Ce hadith fait partie des plus importants hadiths de la religion, au point que les gens de science dirent de lui : Ce hadith représente le tiers de l’Islam.[1]
1- Grâce à l’intention, les œuvres acquièrent un attribut de taille, l’intention étant ce vers quoi tend et vise le cœur en accomplissant un acte. Ainsi, les adorations se distinguent des habitudes, les différentes adorations se distinguent les unes des autres et les œuvres sont acceptées si elles sont dédiées à Allah, sinon elles sont refusées.
2- Il arrive que des œuvres soient identiques, mais qu’elles soient précédées par des intentions différentes. L’être humain n’est ainsi rétribué qu’en fonction de l’intention qu’il a eue en accomplissant l’œuvre. S’il a l’intention de faire du bien il est récompensé, s’il a l’intention de faire du mal il est puni et s’il n’a aucune intention il n’est ni récompensé ni puni. Par conséquent, les degrés des œuvres dépendent du degré de l’intention.
Par ailleurs, une bonne intention ne rend pas une mauvaise œuvre bonne, c’est pourquoi lorsque des gens innovèrent une manière d’évoquer Allah qui n’est pas prescrite et que ‘Abd Allah Ibn Mas’oud, qu’Allah a agréé, désapprouva cela, ils lui dirent : Par Allah, nous n’avons voulu que faire du bien, ô Abou ‘Abd Ar-Rahmâne. Il leur répliqua alors : « Et combien de gens voulant le bien ne l’atteignent pas ».[2]
3. Ensuite, le Prophète ﷺ détaille cette problématique et donne comme exemple la migration qui consiste à sortir d’une terre de mécréance pour s’installer en terre d’Islam. Ainsi, celui dont la migration est exclusivement pour Allah, dans le but de L’adorer et pour obéir à l’ordre du Messager ﷺ et imiter sa Sounna, alors cette migration est authentique et elle mérite d’être mentionnée et célébrée.
Ici, le Prophète ﷺ ne mentionne pas la rétribution méritée afin de pointer son immensité, de la même manière qu’Allah – exalté soit-Il – dissimula la rétribution qu’aura celui qui jeûne lorsqu’il dit dans un hadith qoudsî : « Toute œuvre de l’être humain lui appartient, excepté le jeûne qui M’appartient et c’est Moi qui le rétribue ».[3]
4. Celui qui migre pour une finalité terrestre – comme pour faire du commerce ou épouser une femme –, sa migration n’a aucune valeur religieuse et elle ne lui fera pas gagner de rétribution, bien que la migration soit un des plus éminents actes d’obéissance – comme cela est le cas pour l’ensemble des adorations –, mais sa migration sera rattachée à la finalité qu’il avait l’intention d’atteindre.
En outre, le Prophète ﷺ ne dit pas s’il est rétribué, puisque sa finalité n’est pas exclusivement une adoration et de plus, les finalités sont diverses.
1. Améliore ton intention, scrute ton cœur et veille à ce que toutes tes œuvres soient accomplies par obéissance à Allah, car le Prophète ﷺ a dit : « Allah ne regarde pas vos apparences et vos richesses, mais Il regarde plutôt vos cœurs et vos œuvres. »[4]
2. Ne sois pas trompé par la beauté de ton œuvre apparente ou de celle de quelqu’un d’autre alors
que l’on est corrompu dans l’intimité. En effet, les œuvres sont liées à l’intention.
3. Aie souvent l’intention de faire le bien, car l’intention du musulman est plus importante que son œuvre. Lorsque l’on a l’intention d’accomplir une bonne œuvre, on est rétribué, que l’on parvienne à accomplir l’œuvre ou pas.
Le Prophète ﷺ dit en revenant de la bataille de Tabouk :
« Il y a à Médine des gens et il n’y a pas de chemin que vous empruntiez ou de vallée que vous traversiez sans qu’ils ne soient avec vous ». On lui demanda : Ô Messager d’Allah, tout en étant à Médine ? Il
répondit : « Tout en étant à Médine, car retenus par une excuse »[5].
Dans un autre hadith,
« Un homme à qui Allah donna de la science et de la richesse et qui dispose de sa richesse en rapport avec sa science et la dépense donc comme il se doit. Un autre homme à qui Allah donna de la science, mais pas de richesse, et qui dit : Si Allah m’avait donné ce qu’Il a donné à celui-là, j’aurais œuvré comme lui. Les deux hommes obtiennent alors la même rétribution… »[6].
4. Les pieux prédécesseurs, qu’Allah a agréés, apprenaient à avoir une [bonne] intention – en ayant conscience qu’Allah les observe, en entretenant cette habitude et en recherchant à faire le bien – tout comme ils apprenaient à [bien] œuvrer. Yahyâ Ibn Abî Kathîr a dit : « Apprenez à avoir une [bonne] intention, car elle est plus importante que l’œuvre ». Pour sa part, Sofyân Ath-Thawrî a dit :
« Je n‘ai pas lutté contre quelque chose de plus dur pour moi, que mon intention, car elle est changeante. »[7]
5. Grâce à l’intention, les habitudes se transforment en adorations. Ainsi, lorsqu’on mange avec l’intention de prendre des forces pour accomplir des actes d’obéissance, des adorations et de bonnes œuvres ; ou si on travaille et on fait du commerce avec l’intention de développer la Terre, d’être utile aux musulmans et de gagner de l’argent pour le dépenser en choses licites au profit de sa famille ; ou si on étudie une science avec l’intention d’être bénéfique à soi-même et aux gens en empruntant la voie des prophètes et des savants ; ou bien si on dort avec l’intention de reposer son corps afin de pouvoir poursuivre le travail et les adorations, alors on est rétribué pour tout cela. Mo’adh Ibn Jabal – Allah l’a agréé – a dit : « Quant à moi, je dors et je reste éveillé et je mets en dépôt auprès d’Allah mon sommeil tout comme je le fais pour mon éveil. »[8]
6. Si tu dois accomplir une œuvre, aie l’intention de l’accomplir par servitude à Allah – exalté soit- Il. Zobayd Al-Yamâmî a dit : « J’aime faire précéder d’une intention tout ce que je fais, même quand je mange ou que je bois ». Si l’œuvre te paraît peu importante, aie alors conscience de l’éminence d’Allah, Son immense rétribution et le fait qu’Il aime que Son serviteur se rapproche de lui. ‘Abd Allah Ibn Al-Moubârak a dit : « Il se peut qu’une petite œuvre soit agrandie par [la présence de] l’intention et qu’une grande œuvre soit diminuée par [l’absence de] l’intention ».[9]
7. Sois attentif et ne permets pas à Satan de s’introduire en faisant en sorte que tu sois ostentatoire dans ton adoration et que tu recherches à être apprécié par les gens, tu serais alors perdant.
« Allah – exalté soit-Il – dit : Je suis l’associé qui se passe le plus de ce à quoi on M’associe. Ainsi, celui qui accomplit une œuvre dans laquelle il M’associe à autre que Moi, Je le délaisse avec son association »[10].
8. Réunis l’intention vertueuse et le suivi du Messager ﷺ. C’est cela l’authentique migration vers Allah et Son Messager ﷺ. Al-Fodayl Ibn ‘Iyâd dit au sujet des paroles d’Allah :
﴾Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre﴿
: « La meilleure œuvre est celle qui est la plus exclusive et la plus correcte. Elle est la plus exclusive lorsqu’on ne la dédie qu’à Allah seul et elle est la plus correcte lorsqu’elle est conforme à la Sounna. Par conséquent, lorsque l’œuvre est exclusive, mais non correcte, elle n’est pas acceptée. De même, lorsqu’elle est correcte, mais non exclusive, elle n’est pas acceptée non plus »[11].
9. Un poète a dit :
Si tu veux être qualifié de noble, de bien éduqué, de pieux, de magnanime, de splendide, de sagace et de libre.
Adore donc exclusivement Allah – que Sa grandeur soit exaltée – et sois un suiveur de l’Élu, tu seras alors rétribué.
Références
- Commentaire de Al-Arba’oun an-Nawawiyyah d’Ibn Daqîq Al-‘Id (p.24) et Jâmi’ Al-‘Ouloum wa Al-Hikam (1/71).
- Les Sounane d’Ad-Dârimî (numéro 210).
- Al-Boukhari (numéro 5927) et Moslim (1151).
- Moslim (2564).
- Moslim (4423).
- Ahmad (18024) et Ibn Mâjah (4228).
- Jâmi’ Al-‘Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/70).
- Al-Boukhari (4344).
- Al-Bahr Al-Muhît ath-Thajjâj d’Al-Ithyûbî (32/606).
- Moslim (2985).
- Jâmi’ Al-‘Ouloum wa Al-Hikam d’Ibn Rajab (1/72).