عن ابن عبَّاس رضي الله عنه قال: (بُعِثَ رسولُ الله لأربعين سنةً، فمكثَ بمكةَ ثلاثَ عشْرةَ سنةً يُوحَى إليه، ثم أُمِر بالهجرةِ فهاجر عشْرَ سنين، ومات وهو ابنُ ثلاثٍ وستينَ سنةً)

Ibn ‘Abbâs,

dont Allah est satisfait, rapporte que le Prophète fut envoyé à l’ âge de quarante ans. Il vécut à La Mecque durant treize ans alors qu’il recevait la Révélation, puis il lui a été ordonné d’ émigrer et il a alors émigré dix ans durant, et est mort à l'âge de soixante-trois ans »

L’Islam repose sur l’attestation qu’il n’existe pas de divinité digne d’adoration en dehors d’Allah et que Mohammad est le Messager d’Allah. Or connaître le Messager ﷺ aide à correctement croire en lui, comment peut-il en être autrement alors qu’il est le plus parfait et le plus digne des gens ? Dans ce hadith, Ibn ‘Abbâs – qu’Allah a agréés– nous informe des étapes les plus importantes de la vie du Messager d’Allah ﷺ. Il rapporte ainsi :

  1. que Jibrîl (Gabriel) – qu’Allah le protège – descendit sur le Messager d’Allah ﷺ avec la Révélation et lui ordonna de transmettre le Message alors qu’il avait atteint l’âge de quarante ans. Cela signifie qu’il est né en l’an 53 avant l’Hégire, l’année appelée année de l’Éléphant, et qu’il a été envoyé [en tant que prophète] en l’an 13 avant l’Hégire.Allah choisit La Mecque comme lieu de naissance de Son Messager et lieu où se déroulera son enfance. C’est là qu’il est né, issu d’une noble lignée. En effet, son père est ‘Abd Allah ibn ‘Abd al- Mouttalib Al-Hâchimî Al-Qourachi et sa mère est Âminah fille de ‘Abd Manâf ibn Zouhrah Al- Qourachiyyah[1]. Il est donc issu de la plus noble lignée arabe et il dit à ce propos : « Allah a élu Kinâna parmi les descendants d’Ismâ’îl, puis il a élu Qouraych de Kinâna, puis il a élu les Banou Hâchim de Qouraych, puis il m’a élu des Banou Hâchim »[2]. Son père est mort alors qu’il était un fœtus dans le ventre de sa mère. Il est donc né orphelin et a grandi sous l’aile de sa mère qui est morte à son tour alors qu’il était âgé de six ans. Ce fut son grand-père qui le prit en charge et celui- ci est mort à son tour alors qu’il avait huit ans. Il passa alors sous la garde de son oncle paternel Abou Tâlib[3].Il resta à La Mecque durant les quarante premières années de sa vie durant lesquelles Allah – exalté soit-Il – l’éduqua et le prépara comme il se doit à mener à bien la mission pour laquelle Il l’avait élu :

    ﴾Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin ? Alors Il t’a accueilli ! Ne t’a-t-Il pas trouvé égaré ? Alors Il t’a guidé. Ne t’a-t-Il pas trouvé pauvre ? Alors Il t’a enrichi﴿

    [Sourate Ad-Douhâ : 6-8]

    . Il vécut donc parmi les siens en étant de bonne fréquentation, en ayant un bon comportement, en prenant part avec eux à tout ce qui était bénéfique et en s’éloignant de tout ce qui était néfaste.Par ailleurs, le Prophète épousa Khadija fille de Khowailid qui mit au monde tous ses enfants, à savoir : Al-Qâssim, ‘Abd Allah, Zaynab, Roqaya, Oum Koulthoum et Fatima, excepté Ibrahim qui est né à Médine et dont la mère était Maria la Copte[4]. Ensuite, Jibrîl – qu’Allah le protège – descendit à lui alors qu’il était dans la grotte Hira’ et lui révéla :

    ﴾ Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [le calame], a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas﴿

    [Sourate Al-‘Alaq : 1-5]

    Il assuma alors à partir de là les charges de la Prophétie.

2.   Après le début de la Révélation, le Messager d’Allah ﷺ resta treize ans à La Mecque à recevoir la Révélation et à appeler les gens à la suivre. Durant ces années, il endura une persécution et une répression que peu auraient pu supporter et les croyants qui étaient avec lui subirent également des persécutions. Lorsque celles-ci devinrent trop intenses, il leur ordonna de migrer en Abyssinie cinq ans après le début de la révélation et les musulmans y migrèrent à plusieurs reprises[5], tandis qu’il resta lui-même à La Mecque pour appeler à Allah. Allah le soutint par le biais de son oncle paternel et de son épouse, la Mère des Croyants, Khadija. Ceux-ci le soutinrent jusqu’à la dixième année de son envoi, année à laquelle ils décédèrent. Il dut alors se mettre à rechercher à Taëf et ailleurs des soutiens pour faire triompher sa religion, particulièrement lors des rites du pèlerinage, mais celui-ci subissait toujours des persécutions[6].

3.   Après avoir achevé sa treizième année à La Mecque, Allah lui choisit Médine comme demeure de migration. Il y migra donc en compagnie  d'Abou Bakr, dont Allah est satisfait, afin de rejoindre les compagnons qui y avaient déjà migré. Les autres – ceux qui ont eu par la suite la possibilité de migrer – le rejoignirent plus tard. De Médine, il continua à appeler à Allah, à combattre pour la cause d’Allah et à être au service des gens dix années durant jusqu’à ce qu’Allah parachevât le bienfait [qu’est l’Islam] et que les gens furent entrés en masse dans la religion d’Allah.

4.   Ensuite, Ibn ‘Abbâs – qu’Allah a agréé – nous informe que le Prophète ﷺ est mort à l’âge de soixante-trois ans, après avoir passé vingt-trois années à appeler les gens à Allah, treize à La Mecque et dix à Médine. Son décès eut lieu dans l’appartement de ‘A’icha – qu’Allah a agréée – le lundi 12 du mois de Rabî’ al-Awwal de la onzième année de l’Hégire.

Comment appliquer ce hadith :

  1. Aie confiance dans la seigneurie et la miséricorde d’Allah et sollicite Son aide. Le Prophète ﷺ est né orphelin de père, puis sa mère et son grand-père sont morts alors qu’il était encore jeune. Il fut alors pris en charge par son oncle paternel malgré sa pauvreté et le grand nombre de ses enfants.Habituellement, un orphelin ayant vécu dans de telles circonstances aurait grandi en étant affectivement dévasté et manquant de soins, mais Allah, Celui entre les mains duquel sont les prédestinations des choses, fit de cet orphelin, plusieurs années plus tard, le maître des mondes. L’être humain ne doit donc pas désespérer de la miséricorde d’Allah, quelle que soit la dureté des circonstances et être persuadé qu’il a un Seigneur qui administre les affaires et qui, lorsqu’Il veut quelque chose, dit « Sois » et alors cette chose « est » aussitôt.

2.   Le Prophète ﷺ resta treize ans à La Mecque à appeler les gens à Allah. Il se rendait dans les marchés et les réunions publiques pour s’adresser aux gens, sans se décourager, ni s’abattre, ni désespérer de la foi des siens, ni se soucier qu’ils le traitaient de menteur, des accusations qu’ils faisaient à son encontre. Il restait doux dans ses paroles et plein de compassion pour les siens, il demandait à Allah de les guider et continuait à être au service des gens en protégeant leurs dépôts et autres comme actions. Ni la mort de son oncle paternel qui le protégeait contre les persécutions ne l’affligea ni celle de son épouse et bien-aimée Khadija qui le soutenait par sa personne et sa richesse dans sa prédication ne l’abattit. Ne mérite-t-il donc pas d’être un exemple pour les prédicateurs, les étudiants en science et ceux qui exhortent les gens afin qu’ils apprennent à être patients dans leur appel à Allah et à supporter les offenses des gens, sachant qu’ils n’endureront jamais qu’une infime partie de ce qu’il a enduré ?

3.   Lorsque le Prophète ﷺ reçut l’ordre d’Allah de migrer, l’idée de délaisser sa famille, ses biens, sa demeure et son pays ne l’attrista pas. Il ne fit qu’obéir à l’ordre d’Allah malgré les peines qu’il allait devoir supporter. Cela doit être le cas du croyant pour qui toute peine doit être négligeable en comparaison de l’agrément d’Allah.

4.   La migration est un vaste concept et cela ne signifie pas forcément quitter un pays pour un autre. Elle peut signifier également, quitter un travail et son environnement pour un autre qui satisfait plus Allah.

5.   La vie du Prophète ﷺ passa par des étapes diverses et des circonstances différentes, oscillant entre, facilité et difficulté, aisance et adversité, guerre et paix, clandestinité et affichage public, faiblesse et puissance. Sa vie connut donc toutes les circonstances et les étapes que peut connaître une vie humaine et est donc en cela un modèle parfait à prendre en exemple et un modèle de résignation devant les décrets d’Allah quelle que soit la situation.

6.   La mort est une fin obligatoire, même pour la plus noble des créatures, celui doté de la force et de l’esprit les plus parfaits, celui qui protégeait le mieux sa santé de ce qui pouvait lui nuire, celui qui invoquait le plus son Seigneur de lui pardonner et de lui donner la santé et celui qui était le plus bénéfique aux gens. Il ne convient donc pas à l’être humain raisonnable de se désintéresser de la mort, de ne pas en tenir compte dans ses projets ou que la mort d’un proche, d’un bien-aimé, d’un savant ou d’un réformateur ne l’accable plus que de raison.

7.   Un poète a dit :

L’orphelin est né et il acquit les plus magnifiques attributs de la création, que le nécessiteux et les orphelins soient fiers. 

Telle l’aube qui perce la sombre obscurité, tel l’esprit qui fait revivre le mort alors qu’il est un tas d’ossements défraîchis. Que le monde est heureux et que sa joie est grande, tant que l’Islam illumine sa surface !

8.   Hassan ibn Thâbit a dit[7] :

Les miens sont ceux qui ont abrité leur Prophète et ont cru en lui alors que le reste des gens étaient mécréants, Excepté quelques personnes qui furent les prédécesseurs des vertueux et des auxiliaires des Ansâr. Réjouis par ce qu’Allah leur avait accordé, ils dirent lorsque est venu à eux l’Élu issu d’une noble lignée :

Bienvenue, tu jouiras de sécurité et d’abondance. Quel excellent prophète, et quel excellent protégé et voisin tu es ! Ils l’installèrent dans une demeure où celui qui est leur protégé ne craint rien et cette demeure est devenue la sienne.

Références

  1. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya d’Ibn Hichâm (1/110).
  2. Moslim (2276) d’après Wâthila ibn al-Asqa’ – qu’Allah a agréé.
  3. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya d’Ibn Hichâm (1/168-179).
  4. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya d’Ibn Hichâm (1/187).
  5. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya : ‘Ard Waqâ`i’ wa Tahlîl Ahdâth (p.191).
  6. Voir As-Sîrah an-Nabawiyya : ‘Ard Waqâ`i’ wa Tahlîl Ahdâth (p.207).
  7. Voir Sîrat Ibn Hichâm (1/664).


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