107 - Le mérite de la science et des savants

عن أبي الدَّرْداءِ قال: سمعتُ رسولَ الله ﷺ يقولُ: «مَن سلَكَ طريقًا يَلتمِسُ فيه عِلمًا، سهَّلَ اللهُ له طريقًا إلى الجنةِ، وإنَّ الملائكةَ لَتضَعُ أجنحتَها رضًا لطالب العلم، وإنَّ طالبَ العلم يَستغفِرُ له مَن في السماء والأرض، حتى الحيتانُ في الماء، وإنَّ فضلَ العالِم على العابد كفضل القمرِ على سائر الكواكب، وإنَّ العلماءَ ورَثةُ الأنبياء، وإنَّ الأنبياءَ لم يورِّثوا دينارًا ولا درهمًا؛ إنما ورَّثوا العلمَ، فمَن أخذه أخَذ بحظٍّ وافرٍ».

Abou ad-Dardâ`, dont Allah est satisfait, rapporte que le Prophète a dit :

1- « Celui qui emprunte un chemin par lequel il recherche une science, Allah lui facilite un chemin qui mène au Paradis. 

2- Certes les anges tendent leurs ailes par agrément pour celui qui recherche la science. 

3- Certes tous ceux qui sont dans les cieux et la terre, même les poissons dans l'eau, sollicitent le pardon d’Allah en faveur de celui qui recherche la science. 

4- Le mérite du savant par rapport à l’ adorateur est comme le mérite de la lune par rapport aux autres étoiles. 

5- Et certes les savants sont les héritiers des prophètes, et les prophètes n’ ont laissé comme héritage ni dinar ni dirham, mais ils ont laissé comme héritage la science, celui qui la prend aura certes pris une immense part. »



Le Prophète ﷺ nous informe du mérite de celui qui étudie la science :


1- Il affirme ainsi que celui qui emprunte un chemin par lequel il étudie la science bénéfique, sa
rétribution sera qu’Allah facilite ses œuvres vertueuses qui mènent au Paradis.
Le hadith mentionne le chemin de la science en utilisant des termes généraux qui englobent tous les chemins concrets et abstraits aboutissant à la science ainsi que toutes les subdivisions et les problématiques inclues dans la science religieuse et toute part étendue ou restreinte[1].

Celui qui étudie la science a besoin de ces choses-là lorsqu’il emprunte le chemin de la science[2].


2- Le Prophète ﷺ nous informe que les anges tendent leurs ailes pour celui qui étudie la science, soit par modestie et respect à son égard, soit en arrêtant de voler et en descendant auprès de celui qui étudie la science afin de le couvrir de leur ombre,

comme cela est le cas dans les paroles du Prophète ﷺ : 

« Il n’y a pas une fois où des gens s’assoient pour évoquer Allah – exalté soit-Il –, sans que les anges ne les entourent de leurs ailes… ».[3]


3- Ensuite, il mentionne un autre des mérites de celui qui étudie la science qui est qu’Allah fait en sorte que toutes les créatures sollicitent le pardon d’Allah et invoquent Allah en sa faveur, car les effets de sa science et de son œuvre provoquent, en raison du grand nombre d’actes d’obéissance

accomplis par celui qui étudie la science, la descente de la miséricorde sur les mondes[4]. Ajoutons qu’un des signes de la survenue de l’Heure est la disparition de la science et la diffusion de l’ignorance et ceci est le signe que l’anéantissement est imminent.

Ce mérite est similaire à celui dont il est question dans les paroles suivantes du Prophète ﷺ :

« Allah, Ses anges ainsi que les habitants des cieux et des terres, même la fourmi dans son terrier et le poisson, prient sur celui qui apprend aux gens ce qui est bien »[5].


4- Le Prophète affirme que celui qui s’acquitte du droit de la science en la mettant en pratique et en l’enseignant est meilleur que l’adorateur qui ne consacre son temps qu’aux adorations. Ils sont aussi différents en mérite que ne le sont la lune et les astres lointains. En effet, la lune illumine les horizons, les voyageurs dans le désert se guident grâce à sa lumière et elle est utile aux pays et aux gens. À l’inverse, les astres lointains n’illuminent qu’eux-mêmes et leur lumière ne s’étend pas à ce qui les entoure. Il en est ainsi du savant et de l’adorateur, puisque l’utilité du savant s’étend aux autres tandis que l’adoration de l’adorateur ne procure de rétribution qu’à lui.
Il se peut que la raison pour laquelle le Prophète a comparé le savant à la lune et non au soleil soit le fait que la lumière de la lune provienne d’une autre source – qui est le soleil – et donc le savant tient sa science du soleil du Message composé de la Révélation d’Allah et de la Sounna de Son Messager ﷺ.


5- Ensuite, le Prophète ﷺ énonce un autre mérite des savants : il dit qu’ils sont les héritiers des prophètes. En effet, les savants sont tels des enfants pour les prophètes et de même que les enfants d’un homme héritent de son patrimoine après sa mort, les savants héritent de la science des prophètes, la transmettent d’eux et la diffusent parmi les gens. Les prophètes n’ayant transmis en héritage ni dinar d’or, ni dirham d’argent, ni aucune sorte de richesse matérielle, mais ayant transmis uniquement la science, celui qui reçoit cet héritage reçoit la totalité de l’héritage, ce qui n’est pas le cas pour le patrimoine matériel. Il reçoit donc la totalité de l’héritage prophétique[6].


1- À chaque fois que ton âme aspire au Paradis ou que tu trouves difficile d’y accéder, tourne-toi vers la science, car la science est une adoration en elle-même, elle te montre quelles sont les adorations les mieux rétribuées et elle insuffle dans l’âme de la motivation, de la satisfaction et de la patience dans les adorations.


2- Celui qui recherche l’élévation, la bénédiction et la facilitation de ses affaires doit se tourner vers la science, car les anges – qui sont les plus nobles créatures d’Allah – honorent ceux qui étudient la science, les entourent de leurs ailes et exécutent l’ordre d’Allah de faciliter leurs affaires.


3- Celui qui étudie la science doit être respectueux. Allah a certes chargé des anges d’être présents dans les assemblées de science, il doit donc respecter leur présence. Il doit éviter qu’il y ait dans son assemblée un chien ou une représentation imagée et qu’il sache qu’Allah y a détaché des anges nobles qui enregistrent et qui écrivent [ce qui s’y déroule].


4- Que nos péchés sont nombreux ! Si nous avons besoin de beaucoup solliciter le pardon d’Allah tout comme nous avons beaucoup péché, alors il y a dans la science et la diffusion de celle-ci une cause de sollicitation du pardon d’Allah en notre faveur par les habitants du ciel et de la Terre, y compris par les vertueux.


5- Cet univers que nous croyons inerte vit avec Allah. Ainsi, même les poissons que nous croyons non doués de paroles sollicitent le pardon d’Allah en faveur de celui qui étudie la science par ordre de leur Seigneur qui a donné à chaque chose sa propre nature puis l’a dirigée.


6- Allah préféra le savant à l’adorateur, car il a une lumière semblable à celle de la lune qu’il diffuse parmi les gens. Or si le savant se soustrait aux gens, se montre avare de sa science ou est réticent à la partager, et finisse par succomber aux vices, que devient son mérite par rapport aux autres ?

7- Le hadith démontre que les gens qui ont le rang le plus élevé sont les savants, puisqu’ils sont les héritiers des meilleurs des gens et de leur élite. En effet, il n’existe pas de gens pouvant se charger de transmettre le Message des prophètes mieux que les savants et c’est la raison pour laquelle ils sont les meilleurs des gens après les prophètes. Si l’être humain connaissait la valeur de ce rang, il résisterait aux plaisirs et aux obstacles de ce bas monde pour essayer de l’atteindre.


8-

Dans les paroles du Prophète ﷺ :

 « les prophètes n'ont laissé comme héritage ni dinar ni dirham », il y a une référence à la renonciation des prophètes d’Allah – qu’Allah les protège – aux plaisirs éphémères de ce bas monde[7].


9- Les savants sont les héritiers des prophètes et ils ont également reçu d’eux la patience dans l’acquisition et la diffusion de la science, puisque Moussa – qu’Allah le protège – voyagea et endura la faim afin d’étudier la science auprès de Al-Khidr, qui était pourtant quelqu’un de moindre rang par rapport à lui. Ensuite, il endura les persécutions qu’on lui fit subir lorsqu’il diffusa la science. Il en est de même pour les héritiers des prophètes et parmi les choses les plus plaisantes dites à ce sujet, il y a ce que dit Abou Hâtim Ar-Râzî : « Nous sommes restés sept mois en Égypte durant lesquels nous n’avons pas mangé de sauce. La journée nous faisions la tournée des cheikhs et la nuit nous écrivions et nous comparions nos écritures. Un jour, nous nous rendîmes, un ami et moi, chez un cheikh et on nous informa qu’il était malade. Je vis alors du poisson qui nous a plu et nous l’achetâmes. Arrivés chez nous, il était temps d’assister à l’assemblée d’un cheikh et nous repartîmes. Le poisson resta ainsi trois jours et il fut sur le point de pourrir. Nous le mangeâmes alors cru, n’ayant pas eu le temps de le cuire… ». Il dit ensuite : « On n’acquiert pas la science par le confort »[8].


10- Lorsque l’être humain craint Allah comme il se doit, il est tenu d’acquérir la science, car celui qui acquiert la science connaît la valeur d’Allah. Il se met alors à Le craindre, à Le redouter, à L’aimer et à L’estimer comme il se doit.

C’est pourquoi Allah dit :

﴾Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah.﴿ .

[Sourate Fâtir : 28]

Allah restreint les propos par le mot « seuls » comme pour dire : personne d’autre que les savants ne craignent Allah, car leur crainte d’Allah est la crainte authentique résultant de la science et de la connaissance qu’ils ont d’Allah.


11- Un poète a dit :
Si la science ne t’apporte pas de bien, alors tu aurais mieux fait de rester ignorant.
Et si ta compréhension te précipite dans des abîmes, alors si seulement et [une fois encore] si
seulement tu n’y avais jamais rien compris.
Tu récolteras comme fruits de la paresse de l’ignorance et tu seras considéré comme petit bien que tu grandisses.

Références

  1. Voir Fath Al-Bârî d’Ibn Hajar (1/160).
  2. Voir le commentaire de Riyâd as-Sâlihîne du cheikh Ibn ‘Othaymîne (5/433-434).
  3. Moslim (2700) d’après Abou Hourayra et Abou Sa’îd Al-Khoudrî – qu’Allah a agréés.
  4. Voir le commentaire de Michkât Al-Masâbîh par At-Tîbî (2/673).
  5. At-Tirmidhî (2685) d’après Abou Oumâma Al-Bâhilî – Allah l’a agréé. At-Tirmidhî qualifia ce hadith de bon et authentique.
  6. Voir Al-Mafâtîh Fî Charh Al-Masâbîh d’Al-Moudhirî (1/313) et Irchâd as-Sârî d’Al-Qastallânî (1/167).
  7. Voir Al-Moufhim Li-mâ Achkal Min Talkhîs Kitâb Moslim d’Abou Al-‘Abbâs Al-Qourtoubî (1/687).
  8.  Tadhkirat Al-Houffâdh d’Adh-Dhahabî (3/35).


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