous explicite la manière dont elles sont comptées et enregistrées.
2. Ainsi, lorsqu’un serviteur a l’intention d’accomplir un acte d’obéissance et qu’il se détermine à l’accomplir, mais ne l’accomplit pas, cela lui est compté comme une bonne action complète.
Ce qui est signifié ici, c’est lorsque le serviteur se décide à agir et pas seulement lorsqu’il a une vague idée qui s’évanouit aussitôt sans intention réelle. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Celui qui se résout à accomplir une bonne action, mais ne l’accomplit pas, alors qu’Allah sait que son cœur en était préoccupé et qu’il s’efforçait de l’accomplir, cela sera inscrit à son actif comme une bonne action » [1].
3. Lorsque le serviteur accomplit un acte d’obéissance, Allah multiplie sa rétribution et ainsi chaque Si en revanche le serviteur à l’intention de commettre un acte de désobéissance et se résout à le commettre, puis qu’il se rappelle son Seigneur, revient à Lui et renonce à commettre cet acte de désobéissance, alors Allah le rétribue pour y avoir renoncé, en inscrivant à son actif l’équivalent d’une bonne action complète. bonne action est rétribuée à hauteur de dix fois au moins, conformément aux paroles d’Allah :
﴾Quiconque viendra avec le bien aura dix fois autant﴿ .
[Sourate Al-Ane’am : 160]
La rétribution peut être multipliée plus que cela encore, pour ceux dont Allah choisit de multiplier la rétribution, et peut aller jusqu’à hauteur de sept cents fois ou plus. Allah dit :
﴾Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allah ressemblent à un grain d’où naissent sept épis, à cent grains l’épi. Car Allah multiplie la récompense à qui Il veut et la grâce d’Allah est immense, et Il est Omniscient﴿
[Sourate Al-Baqara : 261].
4. Si en revanche le serviteur à l’intention de commettre un acte de désobéissance et se résout à le commettre, puis qu’il se rappelle son Seigneur, revient à Lui et renonce à commettre cet acte de désobéissance, alors Allah le rétribue pour y avoir renoncé, en inscrivant à son actif l’équivalent d’une bonne action complète.
Cette rétribution est justifiée par le fait qu’il s’est opposé à sa passion, qu’il a désobéi à son démon et qu’il a eu l’intention de faire le bien en s’abstenant de faire le mal. C’est une œuvre du cœur qui mérite la rétribution, car lorsque le Prophète ﷺ a dit « Tout musulman doit faire une aumône », on lui demanda « Et s’il n’en fait pas ? », il répondit : « Il s’abstient de faire le mal, car ceci est une aumône [2]
C’est pourquoi celui qui a l’intention de commettre un acte de désobéissance, mais qu’il n’en a pas eu l’occasion, ou bien a été empêché de le commettre, n’est pas concerné par ce hadith et ne mérite pas la récompense mentionnée en raison des paroles d’Allah dans un hadith qoudsi : « Il ne l’a délaissé que pour Moi » [3] .
5. Lorsque le serviteur commet un acte de désobéissance, Allah l’inscrit auprès de Lui comme un seul acte de désobéissance sans le5. multiplier, car Allah dit :
﴾Quiconque fait une mauvaise action ne sera rétribué que par son pareil﴿
[Sourate Ghafir : 40].
Mieux encore, Il accepte le repentir de celui qui se repent et efface le péché et pardonne celui-ci à qui Il veut sans repentir. Toutefois, il arrive qu’une mauvaise action soit multipliée en raison de la noblesse du lieu, comme lorsque Allah dit :
﴾et la Mosquée sacrée que Nous avons établie pour les gens : aussi bien les résidents que ceux de passage... Quiconque cherche à y commettre un sacrilège injustement, Nous lui ferons goûter un châtiment douloureux﴿
[Sourate Al-Hajj : 25].
Dans ce verset, Allah relia le châtiment douloureux à la détermination de commettre un acte de désobéissance dans la Mosquée Sacrée. De même, une mauvaise action est multipliée en raison de la noblesse du moment, comme lorsque l’on commet une mauvaise action lors des mois sacrés. La mauvaise action est également multipliée en raison de la noblesse de son auteur. En effet, la mauvaise action commise par les prophètes et les alliés d’Allah est plus grave que lorsqu’elle est commise par d’autres personnes, conformément aux paroles d’Allah :
﴾Et si Nous ne t’avions pas raffermi, tu aurais bien failli t’incliner quelque peu vers eux. Alors, Nous t’aurions certes fait goûter le double [supplice] de la vie et le double [supplice] de la mort ; et ensuite tu n’aurais pas trouvé de secoureur contre Nous﴿
[Sourate Al-Isra : 74-75]
. Allah dit également :
﴾Ô femmes du Prophète ! Celle d’entre vous qui commettra une turpitude prouvée, le châtiment lui sera doublé par deux fois ! Et ceci est facile pour Allah﴿.
[Sourate Al-Ahzab : 30]
1. (1) Lorsque le serviteur médite la manière dont Allah demande des comptes à Ses serviteurs pour leurs actes et qu’il voit Son indulgence et Sa miséricorde envers eux, son amour pour son Seigneur et sa soumission à Lui s’accroissent. En effet, n’était-ce Sa grâce et Sa miséricorde, personne n’entrerait au Paradis.
2. (2) Le musulman doit se résoudre à accomplir des actes d’obéissance même s’il n’en a pas la possibilité, car il est rétribué pour ces actes d’obéissance même s’il ne les accomplit pas.
3. (2) Le musulman peut récolter beaucoup de bonnes actions sans fatigue ni peine. Il lui suffit d’avoir l’intention de faire le bien lorsqu’il en aura la possibilité. Il peut ainsi avoir l’intention de faire l’aumône lorsqu’il aura de l’argent ou de faire le jihad lorsqu’il en aura la possibilité, de se résoudre à accomplir des adorations surérogatoires, de lire le Coran, etc.
4. (2) Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui s’allonge sur sa couche en ayant l’intention de veiller une partie de la nuit pour prier, mais qui est vaincu par le sommeil et ne se réveille qu’au matin, ce qu’il avait l’intention de faire est inscrit à son actif et son sommeil est une aumône qu’Allah lui a faite »[4].
5. (3) Prends l’initiative d’accomplir des actes d’obéissance qui te rapprochent d’Allah, car Allah multiplie de nombreuses fois la rétribution pour une seule bonne action.
6. (3) Vois comment Allah prépare le terrain pour que Ses serviteurs accomplissent des actes d’obéissance puis leur accorde la plus éminente rétribution ! Gloire et Majesté à Lui, notre Seigneur miséricordieux et affectueux qui se rapproche de Ses serviteurs en les comblant de bienfaits et qui aime qu’ils se rapprochent de Lui par les actes d’obéissance puis leur accorde pour cela une rétribution éminente.
7. (4) Allah donna aux anges scribes la faculté de prendre connaissance de ce dont le serviteur a l’intention et de ce à quoi il réfléchit. Le fait qu’ils sachent que nous nous efforçons de désobéir à Allah ne devrait-il pas nous inspirer de la pudeur ?
8. (4) Ne crois pas que tu seras rétribué lorsque quelque chose t’empêche de commettre un acte de désobéissance. Tu n’es récompensé que pour ce à quoi tu as sciemment renoncé, que tu regrettes et dont tu t’es repenti.
9. (4) Prends garde d’endosser la faute de l’acte de désobéissance que tu n’as pas commis. En effet, celui qui se résout à commettre un acte de désobéissance, mais qui n’en a pas l’occasion est puni au même titre que s’il l’avait commis. Le Prophète ﷺ a dit : « Lorsque deux musulmans se combattent avec leurs sabres, celui qui tue et celui qui est tué iront en Enfer ». On lui demanda : « Ô Messager d’Allah, soit pour celui qui tue, mais qu’en est-il de celui qui est tué ? ». Il répondit : « Il s’efforçait de tuer son adversaire » [5].
10. (5) Une des manifestations de la miséricorde d’Allah est qu’Il compte une mauvaise action une seule fois sans la multiplier alors qu’Il multiplie les bonnes actions. Que le désobéissant ne désespère pas de la miséricorde d’Allah et que celui qui est dans l’excès ne soit pas affligé par le nombre de ses péchés.
11. Un poète a dit : Nous sommes gardés par des anges nobles qui sont chargés de suivre les habitants de la terre. Ils enregistrent toutes les paroles et les actes du fils d’Adam et rien ne leur échappe.
Références
1. Ahmad (19244).
2. Al-Boukhari (1445) et Moslim (1008).
3. Moslim (129).
4. An-Nassa’i (1787) et Ibn Maja (1344)..
5. Al-Boukhari (31) et Moslim (2888).
1- Le Prophète ﷺ met en garde sa communauté contre les sept péchés dévastateurs qui mènent l’être humain à la perdition et le font entrer dans le feu de l’Enfer, qu’Allah nous en préserve. Ces sept péchés font partie des péchés capitaux que le Coran et la Sounna associent au Feu, à la malédiction, à la colère et au supplice d’Allah. Les péchés destructeurs ne se limitent pas aux sept péchés énumérés par le Prophète ﷺ dans ce hadith et sont plus nombreux que cela, comme la fornication, le vol, l’impiété filiale, etc. Le Prophète ﷺ ne mentionna ceux-là que parce que ces sept péchés sont les plus abjects et les plus graves, et étaient les plus fréquemment pratiqués à son époque.
﴾Certes, Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Allah s’égare, très loin dans l’égarement﴿ .
[Sourate An-Nissa : 116]
3. Le deuxième de ces péchés est de pratiquer la sorcellerie, laquelle consiste à détourner une chose de sa nature réelle, que ce soit en ayant recours aux djinns en utilisant de leur pouvoir, aux médicaments et aux drogues, ou à d’autres choses. Ceci est un immense péché et une faute énorme, car c’est un travestissement, un aveuglement et une dénaturation des choses, un voile jeté sur les regards, un égarement des gens ordinaires, un vacillement des croyances dans le fait que les conséquences découlent des causes qui lui ont donné naissance, tout cela en plus du mal quelle cause à la personne ensorcelée, comme la maladie ou l’aliénation, voire la mort. C’est pourquoi pratiquer, apprendre et enseigner la sorcellerie sont des péchés capitaux. En outre, la sorcellerie consiste la plupart du temps à faire appel aux démons et à les utiliser, et ceci n’a lieu que lorsqu’on mécroit en Allah [2]. En effet, les démons n’acceptent d’être utilisés que lorsque le sorcier mécroit en Allah. Allah dit :
﴾mais les diables ont été mécréants : ils enseignent aux gens la magie ainsi que ce qui est descendu aux deux anges Hârout et Mârout, à Babylone ; mais ceux- ci n’enseignaient rien à personne, qu’ils n’aient dit d’abord : « Nous ne sommes rien qu’une tentation : ne sois pas mécréant »﴿.
[Sourate Al-Baqara : 102]
C’est la raison pour laquelle la plupart des gens de science sont d’avis que la peine méritée par le sorcier est d’être exécuté pour sa mécréance et son apostasie, que sa sorcellerie ait causé la mort de quelqu’un ou pas.
4. Le troisième de ces péchés est de tuer la vie qu’Allah a rendu illicite de tuer, sauf en droit. Les vies de tous les musulmans sont inviolables en effet, en raison des paroles du Prophète ﷺ : « Vos vies, vos biens et vos honneurs sont aussi sacrés pour vous que ce jour, en ce mois et dans ce pays » [3].
Par ailleurs, Allah menaça celui qui tue un croyant de lui infliger un châtiment douloureux lorsqu’Il dit :
﴾Quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l’a frappé de Sa colère, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment﴿ .
[Sourate An-Nissa : 93]
De même, Allah déclara illicite d’attenter aux vies des non musulmans ayant conclu un pacte ou une trêve avec les musulmans. Allah dit :
﴾Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables﴿.
[Sourate Al-Moumtahana : 8]
Le Prophète ﷺ dit pour sa part : « Celui qui tue un mécréant ayant conclu une trêve avec les musulmans ne sentira pas l’odeur du Paradis, bien que son odeur soit ressentie à une distance de quarante ans » [4]
5. Le quatrième péché est la consommation de revenus usuriers. Les revenus usuriers sont le surplus gagné dans une transaction où on échange un bien susceptible d’être entaché d’usure contre un bien de même nature ou bien lorsqu’on reporte la prise de possession d’une marchandise susceptible d’être entachée d’usure dont il est obligatoire de prendre possession immédiatement [5]. Par exemple, lorsqu’un homme échange un gramme d’or ancien contre deux grammes d’or neuf, ou bien donne à son frère un boisseau de dattes de bonne qualité en échange de deux boisseaux de dattes de mauvaise qualité. Ceci est appelé usure de surplus et concerne les biens susceptibles d’être entachés d’usure à savoir l’or, l’argent, les dattes, le blé, l’orge et le sel lorsqu’on les échange contre un bien de même nature avec un surplus. Il est plutôt exigé pour ces biens que l’on échange un boisseau contre un boisseau, un gramme contre un gramme, un dirham contre un dirham sans aucun surplus. Le deuxième type d’usure est l’usure de délai qui est le type le plus connu et le plus répandu. Il consiste à ce qu’un homme fasse un prêt à un autre à rembourser avec un surplus exigé. Ainsi, il lui prête cent dinars par exemple et il doit lui rembourser cent dix dinars au bout d’un mois.
﴾Allah anéantit l’intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. Et Allah n’aime pas le mécréant pécheur﴿
[Sourate Al-Baqara : 276]
﴾Ô les croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son Messager. ﴿ .
[Sourate Al- Baqara : 278-279]
6. Le cinquième péché est de se nourrir en dépensant le patrimoine d’un orphelin. Le Prophète ﷺ mentionna spécifiquement l’orphelin parmi tous les gens, bien que dépenser indûment la richesse des gens en général soit un péché capital. La raison est que l’orphelin est un enfant incapable d’assumer ses dépenses et de repousser les convoitises sur son patrimoine, contrairement à l’adulte. Allah dit :
﴾Ceux qui mangent [disposent] injustement des biens des orphelins ne font que manger du feu dans leurs ventres. Ils brûleront bientôt dans les flammes de l’Enfer﴿.
[Sourate An-Nissa : 10]
Ce qui est défendu, ce n’est pas le simple fait de dépenser le patrimoine d’un orphelin pour se nourrir alors que le dépenser pour d’autres motifs serait permis. Ce qui est défendu c’est de s’emparer du patrimoine de l’orphelin. La nourriture n’est mentionnée ici que parce qu’elle est le motif le plus fréquent de dépenses.
6. Le sixième péché est de fuir le combat. En effet, il n’est pas permis au musulman de s’enfuir alors que l’on combat les non musulmans, car cela est de la lâcheté qui mène à la défaite des musulmans et à l’affaiblissement de leur détermination. Par ailleurs, Allah imposa aux musulmans de rester à leurs positions dans le combat et de ne pas fuir lorsqu’Il dit :
﴾Ô vous qui croyez ! Lorsque vous rencontrez une troupe (ennemie), soyez fermes, et invoquez beaucoup Allah afin de réussir﴿ .
[Sourate Al-Ane’fal : 45]
Ceci vaut lorsque le nombre des polythéistes est le double ou un peu moins que le double des musulmans. Ainsi, que les polythéistes soient moins nombreux que les musulmans, aussi nombreux ou le double ou un peu moins que le double, les musulmans doivent rester fermes et s’enfuir devient un péché capital, sauf s’il s’agit d’un repli tactique ayant pour finalité de reformer les rangs des musulmans. Dans ce cas, il est permis de fuir. Allah dit :
﴾Ô vous qui croyez, quand vous rencontrez (l’armée) des mécréants en marche, ne leur tournez point le dos. Quiconque, ce jour-là, leur tourne le dos - à moins que ce soit par tactique de combat, ou pour rallier un autre groupe -, celui-là encourt la colère d’Allah et son refuge sera l’Enfer. Et quelle mauvaise destination !﴿
[Sourate Al-Ane’fal : 15-16]
Allah dit également :
﴾Maintenant, Allah a allégé votre tâche, sachant qu’il y a de la faiblesse en vous. S’il y a cent endurants parmi vous, ils vaincront deux cents ; et s’il y en a mille, ils vaincront deux mille, par la grâce d’Allah. Et Allah est avec les endurants﴿ .
[Sourate Al-Ane’fal : 66]
8. Le septième péché est de calomnier les femmes croyantes chastes, c’est-à-dire les accuser mensongèrement et injustement de fornication. Ceci ne concerne pas l’accusation de la femme mécréante et de la femme qui a commis la fornication de manière avérée. Allah dit :
﴾Ceux qui lancent des accusations contre des femmes vertueuses, chastes [qui ne pensent même pas à commettre la turpitude] et croyantes sont maudits ici-bas comme dans l’au-delà ; et ils auront un énorme châtiment﴿
[Sourate An-Nour : 23].
Par ailleurs, ce péché ne concerne pas seulement les femmes, mais également les hommes. Ainsi, calomnier un croyant chaste est aussi grave que calomnier une femme chaste. Il fait encourir la même peine et le même châtiment dans l’au-delà, et il n’y a pas de divergence à ce propos parmi les gens de science [7].
Les femmes chastes sont qualifiées d’insouciantes et cela ne signifie pas qu’il est permis de calomnier une femme qui n’est pas insouciante ou bien que la calomnier n’est pas un péché capital. Cette précision souligne plutôt la gravité du péché, dans le sens où on calomnie une femme innocente de ce dont on l’accuse et qui n’en a même pas idée [8].
1. (1) Le prédicateur et l’éducateur doivent se préoccuper d’avertir les gens contre les péchés majeurs
2. (1) Les péchés des serviteurs sont expiés par les œuvres pieuses, comme la prière du vendredi qu’on accomplit chaque semaine, accomplir plusieurs fois de suite le Hajj et la Omra, ainsi que d’autres œuvres, excepté les péchés majeurs. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Les cinq prières, la prière du vendredi jusqu’à la suivante et le jeûne de Ramadan jusqu’au suivant expient les péchés commis entre eux, si on évite les péchés capitaux »[9]. Prends donc garde à ce qui rend les rétributions vaines et n’est pas effacé par les œuvres vertueuses.
3. (1) Prends garde de sous-estimer un péché parce qu’il ne fait pas partie des péchés capitaux, car lorsqu’un serviteur sous-estime un péché et le considère comme peu important il devient grand. Le croyant voit au contraire ses péchés aussi immenses que des montagnes. Al-Foudayl Ibn ‘Iyad – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Plus le péché est insignifiant pour toi, plus il est énorme pour Allah, et plus il est énorme pour toi plus il est insignifiant pour Allah » [10]. D’autre part, Ibn Mas’oud a dit : « Le croyant voit ses péchés comme une montagne sous laquelle il est assis et qu’il craint de voir s’écrouler sur lui. Le pervers voit ses péchés comme des mouches qui passent près de son nez et les chasse en faisant cela »[11].
4. (2) Prends garde à l’associationnisme, à ses causes et à ses moyens, car ils attirent nécessairement sur toi la colère et le châtiment d’Allah et rendent vaines tes œuvres vertueuses, sachant que l’associationnisme est plus imperceptible que les pas d’une fourmi.
5. (2) Si tu désires être sauf le Jour de la Résurrection, tu dois proclamer l’unicité d’Allah et prendre garde aux conséquences de l’associationnisme. Ibn Mas’oud a dit : « Lorsque furent révélées les paroles d’Allah :
﴾Ceux qui ont cru et n’ont point troublé la pureté de leur foi par quelque inéquité, ceux-là ont la sécurité ; et ce sont eux les biens guidés﴿
[Sourate Al-An’ame : 82]
, nous dîmes : « Ô Messager d’Allah, qui parmi nous ne commet pas d’injustice envers lui-même ? ». Il répondit : « Ce n’est pas ce que vous croyez, mais, « et n’ont point troublé la pureté de leur foi par quelqu’inéquité » signifie que la pureté de leur foi n’est pas troublée par l’associationnisme. N’avez- vous pas entendu les paroles que Loqmane dit à son fils :
﴾Et lorsque Loqmane dit à son fils tout en l’exhortant : « Ô mon fils, ne donne pas d’associé à Allah, car l’association à [Allah] est vraiment une injustice énorme »﴿
[Sourate Loqmane : 13] ? » [12]
6. (3) Prends garde de consulter un sorcier ou un voyant, car ceci est de la mécréance en Allah. Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui consulte un sorcier ou un voyant et croit en ce qu’il lui dit, mécroit en ce qui a été révélé à Mohammed ﷺ » [13] .
7. (3) Apprendre et enseigner la sorcellerie est de la mécréance en Allah. Prenez donc garde à la sorcellerie.
8. (3) Les détenteurs de l’autorité doivent exécuter les peines prévues pour les sorciers, les devins et les voyants afin de dissuader leurs semblables et mettre fin à leurs maux.
9. (4) Tuer une vie sans droit est un péché capital et Allah menace l’auteur de ce péché d’un châtiment douloureux. Mieux encore,
Il nous informe que tous les péchés dépendent du bon vouloir d’Allah (soit Il les pardonne, soit Il ne les pardonne pas), excepté le polythéisme et le meurtre, et ce à cause de leur extrême gravité et afin que cela soit dissuasif. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Tout péché est susceptible d’être pardonné par Allah, excepté le péché commis par celui qui tue délibérément un croyant ou meurt en étant mécréant » [14].
10. (4) La colère d’Allah est terrible contre l’homme qui tue délibérément sans droit un croyant. C’est la raison pour laquelle Il lui infligera une punition qu’Il n’inflige pas aux auteurs d’autres péchés. Allah dit :
﴾Quiconque tue intentionnellement un croyant, Sa rétribution alors sera l’Enfer, pour y demeurer éternellement. Allah l’a frappé de Sa colère, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment﴿ .
[Sourate An-Nissa : 93]
11. (5) Allah avertit celui qui consomme des revenus usuriers en lui disant que, s’il ne cesse pas, il encourt une guerre de la part d’Allah et de Son Messager ﷺ. Te sens-tu prêt à faire la guerre à Allah et à Son Messager ﷺ ?
12. (5) Le Prophète ﷺ a dit : « J’ai vu cette nuit deux hommes qui sont venus à moi et m’ont emmené vers une terre sainte… puis nous nous remîmes en route jusqu’à arriver à un fleuve de sang où il y avait un homme et sur la rive du fleuve, il y avait un homme debout qui tenait des pierres dans ses mains. Lorsque l’homme qui était dans le fleuve venait vers l’autre et voulait sortir [du fleuve], l’homme [debout sur la rive du fleuve] lui lançait une pierre dans la bouche et cela le ramenait à l’endroit d’où il venait. Et à chaque fois qu’il voulait sortir, il lui lançait une pierre dans la bouche qui le ramenait à l’endroit d’où il venait. Je demandai : « Qui est-ce ? »... L’un des deux accompagnateurs me répondit : « Celui que tu as vu dans le fleuve consommait des revenus usuriers » [15]
13 (6) Prends garde de dépenser sans droit les richesses des gens, car ceci fait partie des péchés capitaux, particulièrement lorsque le propriétaire est quelqu’un de faible ou un orphelin incapable de gérer son patrimoine.
14. (6) Prends garde aux conséquences de te nourrir en dépensant le patrimoine de l’orphelin, car ceci fait partie des péchés destructeurs.
15. (7) Lorsque tu t’engages dans une guerre avec les musulmans pour combattre les mécréants, place ta confiance en Allah, remets-t’en à Lui, sache que tu défends une brèche par laquelle peuvent s’introduire les ennemis de l’Islam, promets-toi que tu ne seras pas la cause de la défaite de l’Islam et reste ferme et sollicitant l’aide d’Allah.
16. (7) Ne sois pas la cause de la défaite des musulmans en montrant que tu es faible et que tu vas être vaincu, impactant ainsi par ton attitude les autres soldats.
17. (8) Préserve ta langue de ce qui porte préjudice aux gens, car c’est la langue qui fait entrer le plus souvent les gens en Enfer.
18. (8) Allah imposa, afin de préserver les honneurs, à celui qui voit des gens commettre une turpitude d’apporter quatre témoins. Sinon, il est considéré comme un menteur et un calomniateur, et il doit subir quatre-vingts coups de fouet. Ne laisse donc pas ta langue te mener vers des situations périlleuses.
19. (8) La calomnie inclut les insultes que s’échangent les musulmans aujourd’hui pour plaisanter. Prends donc garde à ce genre de plaisanteries, car il n’y a pas un mot que tu prononces sans que tu ne doives rendre de compte à son sujet.
20. Un poète a dit :
Abstiens-toi des péchés petits ou grands, car c’est cela la piété.
Sois tel celui qui marche sur une terre couverte d’épines en faisant attention à ce qu’il voit,
Et ne méprise rien de petit, car les montagnes sont faites de cailloux.
21. Un autre poète a dit :
Il y en a parmi les gens pour qui traiter injustement les autres est une habitude et qui se justifie en avançant toutes sortes d’excuses.
Il consomme volontiers ce qui est illicite et prétend qu’il est envisageable que ce qui est illicite soit licite.
Ô toi qui consommes des revenus illicites, explique-nous dans quel livre il est dit que ce que tu consommes est licite ?
Ne sais-tu pas qu’Allah sait ce qui se produit et que lors de la Résurrection Il tranchera entre les créatures.
Références
1. 4Al-Boukhari (4477) et Moslim (86).
2. Voir Bada’i’ Al-Fawa’id d’Ibn Al-Qayyim (2/760).
3. Al-Boukhari (67) et Moslim (1679) d’après Abou Bakra, dont Allah est satisfait.
4. Al-Boukhari (3166).
5. Voir Moune’taha Al-Iradat d’Ibn An-Najjar (2/347).
6. Moslim (1598).
7. Voir At-Tawdîh li-Charh Jami’ As-Sahih d’Ibn Al-Moulaqqin (31/284).
8. Voir Fath Al-Mun’im Charh Sahîh Muslim de Mûsâ Châhîn Lâchîn (1/291).
9. Moslim (233).
10. Voir Siyar A’lâm An-Noubalâ` d’Adh-Dhahabi (8/427).
11. Al-Boukhari (6308).
12. Al-Boukhari (3360) et Moslim (124).
13. Abou Dawoud (3904), At-Tirmidhi (135), An-Nassa’i (9017) et Ibn Maja (639).
14. An-Nassa’i (3984).
15 Al-Boukhari (2085).
1.Mou’awiya, qu’Allah a agréé, veillait à ce que lui parviennent les hadiths du Messager d’Allah ﷺ et il écrivit à son employé Al-Moughira, qu’Allah a agréé, pour lui demander de lui envoyer des paroles exhaustives qu’il aurait entendues du Messager d’Allah ﷺ.
2.Al-Moughirah lui envoya alors que le Prophète ﷺ veillait à dire après chaque prière : « I n’existe pas de divinité excepté Allah seul sans associé, à Lui la souveraineté, à Lui la louange et Il a pouvoir sur toute chose ».
La signification de cette invocation est qu’il n’existe pas de divinité digne d’être adorée, excepté Allah, qu’Il détient la souveraineté absolue – celle du bas monde et de l’au-delà – et que toutes les formes d’éloge Lui appartiennent. Il est donc le seul à mériter tout cela. De plus, Il est l’Omnipotent à qui rien ni personne ne tient tête, Celui qui, dans les cieux et sur la terre, est le détenteur du pouvoir qui se manifeste aux yeux de tous, comme celui qui est caché.
3.
Puis le Prophète ﷺ a dit : « Ô Allah, personne ne peut priver de ce que tu as donné ni donner ce dont Tu prives ». Cela signifie : Personne ne peut s’opposer à Ton action et personne n’a le pouvoir d’empêcher ce que Tu as décrété ni de réaliser ce que Tu as interdit.
Allah dit :
﴾Ce qu’Allah accorde en miséricorde aux gens, il n’est personne à pouvoir le retenir. Et ce qu’Il retient, il n’est personne à le relâcher après Lui. Et c'est Lui le Puissant, le Sage﴿ .
[Sourate Fatir : 2]
4.Il clôtura ensuite son invocation en disant : « et la richesse du riche ne le prémunit pas contre Toi ». Cela signifie que la richesse ne sera d’aucune utilité pour son propriétaire face à Toi, que la chance du chanceux ne lui sera d’aucune utilité face à Ton décret et la destinée et que cela ne le sauvera pas du châtiment d’Allah. Ainsi, l’être humain ne trouvera d’utilité que dans ses œuvres, sa foi et la miséricorde dont Allah pourrait l’envelopper.
Ce hadith est proche des paroles d’Allah :
﴾le jour où ni les biens ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur sain ﴿
[Sourate Ach-Chou’ara : 88-89].
5.Al-Moughira écrit ensuite que le Prophète ﷺ défendait de parler inutilement, car laisser libre cours à sa langue ouvre la voie à discuter des honneurs des gens. C’est pourquoi le Prophète ﷺ a dit : « Que celui qui croit en Allah et au Jour Dernier dise du bien ou qu’il se taise »[1].
6.Le Prophète ﷺ défendit également de poser trop de questions, c’est-à-dire que l’être humain pose des questions inutiles, comme questionner au sujet de problématiques qui n’ont jamais été rencontrées. Cela inclut également le fait de poser beaucoup de questions aux gens au sujet de leur vie, les mettant ainsi dans l’embarras, les obligeant parfois à divulguer ce qu’ils veulent laisser secret. Il est aussi possible que les paroles du Prophète ﷺ signifient la défense de demander aux gens de donner de l’argent[2].
7.Le Prophète ﷺ défendit également à ses Compagnons de dilapider les richesses en les dépensant dans ce qui est illicite ou en les gaspillant dans des dépenses licites, comme la nourriture, les boissons, les vêtements et autres.
Allah dit :
﴾Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Il [Allah] n’aime pas ceux qui commettent des excès﴿ .
[Sourate Al-A’raf : 31]
8.Le Prophète ﷺ défendit aussi de désobéir aux pères et aux mères, de les offenser, de ne pas respecter leurs droits et de leur porter préjudice et mentionna spécifiquement les mères en raison de leur droit immense. Ainsi, la piété filiale à l’égard de la mère est prioritaire par rapport à celle à
l’égard du père. C’est en effet parce que les femmes sont plus faibles que les hommes, que l’on est
plus susceptible d’être ingrat envers les mères qu’envers les pères.
9.Le Prophète ﷺ défendit également d’enterrer les filles vivantes comme cela était de coutume à l’époque préislamique. À cette époque on détestait les filles et on y voyait un mauvais augure. Les gens croyaient qu’avoir une fille causait le déshonneur.
Allah dit :
﴾Et lorsqu’on annonce à l’un d’eux une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde [l’envahit]. Il se cache des gens, à cause du malheur qu’on lui a annoncé. Doit-il la garder malgré la honte ou l’enfouira-t-il dans la terre ? Combien est mauvais leur jugement !﴿
[Sourate An-Nahl : 58-59].
10.Le Prophète ﷺ défendit aussi que l’être humain refuse de s’acquitter de ses obligations en termes de dépenses, de paroles, d’actes ou de vertus alors qu’il réclame ce qu’il n’a pas le droit de prendre[3]. Ceci fait partie des formes les plus hideuses d’avidité qui consistent à ce que l’individu revendique ce qui ne lui appartient pas et ne donne pas aux autres ce qu’il doit leur donner.
- (1) Vois comment les Compagnons veillaient à étudier la science et à mémoriser les hadiths. Bien que Mou’awiya ait été occupé par le califat et les affaires de la gouvernance, il n’oublia pas son devoir d’apprendre la religion et de s’instruire au sujet de ses jugements. Prends donc garde de perdre la ferveur d’acquérir la science.
- (1) Les Compagnons – qu’Allah a agréés – s’efforçaient de mémoriser les hadiths du Prophète ﷺ et de les transmettre. Ils sont donc des gens de mérite et de science, et tout musulman doit les respecter et ne pas accorder d’attention aux différends qui les ont opposés dans ce bas monde.
- (2) Efforce-toi de clôturer ta prière par les évocations connues de la prière, dont celle-là : « Il n’existe pas de divinité excepté Allah seul sans associé, à Lui la souveraineté, à Lui la louange et Il a pouvoir sur toute chose. Ô Allah, personne ne peut priver de ce que tu as donné, ni donner ce dont Tu prives, et la richesse du riche ne le prémunit pas contre Toi ».
- (3) Aie confiance en Allah et remets-t’en à Lui, car personne n’a le pouvoir de s’opposer à ce qu’Il a décrété ni de réaliser ce qu’Il n’a pas écrit.
- (3) Prends garde de désespérer de la miséricorde d’Allah et ne t’afflige pas de ce qui t’atteint par décret d’Allah. En effet, ce qui t’a manqué ne pouvait en aucun cas t’atteindre et ce qui t’a atteint ne pouvait en aucun cas te manquer
6.(4) Rien ne te sera utile excepté tes œuvres. Ni les liens de parenté, ni les richesses, ni la force, ni la chance ne te seront d’aucun secours auprès d’Allah.
7.(5) Ne parle pas de ce qui est inutile, car la langue mène à la perte. Abou Bakr As-Siddiq, qu’Allah
a agréé, saisissait sa langue et disait : « Ceci m’a mis dans des situations difficiles »[4].
8.(5) Réfléchis à ce que tu vas dire avant de remuer ta langue. Choumayt Ibn ‘Ajlane – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Ô fils d’Adam, tu es sauf tant que tu te tais. Dès lors que tu parles, sois prudent, car tes paroles seront pour toi ou contre toi »[5].
9.(5) ‘Omar Ibn Al-Khattab a dit : « Celui dont les paroles sont nombreuses verra ses erreurs fréquentes, et celui dont les erreurs sont fréquentes verra ses péchés nombreux, et celui dont les péchés sont nombreux méritera le Feu pour demeure »[6].
10.(6) Ne pose pas de question à propos de choses qui ne te concernent pas. Si tu t’interroges à propos d’un sujet religieux, ne pose pas de question à propos de quelque chose qu’il est inutile de connaître, comme des évènements qui ne se sont pas produits, ou bien des choses qui ne sont pas bénéfiques, voire nuisibles. Veille plutôt à poser des questions sur ce qui t’est bénéfique dans ta vie de ce bas monde et dans celle de l’au-delà.
11.(6) Ne gêne personne en lui posant des questions sur ses affaires personnelles ou bien en lui demandant des nouvelles de sa famille qui le forcent à divulguer des secrets de son foyer.
12.(7) Dépenser sa richesse dans des œuvres de bienfaisance n’est pas de la dilapidation. Ainsi, Abou Bakr dépensa toute sa richesse pour la cause d’Allah et ‘Omar la moitié de la sienne et ceci ne fut pas de la dilapidation.
13.(7) Il n’est pas illicite pour le musulman de dépenser pour des plaisirs et des choses agréables. C’est plutôt le gaspillage et le fait de dépasser la limite dans ces dépenses qui sont illicites.
14.(8) Prends garde à l’impiété filiale, car sa punition est hâtée dans ce bas monde et dans l’au-delà.
15.(8) L’impiété filiale est illicite, mais elle l’est encore plus lorsqu’elle concerne la mère. Que sa délicatesse et sa faiblesse ne t’incitent pas à être ingrat envers elle.
16.(9) Allah déclara illicite, de crainte de la pauvreté ou du déshonneur, de tuer les filles et de les enterrer vivantes. Il imposa au père de leur donner une bonne éducation et déclara illicite de violer leurs droits et de ne pas leur donner leur part d’héritage.
17.(10) Acquitte-toi de tes obligations et ne sois pas avare.
18.(10) Prends garde de convoiter ce que possèdent les autres. Sois satisfait par ce qu’Allah t’a donné
et tu seras le plus riche des gens.
Références
- Al-Boukhari (6019) et Moslim (48)
- Voir Machariq Al-Anwar ‘Ala Sihah Al-Athar d’Al-Qadi ‘Iyad (2/201)
- Voir Al-Kachif ‘Ane Haqa’iq As-Sounane d’At-Tibi (10/3157)
- Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/340)
- Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/340)
- Voir Jami’ Al-’Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/339).
Le Prophète mentionne dans ce hadith une manifestation de la miséricorde d’ Allah envers Ses serviteurs croyants. En effet, Allah les dispensa de devoir rendre des comptes pour les réflexions et les pensées qui surgissent dans l’âme, tant qu’elles ne se traduisent paesn paroles prononcées par la langue ou en actes accomplis par les membres.
Même si, sans que l’on ait délibérément suscité ces pensées, elles invitent l’âme à un acte de désobéissance, à une médisance ou à un acte d’associationnism. Oen n’a rien à se reprocher si on les repousse et qu’on ne les laisse pas persister. Des Compagnons du Prophètevinrent à lui une fois et lui demandèrent : « Nous avons des pensées que l’un de nous n’oserait pas exprimer par la paro»le. Le Prophète leur demanda : « Avez-vous vraiment ces pensées ? ». « Oui », répondirent-ils. Il leur dit alors : « Ceci est la foi même »[1]. Cela signifie que la cause de ces insufflations est la foi pure et proprement dite, car les adeptes du faux ne sont pas sujets aux insufflations.
Cependant, lorsqu’une mauvaise pensée survient à l’être humain et qu’il se déci,dleorsqu’il en a la possibilité, à la mettre en pratique, cela lui est compté comme un péché et il est considéré comme l’ayant exécutée, car il est sorti du domaine de la pensée et est passé à celui de l’intention. Le Prophète
a dit : « L’ exemple de cette communauté est celui de quatre hommes. Le premier est un homme à qui Allah a donné de la richesse et de la science et qui met en pratique sa science en utilisant sa richesse en la dépensant comme il se doit. Le deuxième est un homme à qui Allah a donné de la science, mais pas de richesse et qui dit : « Si j’avais la même richesse que le premier, j’ œuvrerais comme il œuvre» ». Le Prophète dit ensuite : « Les deux obtiendront la même rétribution ». Puis il dit : « Le troisième est un homme à qui Allah a donné de la richesse, mais n’a pas donné de science
et qui dépense sa richesse de manière inconsidérée. Le quatrième est un homme à qui Allah n’a donné ni science ni richesse et qui dit : « Si j’avais la même richesse que le troisième, je la dépenserais comme lui » ». Le Prophète ﷺ dit ensuite : « Les deux commettent le même mal »[2]
Au début de l’Islam, le serviteur devait rendre compte de ses pensées et souhaits involontaires puis
Allah fit miséricorde à Ses serviteurs et les couvrit de Son indulgence.
1.Il ne convient pas que le croyant soit attristé par les insufflations qui le font douter de sa religion
2.Lorsque le serviteur est sujet à une insufflation qui est en rapport avec les attributs d’Allah, Son existence ou autre chose de problématique pour le serviteur, qu’il cherche refuge auprès d’Allah contre cela et qu’il ne laisse pas libre cours à sa réflexion. Le Prophète ﷺ a dit : « Satan vient à l’un de vous et lui dit : « Qui a créé ceci ? Qui a créé cela ? ». Puis il progresse jusqu’à lui dire : « Qui a créé ton Seigneur ? ». Quand l’un de vous atteint ce stade, qu’il cherche refuge auprès d’Allah et qu’il cesse »[3]. Dans la version du hadith rapportée par Moslim, le Prophète ﷺ a dit : « Qu’il dise :
et de son adoration, car elles sont la preuve de sa foi et des tentatives d’Iblis de le tenter.
« Je crois en Allah » ».
3. Prends garde de sous-estimer les intentions, car tu peux être châtié juste pour une intention maléfique même si tu ne passes pas à l’action. Imagine être aussi durement châtié que Qaroune, Pharaon et Hamane pour la seule raison d’avoir l’intention d’agir comme eux si Allah te donnait le même pouvoir et la même richesse, alors que tu es faible et que tu n’as aucun pouvoir.
4.Aie autant d’emprise sur ton intention que tu le peux, en ayant toujours l’intention de faire le bien afin d’être rétribué pour cela, même si tu n’en as pas les moyens. Le Prophète ﷺ a dit : « Celui qui demande sincèrement à Allah de tomber en martyr, Allah lui fera atteindre le rang des martyrs même s’il meurt dans sa couche ».[4]
5.Si tu as une mauvaise pensée concernant un acte de désobéissance à Allah, interromps alors ta
réflexion sans t’en préoccuper ni en être attristé, car elle ne te causera aucun mal.
Références
- Moslim (132).
- Ibn Maja (4228) et Ahmad (18024)
- Al-Boukhari (3276) et Moslim (134).
- Moslim (1909).
1- Le Prophète ﷺ incite à appeler à Allah et à diffuser les jugements de la religion parmi les gens. Il motive à faire cela en explicitant la rétribution et le mérite des prédicateurs. Ainsi, celui qui appelle à une quelconque forme de bien, que l’œuvre soit grandiose ou modeste, obtient la même rétribution que ceux qui le suivent et l’imitent sans que cela ne diminue en rien leur rétribution.
La prédication ne se limite pas qu’aux paroles, mais englobe aussi les actes. Ainsi, lorsqu’un musulman se conforme à une Sounna et que d’autres personnes l’imitent, il obtient la récompense pour son acte et les mêmes récompenses que les personnes qui l’imitent.
2- D’autre part, le Prophète ﷺ avertit contre le fait d’égarer et de fourvoyer les gens. Ainsi, celui qui appelle à la mécréance, à l’associationnisme, à une innovation ou à un acte de désobéissance, par les paroles ou par les actes, est puni pour son égarement et il se chargera aussi des punitions de ceux qui l’ont suivi dans son égarement sans que cela ne diminue en rien leurs punitions, chacun obtenant sa punition complète. Allah dit :
﴾Qu’ils portent donc, au Jour de la Résurrection, tous les fardeaux de leurs propres œuvres ainsi qu’une partie des fardeaux de ceux qu’ils égarent, sans le savoir﴿.
[Sourate An-Nahl : 25]
Pour sa part, le Prophète ﷺ a dit :
« On ne tue pas injustement une vie, sans que le premier fils d’Adam n’assume une partie de ce crime, car il est le premier à avoir instauré le meurtre ».
[1]
Par ailleurs, le présent hadith est corroboré par un autre dans lequel le Prophète ﷺ a dit :
« Celui qui instaure une bonne pratique dans l’Islam obtient la rétribution pour cela ainsi que la même rétribution que ceux qui l’appliquent après lui, sans que cela ne diminue en rien leurs rétributions. Celui qui instaure une mauvaise pratique dans l’Islam reçoit la punition pour cela ainsi que les mêmes punitions que ceux qui l’appliquent après lui sans que cela ne diminue en rien leurs péchés ».
[2]
1. (1) Si tu veux augmenter tes bonnes actions, appelle à Allah, car tu obtiendras les mêmes rétributions que ceux qui t’imiteront.
2. (1) Les prédicateurs qui appellent à Allah font partie de ceux qui font des aumônes courantes dont la rétribution augmente après leur mort et ne s’arrête jamais. Veille donc à ce que tes bonnes actions soient courantes et à ce que tes mauvaises actions ne persistent pas après ta mort.
3. (1) Prends l’initiative de raviver des Sounane auxquelles de nombreux musulmans sont inattentifs. En effet, en les ravivant, tu remportes l’agrément d’Allah, l’amour de Son Prophète ﷺ et les rétributions de ceux qui t’imitent.
4. (1) Diffuser la science religieuse fait partie des plus importantes manières d’appeler à Allah, car c’est grâce à elle que les gens apprennent les jugements religieux et c’est ainsi qu’ils exécuteront les commandements et s’abstiendront des interdits.
5. (2) Prends garde aux mauvaises actions qui continuent après ta mort. Combien de gens sont morts alors que les anges qui leur sont détachés continuent d’enregistrer leurs mauvaises actions ! C’est parce qu’ils ont appelé à l’égarement, à l’associationnisme, aux innovations et aux actes de désobéissance et ont été imités par d’autres personnes.
6. (2) Le bienheureux est celui qui appelle au bien et le malheureux est celui qui appelle à l’Enfer. Allah dit :
﴾Nous fîmes d’eux des dirigeants qui appellent les gens au Feu﴿ .
[Sourate Al-Qasas : 41]
références
1. Al-Boukhari (3335) et Moslim (1677).
2. Moslim (1017).
Le Prophète ﷺ énonce une parabole pour souligner l’ importance de l’ appel à Allah et de prodiguer des conseils pour Lui et également pour souligner que si on ne désapprouvait pas ce qui est blâmable, tous les gens sombreraient dans l’anéantissement. Il compare ainsi l’être humain obéissant qui
respecte les limites d’Allah et se conforme à Ses commandements et à Ses interdits, et l’être humain désobéissant qui méprise les jugements de la religion et qui s’abandonne à ses désirs et à ses plaisirs à des gens qui montent sur un bateau naviguant sur une eau douce. Ils tirent au sort pour déterminer ceux qui embarqueront sur le pont supérieur et ceux qui embarqueront sur le pont inférieur. Ceci fait, chacun rejoint ensuite sa place.
Ceux qui ont pris place sur le pont inférieur, à chaque fois qu’ils ont besoin de boire ou d’utiliser de l’eau, montent sur le pont supérieur afin de puiser de l’eau puis redescendent. Ils proposent alors de perforer le bas du bateau – là où ils ont pris place – afin de puiser de l’eau directement au lieu de monter et de descendre, ce qui leur ferait dépenser moins d’effort et leur épargnerait de déranger leurs voisins d’en haut. Si ceux d’en haut les laissaient faire ce qu’ils voulaient sous prétexte que c’est leur espace et qu’ils en font ce qu’ils veulent, tous seraient perdus, car il ne fait aucun doute que le trou ferait couler le bateau. En revanche, s’ils les en empêchent, tous seraient sauvés.
Il en est de même pour les croyants et les désobéissants. Si les croyants laissaient les désobéissants à leurs actes de désobéissance sans désapprouver leurs agissements, tous mériteraient d’être punis par Allah : les désobéissants pour avoir commis des actes de désobéissance, et les autres pour s’être tus et ne pas avoir désapprouvé leurs agissements. Ceci ressemble aux autres paroles du Prophète ﷺ :
« Lorsque les gens voient ce qui est blâmable sans le désapprouver, Allah manque de leur infliger un châtiment collectif en guise de punition de Sa part »[1] Par ailleurs, Allah infligea aux Israélites un châtiment pour s’être abstenu d’ordonner ce qui est convenable et de défendre ce qui est blâmable.
Allah dit en effet :
﴾Ceux des Enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la bouche de David et de Jésus fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgressaient. Ils ne s’interdisaient pas les uns aux autres ce qu’ils faisaient de blâmable. Comme est mauvais, certes, ce qu’ils faisaient !﴿
[Sourate Al-Ma’ida : 78-79].
1.L’énonciation de paraboles fait partie des méthodes efficaces dans l’appel à Allah et l’enseignement de la science. Par conséquent, il convient à l’enseignant et l’éducateur de rendre accessibles les concepts abstraits qu’ils enseignent aux gens en ayant recours à des paraboles présentant ces concepts sous une forme plus concrète et accessible à leur compréhension[2].
2. Le croyant authentique ne se contente pas de s’amender lui-même mais se préoccupe également de l’état de la société qui l’entoure et s’efforce de lui faire identifier les dangers qui menacent sa religion et sa vie dans ce bas monde.
3. Renoncer à ordonner ce qui est convenable et à défendre ce qui est blâmable est la cause de la destruction et que l’anéantissement s’abatte sur la société toute entière, conformément
aux paroles d’Allah :
﴾Et craignez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Et sachez qu’Allah est dur en punition﴿
[Sourate Al-Anfal : 25].
4. Prends garde de croire que le simple fait de t’abstenir de commettre des actes de désobéissance suffit à éloigner de toi le châtiment d’Allah. Tu dois en plus désapprouver ce qui est blâmable du mieux que tu peux.
5. Il n’est pas permis à un musulman de voir une chose blâmable être commise et ne pas tenter de changer cela alors qu’il en a le pouvoir,
sachant qu’Allah dit :
﴾Ceux des Enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la bouche de David et de Jésus fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgressaient. Ils ne s’interdisaient pas les uns aux autres ce qu’ils faisaient de blâmable. Comme est mauvais, certes, ce qu’ils faisaient !﴿ .
[Sourate Al-Ma’ida : 78-79]
Références
- Ahmad (1), Ibn Maja (4005), Abou Dawoud (4338) et At-Tirmidhi (3057)
- Voir le commentaire de Riyad As-Salihine d’Ibn ‘Othaymine (2/433).
1. Le Successeur (tabi’ i) Tariq Ibn Chihab – qu’Allah lui fasse miséricorde – affirme que Marwane Ibn Al-Hakam est le premier à avoir commis l’innovation consistant à prononcer le sermon avant l’accomplissement de la prière de l’Aïd. Or parmi les choses nécessairement connues de la religion d’Allah, il y a le fait que la prière de l’Aïd est accomplie avant le sermon. Cependant, Marwane craignait que les gens partent après la prière et voulut prononcer le sermon avant qu’ils ne parte[1].nt C’est alors qu’un homme se leva pour lui prodiguer un conseil et lui rappeler la Sounna qui dicte que la prière doit précéder le sermon, mais Marwane ne répondit pas favorablement à cet homme et lui dit plutôt : « Les gens ont délaissé ce dont tu parles ».
2. A ce moment-là, Abou Sa’id Al-Khoudri, qu’Allah a agréé, a dit : Cet homme qui prodigua un conseil à Marwane s’est acquitté de son obligation d’être de bon conseil, d’ordonner ce qui est convenable et de défendre ce qui est blâmable et l’obligation [pour cette situation] ne le concerne plus . En effet, Allah ne charge une âme que de ce qu’elle peut supporter et Il dit :
﴾Il n’incombe au Messager que de transmettre (le message)﴿
[Sourate Al-Ma’ida : 99].
3. Puis Abou Sa’id avança comme preuve de ses paroles qu’il entendit le Prophète ﷺ dire : « Celui d’entre vous qui voit quelque chose de blâmable – qui est tout ce que la religion a qualifié de hideux ou de détestable –, qu’il le change avec sa main ».Le changement avec la main ne signifie pas que le musulman doive s’empresser de saccager les biens et de verser le sang, causant ainsi un trouble et s’exposant aux ripostes et aux atteintes. Il est plutôt exigé pour changer avec la main, qu’on en ait le pouvoir et qu’on ne cause pas de mal, comme cela est le cas pour le détenteur de l’autorité qui change ce qui est blâmable grâce à son autorité, ou bien le père et époux qui éduque ses enfants et exprime sa désapprobation pour ce que fait son épouse. Si on n’a pas le pouvoir de changer avec sa main, on sollicite l’aide du détenteur de l’autorité et de ses délégués. Sinon, l’obligation de changer avec sa main ne tient plus.
4. Si l’être humain ne peut changer avec la main ce qui est blâmable, comme lorsqu’il craint pour lui- même un préjudice ou de causer un trouble, il le change alors avec la langue. Cela consiste à exprimer sa désapprobation à l’auteur de l’acte de désobéissance, à l’appeler à Allah et à l’inciter à se repentir et à faire disparaître ce qu’il a commis. Il peut s’aider en cela de l’attitude qui aura le plus d’impact sur son interlocuteur, comme la sévérité ou la douceur selon les cas, conformément aux paroles d’Allah :
﴾Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon﴿
[Sourate An-Nahl : 125].
5. Si l’être humain craint pour lui s’il tente de le changer par la langue ou s’il en est incapable, il doit désapprouver avec son cœur en détestant la chose blâmable qui est commise, en s’en désavouant devant Allah et en se promettant de le changer s’il en a le pouvoir.Par ailleurs, désapprouver avec son cœur est le plus faible degré de foi et en dessous de cela, il ne reste à l’être humain que l’approbation de l’acte de désobéissance et d’en être satisfait, même si ce n’est pas lui qui l’a commis. C’est pourquoi il est dit dans l’autre version du hadith : « Au-delà de cela, il n’y a pas de foi aussi infime qu’un grain de moutarde »[2].En outre, ordonner ce qui est convenable et défendre ce qui est blâmable, fait partie des plus importantes obligations, car c’est par elle que la société s’amende et que la religion d’Allah est établie. C’est une obligation communautaire qui, lorqu’elle est accomplie par certains, en dédouane les autres. Cependant, cette obligation peut devenir individuelle pour quelqu’un, si personne d’autre que lui n’identifie la chose blâmable ou bien si cette chose blâmable est commise au sein de sa famille ou parmi des gens sur lesquels il a autorité[3].Si la chose blâmable en question fait partie de ce que les musulmans ordinaires peuvent identifier, comme le délaissement de la prière ou du jeûne, l’impiété filiale, la consommation d’alcool, la fornication ou autre, alors chaque musulman a le droit d’exprimer sa désapprobation. Si en revanche elle fait partie des actes dont le jugement n’est pas connu par beaucoup de monde, alors c’est aux gens de science de la désapprouver.
1. (1) Il y a dans ce hadith l’affirmation qu’est refusé ce que fait celui qui innove dans cette religion ce qui n’en fait pas partie, et que les œuvres ne sont acceptées que si elles sont conformes à la guidée du Messager d’Allah ﷺ.
2. (1) L’homme qui se leva pour prodiguer un conseil à Marwane Ibn Al-Hakam ne redouta pas de subir sa tyrannie et son oppression. Il convient donc que le musulman ne craigne pas de désapprouver ce qui est blâmable tant que le préjudice n’atteint pas un degré qu’il ne peut supporter.
3. (2) Ne sois pas dissuadé de désapprouver une chose blâmable par la certitude que celui à qui tu exprimes ta désapprobation ne t’écoutera pas. Il ne t’est demandé que d’être de bon conseil et Allah guide qui Il veut.
4. (2) Prends garde de croire que le fait de t’éloigner des actes de désobéissance suffira à ton salut, car on mérite d’être puni lorsqu’on ne désapprouve pas ce qui est blâmable. Le Prophète ﷺ a dit :« Lorsque les gens voient ce qui est blâmable sans le désapprouver, Allah manque de leur infliger un châtiment collectif en guise de punition de Sa part »[4].
5. (3) Il n’est pas permis à un musulman de voir quelque chose de blâmable sans le changer alors qu’il en a le pouvoir.
Allah dit :
﴾Ceux des Enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la bouche de David et de Jésus fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgressaient. Ils ne s’interdisaient pas les uns aux autres ce qu’ils faisaient de blâmable. Comme est mauvais, certes, ce qu’ils faisaient !﴿
[Sourate Al-Ma’ida : 78-79]
6. (3) Prends garde de causer quelque chose de plus blâmable encore, que ce que tu as changé. Tu dois plutôt te parer de sagesse lorsque tu changes quelque chose de blâmable et lorsque tu t’aperçois qu’il est plus bénéfique de le changer avec la langue qu’avec la main, alors change-le avec la langue.
7. (3) Il est exigé pour changer avec la main d’en avoir le pouvoir et de s’assurer de l’absence de préjudice et de trouble. Si ces conditions sont remplies, alors agis.
8. (3) Un des changements par la main consiste à ce que le musulman n’accepte pas que son épouse, sa fille ou sa sœur sorte en n’étant pas correctement vêtue. Il ne lui suffit pas dans ce cas de lui prodiguer des conseils mais il doit aussi lui interdire de sortir ainsi accoutrée.
9. (3) Un des changements par la main consiste à ce que le musulman ordonne aux membres de sa famille de prier et d’adorer Allah et de les punir pour cela par ce qu’il espère les amener à ce qu’ils soient guidés.
10. (3) Un des changements par la main consiste à ce que le musulman enlève de son foyer les symboles d’associationnisme et d’actes de désobéissance, comme les représentations, les statues, les talismans et autres.
11. (4) Si tu es incapable de changer avec la main mais que tu as la possibilité de prodiguer des conseils et d’expliquer le vrai avec sagesse et sans causer de trouble, alors fais-le.
12. (4) Changer avec la langue ne se fait pas en insultant, calomniant, invectivant et en médisant, mais plutôt en prodiguant de bons conseils, en enjoignant ce qui est convenable avec ce qui est convenable et en interdisant ce qui est blâmable sans recourir à ce qui est blâmable.
13. (4) Le musulman sincère doit prendre l’initiative d’ordonner ce qui est convenable et de défendre ce qui est blâmable. Il ne doit pas en être dissuadé sous prétexte qu’il a peur de ceux qui occupent des hautes fonctions dans ce bas monde, car Allah dit :
﴾Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué﴿
[Sourate Al-Hajj : 40].
14. (4) Ordonner ce qui est convenable et interdire ce qui est blâmable ne sont pas des obligations spécifiques aux détenteurs de l’autorité et aux gouverneurs, mais c’est aussi une obligation pour les musulmans ordinaires. Il est donc obligatoire au musulman d’ordonner et d’interdire dès lors qu’il a connaissance de ce qu’il ordonne ou interdit.
15. (4) Une des manières d’exprimer de la miséricorde à l’égard du musulman désobéissant et à la société musulmane, est de lui prodiguer des conseils et de rectifier son comportement.
16. (4) Le croyant authentique ne se contente pas de s’amender lui-même mais se préoccupe également de l’état de la société qui l’entoure et s’efforce de lui faire identifier les dangers qui menacent sa religion et sa vie dans ce bas monde.
17. (4) Une des plus grandes épreuves pouvant atteindre l’individu, c’est de s’abstenir de commander ce qui est convenable et de défendre ce qui est blâmable par égard pour l’amour d’un être cher, un lien de parenté et une amitié ou bien pour faire plaisir à un détenteur de l’autorité, car une malédiction a frappé les Israélites lorsqu’ils se sont abstenus pour ces raisons, de commander ce qui est convenable et de défendre ce qui est blâmable.
18. (4) Lorsque le musulman est incapable de désapprouver avec la langue, il doit désapprouver avec son cœur, réprouver l’acte de désobéissance commis, s’en désavouer et se promettre que si on a la capacité de le changer avec la main ou avec la langue on le fera.
19. (5) Une des manières de désapprouver avec le cœur, est de se désavouer de l’associationnisme et de ses adeptes. Le musulman doit donc détester les polythéistes et les mécréants et ne pas leur vouer de l’affection ou s’allier à eux parce qu’ils détestent Allah et qu’Allah les déteste.
20. (5) Teste ton cœur et ta foi. Si, après avoir vu quelque chose de blâmable, tu le changes avec ta main ou bien tu le désapprouves avec ta main ou avec ta langue, alors ta foi est à la hauteur de la manière dont tu changes cette chose blâmable. Si en revanche tu ne t’en soucies pas et n’y accordes pas d’intérêt, alors tu es loin du cercle des croyants.
21. (5) Désapprouver avec le cœur tout en étant capable de changer avec la main ou de désapprouver avec la langue reflète une faiblesse dans la foi de l’individu. Veille donc à faire partie de ceux dont la foi est complète.
22. (5) Assister aux assemblées où on parle de futilités, où on calomnie les gens et on médit d’eux et où on commet des choses illicites, est la preuve que le cœur ne désapprouve pas tous ces agissements, car si ton cœur les désapprouvait, tu détesterais ces assemblées et tu les quitterais.
Références
- Voir Kachf Al-Mouchkil Mine Hadith As-Sahihayne d’Ibn Al-Jawzi (2/173).
- Moslim (50).
- Voir le commentaire de Al-Arba’oune An-Nawawiyya d’Ibn Daqiq Al-’Id (p.112).
- Ahmad (1), Ibn Maja (4005), Abou Dawoud (4338) et At-Tirmidhi (3057).
1. Le Prophète ﷺ nous informe que cette religion restera jusqu’à la survenue de l’Heure tant qu’il restera des hommes qui portent son étendard, la défendent et la prêchent. Il ne cessera donc d’y avoir un groupe de gens qui proclament le vrai et triomphent de leurs ennemis, sans qu’ils ne cachent leur religion. Au contraire, ils la revendiqueront et la prêcheront[1]. Il en sera ainsi jusqu’à la survenue de l’Heure, et lorsque viendra l’ordre d’Allah ils seront dans cette situation.L’ordre d’Allah dont il s’agit est un vent agréable qui soufflera avant la survenue de l’Heure et qui saisira l’esprit des croyants. Le Prophète ﷺ a dit : « Allah enverra un vent du Yémen plus doux que la soie qui ne laissera vivant personne ayant dans son cœur l'équivalent d'un moucheron »[2] [3].
2. Dans l’autre version du hadith, le Prophète ﷺ explicite les attributs de ce groupe. Elle ne cesse ainsi d’accomplir l’ordre d’Allah en ordonnant ce qui est convenable, en défendant ce qui est blâmable, en jugeant avec la Législation d’Allah, en diffusant la science parmi les gens, en étant de bon conseil aux musulmans. Ce sont ceux qui sont concernés par les paroles d’Allah :
﴾Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront﴿
[Sourate Al-’Imrane : 104].
Ni le fait d’être seul sur cette voie, ni l’opossition des gens ni le fait que personne d’autre ne les assiste ou les soutient ne leur causeront de tort.
Ce hadith démontre que la terre ne sera jamais dépourvue de gens vertueux qui accompliront avec fermeté les ordres d’Allah, s’éloigneront de Ses interdits et resteront fidèles aux commandements de la Législation. Pour eux, l’approbation ou la désapprobation des gens leur seront égales[4].
Ce groupe mentionné par le Prophète ﷺ n’est pas limité à une catégorie de gens particulière. Il y aura parmi eux des juristes, des savants en hadith, des ascètes, des combattants et des gens accomplissant toutes sortes d’actes d’obéissance[5].
1. (1) Il y a dans ce hadith une preuve de la prophétie du Prophète ﷺ. En effet, le Prophète ﷺ nous informe que cette religion subsistera et que les gens sincères y resteront fidèles jusqu’à la Fin des Temps. Or ce dont il nous a informés s’est produit, ce qui démontre la véracité du Prophète ﷺ et renforce notre foi.
2. (1) Ne crois pas que l’Islam s’effacera et s’affaiblira jusqu’à disparaître. La religion d’Allah sera victorieuse et elle restera jusqu’à la survenue de l’Heure. Allah parachèvera Sa lumière en dépit de l’aversion des mécréants.
3. (1) Il convient que les prédicateurs et les éducateurs fassent des annonces réjouissantes aux gens, de manière à les raffermir et à susciter de l’espoir dans leurs cœurs, et qu’ils les préviennent et les avertissent. Ainsi, l’encouragement doit aller de pair avec l’intimidation et la bonne annonce avec l’avertissement.
4. (2) Veille à faire partie de ce groupe triomphant en restant sur la voie de la guidée et de la prédication, et prends garde aux adeptes de l’égarement et de l’innovation.
5. (2) Veille à faire spécifiquement partie du groupe dont le Prophète ﷺ fit l’éloge en disant d’elle qu’elle accomplit l’ordre d’Allah. Scrute donc ton âme et tes œuvres pour savoir si tu fais partie de ce groupe ou non ?
6. (2) Ne sois affecté par le sentiment d’être un étranger lorsque tu chemines vers Allah. En effet, les adeptes du vrai sont une minorité en tout lieu et en toute époque, mais ils bénéficient de l’appui d’Allah.
7.(2) L’hostilité et l’opposition des gens ne causent pas de tort au musulman authentique, car sa finalité est de remporter l’agrément d’Allah même si cela lui vaut la colère des gens.
8. (2) L’être humain raisonnable et perspicace en tout lieu et en toute époque doit fréquenter les gens sincères et vertueux, emprunter la même voie qu’eux et leur être une aide et un soutien.
Références
- Voir Fath Al-Bari Sahih Al-Boukhari d’Ibn Hajar Al -’Asqalani (13/294).
- Moslim (117).
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (13/66).
- Voir Mirqat Al-Mafatih Charh Michkat Al-Massabih d’Al-Moulla ‘Ali Al-Qari (9/4047).
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (13/67).