عَنْ أَبِي هُرَيْرَةَ  قَالَ: قَالَ رَسُولُ اللهِ ﷺ:«الإِيمَانُ بِضْعٌ وَسَبْعُونَ - أَوْ: بِضْعٌ وَسِتُّونَ - شُعْبَةً، فَأَفْضَلُهَا قَوْلُ: لَا إِلَهَ إِلَّا اللهُ، وَأَدْنَاهَا إِمَاطَةُ الأَذَى عَنِ الطَّرِيقِ، وَالحَيَاءُ شُعْبَةٌ مِنَ الإِيمَانِ» متفق عليه

Abou Hourayra, dont Allah est satisfait, rapporte que le Messager d’Allah ﷺ a dit :

 « La foi comporte soixante-dix et quelques – ou soixante et quelques – branches, 2-la meilleure étant de dire : il n’existe pas de divinité excepté Allah,3- et la plus infime étant d’ôter ce qui est nuisible du chemin.Et la pudeur est une branche de la foi. »

Le Prophète nous informe que la foi est tel un arbre ayant des branches dont certaines sontmeilleures que d’autre.s Le Prophète affirma que ces branches sont au nombre de soixante-dix et quelques parties et vertus, « et quelques » signifiant entre trois et neuf. C’est donc comme s’il avait dit que la foi comporte entre soixante-treize et soixante-dix-neuf vertus. Les paroles « soixante et quelques » sont un doute du narrateur et les différences de nombres dans les narrations ne causent pas de préjudice, car la finalité du hadith est de souligner la pluralité des branches de la foi. Par ailleurs, certains savants ont tenté de déterminer ces branches en relevant les œuvres vertueuses dans le Livre d’Allah et la Sounna de Son Prophète . Ce sont là des efforts intellectuels qui visent à expliquer le hadith.

  1. Ensuite, le Prophète ﷺ explique que la meilleure de ces branches est la réalisation du monothéisme qui consiste à dire : « il n’existe pas de divinité excepté Allah ». Cela ne signifie pas de ne dire cette formule qu’avec la langue, mais plutôt la faire sienne et s’approprier ce qu’elle implique comme science, certitude, véracité, exclusivité du culte, amour, soumission, acceptation de ses conséquences, mécréance aux autres divinités que l’on prend [en disant : « excepté Allah »] et refus des opposés de cette formule que sont le polythéisme majeur, le polythéisme mineur et le polythéisme caché.Cette branche est le fondement de la science, puisque aucune autre branche n’est acceptée sans elle. Allah dit :

    ﴾Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, ne sera point agréé, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants﴿

     [Sourate Âl-‘Imrâne : 85].

  2. La branche de moindre mérite est d’éloigner ce qui est nuisible du chemin des gens, comme les épines, les pierres, les détritus, les clous, les pneus usagers et autre.S’il est ordonné au musulman d’éloigner ce qui est nuisible du chemin même s’il n’est pas à l’origine de cette nuisance, il lui est ordonné à plus forte raison, de ne pas être l’auteur de nuisances.

  3. Parmi les branches de la foi, il y a la pudeur qui est une vertu de l’âme incitant celle-ci à faire ce qui est méritoire et à s’abstenir de ce qui est abject, que cette vertu soit innée chez l’être humain et qu’il l’entretienne ou bien qu’il l’acquière après avoir accompli des efforts. Par ailleurs, la pudeur est un sentiment que l’être humain expérimente spontanément au moins lors de certaines situations et ses fruits peuvent être résumés ainsi : Qu’Allah ne te voie pas là où Il t’a défendu d’être et qu’Il ne te trouve pas absent de là où Il t’a ordonné d’être.Ce qui précède démontre que la foi est faite de paroles, d’œuvres et de croyances. Ainsi, les paroles « Il n’existe pas de divinité excepté Allah » doivent être dites avec la langue et le cœur et suivies par des œuvres accomplies par les membres. Or ôter ce qui est nuisible du chemin est une œuvre accomplie par les membres et la pudeur est une œuvre du cœur, bien que ses effets se manifestent sur la langue et les membres.


Comment appliquer ce hadith 

  1. Abou Hourayra – qu’Allah a agréé – était un Compagnon du Messager d’Allah ﷺ et un grand savant qui fut également le gouverneur de cités majeures. Malgré cela, il faisait partie des gens modestes et doux, assidus dans leurs adorations. À quel point sommes-nous donc modestes, comparés à ce qu’Allah nous a facilité comme science, prestige et richesse ?

2.  La foi est ce qu’il y a de plus important et c’est ce qu’Allah veut de Ses créatures, mais elle est malgré cela vaste et elle comporte de nombreuses branches. À quel point nous sommes-nous instruits à ce sujet et à quel point nous sommes-nous efforcés de compléter les branches qu’Allah veut que nous complétions ou bien nous contentons-nous de certaines et en négligeons-nous d’autres ?

3.  Il arrive que quelqu’un critique d’autres personnes pour avoir négligé certaines branches de la foi, mais oublie que lui-même néglige d’autres branches, comme celui qui prie et jeûne assidûment alors qu’il néglige d’avoir un bon comportement et d’assumer les charges de sa famille, ou bien accorde de l’importance à acquérir un bon comportement, mais néglige l’obligation d’ordonner le convenable et de défendre le blâmable. Tout ceci nous incite à être tolérants avec les autres et à les juger selon les critères de la Législation et non selon les critères auxquels nous sommes habitués.

4.  La foi est faite de degrés et elle a un degré supérieur et un degré inférieur qui font, tous les deux, partie de la foi qu’Allah aime, mais il ne convient pas de se consacrer au degré inférieur au détriment du degré supérieur, car soixante-dix degrés séparent les deux. Par conséquent, il est prioritaire et meilleur d’accomplir des efforts et de dépenser pour atteindre le degré supérieur. Soyons donc conscients de notre besoin pour les savants et accroissons notre connaissance du Livre d’Allah et de

5.  La meilleure branche de la foi est de dire : « Il n’existe pas de divinité excepté Allah ». Que notre besoin est grand d’apprendre ses significations, la manière de nous acquitter complètement de ce qu’elle implique et de la prononcer le cœur emplit d’amour pour elle, avec soumission et acceptation de ce qu’elle implique comme croyances, paroles et œuvres.

6.  Ôter du chemin ce qui est nuisible inclut une multitude de gestes dans la vie quotidienne, comme enlever les pierres, les clous et les restes de pneus qui gênent les passants et les véhicules, que l’on fasse cela soi-même ou que l’on appelle les services concernés.

7.  Si ôter ce qui est nuisible du chemin et d’autres actions font partie des branches de la foi, alors s’abstenir d’être l’auteur de nuisance fait partie des meilleures œuvres, tandis que nuire aux musulmans fait partie des pires œuvres. Par ailleurs, la nuisance est un terme général qui a une dimension physique et morale et elle inclut des méfaits comme jeter des détritus, faire du tapage, dégager de mauvaises odeurs, conduire de manière dangereuse ou mal se garer. À l’inverse, s’il est défendu d’être l’auteur de nuisance sur le chemin des gens, il est prescrit de faciliter le passage des gens en leur fournissant des moyens de confort et de loisir sur la route, comme des surfaces à l’ombre et des aires de repos. Parmi les exemples de textes encourageants à cela, il y a le hadith où le Prophètela Sounna de Son Messager ﷺ pour savoir ce qui est prioritaire dans la Législation. ﷺ  dit : « Prenez garde à vous asseoir sur les chemins ». On lui répondit : « Nous ne pouvons faire autrement, ce sont nos assemblées où nous discutons ». Le Prophète ﷺ dit alors : « Si vous ne pouvez faire autrement que vous asseoir [sur les chemins], donnez au chemin son droit ». On lui demanda : « Et quel est le droit du chemin ? ». Il répondit : « Baisser le regard, s’abstenir de nuire, répondre au salut, ordonner ce qui est convenable et défendre ce qui est blâmable »[1].

8.  Il y a une rétribution prévue pour ôter ce qui est nuisible du chemin, bien que les gens n’habitent pas les chemins et qu’un chemin ne soit que rarement et furtivement fréquenté. Il est donc à plus forte raison requis d’ôter ce qui est nuisible des lieux de rassemblement et de résidence des gens, comme les lieux de travail et d’apprentissage ainsi que les maisons. On se montre bienfaisant en faisant l’entretien de la demeure de sa famille, car cela permet de renforcer les liens avec eux et de s’acquitter de leurs droits. De même, on se montre plus bienfaisant encore en participant à l’entretien des mosquées qui sont les maisons d’Allah qu’Il permit d’ériger. Gardons donc à l’esprit cet enseignement lors de nos interactions journalières.

9.  Si ôter ce qui est nuisible du chemin fait partie de la foi, alors ôter ce qui est nuisible des cœurs des gens fait partie à plus forte raison de la foi. On accomplit cela en les libérant de l’ignorance, des ambiguïtés, des insufflations de Satan et de ce qui provoque l’inquiétude et la mélancolie.

10.  La pudeur est une branche de la foi qui est spécifiquement mentionnée en raison de son influence

sur l’âme. C’est donc une vertu qui, lorsqu’elle est présente dans l’âme, mène à acquérir de nombreuses qualités et dissuade de se rendre coupable de vices. Il se peut que cette vertu soit présente chez l’être humain sans qu’il ne s’en rende compte et il se peut qu’il la perde sans qu’il ne s’en rende compte non plus, particulièrement lorsque cela a lieu progressivement sous l’effet des assauts répétés de la perversité et de la rudesse. Allons-nous scruter la présence de ce sentiment en nous-mêmes ? et allons-nous faire en sorte qu’il s’accroisse ?

11.  La pudeur n’est pas un acte négatif consistant à avoir honte d’œuvrer, mais plutôt une vertu positive poussant à délaisser ce qui est hideux et à faire ce qui est beau, comme cela est le cas pour celui qui ressent de la pudeur à l’égard d’Allah qui lui a accordé le bienfait de la science qu’il ne diffuse pas, ou bien le bienfait de la richesse qu’il ne dépense pas, ou bien le bienfait de la belle voix ou de l’éloquence dont il ne se sert pas pour prêcher. C’est aussi le cas pour celui qui a honte de découvrir sa zone intime, de commettre un péché ou être coupable d’un vice, comme la lâcheté, l’avarice ou la paresse.

12.  La meilleure pudeur est la pudeur à l’égard d’Allah et si tu veux en avoir une idée pour la concrétiser dans ta vie, rappelle-toi de ces paroles : « Je te recommande d’avoir autant de pudeur à l’égard d’Allah qu’à l’égard d’un homme vertueux de ton peuple »[2].


Références

  1. Al-Boukhârî (2645) et Moslim (2121) d’après Abou Sa’îd A-Khoudrî, dont Allah est satisfait.
  2. Ahmad dans Az-Zouhd (46), Al-Bayhaqî dans Chou’ab al-Îmâne (6/145) avec une chaîne de narration remontant juqu’au Prophète ﷺ, d’après le hadith de Sa’îd ibn Yazîd, dont Allah est satisfait.


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