1- Le Prophète ﷺ affirme qu’Allah a entouré le Paradis de choses qui sont pénibles à l’être humain
et qu’il n’aime pas. En effet, l’être humain n’emprunte la voie qui mène au Paradis ﷺ sans endurer des choses qu’il n’aime pas, comme de s’acquitter des obligations qui peuvent être pénibles à l’âme, car elles y sont contraintes. Par ailleurs, s’abstenir de ce qui est défendu peut également être pénible
pour l’âme, car cela s’oppose à ses désirs.
2- L’Enfer pour sa part est entouré des tentations que l’être humain aime. En effet, l’être humain n’emprunte la voie qui mène à l’Enfer qu’en cédant à certaines tentations qu’il aime, qu’il s’agisse de la tentation d’une opinion, d’une colère, de la force ou bien du désir charnel, de la richesse, etc. Ainsi, sans les désirs, la tentation de Satan et la faiblesse de l’âme, personne ne voudrait emprunter la voie qui mène à l’Enfer.
Les tentations dont il est question, sont celles qu’Allah a déclaré illicites à Ses créatures et non les plaisirs qu’Il leur a permis comme la bonne nourriture et la bonne boisson licites, le plaisir charnel avec son épouse ou l’esclave qu’il possède ou encore le bon temps passé avec ses enfants et les membres de sa famille.
1. Rappelle-toi de cette image donnée par le Messager d’Allah ﷺ afin qu’il te soit plus facile d’emprunter la voie du Paradis et éviter celle du Feu. Ainsi, à chaque fois que tu considères qu’il est difficile d’accomplir un acte d’obéissance ou de renoncer à une tentation, rappelle-toi qu’il y a le
Paradis au bout du chemin et à chaque fois que tu trouves agréable un désir illicite, rappelle-toi qu’il
y a l’Enfer au bout du chemin.
2. Habitue-toi à croire que le Paradis a un prix. Il est requis, en effet, de s’acquitter des obligations même si elles sont pénibles et de délaisser les choses illicites même si elles sont désirables. L’être humain raisonnable s’habitue à interrompre ses occupations à n’importe quel moment afin d’accomplir une prière, même s’il fait très froid ou très chaud ou qu’il doit s’extraire d’un sommeil agréable pour accomplir la prière de l’aube ou une autre prière.
﴾Et cherchez secours dans l’endurance et la prière : certes, la prière est une lourde obligation, sauf pour les humbles﴿ .
De même, il dépense des biens qu’il aime, de bon cœur au profit des pauvres et des nécessiteux et cela vaut aussi pour le jeûne, le pèlerinage, la piété filiale et le reste des obligations. Il doit à l’inverse s’abstenir de s’en prendre aux vies et aux biens des gens, de commettre la fornication et ses préliminaires, de consommer des substances enivrantes et de commettre tout ce qui est défendu. Font partie des choses qui sont pénibles à l’être humain, les efforts dans l’accomplissement des adorations, les accomplir avec assiduité, endurer patiemment ce qui en est pénible, refouler sa colère, pardonner, être indulgent, faire l’aumône, être bienfaisant envers l’offenseur, refouler ses désirs et accomplir toutes les œuvres de bien[1].
3. Celui qui endure patiemment quelque chose dans ce bas monde pour Allah, Allah le dédommagera par quelque chose de meilleur et de même nature, le Jour de la Résurrection. Allah le sauvera alors du Feu qu’il déteste et lui accordera au Paradis ce que les âmes désirent.
4. Le gagnant est celui qui vend son bas monde en échange de son au-delà et le perdant est celui qui vend son au-delà en échange de son bas monde.
5. Les honneurs du bas monde et de l’au-delà ne sont obtenus que grâce aux choses que l’on déteste, car les délices ne sont pas obtenus par d’autres délices. Dans ce hadith est exposé le fait que le serviteur se doit de lutter pour Allah – exalté soit-Il – dans ce bas monde contre son âme. Celui dont l’âme est noble et dont l’ambition est haute n’accepte pas de désobéir, car la désobéissance est une trahison. Or seul celui qui est dépourvu d’âme accepte de trahir[2].
6. Ibn al-Qayyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Rappelle à ton âme, d’une part, les délices qu’Allah a préparés pour Ses alliés qui Lui obéissent, le bonheur éternel et la réussite suprême , et d’autre part, ce qu’Il a préparé pour les gens du faux et de la perte comme malédiction, châtiment et regrets éternels, puis choisis lequel des deux camps te convient, sachant que chacun œuvre selon ce
qui lui correspond et chacun aspire à ce qui est compatible avec lui et à ce qu’il mérite. Ne considère pas que l’exposé de ce remède soit trop long, car le besoin impérieux de l’administrer au médecin comme au patient a requis qu’il soit exposé de façon détaillée »[3].
7- Lorsque la guerre éclata à Badr, le Prophète ﷺ incita ses Compagnons à combattre
« Levez- vous pour [rejoindre] un Paradis aussi large que les cieux et la Terre ». ‘Omayr ibn al-Houmam Al-
Ansari dit : « Bakh, bakh » (expression qui exprime l’étonnement). Le Messager d’Allah ﷺ lui demanda : « Quelle raison t’a poussé à dire : bakh, bakh ? ». Il répondit : « Ô Messager d’Allah, ce n’est que l’espoir de faire partie de ses habitants ».
Le Messager d’Allah ﷺ lui dit : « Tu feras partie
de ses habitants ». Il sortit ensuite des dattes de son carquois et en mangea quelques-unes, puis dit :
« Si je vis suffisamment pour manger ces dattes que voici, j’aurais assurément vécu longtemps ». Il jeta alors les dattes qu’il tenait, et combattit jusqu’à ce qu’il fût tué.
Vois donc et prends exemple sur lui comment il acheta le Paradis grâce au combat pour la cause d’Allah qui est
conformément à ce que dit Allah :
(alors qu’il vous est désagréable)
et comment il préféra les délices du Paradis au détriment des plaisirs de ce bas monde éphémère et illusoire.
8. Un poète a dit :
Les jardins de l’éternité et ceux qui les habitent resteront pour l’éternité et ne disparaîtront pas.
Ils ont été préparés pour ceux qui craignent Dieu, sont pieux et meurent fidèles au monothéisme. Ceux-là seront les bienheureux.
9. Un autre a dit :
Lorsque l’âme te rappelle quelque chose de méprisable dans le bas monde, n’oublie pas les vergers
des jardins éternels.
Ne vois-tu pas ce bas monde et sa vie morne ainsi que ses peines et ses tourments pour ceux qui la désirent ?
Les adeptes de ce bas monde sont plus près d’être égarés et aveuglés lorsqu’ils poursuivent sa
brillance et sa gloire.
La passion de l’âme ne cesse de la traîner dans ce bas monde jusqu’à ce que celui-ci la détruise, tout comme il a détruit son père et son grand-père.
Références
- Voir le commentaire du Sahih de Moslim par An-Nawawi (17/165).
- Voir Majmou’ ar-Rassa’il d’Ibn Rajab (1/203).
- Voir Zad al-Ma’ad Fi Hady Khayr al-‘Ibad d’Ibn al-Qayyim (4/179, 180).