عَنْ أَنَسٍ رضي الله عنه، عَنِ النَّبِيِّ قَالَ: «لا يُؤْمِنُ أَحَدُكُمْ حَتَّى يُحِبَّ لأَخِيهِ مَا يُحِبُّ لِنَفْسِهِ»

Anas - qu’Allah a agréé - rapporte que le Prophète  a dit:

« L’un de vous n’a pas la foi tant qu’il n’aime pas pour son frère ce qu’il aime pour lui-même »

L’Islam a uni les cœurs des croyants qui sont devenus grâce à Lui des frères qui s’aiment, se réjouissant de la joie de leurs frères et partageant leurs douleurs, tel que dit d’eux le Prophète : « Tu vois les croyants dans leur miséricorde, leur affection et leur compassion mutuelles, tel un seul corps. Lorsque l’un de ses membres ressent de la douleur, tout le corplsui fait écho en étant pris d’insomnie et de fièvre » [1]

Le Prophète ﷺ nous informa que la foi du serviteur n’est pas complète tant qu’il n’aime pas que son frère accomplisse des actes d’obéissance et qu’il obtienne les mêmes rétributions qu’il aimerait pour lui-même. Ainsi, lorsqu’il trouve une manière de faire le bien, il l’indique à ses frères, et s’il fait subir à son frère une injustice, il s’empresse de lui faire justice et de lui restituer ce qui lui revient de droit. Ce hadith ne signifie pas que l’être humain ne doit plus avoir d’amour pour lui-même, car personne n’est capable de cela. La finalité de ce hadith est que le croyant souhaite le bien pour son frère sans que cela ne lui porte préjudice et cela est facile pour celui qui a un cœur sain [2].

Cela ne signifie pas que les musulmans ne rivalisent pas pour atteindre les plus hauts degrés. En effet, Abou Bakr et ‘Omar – Allah a agréé les deux hommes – rivalisaient dans les bonnes œuvres et ceci ne diminua en rien leur foi. Ce qui est requis, c’est souhaiter le bien en général et qu’il n’y ait pas de mal en général. Pour ce qui est d’accéder aux vertus les plus élevées et aux plus grands mérites, il n’y a pas de mal à se préférer soi-même au détriment des autres [3].

Les savants se sont beaucoup intéressés à ce hadith, au point qu’ils en dirent : Toute la religion est bâtie sur quatre hadiths et celui-là est l’un d’eux. Il représente donc le quart de l’Islam [3].

1. Aimer le bien pour les musulmans est une vertu qui fait atteindre, celui qui la possède, au plus haut degré de perfection morale, puisqu’il s’élève au-dessus de l’envie, de l’animosité, de la rancune, de l’orgueil. Nous demandons à Allah de nous faire accéder à ces degrés.

2. Il est demandé au musulman d’aimer le bien pour son frère. Ainsi, lorsqu’il aime pour lui-même une qualité recommandée par la religion ou bien de devenir riche, il doit aimer pour ses frères les mêmes choses. C’est pourquoi Ibn ‘Abbass – Allah a agréé les deux hommes – a dit : « Il m’arrive de lire un verset du Coran que je comprends et je souhaite que les gens en comprennent ce que j’ai compris » [5].

3. Il convient que tout musulman recherche cette qualité en lui-même, celle d’aimer le bien pour ses frères musulmans, car la foi de celui qui en est dépourvu est incomplète.

4. Le croyant se met à la place de son frère musulman. Lorsque quelque chose le réjouit, il le souhaite à son frère, et lorsqu’il déteste quelque chose pour lui-même il ne l’accepte pas pour son frère. Al- Ahnaf Ibn Qays – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit : « Lorsque je détestai le comportement de quelqu’un, je ne le faisais pas subir à d’autres » [6].

5. Allah fit l’éloge des Ane’sar dans Son Noble Livre lorsqu’ils ont préféré leurs frères Mouhajiroune à leurs propres personnes et se sont partagé leurs biens, au point que Sa’id Ibn Ar-Rabi’ proposa à son frère ‘Abd Ar-Rahmane Ibn ‘Awf de partager avec lui ses biens à égalité et de répudier l’une de ses deux femmes pour qu’il l’épouse une fois son délai de viduité terminé [7]. ‘Abd Ar-Rahmane Ibn ‘Awf n’était pas moins altruiste que son frère As’ad Ibn Ar-Rabi’, puisqu’il n’accepta pas qu’il renonce à la moitié de ses biens et qu’il répudie sa femme pour lui malgré sa pauvreté, car il avait délaissé ses biens, sa demeure et toute chose, mais il remercia son frère et alla travailler au marché pour gagner sa pitance.

6. Le prédicateur et l’éducateur doivent se soucier d’harmoniser les relations sociales entre musulmans et les renforcer.

7. Aimer le bien pour les gens n’est pas incompatible avec le fait de rivaliser avec eux pour atteindre les plus hauts degrés dans ce bas monde et dans l’au-delà. Ainsi, aimer le bien pour eux et se réjouir de leurs réussites suffit.

8. L’étudiant croyant souhaite à tous ses frères de réussir, mais il n’y a pas de mal à ce qu’il s’efforce d’être le premier de sa promotion. Il en est de même pour le commerçant qui souhaite le bien à tous les commerçants et qu’Allah leur fasse gagner une subsistance licite, mais cela ne l’empêche pas de souhaiter devenir riche. Ainsi en est-il du médecin, de l’ingénieur, de l’ouvrier, etc.

9. Un poète a dit :

Ton frère est celui qui te défend avec acharnement en ton absence, couvre tes fautes et tes actes honteux, Diffuse parmi les gens publiquement et en privé ce qui te satisfait à ton sujet, il ne manque jamais de te recommander le bien et de te conseiller



Références

1. Al-Boukhari (6011) Moslim (2586).

2. Voir Al-Minhaj Charh Sahih Moslim Ibn Al-Hajjaj d’An-Nawawi (2/17).

3. Voir Kachf Al-Mouchkil Mine Hadith As-Sahihayn d’Ibn Al-Jawzi (3/232). 

4. Voir Al-Minhaj Charh Sahih Moslim Ibn Al-Hajjaj d’An-Nawawi (11/27).

5. At-Tabarâni (10621).

6. Voir le commentaire du Sahih d’Al-Boukhari d’Ibn Battal (1/65). 

7.Al-Boukhari (2049) Moslim (1427).



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